Le Pen, Bardella, Maréchal… Des peoples comme les autres ?

Marine Le Pen et ses chats, Jordan Bardella et sa recette de pâtes, Marion Maréchal dans sa robe blanche : en moins de dix ans, l’extrême droite, quasi absente des magazines et émissions de divertissement, a réussi sa stratégie de « peopolisation » qui sert sa normalisation.

Verre de blanc, far aux pruneaux et éclats de rire. Dans son jardin, assise sur une chaise en osier, Marine Le Pen, tout sourire, raconte à Karine Le Marchand son amour pour les chats, sa vie en colocation à 50 ans passés, ses chagrins d’enfant et sa passion du jardinage en écoutant Sister Sledge (We are Family).

En 2016, puis en 2021, la candidate d’extrême droite montre à 3 millions de spectateurs une image sympathique, gaie, en évitant, à tout prix, de parler de politique. « C’est un tournant majeur pour le RN, estime Alexis Lévrier, spécialiste de l’histoire du journalisme. C’est le triomphe de la normalisation voulue par Marine Le Pen. » Continuer la lecture de Le Pen, Bardella, Maréchal… Des peoples comme les autres ?

Mayotte : « La suppression du droit du sol est une division pure et simple du territoire de la République »

En arrivant à Mayotte, ce dimanche, Gérald Darmanin a annoncé vouloir supprimer le droit du sol sur l’île grâce à une révision constitutionnelle. Une décision justifiée par un fantasme que démontre le chercheur en droit de la nationalité Jules Lepoutre.

Des enfants du bidonville de Mavadzani, sur les hauteurs de Koungou, sur l’île de Mayotte.
© MIGUEL MEDINA / AFP

Comment réagissez-vous à l’annonce de Gérald Darmanin de vouloir supprimer le droit du sol à Mayotte ?

Cette déclaration va beaucoup plus loin que la précédente, qui visait à étendre la période de résidence régulière des parents au moment de la naissance de l’enfant. Nous sommes passés d’un changement de modalités à une suppression pure et simple du droit du sol.

C’est complètement différent en termes de politique. La réforme de 2018 avait déjà créé un droit dérogatoire à Mayotte. Il fallait un séjour régulier d’un parent au moment de la naissance pour que la nationalité puisse être acquise, plus tard, par l’enfant. Le Conseil constitutionnel n’avait rien vu alors de contraire à la Constitution. Là, nous quittons la dérogation. Nous sommes dans une division pure et simple du territoire de la République.

Pour supprimer ce droit, Gérald Darmanin annonce une révision constitutionnelle. Qu’est-ce que cela change dans le droit français ? Continuer la lecture de Mayotte : « La suppression du droit du sol est une division pure et simple du territoire de la République »

Robert Badinter, une conscience de la justice + Vidéo

L’ancien ministre de la Justice de François Mitterrand vient de s’éteindre à l’âge de 95 ans. Avocat d’exception, Robert Badinter avait porté l’abolition de la peine de mort en 1981. On lui doit aussi plusieurs réformes d’envergure, moins connues, notamment dans le domaine carcéral.

Robert Badinter à l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981 lors de l’examen de son texte sur l’abolition de la peine de mort.
© Yan Morvan/SIPA

À deux pas du jardin du Luxembourg, de l’appartement de la rue Guynemer qui lui servait aussi de bureau, Robert Badinter pouvait voir la coupole du Panthéon. Peut-être a-t-il parfois songé qu’un jour, sa dépouille irait rejoindre celles d’autres illustres. À cet immense homme d’État, mort dans la nuit du 8 au 9 février 2024 à l’âge de 95 ans, la Nation s’apprête en tout cas à rendre un hommage d’envergure. Emmanuel Macron, qui voit en lui « une figure du siècle, une conscience républicaine », a annoncé une cérémonie nationale, mercredi 14 février, place Vendôme, à Paris, où se situe le ministère de la Justice. Continuer la lecture de Robert Badinter, une conscience de la justice + Vidéo

Enquête : comment l’extrême droite s’arme légalement en France

En France, de nombreux attentats meurtriers sont commis avec des armes légales. Si la législation se veut stricte, il n’est en fait pas si difficile de s’armer. Et l’extrême droite en profite.

