Entre mobilisations et congrès, le PCF fixe son cap

De la lutte contre la vie chère à celle pour le travail en passant par son 39e congrès, c’est un agenda chargé qu’a concocté ce week-end le conseil national du Parti communiste, non sans débat.

Réunion du Conseil national du PCF, samedi 17 et dimanche 18 septembre.

Réunion du Conseil national du PCF, samedi 17 et dimanche 18 septembre.

Réformes de l’assurance-chômage et des retraites, budget d’austérité, crise de l’énergie… Face au « programme de classe, de combat pour faire payer la crise au peuple » d’Emmanuel Macron, le PCF a fixé son cap pour les mois à venir lors de son conseil national, ce week-end. « Lançons une grande campagne autour de l’enjeu du travail et de l’emploi, pour redonner du sens au travail, augmenter les salaires, former, créer des emplois, sécuriser les parcours professionnels », a d’emblée invité le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, estimant que « ces derniers jours ont montré que nous avions la capacité d’ouvrir en grand le débat politique ». Continuer la lecture de Entre mobilisations et congrès, le PCF fixe son cap

Fête de l’Humanité : au fil des allées de ce «lieu idéal»

Sans frontières. Les averses n’ont pas douché l’enthousiasme des visiteurs. Jeunes plongés dans le grand bain de la fraternité, militants de la liberté au Village du monde… la Fête reste un irremplaçable carrefour des rencontres.

Lahcene ABIB

D’averses en arcs-en-ciel, le soleil a bien fini par percer, dimanche : la cité de toile émergeait du brouillard et, au fil des vastes allées, la boue laissait place à la terre battue. Mais dans l’alchimie de la Fête, la météorologie compte peu : lumière ou grisaille, il y avait la même joie de se retrouver, de débattre ou de danser, le même plaisir à être ensemble et à donner de la voix, la même quiétude, et cette inestimable et rare attention des uns aux autres.

Sur la Base 217, dans ses nouveaux quartiers de l’Essonne, loin de La Courneuve, la plus grande fête politique d’Europe s’est faite plus champêtre : son public a suivi ; les plus jeunes, les novices découvrent avec plaisir une façon d’être ensemble, un carrefour de rencontres auquel ils ne s’attendaient pas. Continuer la lecture de Fête de l’Humanité : au fil des allées de ce «lieu idéal»

Ceux qui font la Fête de l’Humanité avant les autres

Arrivés parfois deux ou trois semaines avant le commun des visiteurs, les « bâtisseurs » bénévoles et militants communistes sont les architectes indispensables de la Fête de l’Humanité. Entre débrouille et camaraderie.

À l’ombre d’une impressionnante collection de fûts de bière et de provisions en tous genres, une femelle boxer se prélasse, étirant négligemment une patte. Elle s’appelle Luma, « presque comme le journal ». « Y a qu’elle qui ne bosse pas », rigole Didier. Marcel, moustache en bataille, le chef de troupe des militants PCF de la fédération de la Charente, 62 ans et retraité de l’éducation nationale, nous invite à faire le tour de son stand.

Découvrez le montage titanesque de cette ville éphémère.

Il faut en effet tout le détachement dont peuvent faire preuve les chiens pour ignorer le branle-bas de combat qui anime la Base 217, au cœur de l’Essonne, en vue de la Fête de l’Humanité de ce week-end. Au stand charentais, il y a ce qui est prêt (la cuisine « garantie sans ouvre-boîte ni conserve », le bar). Et ce qui demande encore à l’être ( « les douches, c’est pas encore ça, on n’a pas encore l’arrivée d’eau »). « C’est immense, il y a beaucoup de travail, des difficultés, mais ce changement de site nous fait du bien. Haut les cœurs, serrons-nous les coudes ! Soyons fiers de cette Fête ! »

Petite ville éphémère

En se promenant dans les allées désertes de la Base, on mesure le travail de titan requis pour que cette petite ville éphémère sorte de terre. Dans quelques jours, des centaines de milliers de visiteurs écriront une nouvelle page de l’histoire de la Fête de l’Humanité. Les monteurs bénévoles, eux, en ont largement entamé la préface. Comme chaque année, ils sont arrivés depuis une semaine, parfois deux ou trois. De la Charente, des Hauts-de-Seine, de la Côte-d’Or… Après l’incendie de Notre-Dame, Macron louait les Français, « peuple de bâtisseurs ». Ceux de l’Huma ont leurs propres cathédrales, la grand-messe est populaire, solidaire et festive.

