Apprentissage de la lecture : « l’obsession » de la méthode syllabique (FSU)

« Apprendre à lire, une pratique culturelle en classe », sous la direction de Paul Devin et Christine Passerieux (L’Atelier)

« Apprendre à lire, une pratique culturelle en classe », sous la direction de Paul Devin et Christine Passerieux (L’Atelier)

Cet ouvrage collectif, publié à l’initiative de la FSU, explique que l’entraînement syllabique ne pourrait qu’être un obstacle à l’ouverture aux pratiques culturelles essentielles de l’école, aux enjeux sociaux et politiques majeurs. Pourtant, les difficultés de lecture dont souffrent quantité d’élèves ne retiennent pas l’attention de ses auteurs.

Apprendre à lire. Une pratique culturelle en classe
Sous la direction de Paul Devin et Christine Passerieux
L’Atelier, 96 pages, 16 euros

Publié à l’initiative de l’Institut de recherche de la Fédération syndicale unitaire (FSU), et sous la direction de Paul Devin et de Christine Passerieux, cet ouvrage développe la thèse suivante : « L’obsession de l’entraînement syllabique et de l’augmentation de la fluence a fini par créer des repères de réussite qui renoncent aux véritables enjeux de l’apprentissage de la lecture. »

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Les réunions non-mixtes sont-elles un outil politique pertinent contre les discriminations ? In AVANT GARDE

NDLR de MAC: temps de lecture estimé 15 minutes

Les réunions en non-mixité ont été placées au centre du débat ces dernières semaines et utilisées pour discréditer une organisation en particulier : l’UNEF. La manœuvre pour détourner le regard des problèmes étudiants est grossière, mais l’ampleur du débat conduit à traiter le sujet. Nous nous y autorisons d’autant plus facilement qu’Avant-Garde couvre largement les questions étudiantes et que nous traiterons ici du principe de la non-mixité sans faire le procès d’aucune organisation qui ferait ce choix d’organisation.

Une instrumentalisation du débat par le Gouvernement et les réactionnaires

Les polémiques de ces dernières semaines sur la question des discriminations viennent de l’extrême-droite et de la droite réactionnaire. L’objectif est à la fois de faire diversion, détourner le regard des questions sociales et de santé publique sur lesquelles la droite n’est pas à l’aise, et de cliver l’opposition de gauche au gouvernement.

En ce qui concerne l’UNEF, le syndicat mobilise les étudiants et les étudiantes depuis maintenant des mois avec les autres organisations de jeunesse pour dénoncer la précarité étudiante et revendiquer des mesures de justice sociale.

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L’école hors de la République et la loi séparatisme in Caf. Péda.

« Il nous semble qu’à travers cette loi, le pouvoir gagnerait à différencier la notion de communautarisme de celle de séparatisme ». En plein débat sur la  loi séparatisme, Anna Erelle et Jacques Duplessy publient « L’école hors de la République », un ouvrage consacré à toutes les formes d’enseignement en dehors de l’école républicaine. Les auteurs ne sont pas des spécialistes de l’Ecole mais des journalistes d’investigation. Anna Erelle a écrit un ouvrage sur le jihadisme qui lui vaut des menaces venant de ces milieux. Ils publient un livre qui relativise le séparatisme éducatif et porte des coups au projet de loi séparatisme. Ne serait-ce que parce qu’on sait peu de choses sur les circuits éducatifs parallèles, que le débat sur la loi ne fait pas la lumière et que le texte est adopté sur des rumeurs plus que sur des faits solides. Au risque de passer à coté des sujets vraiment inquiétants dont certains sont montrés dans l’ouvrage. Mais pas tous.

Toutes les écoles hors école publique sont-elles séparatistes ?

« Enquêter sur ces écoles (hors du système public c’est très vite prendre conscience qu’on enquête sur le séparatisme. Plus exactement sur les séparatismes », annoncent d’emblée les auteurs dans leur introduction. Alors il faut relativiser ces séparatismes , comme le développement de l’ouvrage le montre, certains de ces « séparatismes » étant nullement en contradiction avec les valeurs de la République. Continuer la lecture de L’école hors de la République et la loi séparatisme in Caf. Péda.

Amendement Unef : le Sénat vise les réunions non-mixtes, la gauche est piégée

NDLR de MAC: dont acte et à suivre!
© Bertrand Guay / AFP

© Bertrand Guay / AFP

Jeudi, les Sénateurs ont adopté, à l’unanimité des voix, la possibilité de dissoudre une association qui organiserait ce type de réunions. Si le texte a été très critiqué par les communistes et les écologistes, il n’a reçu aucun vote contre.