Eric Zemmour joue avec un fusil de précision à l’exposition Milipol à Paris, le 20 octobre 2021. ©️Florent Bardos/ABACAPRESS.COM

Le 19 mars 2022, à Paris, l’international de rugby Federico Martín Aramburú boit un verre à la terrasse du bar Le Mabillon. À côté de lui, un groupe tient des propos racistes. Il intervient, une bagarre éclate, on les sépare. Federico Martín Aramburù règle la note et prend le chemin de son hôtel avec son associé Shaun Hegarty. Sur le retour, une jeep les rattrape. Deux hommes en descendent, les mêmes qui tenaient des propos racistes au Mabillon. Ils sont armés, hors de contrôle. Six coups de feu partent. Federico Martin Aramburù s’effondre. Il meurt dans la nuit.

Première surprise de l’enquête : les tireurs auraient dû se trouver en prison. Ce sont des militants d’extrême droite qui ont tabassé et torturé Édouard Klein, leur ancien chef au GUD. Selon le journal « Marianne », ils ont bénéficié d’une libération sous caution payée par un proche de Marine Le Pen. Deuxième surprise, selon Me Christophe Cariou-Martin, l’avocat de Shaun Hegarty, les armes utilisées étaient « parfaitement légales ». Il s’agissait de « revolvers à poudre noire, une arme de catégorie D, en vente libre, sans permis ». Continuer la lecture de Enquête : comment l’extrême droite s’arme légalement en France

La seconde mort de Pablo Neruda

Photographie de Sergio Larrain / Magnum

Réveillez-vous ! Pourquoi tout ce qui concerne le poète national du Chili a été remis en question, ou comment le wokisme chilien qui au départ a été plus que d’autres mouvements du même type dans le monde un des plus progressistes, le plus lié à la lutte des classes, aux droits de la jeunesse et à la résistance à Pinochet est devenu comme partout le vecteur de l’anticommunisme et de ses créateurs, une sorte de social démocratisation destructrice au nom du “féminisme” à la recherche de tout ce qui peut nuire et donner lieu à un procès créant le vide dans l’art chilien. Une tendance que l’on retrouve à l’œuvre en France et qui est proprement insupportable par son côté étroit, tartuffe, et qui aboutit à bloquer le mouvement populaire. Comment hystériser par le petit bout de la lorgnette à la fois pour l’Histoire, la culture et le féminisme, une véritable caricature de la tartufferie et bigoterie ordinaire. En général ce genre “d’inventaire” ne touche pas à Céline, Orwell, et ça se donne comme emblème cette réactionnaire d’Olympe de Gouges, mais ça fait le procès de Picasso. Et comme on est en train de découvrir la vraie vie de Frida Kahlo, on commence discrètement le procès de “l’idole” d’hier. Nul ne peut et ne doit exiger un pareil index Vatican pour la poésie, l’expression de la vie et des contradictions des passions humaines dans l’art, qu’est-ce que l’on va exiger d’expurger ? Parce que la vraie nature d’un tel mouvement est comme les ambiguïtés de Weimar la préparation du nazisme et un vrai anticommunisme. Un nouveau procès fait au “stalinisme” pour donner souffle à la réaction. Quand on voit que cela débouche sur un gouvernement français dont le “jeune” chef Attal met en avant son homosexualité pour nous conduire à la guerre et donner le pouvoir à ceux qui sont prêts à mettre l’étoile rose à l’homosexuel réel et non à celui qui sert de “marque” de vente du fascisme. Ici aux Etats-Unis on salue une telle opération pour mieux cacher l’assassinat de Neruda. Je pense avec beaucoup de nostalgie à mon compagnon Pascal Fieschi, torturé par la Gestapo sans avoir parlé mais affirmant que c’était le hasard, et révolté de la centrale d’Eysse, déporté à Dachau qui citait Tolstoï en disant “je connais la conscience d’un honnête homme, c’est un abyme”. Refuser à la littérature le droit à cette plongée pour mieux réhabiliter toutes les collaborations voilà le travail… (note et traduction de Danielle Bleitrach)