Sans cette armée de bénévoles, pas de Fête. Car si les chapiteaux sont déjà plantés, il reste à installer les équipements, brancher les groupes électriques, assurer l’approvisionnement en eau, monter les banderoles et les pancartes, creuser les tranchées pour l’évacuation des sanitaires… Au Village du monde, qui accueillera militants et personnalités venus de tous les continents, les ouvriers du Livre montent 90 stands. « Les festivaliers ont trois jours de fête, nous deux semaines, c’est le pied », sourit Thierry. Le jeu en vaut la peine : « Quand, quelques mois après la Fête, vous apercevez un des responsables de stand kurde à la télévision, en train de combattre les forces islamistes à Kobané, c’est incroyable », se rappelle Xavier.

Côté charentais, on plastronne : « On dit que c’est quand la Charente arrive que la Fête de l’Huma commence ». En sa qualité de « stand pionnier », la fédération a, comme d’autres, la responsabilité d’assurer la restauration des autres bâtisseurs qui arrivent au fur et à mesure. Et il y a intérêt à avoir du stock. L’anecdote se refile entre bénévoles. Plus de vingt ans auparavant, un stand parisien aurait tellement bien fonctionné en amont, jour comme nuit, qu’il est resté fermé les trois jours de Fête, faute d’une goutte de vin ou d’une miche de pain à offrir au public. « C’est bon, on a de quoi voir venir », rassure Denis.

Ici, l’entraide prévaut

Les bâtisseurs de la Côte-d’Or passent régulièrement y faire un tour. Eux sont arrivés la veille. Jean-Marie, nuque longue et barbe grise, et Brice, pin’s Lénine épinglé sur sa casquette, bataillent avec une tractopelle pilotée par Julien, du staff de la Fête. Le sol du stand doit être aplani pour y poser le plancher, au risque d’avoir un curieux décor penché. « Ce n’était pas prévu mais une Fête de l’Huma sans galère n’en est pas vraiment une », s’amuse Jean-Marc. Électricien de profession, ce communiste dijonnais gère l’installation électrique et les éclairages du stand. Puis, sa tâche accomplie, il ira aider les camarades des allées d’à côté. Ici, l’entraide prévaut. La mécanique est bien rodée : les premiers installés aident les suivants dans leurs préparatifs et ainsi de suite. La solidarité en cascade. Le ruissellement pour de vrai. « C’est ce qui différencie la Fête des autres festivals, cet esprit d’équipe, où tout le monde met la main à la pâte, travaille ensemble, déconne, échange, débat », se réjouit Yann.

Pour retrouver toute la programmation de la Fête de l’Humanité 2022 : les concerts, les débats, les expositions… et toutes les informations utiles, c’est par ici !

Lui est retraité, mais énormément de bénévoles dépensent une partie de leurs congés pour bâtir la Fête de l’Humanité. Comme Romain, la trentaine : « Ça n’a pas de prix, je m’éclate. L’ambiance, l’atmosphère, la camaraderie, vous n’avez ça nulle part ailleurs ». Le Charentais fait partie des « bérégeots », une « confrérie » qui remet chaque année, la veille de la Fête, trois nouveaux bérets aux monteurs de stand qui ont « versé le plus leur sueur », et rejoindront à leurs tours les rangs de l’association. Vu le travail abattu, les aspirants ne manqueront pas.

Abject: La droite extrême relance ses attaques contre le Planning familial

Droits humains. Une affiche présentant un homme enceint, dans le cadre d’une campagne visant à sensibiliser aux problématiques de la communauté LGBTQIA+, sert de prétexte à un assaut de violences et de menaces contre l’association féministe et d’éducation populaire.

