Lopez, Bulher, La Meute: Des convergences fascistes mortifères… (communiqué ANTIFA82)

Il y a une semaine Montauban a été le théâtre d’un triste évènement, un ancien militaire du 17rgp est mort à la suite d’une bagarre à la sortie d’un restaurant.
Alors que l’enquête sur ce malheureux fait divers est en cours et qu’aucun élément n’a permis de connaître l’identité de la ou des personne(s) impliquée(s) dans cette rixe, la fachosphere se mobilise pour récupérer cet événement, sous fond de rumeurs et de Fake news, accusant la communauté des gens du voyage, ou  »les racailles », y voyant la responsabilité de l’immigration, l’extrême droite agite le chiffon rouge et excite ses troupes.
Dans un climat déjà tendu où la parole réactionnaire est omniprésente dans les médias, certains en profitent pour exacerber la haine et le rejet de l’autre, des appels à la guerre civile et à la violence raciale fleurissent sur les réseaux . Franck bulher un sordide agitateur haineux, publie des discours où il appelle ouvertement à la violence depuis sa confortable maison de Saint Antonin noble val (82).
Samedi le groupuscule d’ultra droite toulousain  »la meute » est venu, pour leur petite propagande, « rendre hommage » à Emmanuel Cueff, ils en ont profité pour poser et défiler dans les rues de Montauban.
Nous refusons cette dangereuse récupération et n’acceptons pas la banalisation de l’extrême droite dans nos rues!
Nous restons vigilants et déterminés à protéger notre territoire de la peste brune.
Le Tarn-et-Garonne est et restera antifasciste.

NDLR de MAC: Une fois encore il y a bien une convergence des droites extrêmes sur notre département avec en fer de lance un RN M. Lopez décomplexé qui surjoue de sa position d’élu pour abonder les idées les plus réactionnaires d’un côté (il reprend le terme « ensauvagement » cher à M. Zemmour) et de l’autre tenter d’apparaitre dédiabolisé aux yeux d’une partie de la population de moins en moins dupe.
Pour autant c’est bien une bataille idéologique qui a lieu et nul ne pourra prétendre qu’il ne savait pas.
Il y a danger à laisser ces individus faire. Il est temps de revenir aux Jours Heureux et combattre ce fascisme au service des plus riches et retrouver le chemin des conquêtes sociales, écologiques et démocratiques!

Extrême droite. Cette France qui écoute… et vote Zemmour?

Le 29 octobre, à l’espace Delta de la commune de Pleurtuit (Ille-et-­Vilaine). Le thème de la soirée   : « patrimoine et identité  ». MPP/Bureau233

Le polémiste, qui n’est pas encore candidat, s’est installé dans la campagne présidentielle et multiplie les conférences. Son public, comme son électorat potentiel, est à la croisée des droites les plus réactionnaires. Nous sommes allés à la rencontre de ses sympathisants.

Pleurtuit (Ille-et-­Vilaine), envoyé spécial.

Il tient sans discontinuer des propos racistes, misogynes, défend Pétain et Vichy, tord l’histoire et parle ouvertement de « grand remplacement ». Pourtant, Éric Zemmour, omniprésent dans les médias, multiplie les conférences qui font salle comble et est crédité de 15 à 17 % d’intentions de vote par les enquêtes d’opinion, tutoyant le seuil de qualification au second tour.

Ce vendredi-là, il n’est pas attendu avant 15 heures, mais les 700 places de l’espace Delta de la petite commune de Pleurtuit, au sud de Dinard (Ille-et-­Vilaine), sont déjà toutes occupées. ­Dehors aussi, c’est l’effervescence : un face-à-face tendu, de part et d’autre d’un cordon de gendarmes mobiles, oppose les 300 manifestants qui protestent contre la présence du polémiste d’extrême droite et le public venu l’écouter parler « patrimoine et identité », à l’invitation de deux associations locales, l’Alliance souverainiste de l’estuaire de la Rance et Mémoire du futur, axée sur la défense du patrimoine bâti chrétien. Continuer la lecture de Extrême droite. Cette France qui écoute… et vote Zemmour?

