Claude Lelièvre revient sur les déclarations de Gabriel Attal en matière de laïcité, « dans la continuité malsaine de ses déclarations à l’emporte-pièce ». « La déclaration de Gabriel Attal sur l’unicité de ’’la laïcité’’ en France va encore plus loin que des annonces quelque peu ‘’forcées’’ pour se faire remarquer, car c’est un déni pur simple de ce qui existe depuis longtemps, de sa complexité, afin d’en imposer en prétendant être le serviteur rigoureux d’une essence de « la laïcité » alors même que, dans la réalité, il n’en est rien » écrit l’historien dans cette tribune.
Dans la continuité malsaine de ses déclarations à l’emporte- pièce, Gabriel Attal a affirmé le 6 mars dernier devant l’Assemblée nationale qu’« il ne peut pas y avoir de laïcité à la carte ».
Alors, ou bien c’est un déni de réalité quasi forcené car la dite ‘’laïcité à la française ‘’ est de fait à géométrie variable ; ou bien il compte y mettre bon ordre : supprimer le Concordat en ‘’Alsace-Lorraine’’ et appliquer la loi de 2004 concernant le port de signes religieux aussi bien dans l’enseignement scolaire privé sous contrat que dans l’enseignement scolaire public – ou supprimer cette loi.
On s’est habitué, bien à tort, aux annonces péremptoires de Gabriel Attal, notamment lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale, à ses affichages hyperboliques de « priorités » à tout bout de champ. C’était avant tout de la ‘’gonflette’’, qui contribue déjà à miner le sérieux du débat public. Continuer la lecture de Attal, le matamore frauduleux de ‘’la laïcité’’
Alors que Gaza est depuis plus de huit mois sous les bombes, l’Humanité publie un appel de plusieurs centaines de personnalités pour que la France, enfin, reconnaisse l’État de Palestine. Un jalon indispensable pour une solution politique.
Combien ? Combien de morts, de visions atroces, d’enfants réduits à l’état de charpie, de corps calcinés, de familles endeuillées faudra-t-il à Gaza pour que la France use enfin des leviers en sa possession pour stopper le carnage ? La reconnaissance officielle de l’État de Palestine par Paris, à laquelle appellent dans nos colonnes plusieurs centaines de personnalités (des politiques, syndicalistes, sportifs, artistes, chercheurs, associatifs…), ce 31 mai, constituerait un symbole diplomatique fort qui honorerait la République et, à travers elle, le peuple français.
Emmanuel Macron s’y est dit favorable et « en même temps » joue la montre. Le 29 mai, le chef de l’État réservait sa décision à la condition que l’Autorité palestinienne se « réforme » pour « exercer des responsabilités, y compris à Gaza ». La veille, il fallait attendre « le moment utile », quand serait retombé le souffle de « l’émotion ». Absurde. Le bon moment, c’était déjà hier, c’est ardemment aujourd’hui.
Cette reconnaissance de la souveraineté palestinienne ne serait pas un aboutissement, mais l’ébauche d’une solution politique au conflit. Les autres leviers à activer sont nombreux et l’instauration d’un cessez-le-feu, votée et revotée aux Nations unies, est le préalable essentiel à toute négociation afin d’obtenir le retour de tous les otages retenus par le Hamas. Continuer la lecture de Reconnaissance de la Palestine : Emmanuel Macron, « le moment utile » est venu (Appel à signer)
Israël a de nouveau bombardé Rafah, dans la bande de Gaza, dimanche 26 mai. Si l’armée de Benyamin Netanyahou assure avoir visé « un quartier général du Hamas », les Palestiniens dénoncent « un massacre » causé par le ciblage d’un centre pour personnes déplacées. Au moins 35 personnes sont mortes, selon les autorités de Gaza.
