Bernard Lavilliers : « Je suis un chanteur politique » in l’Humanité

© Patrick Swirc

Le rencontrer, c’est comme remettre cent balles dans la machine, saisir au vol le vieux compagnon qui passe, pour le plaisir d’entendre sa voix. Bernard Lavilliers nous raconte son nouvel album, conçu entre ailleurs, ici et Buenos Aires, livre ses réflexions sur l’état du monde et parle de Saint-Étienne, où tout a commencé. 

« Sous un soleil énorme », c’est le titre du nouvel album de Bernard Lavilliers, dans les bacs le 12 novembre. Il nous en parle pour « l’Humanité Dimanche ». Avant même notre première question, il se lance dans une tirade sur son lien avec notre journal :

Icon QuoteAh, “l’Huma” ! J’ai très bien connu l’amiral, Roland Leroy. J’ai chanté à la Fête de l’Huma je ne sais plus combien de fois. C’est une fête populaire. Il y a des stands partout, une ambiance. “L’Huma”, le journal né avec Jean Jaurès, je le lis toujours. Il n’y a pas qu’à Mediapart et au “Canard” qu’on trouve des journalistes d’investigation. Il y en a aussi à “l’Huma”. Pareil pour certains journaux de province. “La Marseillaise”, tiens. J’ai fait des concerts de soutien à ce journal, sur les quais, il y a quatre ou cinq ans. J’avais pris des Gitans. On a fait tourner “les Mains d’or” en rumba. “La Marseillaise” : important pour la diversité des opinions. Vincent Bolloré rachète tout. »

Magyd Cherfi : «Zemmour est l’immigré des revanchards, des peine-à-jouir, des trouillards et des hétéros étroits»

« NDLR de MAC et Magyd Cherfi : «Zemmour est l’immigré des revanchards, des peine-à-jouir, des trouillards et des hétéros étroits», que ces soutiens se reconnaissent »

Dans un texte transmis à «Libération», l’ex-membre et auteur du groupe Zebda revient sur l’omniprésence du polémiste d’extrême droite dans le débat public en France.

par Magyd Cherfi, Chanteur de Zebda

Je pense aux Français, pas à tous, à ceux qui pensent qu’ils le sont plus que d’autres et qui regardent Zemmour vomir son dégueulis raciste en plissant des paupières honteuses. Je les vois horrifiés au plus profond d’eux-mêmes et, dans le même temps, se délecter qu’un homme puisse larguer autant d’horreurs avec aisance, plaisir et dextérité.

Oui, ils se délectent d’horreurs qui ne leur font pas si horreur car basta les bons sentiments ! On n’en peut plus ! Toute la réussite est là.

Je pense à tous ces Français qui font sa gloire, qui se cachent la figure en pliant le coude mais en laissant traîner une oreille ébahie devant la force de son propos. Je pense aux chaînes trop contentes de gonfler leurs audiences en prétextant le droit de donner la parole à quiconque même venu proférer des horreurs qu’elles désavouent bien sûr. Je pense aux sondeurs, je pense aux sondés qui font monter les compteurs à bon compte, aux radios, aux journaux sûrs de vendre… et ça vend ! Continuer la lecture de Magyd Cherfi : «Zemmour est l’immigré des revanchards, des peine-à-jouir, des trouillards et des hétéros étroits»

Extrême droite. Cette France qui écoute… et vote Zemmour?

Le 29 octobre, à l’espace Delta de la commune de Pleurtuit (Ille-et-­Vilaine). Le thème de la soirée   : « patrimoine et identité  ». MPP/Bureau233

Le polémiste, qui n’est pas encore candidat, s’est installé dans la campagne présidentielle et multiplie les conférences. Son public, comme son électorat potentiel, est à la croisée des droites les plus réactionnaires. Nous sommes allés à la rencontre de ses sympathisants.

Pleurtuit (Ille-et-­Vilaine), envoyé spécial.

Il tient sans discontinuer des propos racistes, misogynes, défend Pétain et Vichy, tord l’histoire et parle ouvertement de « grand remplacement ». Pourtant, Éric Zemmour, omniprésent dans les médias, multiplie les conférences qui font salle comble et est crédité de 15 à 17 % d’intentions de vote par les enquêtes d’opinion, tutoyant le seuil de qualification au second tour.

Ce vendredi-là, il n’est pas attendu avant 15 heures, mais les 700 places de l’espace Delta de la petite commune de Pleurtuit, au sud de Dinard (Ille-et-­Vilaine), sont déjà toutes occupées. ­Dehors aussi, c’est l’effervescence : un face-à-face tendu, de part et d’autre d’un cordon de gendarmes mobiles, oppose les 300 manifestants qui protestent contre la présence du polémiste d’extrême droite et le public venu l’écouter parler « patrimoine et identité », à l’invitation de deux associations locales, l’Alliance souverainiste de l’estuaire de la Rance et Mémoire du futur, axée sur la défense du patrimoine bâti chrétien. Continuer la lecture de Extrême droite. Cette France qui écoute… et vote Zemmour?