Moissac mérite mieux veut « construire un véritable projet » in DDM

Marie Cavailé(TEMS et PS), deux sympathisants, Luc Ronfort (EELV, Cécile Roblin (EELV, Maximilien Reynies-Dupleix (PCF), Estelle Hemmami (TEMS et PS), et Julien Gettliffe (PS). DDM L.C.
Marie Cavailé(TEMS et PS), deux sympathisants, Luc Ronfort (EELV, Cécile Roblin (EELV, Maximilien Reynes-Dupleix (PCF), Estelle Hemmami (TEMS et PS), et Julien Gettliffe (PS). DDM L.C.
Formé en réaction à l’élection d’un maire Rassemblement national à Moissac, le mouvement politique vient de se constituer en association.

« Moissac mérite mieux » devient une association. Le collectif réunissant plusieurs partis et courants de gauche contre le Rassemblement national, depuis l’élection de Romain Lopez à Moissac, souhaite désormais se structurer. En ligne de mire: les prochaines élections municipales. Du PCF au PS, en passant par les écologistes, Génération.s, ou encore la Gauche démocratique et sociale, tous veulent prouver qu’une union de la gauche est possible, et reconquérir l’adhésion populaire.

« Nous proposons un rassemblement large des Moissagaises et Moissagais qui veulent défendre les valeurs d’humanisme. Reprenons l’offensive politique, apportons des réponses concrètes et crédibles aux problématiques sociales, économiques et écologiques du territoire », indique Julien Gettliffe, représentant Parti socialiste qui annonce ce changement de statut.

« Offrir une alternative »

Ceux qui n’ont pu que constater leur échec aux dernières élections municipales se veulent pragmatiques et combatifs. « cette union est un laboratoire qui permet la confrontation des idées et va nous permettre de construire un véritable projet collectif, d’offrir une alternative aux Moissagais », assure Cécile Roblin, porte-parole départementale EELV. « On sait que pour le moment on n’a pas l’adhésion de la population, mais on veut la reconquérir, et expliquer quels sont les dangers de l’idéologie d’extrême droite », souligne Maximilien Reynes-Dupleix, PCF.

Pour cela, un groupe de travail est organisé chaque mois afin de solidifier les bases de cette alliance. « Notre action s’articulera autour de trois pôles: l’emploi et la lutte contre les précarités, l’intégration de tous les habitants, et l’écologie », explique l’association. Autant de thématiques qui devraient dessiner les grandes lignes d’un programme commun.

Car l’objectif final est bien celui d’une candidature unique aux prochaines municipales. « Il n’y a que de cette façon que nous pourrons gagner et faire barrage à l’extrême droite », s’accordent-ils à dire.

L.C.

Plus de 80 % des Français ne tolèrent pas les discriminations

Dans la fonction publique territoriale, une femme de ménage extracommunautaire aura une retraite moitié moins élevée qu’un employé français au même poste. Stéphane Audras/READans la fonction publique territoriale, une femme de ménage extracommunautaire aura une retraite moitié moins élevée qu’un employé français au même

La lutte pour l’égalité, quelle que soit l’origine ou la religion, était au cœur des universités européennes de la Fédération des Maisons des potes, qui publie ce mardi son baromètre sur la lutte contre les discriminations.

Origine, nationalité, couleur de peau, religion : autant de critères qui justifient trop souvent un inégal accès à l’emploi ou au logement, des carrières bloquées, des retraites amputées.

À ces pratiques discriminatoires illégales, les Français disent massivement non, révèle un sondage Harris pour la Maison des potes, publié aujourd’hui ; 86 % des Français se déclarent favorables au renforcement des sanctions contre les employeurs coupables de discrimination à l’égard de l’origine, de la nationalité, de la couleur de peau ou de la religion, et 85 % souhaitent que la même rémunération et la même retraite soient garanties à toutes les personnes exerçant le même travail. « Ces résultats vont à l’encontre de ce qui est mis en valeur dans certains médias et des propos de nombre d’éditorialistes et de personnalités politiques, note Samuel Thomas, le délégué général des Maisons des potes. Pourtant, ils ne font que confirmer ce qui apparaissait déjà dans nos précédentes études. » Continuer la lecture de Plus de 80 % des Français ne tolèrent pas les discriminations

Politique. Pourquoi la gauche doit-elle se ressaisir face au confusionnisme ambiant ?