 

Il est dans le collimateur des droites extrêmes depuis sa création, en 1956 : le Planning familial se voit confronté, depuis la semaine dernière, à de nouvelles attaques haineuses venues de l’hémisphère droit du monde politico-médiatique. La cause, ou plutôt le prétexte : un visuel publié le 17 août sur Twitter par son auteur, l’illustrateur Laurier The Fox. Cette affiche, ­réalisée dans le cadre d’une campagne nationale du Planning pour sensibiliser aux problématiques de la communauté LGBTQIA+, représente un couple composé d’une femme barbue et d’un homme qui attend manifestement un enfant. Le slogan : « Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints. »

Techniquement, rien n’est plus vrai : une personne transgenre, considérée comme femme à la naissance puis ­devenue homme, mais sans ­opération qui altère ses capacités reproductrices, peut tout à fait être enceinte. Mais ce simple rappel à la réalité a suffi à faire fondre les fusibles de la droite anti-choix, qui a multiplié les appels au désubventionnement, voire à la dissolution. Continuer la lecture de Abject: La droite extrême relance ses attaques contre le Planning familial

Sorcière, de la créature maléfique à l’icône féministe

De Salem à Édimbourg, le mouvement de réhabilitation de milliers de femmes persécutées et exécutées pour « sorcellerie », entre les XVe et XVIIIe siècles, marque des points. Quelle est la modernité de ce combat ? Analyse

 

Elle était la dernière des sorcières de Salem… non graciée. Son nom s’était perdu dans les limbes de l’Histoire. Ce sont des collégiens qui l’en ont sorti. Célibataire sans enfant, Elizabeth Johnson avait 22 ans lorsqu’elle fut dénoncée comme sorcière et condamnée à la pendaison. Sans être acquittée, elle a échappé à la potence après que le gouverneur royal de l’État du Massachusetts, un certain William Phips, a mis fin à l’hystérie presque générale qui saisissait, à la fin du XVIIe siècle, cette partie de la Nouvelle-­Angleterre.

Une « pécheresse » examinée lors de son procès, « créature » forcément insensible à la douleur puisque protégée par le diable. La puissante vague misogyne a culminé en Europe au XVIIe siècle.

En mai dernier, Elizabeth Johnson a finalement été réhabilitée par le Sénat de ce même État, trois cent vingt-neuf ans après sa condamnation. Au cours d’une recherche sur les fameuses « sorcières de Salem », des collégiens de North ­Andover ont découvert son nom, un an plus tôt. Ils n’ont dès lors cessé de plaider sa cause auprès des élus de l’État, qui ont pris l’affaire en mains, comme un point final au mouvement de vérité et de réhabilitation concernant cette tache – une de plus – dans l’histoire des États-Unis. En quelques mois, 20 personnes de Salem et des villages environnants avaient été tuées (19 par pendaison et une par lapidation) et des centaines accusées durant une grande crise puritaine. Continuer la lecture de Sorcière, de la créature maléfique à l’icône féministe

Fiona Texeire : « Il faut que les femmes puissent s’investir en politique sans craindre d’être victimes de violences machistes »

La cofondatrice de l’Observatoire des violences sexuelles et sexistes en politique revient sur les difficultés des partis politiques à gérer les cas de violences sexuelles après #MeToo.

Fiona Texeire est collaboratrice d’élu.e.s depuis 14 ans. Elle débute sa carrière comme assistante parlementaire au Parlement européen. Fiona Texeire intervient également à Sciences Po Rennes, avec un cours qui aborde les violences sexuelles et sexistes en politique. 

Entretien. Fiona Texeire a co-fondé en 2021 l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique aux côtés des féministes Madeleine Da Silva, Hélène Goutany, Mathilde Viot et Alice Coffin. Collaboratrice sans étiquette d’élus depuis quatorze ans, elle s’est mobilisée en faveur du #MeToopolitique, censé révolutionner les mentalités et les pratiques d’un milieu encore largement masculin.

Vous avez participé à la création de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique. Quels sont ses objectifs ?

Nous souhaitons mettre en lumière les violences sexistes et sexuelles qui traversent dans la vie politique française. Compiler les faits, interpeller l’opinion publique, faire du plaidoyer à destination des partis politiques ou des institutions font partie des missions de notre association. Récemment, nous avons transmis un signalement à LR et à LaREM pour des faits présumés de viol visant l’ ancien ministre Damien Abad. Continuer la lecture de Fiona Texeire : « Il faut que les femmes puissent s’investir en politique sans craindre d’être victimes de violences machistes »

Fabien Roussel (PCF) : « Je veux que la gauche puisse gouverner à nouveau en France »