À l’occasion de l’examen, débuté cette semaine, du projet de loi « confortant le respect des principes de la République » (dit « séparatisme »), les Sénateurs s’en sont donné à cœur joie dans la surenchère discriminatoire.

Parmi les amendements votés par la chambre haute et sa majorité de droite, les interdictions du port de voile pour les accompagnatrices de sortie scolaire et les mineures dans l’espace public (lire notre article du 2 avril). Le 1 er avril au soir, les sénateurs ont également voté la possibilité pour le gouvernement de dissoudre des associations  « qui interdisent à une personne ou un groupe de personnes à raison de leur couleur, leur origine ou leur appartenance ou non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée de participer à une réunion ». Une référence directe à l’Unef (Union nationale des étudiants de France), dont la présidente Mélanie Luce expliquait, le 17 mars, que l’association organisait «  des réunions non mixtes sur les discriminations (… ) des groupes de paroles internes à l’organisation, pas des réunions publiques », créant une polémique largement alimentée par la Macronie et la droite.

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De Jaurès à Lénine, que faire de la Commune ?

Image extraite du film «La Commune (Paris, 1871)», film historique français en deux parties de Peter Watkins, 2000. © DocAnciens/docpix.fr

Image extraite du film «La Commune (Paris, 1871)», film historique français en deux parties de Peter Watkins, 2000. © DocAnciens/docpix.fr

La génération des militants politiques et du mouvement ouvrier, celle de la II e et jusqu’à la création de la III e Internationale, qui a suivi celle des communards, tirent des enseignements différents de l’expérience écrasée dans le sang.

Une des grandes questions qui se pose aux courants socialistes à la fin du XIX e siècle pourrait se résumer ainsi : que faire de la Commune ? Écrasée en mai 1871, sa mémoire est investie par de nombreux socialistes et anarchistes qui voient en elle une expérience politique unique. Elle s’achève, certes, sur un terrible échec, mais les communards exécutés sont célébrés comme des martyrs tombés au combat.

En France, bien sûr, où les survivants de la Commune (Louise Michel, Benoît Malon, Édouard Vaillant…) ou leurs soutiens en région (tel Jules Guesde qui était à Montpellier au moment des événements) vont jouer un rôle important dans la construction des divers courants socialistes. Mais aussi parmi de nombreux groupes militants dans toute l’Europe. Ainsi, le 18 mars est l’occasion de rappels, chaque année, des actions glorieuses des communards. Continuer la lecture de De Jaurès à Lénine, que faire de la Commune ?

Éducation. InserJeunes, la voie pro livrée à la concurrence (Dossier)

L’apprentissage pratique un tri social non avoué, mais bien réel, qui, au final, dope ses résultats en termes d’insertion. Christophe Morin/IP3

L’apprentissage pratique un tri social non avoué, mais bien réel, qui, au final, dope ses résultats en termes d’insertion. Christophe Morin/IP3

Au motif d’aider à l’orientation des jeunes élèves de troisième, le gouvernement a ouvert un site aux informations orientées, qui veut pousser les jeunes vers l’apprentissage au détriment du lycée professionnel.

Le site s’appelle InserJeunes (1). Il a été lancé le 9 février par les ministères de l’Éducation nationale et du Travail. Le but, selon la communication de la Rue de Grenelle : apporter « une aide aux élèves de troisième qui envisagent une orientation en voie professionnelle », et favoriser leur insertion sur le marché du travail. Rien que de très louable en apparence. Surtout quand on sait les difficultés des familles à s’y retrouver dans la jungle des offres de formation, en particulier depuis la fermeture des CIO (centres d’information et d’orientation) par ce même gouvernement.

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Table ronde. Quels sont les combats féministes pour aujourd’hui ?

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Rappel des faits La lutte pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes constitue une composante essentielle de celle pour l’émancipation, qui concerne l’humanité entière et se mène sur tous les terrains. Avec Fatima-Ezzahra Cofondatrice de l’association les Effronté-es Benomar Martine Storti Journaliste et écrivaine (1) Hélène Bidard Adjointe PCF à la maire de Paris chargée de toutes les questions relatives à l’égalité femmes-hommes

Quel état des lieux dressez-vous de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes dans nos sociétés ?