Par Graciela Mochkofsky 

Il n’est peut-être pas surprenant qu’un pays aussi profondément polarisé par son histoire récente que le Chili soit également en guerre sur la pertinence de son poète prééminent, Pablo Neruda. En décembre, cinquante ans après le coup d’État qui a porté au pouvoir le général Augusto Pinochet, les Chiliens ont rejeté une tentative de rédaction d’une nouvelle constitution pour remplacer celle fortement amendée adoptée par le régime du dictateur. Il s’agissait du deuxième plébiscite en deux ans. La première fois, en septembre 2022, les électeurs ont rejeté une réforme de gauche de manière écrasante. En décembre, une alternative de droite a également été rejetée de manière catégorique, soulignant à quel point, comme me l’a dit l’écrivain et commentateur politique Patricio Fernández, « construire des accords » est devenu « extrêmement difficile » au Chili. Continuer la lecture de La seconde mort de Pablo Neruda

Beaumont de Lomagne : La haine plein les murs

Stupeur et indignation à Beaumont, ce matin en arrivant au collège Despeyroux comme à l’établissement privé de Lestonnac, en voyant les tags odieux emplis de haine contre les migrants et « pour la France aux Français » dans un charabia propre aux émules de Zemmour et consorts, fautes de français comprises. Les chefs d’établissement ont déposé plainte dans la matinée à la gendarmerie.

Au feutre avec les slogans habituels contre les « gauchiste(s) » et la référence porcine en exergue, le ou les auteurs n’ont pas fait dans la finesse et dans l’argumentation intelligente, si tant soit peu en la matière, cela soit du domaine du possible. Théodore Despeyroux, mathématicien et humaniste doit se retourner dans sa tombe. Continuer la lecture de Beaumont de Lomagne : La haine plein les murs

Manouchian au Panthéon : la cérémonie + Vidéo

Le 21 février, Missak Manouchian entrera, avec sa femme Mélinée, au Panthéon. L’Élysée a prévu une cérémonie d’une heure trente le jour J, ainsi qu’une veillée funéraire symbolique au Mont-Valérien la veille. PCF et CGT vont organiser un hommage populaire.

Missak Manouchian, Résistant, communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février.
© AFP/Archives

Un communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février. Emmanuel Macron avait annoncé, le 18 juin dernier, qu’il avait choisi le résistant arménien et chef militaire des FTP-MOI Missak Manouchian pour demeurer au sein du temple de la République, 80 années après son exécution à 37 ans par les nazis au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine). Pour ne pas séparer le couple, il y entrera accompagné de Mélinée, sa femme également résistante, à qui il écrivait dans sa dernière lettre : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. » Voici ce temps venu.

Aujourd’hui enterré au cimetière parisien d’Ivry, le cercueil de Missak Manouchian remontera, à la nuit tombante, la rue Soufflot, couvert d’un drapeau français et porté par un régiment « lié à Manouchian », fait savoir l’Élysée, qui organise l’évènement. Il sera alors 18h30 et un parcours de lumière, aux tonalités bleu, blanc et rouge, pavera le chemin du résistant pour scander les trois grandes périodes de sa vie : le génocide arménien, l’arrivée en France et la Résistance. Au pied du Panthéon, sur lequel est prévu un spectacle son et lumières – un « mapping » dans le jargon – de plus de sept minutes, la garde républicaine prendra le relais pour monter les quelques marches jusque sous la coupole.

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Education : la « labellisation (Caporalisation) » des manuels scolaires, une sélection politique

Un projet de décret sera examiné aujourd’hui par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE). Le syndicat enseignant SNUipp-FSU et l’association les Éditeurs d’éducation dénoncent une dangereuse restriction de la liberté pédagogique.