Propos recueillis par Florence Chédotal Pour le journal « La Montagne »
On reproche souvent au député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français de faire cavalier seul. Lui préfère répondre qu’il oeuvre pour la gauche.
Élisabeth Borne prononce mercredi son discours de politique générale. Quelles sont vos attentes ?
Il faut que le gouvernement s’engage véritablement dans des mesures fortes, pour la hausse des salaires, des retraites, le blocage des prix, et mette fin à la politique des petits chèques pratiquée ces deux dernières années, d’abord parce que ça coûte cher et ensuite parce que ça ne répond pas aux problèmes de fond.
Depuis le lancement de la Nupes, vous vous comportez en électron libre. Quel rôle les communistes souhaitent-ils endosser au cours de cette nouvelle législature ? Continuer la lecture de Fabien Roussel (PCF) : « Je veux que la gauche puisse gouverner à nouveau en France »

Ovidie et Diglee : « Désirable mais pas trop active », ces doubles injonctions faites aux filles

Dans « Tu n’es pas obligée », guide pédago et féministe, l’auteure et réalisatrice Ovidie retrouve l’illustratrice Diglee pour livrer quelques bons conseils aux adolescentes à l’aube de leur vie sexuelle.

Après « Libres », « Baiser après #MeToo », Ovidie et Diglee s’attaquent aux injonctions faites au corps et à la sexualité dans « Tu n’es pas obligée », en s’adressant plus particulièrement aux adolescentes. Face au retour de bâton antiféministe, les autrices misent tout sur la génération qui vient. Dialogue.

« Tu n'es pas obligé », 
d'Ovidie et Diglee, 
éditions la Ville brûle, 
76 pages, 12 euros

« Tu n’es pas obligé »,
d’Ovidie et Diglee,
éditions la Ville brûle,
76 pages, 12 euros

Votre nouveau livre décortique les injonctions liées au corps, aux normes, aux relations sexuelles. Comment définiriez-vous une injonction ?

Ovidie C’est lorsqu’on se sent obligé de faire quelque chose dont on n’a pas réellement envie, alors que personne ne nous y contraint réellement. C’est plus pernicieux qu’une obligation, dans la mesure où l’injonction nous laisse croire que la décision vient de nous. Il y a cette illusion que ce serait notre choix. C’est plus agressif qu’une simple suggestion parce que, si on ne s’y plie pas, on risque d’en payer le prix en retour. Exemple typique : « si je me maquille, c’est pour moi ». Non, ce n’est pas vrai. Nous le faisons pour le regard social, pour les autres. Personne ne nous y oblige, mais, si nous n’y répondons pas, nous nous retrouvons en marge de la norme, donc exclues.

Comment se traduit l’injonction à la sexualité dans la société ? Continuer la lecture de Ovidie et Diglee : « Désirable mais pas trop active », ces doubles injonctions faites aux filles

Consentement : à quand une France à l’heure espagnole ?

Violences sexuelles Résolument avant-gardiste, le projet de loi espagnol « Solo si es si » (seul un oui est un oui) place la parole de la femme au cœur du système juridique. Malgré des déclarations de façade, la France rechigne à lui emboîter le pas.

REUTERS

« Seul un oui est un oui. » Un cri plus qu’une phrase. Un cri devenu slogan en Espagne et bientôt loi. Contre les violences sexuelles et machistes, le texte législatif surnommé « Solo si es si » est révolutionnaire. Il veut imposer un changement de paradigme et édicter une nouvelle définition du consentement. Après deux ans de consultations et d’auditions d’expertes, de batailles contre l’opposition, ce projet de loi organique pour « la garantie intégrale de la liberté sexuelle » a été voté en première lecture à l’Assemblée le 26 mai et se trouve actuellement en débat au Sénat. Continuer la lecture de Consentement : à quand une France à l’heure espagnole ?

Les leçons d’un scrutin: vive le congrès du PCF.

 

Que dire de ces élections, sinon que leur résultat n’a rien pour nous de surprenant et qu’il a ses ombres et ses lumières. Au titre des satisfactions il y a bien sûr la mise en “petite” majorité relative de Macron, un désaveu du président élu comme il y en eut jamais dans cette Constitution et ce mode de scrutin. Désaveu bien mérité et quelques battus comme Castaner qui arrachèrent des cris de joie à tout ceux pour qui il représente le mépris, la violence gratuite et la trahison de ses engagements. Cette constitution a été créée pour verrouiller tout changement de société et exclure le parti communiste, l’hypothèse socialiste de la vie politique française en relation avec les institutions européennes opérant dans le même sens. Continuer la lecture de Les leçons d’un scrutin: vive le congrès du PCF.