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Rappel des faits Brouillage des repères de l’extrême droite jusqu’à la gauche, le confusionnisme est en train de s’installer. Pourquoi est-ce dangereux ?

Le feu au lac : le confusionnisme comme appui de l’extrême droitisation

Philippe Corcuff — WikipédiaPhilippe Corcuff Maître de conférences de science politique, Sciences-Po Lyon

Il y a le feu au lac et peu s’en rendent suffisamment compte à gauche ! Une gauche éparpillée « façon puzzle » et la notion même de « gauche » en crise. La possibilité qu’un candidat « postfasciste », plus à droite que Marine Le Pen mais potentiellement soutenu par des secteurs de la droite, devienne chef de l’État en avril. Un Trump, mais avec davantage de pouvoirs. La dynamique d’extrême droitisation idéologique dans les espaces publics, associant xénophobie, sexisme et homophobie dans un cadre nationaliste, a commencé en France dès le milieu des années 2000. Et le nez dans le guidon, nous l’avons peu perçue à gauche.

Or, Éric Zemmour en a été une des figures principales avant d’en devenir l’agent électoral. Continuer la lecture de Politique. Pourquoi la gauche doit-elle se ressaisir face au confusionnisme ambiant ?

M. Lopez a choisi son camp: collages et mascarades

A n’en pas douter, les « indiscrétions de la DDM » ont un train de retard dans l’analyse de la situation moissagaise. Nous l’avons déjà écrit ici, les collages des Zemmour’boys sont les collages des Lepen’boys…. Blanc bonnet et bonnet blanc!

Que chacun juge de la réalité des faits,…

Ce qui change la donne, c’est la présence de 2 élus de Moissac qui sont à la manœuvre. Faut-il avoir du temps libre et de l’argent pour pouvoir coller à tour de bras, un coup pour Zemmour, un coup pour M. Le Pen ou pour les 2 en même temps puisque les affiches ne se recouvrent pas. Peut être que nos apprentis « élus de la république » sont rémunérés? Pour notre part, nous avons mis les protagonistes d’accord en occultant toutes leurs affiches…

A voir et à suivre… Continuer la lecture de M. Lopez a choisi son camp: collages et mascarades

Le vote tactique pour Mélenchon, ce qu’il a été, ce qu’il n’est plus, par Gilles Questiaux + bon de soutien

 

Voici dans le cadre des multiples débats menés dans ce site, la contribution de Gilles Questiaux à la réflexion d’un vote communiste qui conserve son indépendance et ne renonce pas à marquer ses accords mais aussi ce qui lui parait être des insuffisances. Nous pensons en effet majoritairement dans ce site que le candidat communiste devrait s’adresser à toute une partie de son électorat naturel qui a déserté non seulement le pcf mais même le vote en sa faveur. Nous pensons également qu’au nom de l’unité de sommet dans le parti et dans le dialogue à gauche ignorer ce potentiel limite de plus en plus l’audience et le combat courageux de Fabien Roussel. C’est pourquoi nous nous félicitons que malgré ce silence, nombreux soient ceux qui se rallient, grâce à une analyse politique sur le fond, à cette candidature et nous leur donnons la parole. (note de Danielle bleitrach pour histoire et société)

Sera-t-il un bon choix tactique d’appeler au vote Mélenchon en 2022, comme en 2012 et en 2017 ? Continuer la lecture de Le vote tactique pour Mélenchon, ce qu’il a été, ce qu’il n’est plus, par Gilles Questiaux + bon de soutien

Comment enseigner la laïcité aujourd’hui ? #2

© AFP

Rappel des faits   La laïcité permet à toutes et tous de vivre libres et égaux. Mais, dans un contexte de repli identitaire, quel enseignement proposer ?