Camille Froidevaux-Metterie : « Dans le monde du travail, les femmes n’ont ni enfants, ni règles, ni cancer du sein »

La philosophe féministe Camille Froidevaux-Metterie publie "Un corps à soi", au Seuil. © Emmanuelle Marchadour/Divergence

Dans Un corps à soi, mêlant théorie, récit intime et témoignages, la philosophe féministe analyse les représentations et les injonctions patriarcales qui scandent la vie des femmes. Si elle dénonce un corps « mis à disposition » depuis toujours, elle propose aussi aux femmes de se le réapproprier comme outil d’émancipation.

Camille Froidevaux-Metterie est philosophe, professeure de science politique et chargée de mission égalité à l’université de Reims-Champagne-Ardenne. Le corps est au centre de sa réflexion féministe, qu’elle mène à travers une approche phénoménologique, riche des expériences vécues de nombreuses femmes interrogées. Un corps à soi (Seuil) est son quatrième ouvrage, après la Révolution du féminin, Seins et le Corps des femmes. La bataille de l’intime, qui vient d’être réédité (Points Seuil).

Depuis quand les femmes ont-elles été assignées à leur corps, considérées comme des corps-­objets et non des corps-sujets ? Continuer la lecture de Camille Froidevaux-Metterie : « Dans le monde du travail, les femmes n’ont ni enfants, ni règles, ni cancer du sein »

Littérature. Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021

Paris, le 3 novembre. Mohamed Mbougar Sarr, chez Drouant, en compagnie de Philippe Claudel et Tahar Ben Jelloun, membres de l’Académie Goncourt. Bertrand Guay/AFP

Avec son roman la Plus Secrète Mémoire des hommes, ce jeune écrivain sénégalais surdoué, déjà favori pour les autres prix, entre dans la renommée par la grande porte.

Cent ans après René Maran, premier écrivain noir à obtenir le prix Goncourt, le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr connaît cette consécration. Son roman  la Plus Secrète Mémoire des hommes (Philippe Rey/Jimsaan) a obtenu six voix au premier tour. Il était en lice avec  Enfant de salaud, de Sorj Chalandon (Grasset), Milwaukee Blues, du Haïtien Louis-Philippe Dalembert (Sabine Wespieser), inspiré du meurtre de George Floyd en mai 2020, et le Voyage dans l’Est, de  Christine Angot (Flammarion), déjà récompensé par le prix Médicis. Continuer la lecture de Littérature. Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021

2022. La vague #MeToo prête à déferler sur la campagne présidentielle

Le 10 juillet 2020, à Paris, manifestation de militantes féministes contre la nomination du nouveau ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et du nouveau ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Yaghobzadeh Alfred/ABACApresse.com

 

Quatre ans après #MeToo, les féministes tentent, tant bien que mal, de faire émerger leur cause à l’occasion du scrutin d’avril 2022. Une manifestation d’ampleur doit se dérouler le 20 novembre, à Paris.

Le mouvement #MeToo va-t-il bousculer la campagne présidentielle ? À six mois de l’élection, les féministes veulent se faire entendre des postulants à l’Élysée. #NousToutes et une myriade d’organisations, dont le collectif Stop harcèlement de rue ou le Planning familial, appellent à manifester, le 20 novembre, à Paris et partout en France, pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans la société, mais aussi interpeller les candidats. « Aujourd’hui, ce n’est plus possible de faire l’impasse sur la lutte contre les violences faites aux femmes, contre les enfants, d’autant plus qu’elles touchent une grande partie de la population », mesure Marylie Breuil, membre du comité de pilotage #NousToutes. Continuer la lecture de 2022. La vague #MeToo prête à déferler sur la campagne présidentielle

#3Novembre9h22. Rebecca Amsellem : « Nos propositions pour réduire les écarts de salaire entre hommes et femmes »

Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2021 à Paris. Alain Guilhot/Divergence

Depuis cinq ans, Rebecca Amsellem calcule la date à laquelle les femmes commencent à travailler gratuitement du fait des inégalités salariales en faveur des hommes. Cette année, la disparité commence ce 3 novembre, à 9 h 22. Il y 5 ans, c’était le 7 novembre. Comment faire face à cette inégalité qui continue de s’accroître ? 

Rebecca Amsellem Fondatrice de la newsletter féministe les Glorieuses

Rebecca AmsellemFondatrice de la newsletter féministe les Glorieuses

La fondatrice de la newsletter féministe les Glorieuses, à l’initiative du mouvement annuel en faveur de l’égalité salariale, lance une pétition #3Novembre9h22 et des propositions à l’intention des prétendants à l’élection présidentielle.