Le gouvernement souligne vouloir financer uniquement les manuels labellisés, sous forme de commandes groupées ou faites par des municipalités.
Eric TSCHAEN/REA

C’était le 5 décembre 2023. Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, avec l’annonce de son « choc des savoirs », entendait « élever le niveau de notre école ». Parmi le flux des mesures promises, l’une d’elles aurait presque pu passer inaperçue : la labellisation des manuels scolaires, du CP à la terminale, d’ici à 2026. Gabriel Attal justifiait son choix par la publication, le jour même, des résultats de la dernière enquête internationale Pisa, la France figurant parmi les mauvais élèves. Depuis, devant l’ampleur de la tâche, le ministère a quelque peu rétropédalé. Continuer la lecture de Education : la « labellisation (Caporalisation) » des manuels scolaires, une sélection politique

Vers un « Schengen militaire » pour préparer un conflit avec la Russie ?

L’Allemagne, la Pologne et les Pays-Bas ont acté la création d’un « corridor de transport militaire ». Moscou envisage des « mesures de rétorsion ».

Des trains transportant des véhicules blindés de combat français et des chars Leclerc à Voila, dans le centre de la Roumanie, mercredi 16 novembre 2022.
Jerome Salles/AP/SIPA

 

D’un côté, le rétablissement des contrôles aux frontières, soit des États européens qui se replient sur eux-mêmes et ébranlent l’espace Schengen pour contrôler les flux de migrants. De l’autre, un espace qui s’ouvre à la libre circulation des armes. Le 31 janvier, la Pologne, l’Allemagne et les Pays-Bas ont entériné à Bruxelles, en marge d’une réunion des ministres européens de la Défense, la création d’un « corridor de transport militaire », première étape vers un « Schengen militaire ».

Le projet, qui vise à s’affranchir des barrières administratives pour le déplacement de troupes, de matériel et de fournitures depuis les ports en eau profonde de la mer du Nord, n’est pas une idée neuve. Élaboré en concertation entre l’Otan et la Commission européenne pour renforcer l’Alliance sur son flanc est face à la Russie, cet espace affranchi de contrôles pourrait s’étendre à d’autres pays du bloc communautaire. Continuer la lecture de Vers un « Schengen militaire » pour préparer un conflit avec la Russie ?

TEMS à la rencontre des Moissagais-ses

NDLR de MAC: Heureux de retrouver TEMS et ses représentantes, Estelle et Marie ce matin sur le marché de Moissac qui présentaient sous forme d’un tout nouveau support papier, leurs vœux aux populations de Moissac. Une initiative qui devrait en appeler d’autres et qui conforte le besoin d’informer les citoyens-nes des réalités et des méfaits de ce quarteron du Rhaine qui a fait main-basse sur la  cité uvale autour d’un maire qui porte l’idéologie de son parti en étendard.

Heureux de voir et d’apprécier ces élus-es d’opposition qui maintiennent le cap avec courage et abnégations et de rendre compte du capital de sympathie qu’ils/elles génèrent à ,l’image des nombreux citoyens venus à leur rencontre pour prendre quelques tracts à distribuer, saluer les élus-es…

La fracture dans la ville est nette et perceptible sur chaque sujet abordé, sur chaque fait de société discuté… Il faudra du temps pour réparer les dégâts d’un Rhaine qui se veut tout puissant dans sa tour d’ivoire municipale et qui croit se partager demain le département avec le LR de Mme Barège.

Il y a du travail de conviction en perspective et un besoin de renouvellement de la classe politique locale pour redonner du sens à la démocratie dans cette belle ville. Même semé d’embûche, le chemin vaut la peine d’être emprunté. 2024 est une étape, il faut poursuivre la construction d’un meilleur avenir!


Ci dessous le contenu du tract distribué et possibilité de le télécharger pour le diffuser autour de soi

(Cliquez sur les textes pour télécharger)