La formation du jugement par la raison et la culture commune

Paul Devin, président de l’Institut de recherche de la FSU

Jean-Michel Blanquer voudrait nous faire croire à une incurie de l’éducation à la laïcité et à sa détermination personnelle à transformer cette situation. Pour imposer l’urgence de cette volonté, voilà revenu le temps des descriptions dramatisantes d’une école en proie au fanatisme islamiste, dont Jean-Pierre Obin, chargé du dossier de la formation à la laïcité par le ministre, expliquait les raisons devant le Sénat, le 10 mars dernier : naïveté, lâcheté et complaisance idéologique. Les acteurs du service public d’éducation n’ont guère apprécié que leur engagement soit l’objet d’accusations si violentes car la réalité est tout autre.

Les enseignantes et les enseignants, et avec eux l’ensemble des personnels, ne cessent d’œuvrer, au quotidien de leurs pratiques, pour lutter contre l’obscurantisme, les préjugés, les stéréotypes et pour convaincre des valeurs républicaines. Mais ils ne choisissent pas de le faire en assenant à leurs élèves une vérité dogmatique, en prescrivant leurs comportements ou en les sanctionnant par des mesures disciplinaires : ils optent pour une éducation patiente qui postule que les savoirs et la culture commune permettront à leurs élèves de fonder leurs jugements et leurs choix citoyens sur la raison et dans le respect des valeurs de la démocratie. Convaincus des vertus émancipatrices de l’école, ils en acceptent les lenteurs, les difficultés, parfois les échecs. Ils savent que la responsabilité du citoyen ne peut faire l’économie de la complexité d’une construction intellectuelle et culturelle.

Icon QuoteLes injonctions ministérielles poussent à ce que la lutte contre les manquements à la laïcité prenne une place majeure aux dépens du débat et de l’argumentation.

Sans doute ont-ils besoin d’être davantage formés à l’ensemble des dimensions de la question laïque, qu’elles soient historiques, philosophiques, sociologiques ou juridiques. Mais le paradoxe est que, disant vouloir mieux former les enseignantes et les enseignants, le ministère met fin aux activités de l’institution la plus active dans ce domaine : l’Observatoire de la laïcité. C’est qu’il ne s’agit sans doute pas tant de mieux former que de s’assurer de contenus conformes à l’idéologie ministérielle et gouvernementale. Car, obsédées par les prétendus risques du séparatisme, les injonctions ministérielles poussent à ce que la lutte contre les manquements à la laïcité prenne une place majeure aux dépens du débat et de l’argumentation.

En agissant ainsi, elles incitent à ce que l’affirmation de l’unité de la République submerge la réalité de la diversité des cultures en prenant le risque de la stigmatisation et du rejet. Faisant un tel choix, le ministère n’hésite plus à concevoir une campagne de publicité qui assigne une religion à des origines signifiées par un prénom ! L’enseignement de la laïcité doit tout d’abord affirmer le principe premier de la loi de 1905 : la République assure la liberté de conscience. Depuis la Déclaration de 1789, nous affirmons que les citoyennes et les citoyens ne peuvent être inquiétés pour leurs opinions, y compris religieuses. Mais affirmer ce droit, c’est admettre qu’il puisse nécessiter des contraintes, celle par exemple de la neutralité du service public, neutralité nécessaire pour garantir l’égalité de toutes et de tous.

Pour que les élèves puissent comprendre cela, nous devons faire le choix de l’argumentation et du débat, plutôt que celui de la lutte contre les manquements. Former à la laïcité, c’est considérer que l’exigence de soumission aux règles ne peut pas prendre le pas sur la compréhension des finalités de concorde et de tolérance du principe laïc. Former à la laïcité, c’est former aux exigences d’une dialectique qui admet la diversité des cultures tout en favorisant l’adhésion partagée aux valeurs de la République.

C’est pourquoi, plutôt que de hurler avec les loups, nous devons faire le choix du primat de l’éducation, celui de la formation du jugement par la raison et la culture commune, condition d’un exercice libre et responsable de la citoyenneté.