Comment vous est venue l’idée de lancer cette opération ?

Rebecca Amsellem Il y a cinq ans, j’ai vu une photo très impressionnante : des Islandaises descendues en masse dans les rues de Reykjavík pour réclamer l’égalité salariale. En Islande, il y a, depuis les années 1970, un engagement politique de syndicalistes qui, tous les cinq ans, calculent la date et l’heure à laquelle les femmes devraient s’arrêter de travailler si elles étaient payées autant que les hommes. Continuer la lecture de #3Novembre9h22. Rebecca Amsellem : « Nos propositions pour réduire les écarts de salaire entre hommes et femmes »

L’écologie sans la lutte des classes c’est du jardinage (Vidéo)

A diffuser massivement!

Déserts médicaux. Le cri d’alarme d’un médecin de campagne

Une nuit de début octobre, Frédérick Stambach a constaté le décès d’un homme qui n’avait pu être pris en charge à cause des insuffisances du système de santé local. L’intervention de trop pour ce généraliste en Haute-Vienne qui a adressé à l’Humanité une lettre coup de poing où il appelle à renverser les politiques austéritaires :  « Nos gouvernements ont sciemment organisé le chaos sanitaire » écrit-il.

Médecin généraliste à Ambazac, Frédérick Stambach est ce que l’on peut appeler un praticien aguerri. À 39 ans, dont huit à exercer dans cette commune rurale voisine de Limoges, à la jointure de la Haute-Vienne et de la Creuse, le docteur a l’agenda de consultations rempli plus que de raison et le téléphone en surchauffe permanente.

À ses rares heures perdues, le thérapeute, qui endure chaque jour les conséquences d’un désert médical, se mue en citoyen engagé au chevet de notre système de santé au sein du collectif Ateliers pour la refondation du service public hospitalier (1). Aguerri, il pensait l’être. Jusqu’à ce soir d’octobre et la constatation inhumaine de ce décès. « J’avoue avoir mis plusieurs jours à m’en remettre », glisse-t-il dans le courrier adressé à l’Humanité le 13 octobre. « J’ai eu l’impression d’entrevoir notre futur à la campagne car déjà nous n’y arrivons plus et la situation ne va faire que s’aggraver… L’angoisse est générale chez les patients et les soignants face à cette situation », souligne-t-il. Continuer la lecture de Déserts médicaux. Le cri d’alarme d’un médecin de campagne

Il n’y a pas de solitude inexpugnable : ainsi fut le discours de Pablo Neruda lors de la remise du Nobel….

 

On sait aujourd’hui le contexte de ce Nobel et comment Neruda a mené une véritable campagne pour l’obtenir, non pour sa gloire personnelle mais pour le soutien politique à son camarade Allende alors que les Etats-Unis menaient campagne contre cette attribution, comme encore aujourd’hui ils prétendent contrôler le Nobel et la reconnaissance internationale culturelle. Le discours qui rappelle le contexte de l’exil auquel a été contraint Neruda, le poète mais la relation entre poésie et combat politique d’un communiste va encore plus loin, elle revendique la simplicité du geste qui nourrit et le chamanisme qui enfonce ses racines dans la nature et la conscience d’être des hommes, la solitude et la communauté et comme Aragon, il peut alors dire qu’il n’a jamais appris à écrire. Un dernier mot souvent sous le titre de discours au nobel de Neruda on trouve un poème qui lui est attribué et il débute par “il n’a pas vécu celui…”, chaque fois je proteste parce que le dit poème est le contraire de ce que dit Neruda, il fait partie de ces posts prétentieux des réseaux sociaux, de ces pseudos envols de l’âme et citations qui éloignent de la culture et de la poésie, en font un lieu de maxime pour “le bien vivre”, la seule place qui leur convienne est la porte des toilettes. Lisez donc ce véritable discours de Neruda comme un antidote à la médiocrité de notre temps sur le plan politique comme sur le plan de l’écriture, il y manque le silence, le geste et la parole du peuple, je me plains de ce qu’on ose faire des êtres humains et de la poésie, de l’être Aragon. (note et traduction de Danielle Bleitrach) .
Pablo Neruda lors de la remise du prix Nobel de littérature en 1971.

Le 21 octobre 1971, il a été annoncé que le prix Nobel de littérature reviendrait cette année-là à Pablo Neruda. Quelque temps plus tard, le 10 décembre, le poète était en Suède pour le recevoir. Dans son discours, il raconte l’histoire de sa fuite en Argentine, en 1949, pour fuir la persécution et fait une réflexion sincère sur la poésie. Ceci est le texte intégral. Continuer la lecture de Il n’y a pas de solitude inexpugnable : ainsi fut le discours de Pablo Neruda lors de la remise du Nobel….