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atima-Ezzahra Benomar Dans le monde du travail, dont on a l’impression qu’il est devenu un univers mixte, la moitié des femmes actives en France sont cantonnées dans seulement 12 des 85 catégories socioprofessionnelles répertoriées par l’Insee : femmes de ménage, femmes de chambre, caissières, vendeuses, infirmières, secrétaires, des métiers dont la pénibilité est souvent ignorée, les contrats précaires, les salaires bas, le temps partiel non choisi, et qui aboutissent à des pensions de retraite modiques. Sans compter que cette situation les expose aux violences, en témoigne le cas des femmes de chambre grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles.

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Revalorisation : Blanquer promet des arbitrages fin mars in Caf. Péda.

« C’est au mois de mars qu’on va pouvoir préciser certaines choses ». Interrogé sur France Inter le 2 mars, JM Blanquer a promis de rendre ses arbitrage sur la revalorisation avant la fin mars. Il a signé le 2 mars le décret instituant la revalorisation des enseignants en début de carrière. Il promet de nouvelles avancées sous conditions. Qu’en penser ?

Une revalorisation 2021 limitée à 12€ pour  la grande majorité des enseignants

« C’est au mois de mars qu’on va pouvoir préciser certaines choses. Il y a des augmentations qui ont déjà eu lieu comme la prime informatique mais aussi la prime d’attractivité pour les enseignants jeunes qu’ils verront à partir de mai », a déclaré JM BLanquer sur France Inter le 2 mai. « On prépare le budget 2022 dans une perspective ambitieuse pour continuer la revalorisation. Il est important d’avoir une augmentation des salaires mais aussi une augmentation qualitative. J’invite à aller voir le document sur le professeur du 21ème siècle pour voir ce qui peut nous moderniser ».

Ainsi JM BLanquer ne se limite pas à faire le point de la revalorisation 2021. Alors que les résultats du Grenelle de l’éducation sont attendus depuis début février, il semble avoir fait ses arbitrages et affirme être en situation d’annoncer les conditions d’une revalorisation.

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Un instituteur communiste en Algérie: et maintenant le film!… Par Alexis Sempé

Et maintenant le film ICI

Grâce à la découverte d’archives totalement inédites appartenant à Gaston Revel, le téléspectateur découvrira l’Algérie à la fin des années trente telle qu’elle se révèle à ce jeune instituteur français. Il comprendra le dépaysement et l’isolement de l’instituteur du bled dans les années difficiles de la Deuxième Guerre mondiale. Il mesurera la vigueur et l’âpreté des combats politiques et syndicaux menés par un militant du parti communiste algérien de l’après-guerre et la violence des tensions qui accompagnent la marche à l’indépendance et à la construction du nouvel État algérien. Fait unique et exceptionnel en Algérie, lors des élections municipales de 1953, Gaston Revel est élu à Bougie (Constantinois) dans le deuxième collège électoral réservé aux seuls musulmans. Gaston Revel, un instituteur en Algérie est un film qui éclaire de l’intérieur l’Algérie de 1936 à 1965, trente années décisives sous un regard totalement inédit.

Réalisateur Pierre Mathiote

 

Et le Livre (Alexis Sempé)

En 1936, Gaston Revel entre à l’Ecole Normale d’Alger, où l’on est censé lui apprendre à « éduquer l’indigène ». C’est aussi l’époque où il commence à s’intéresser à la politique : il est attiré par le Front Populaire, puis par l’anarchisme espagnol, qu’il cite en exemple de réussite sociale. Au cours de son service militaire, enfin, il approche pour la première fois le communisme.

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Séquence xénophobe : une inquiétante et significative dérive politique Par Patrick Le Hyaric

Alors que le panorama s’assombrit sur fond d’accélération des difficultés des travailleurs et des familles populaires, la question sociale est évacuée tandis que la France est entraînée dans une inquiétante dérive politique avec la normalisation des discours d’extrême droite.

Je souhaite pouvoir m’arrêter sur la séquence xénophobe de ces derniers jours tant elle mérite d’être méditée, étudiée. Elle doit surtout faire l’objet d’une réplique unitaire de tous les progressistes, de tous les démocrates.

Inquiétante et significative est la dérive politique dans laquelle la France est entraînée, sur fond d’accélération des difficultés des travailleurs et des familles populaires, et alors que le ciel s’assombrit sur le front social. Elle l’est pour tous les progressistes qui assistent effarés à une succession d’outrances sur l’islam et les musulmans. Elle est encore plus pour nos concitoyens de confession musulmane dont la religion fait l’objet de sordides manœuvres orchestrées par le pouvoir qui use de subterfuges pour détourner l’attention de la profondeur de la crise. L’extrême droite n’a plus à parler, à provoquer. Seul compte désormais pour elle de travailler sa respectabilité dans la perspective d’une prise de pouvoir.

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