Les programmes doivent être élaborés démocratiquement

Texte collectif

Depuis les attentats islamistes de 2015, et plus encore après l’assassinat de Samuel Paty par un terroriste islamiste, il y a un an, l’enseignement de la laïcité apparaît à la fois comme une urgence et comme un défi. L’injonction à « enseigner la laïcité » est contredite par les politiques éducatives menées par Blanquer et Macron, qui font la part belle à l’enseignement privé, qui cherchent brutalement à transformer les enseignants en exécutants et font ainsi obstacle à la construction de l’esprit critique, et qui renoncent à l’ambition d’une école commune à toutes les classes sociales. La laïcité n’est pas un objet d’enseignement parmi d’autres. Pour enseigner la laïcité, il faut la mettre en pratique, et cela engage un projet pour l’éducation : celui d’une école commune qui permette à tous les élèves de s’approprier des savoirs pour comprendre le monde dans lequel ils vivent et le transformer.

Icon QuoteUn projet pour l’éducation : celui d’une école commune qui permette à tous les élèves de s’approprier des savoirs pour comprendre le monde dans lequel ils vivent et le transformer.

L’enseignement de la laïcité n’a donc rien à voir avec l’imposition de valeurs ou de principes, fussent-ils républicains. Il s’agit au contraire d’enseigner le processus historique dans lequel la laïcité s’est construite, de donner à comprendre les débats qu’elle a suscités, sa portée et ses enjeux, pour construire ensemble des valeurs et des principes partagés. Les perspectives disciplinaires, en histoire mais aussi en sciences économiques et sociales, en français, en philosophie ou en éducation physique et sportive, par exemple, sont à ce titre bien plus éclairantes qu’un enseignement dédié qui risquerait de tourner au catéchisme républicain. Encore faudrait-il avoir le temps de les développer : les politiques de réduction du temps scolaire menées depuis plus de dix ans, avec le passage à la semaine de 26 heures au collège ou la réduction des horaires de français et d’histoire à 1 h 30 hebdomadaire en lycée professionnel, rendent un tel enseignement de plus en plus difficile.

Tous les élèves sont capables de réflexion et d’échanges argumentés, mais ils ne le sont pas à n’importe quelles conditions. Pour que tous les élèves puissent s’approprier la culture scolaire, la faire dialoguer avec leur culture familiale et avec celle des autres, accéder à la réflexion critique et se construire comme personnes libres dans le collectif, la question du temps est essentielle : c’est pourquoi le PCF propose de revenir à une semaine de 27 heures de classe en primaire et d’arriver progressivement à 32 heures hebdomadaires dans le secondaire. Donner du temps est nécessaire, mais ne suffit pas.

Icon QuoteL’enseignement ne peut pas être émancipateur si les enseignantes et les enseignants ne sont pas en position de maîtriser leur métier.

L’enseignement ne peut pas être émancipateur si les enseignantes et les enseignants ne sont pas en position de maîtriser leur métier : les contenus qu’ils enseignent, les origines des difficultés des élèves, leurs propres pratiques d’enseignement. Cela implique de reconstruire une formation initiale et continue de haut niveau, mais aussi de rompre avec les politiques qui transforment les chefs d’établissement et les cadres de l’éducation nationale en managers. Pour enseigner les sujets qui font débat dans la société, les enseignantes et les enseignants ont besoin de pouvoir s’appuyer sur un collectif à la fois cohérent et démocratique.

Surtout, l’émancipation de nos élèves suppose un enseignement laïque, protégé de tous les dogmes, qu’ils soient religieux, politiques ou économiques. Il est dangereux qu’une conception de la laïcité très contestée par les spécialistes de la question soit imposée dans l’institution scolaire parce qu’un ministre en a décidé ainsi. Il est tout aussi dangereux que des lobbies patronaux, relayés par certains économistes, influencent les programmes de sciences économiques et sociales en faisant des postulats et des résultats de l’économie néoclassique une vérité révélée.

Pour éviter l’instrumentalisation des programmes au gré des alternances politiques, ils doivent être élaborés démocratiquement par les enseignantes et enseignants, les chercheuses et les chercheurs, en y associant l’ensemble des acteurs de l’éducation, de la vie culturelle, économique et sociale.

Signataires : Sébastien Laborde, Christiane Le Pennec, Erwan Lehoux, Marine Roussillon, Patrick Singéry, membres du réseau école PCF.

La distinction du privé et du public est capitale

Henri Pena-Ruiz, philosophe

D’abord une explication du mot. La laïcité, c’est l’indépendance des lois communes par rapport à toute religion, garantie par la séparation. «L’État chez lui, l’Église chez elle » : la formule célèbre de Victor Hugo, poète croyant, dit l’essentiel, comme l’a rappelé l’historien Jean-Paul Scot. Un peu d’étymologie. Le mot laïcité vient du grec laos, qui désigne l’ensemble du peuple, sans distinction ni domination.

La Révolution française, en abolissant les privilèges et en faisant de la souveraineté populaire le fondement de la souveraineté nationale, a promu l’émancipation individuelle et collective sur le plan juridique. Les lois communes sont désormais fondées sur les droits de l’être humain, et c’est tout le peuple qui se les donne à lui-même.

Icon QuoteLa laïcité impulse l’émancipation de la vie spirituelle, la façon de s’accomplir, et finalement la construction de soi, désormais délivrées de toute mise en tutelle.

Dans la foulée d’une telle refondation de la nation, la laïcité se définit par le triptyque qui réunit la liberté de conscience, l’égalité de droits, et l’intérêt général comme raison d’être de l’action publique. La séparation laïque n’est donc hostile ni aux religions ni à l’humanisme athée ou agnostique, qui sont des options spirituelles libres mais particulières en ce sens qu’elles n’engagent qu’une partie des citoyens et citoyennes. La laïcité impulse l’émancipation de la vie spirituelle, la façon de s’accomplir, et finalement la construction de soi, désormais délivrées de toute mise en tutelle. Elle est donc bonne pour toutes les personnes. Cet universalisme du souci de liberté en fait un authentique levier d’émancipation et de promotion du bien commun à tous.

La mise en œuvre de l’idéal laïque est exigeante, car elle se heurte à des résistances. Aux clergés crispés sur leurs privilèges, et aux traditionalistes attachés à leurs dominations, elle oppose sa logique émancipatrice. Quant aux responsables de l’action publique, elle leur impose une véritable déontologie, c’est-à-dire des règles qui assurent le respect de tous les citoyens et montrent l’exemple. La neutralité laïque interdit à un élu de privilégier une conviction spirituelle dans l’exercice de ses fonctions, par exemple en consacrant des deniers publics à la religion, ou à l’athéisme.

L’argent public, venu de tous, doit profiter à tous. Pas de clientélisme électoral, qui lèse le bien public. La chose est limpide et simple. Cette déontologie en actes fait de tout élu un instituteur de la laïcité. C’est dire qu’il doit réserver à sa sphère privée la manifestation de sa propre conviction spirituelle. Il en va de même pour les enseignants de l’école publique, qui assurent la promotion de l’autonomie de jugement de leurs élèves en évitant tout prosélytisme.

Icon QuoteUne boussole essentielle pour les citoyens comme pour les élus et les enseignants.

Le sens de l’intérêt général interdit tout privilège public de la religion comme de l’humanisme athée. En France, selon un sondage Ipsos récent, les athées, qui ne croient pas en Dieu, et les agnostiques, qui ne s’en soucient pas, sont aujourd’hui majoritaires. Mais pas plus qu’aux fidèles des religions, cela ne doit leur donner de privilèges. « L’égale liberté et l’égal traitement des options spirituelles » déploient le principe républicain d’égalité. Voilà une boussole essentielle pour les citoyens comme pour les élus et les enseignants. La distinction de ce qui est privé et de ce qui est public est ici capitale.

Pour expliquer pleinement la laïcité, il faut en montrer l’enjeu pour la paix et l’émancipation. Il ne s’agit pas de nier les différences, mais de faire en sorte que leur expression ne compromette pas le cadre commun qui assure leur coexistence. Une exigence qui vaut au regard de toutes les religions. Rien de compliqué à cela, et nul besoin d’adjectif pour le mot laïcité. La vouloir « ouverte », c’est insinuer qu’en elle-même elle serait fermée. Une calomnie commune aux adversaires de la laïcité, nostalgiques des privilèges perdus de la religion et bien souvent des traditions rétrogrades sacralisées par elle.

Le machisme patriarcal, la domination des femmes, la persécution des homosexuels et des athées, la réduction du sexe à la procréation, l’intolérance et le fanatisme mortifères, entre autres, sont dans toutes les mémoires. Des choses à rappeler, afin de montrer à quoi la laïcité et l’idéal humain qui la fondent nous permettent d’échapper.

Icon Education Henri Pena-Ruiz est notamment l’auteur du Dictionnaire amoureux de la laïcité (Plon, 2014)

Lire aussi Comment enseigner la laïcité aujourd’hui ? #1

Présidentielle 2022. Contre l’extrême droite, Fabien Roussel brandit la loi Gayssot

Le candidat PCF propose de rendre inéligibles les personnes condamnées pour racisme ou incitation à la haine.

Faut-il empêcher les condamnés pour racisme de candidater à l’Élysée ? C’est en tout cas la proposition de Fabien Roussel. Invité sur Radio J, dimanche, le candidat PCF à l’élection présidentielle a déclaré vouloir «renforcer la loi Gayssot en rendant inéligibles des personnes qui sont condamnées pour racisme, pour incitation à la haine raciale, pour discrimination en fonction de sa religion».

La loi Gayssot, adoptée en 1990, réprime tout acte raciste, antisémite ou xénophobe. L’article premier stipule que « toute discrimination fondée sur l’appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite ». Pour le député du Nord, si «aujourd’hui, des juges d écident de rendre inéligibles des responsables politiques, des élus qui ont, par exemple, fait du détournement de fonds», il pourrait en être de même d’une condamnation pour discrimination raciale ou religieuse, puisque ces faits « portent atteinte aux valeurs de la République, à la cohésion nationale ».

Une référence à Zemmour, probable candidat

En effet, une peine complémentaire d’inéligibilité s’avère automatique pour tous les crimes et pour certains délits, qui n’incluent pas les délits d’incitation à la haine raciale, ni de discrimination raciale. Seul le juge peut aujourd’hui décider, de manière discrétionnaire, si une personne déclarée coupable de ces faits peut être interdite de se présenter à une élection.

Le communiste faisait référence à Éric Zemmour, probable futur candidat à la présidentielle. En effet, le polémiste d’extrême droite a été plusieurs fois condamné par la justice. Une première fois en 2011, pour provocation à la discrimination raciale lorsqu’il avait dit, en 2010, sur le plateau de Salut les Terriens (Canal Plus), à propos du contrôle au faciès : «Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait. »

Puis, en 2019, la Cour de cassation a confirmé la condamnation du polémiste pour provocation à la haine religieuse envers les musulmans, après qu’il eut évoqué une « invasion » de la France sur l’émission C à vous (France 5), en 2016.

Le 11 octobre, Éric Zemmour a réagi aux propos de Fabien Roussel au micro de Sud Radio : «C’est la vieille technique des communistes, c’est-à-dire on invente des délits d’opinion et puis, après, on fait condamner pour ces délits d’opinion qu’on a inventés.» Une référence à la loi Gayssot, qui porte le nom du député communiste qui l’a initiée, et qui serait une insupportable machine à censurer pour Éric Zemmour. On lui rappellera que le racisme ne saurait être une opinion, mais qu’il fait bel et bien de lui un délinquant au regard de la justice.

Grand remplacement, identité, sécurité, islam… : les thèmes de l’extrême droite sont partout

© Stéphane Audras/REA

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il prend une ampleur décisive en ce début de campagne présidentielle : dans les discours et les propositions, les thèmes de l’extrême droite se répandent comme une traînée de poudre. Une course à l’échalote dangereuse qui prend sa source dans de multiples causes, à commencer par le confusionnisme et le vide laissé à gauche.

La fuite en avant semble sans fin. Pas un jour ou presque sans une parole haineuse, un article accusateur, un sondage fielleux. Pas un jour sans un irresponsable politique cherchant à surfer sur la dernière polémique, pour dénoncer les « immigrés trop nombreux », « l’islamogauchisme », « la guerre civile qui vient ». Les thèmes de l’extrême droite sont partout : identité, grand remplacement, sécurité, islam, immigration, jusque dans les bouches des ministres macronistes. Continuer la lecture de Grand remplacement, identité, sécurité, islam… : les thèmes de l’extrême droite sont partout