« Cet enfant décapité. Tenu à bout de bras par un homme. Et le feu. Insoutenable », écrit le journaliste David Dufresne sur X (ex-Twitter). Difficile de trouver les mots face aux images d’un nouveau massacre dans la bande de Gaza. Des cadavres qui jonchent le sol, le corps d’un enfant, porté à bout de bras, sans tête, des tentes de réfugiés, des bâtiments et des véhicules en flammes. Dimanche 26 mai, les forces israéliennes ont bombardé, encore une fois, Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, où se sont réfugiées plusieurs centaines de milliers de Palestiniens.
Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) doivent désormais déterminer si les conditions sont réunies pour délivrer des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés commis dans la bande de Gaza. Des leaders du Hamas sont aussi concernés.
En débat avec Sigrid Gerardin, syndicaliste, 2ème de la liste Gauche Unie pour le Monde du travail
Après leur prise de pouvoir dans certains pays (Italie, Hongrie), ses forces politiques cherchent à engranger de nouvelles positions au sein du Parlement européen, en menaçant les droits et les progrès conquis par les luttes sociales et environnementales.
L’extrême droite européenne a le vent en poupe. Déjà au pouvoir dans 5 des 27 États membres, certaines projections la feraient passer de 17 % à 25 % de sièges au Parlement européen. Une ascension liée à sa banalisation médiatique, la « dédiabolisation » de ses idées, et un discours faussement « social ». La future influence qu’elle peut avoir et surtout les alliances qu’elle renforcera avec la droite menacent de remettre en cause les progrès obtenus pour l’environnement et pour les droits de l’homme, les droits sociaux et ceux des minorités, en matière de libertés et de protection de la biodiversité notamment.
L’aggravation brutale de la crise en Nouvelle-Calédonie se solde par un bilan humain et matériel d’ores et déjà inacceptable et tragique : quatre morts dont un gendarme et de très nombreux blessés ainsi que la présence de milices armées qui agissent en toute impunité.
Nous adressons toute notre amitié et nos pensées aux familles des victimes et nous appelons à ce que toute la lumière soit faite sur ces drames .
Nous adressons également à la famille du gendarme décédé, à ses proches, ses collègues ainsi qu’à l’ensemble de la Gendarmerie nationale toutes nos condoléances.
La crise politique néo-calédonienne rappelle les heures les plus difficiles des années 1980.
Pourtant, depuis 30 ans, les présidents de la République et leurs premiers ministres successifs ont su préserver le cadre d’un processus fondé sur l’impartialité de l’Etat, la concertation, l’équilibre et le respect mutuel entre les différents partis.
Aujourd’hui ce processus qui a commencé par la poignée de main historique entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur au moment des Accords de Nouméa, est remis en cause.
Le seul responsable de cette crise est le président de la République Emmanuel Macron et son Gouvernement, qui avancent à coup d’ultimatums et de menaces, de l’imposition du calendrier du 3e référendum en dépit du deuil du peuple calédonien au moment de la pandémie à celle de la réforme du corps électoral.
La colère qui explose aujourd’hui est le fruit amer de cette politique destructrice, dont les conséquences sont accentuées par des inégalités sociales très fortes sur l’île .
Le PCF appelle au calme. Plus aucun drame humain, plus aucun mort, plus aucun blessé, autant parmi les manifestant·es que parmi les forces de l’ordre, ne doit être à déplorer.
Emmanuel Macron et le Premier ministre sont les responsables de cette crise. C’est à eux de trouver les ressorts pour en sortir.
Malheureusement, en décrétant l’État d’urgence, en annonçant d’ores et déjà que le Congrès sera convoqué fin juin, ils se comportent de la pire manière, comme les représentants d’un Etat colonial dont on pensait être définitivement débarrassés.
Il faut retrouver les voies du dialogue, sans ultimatum, ni coup de force, et dans le respect mutuel des différents partis. Pour cela, le PCF et ses parlementaires demandent que la réforme du corps électoral soit stoppée.
Ils appellent à l’envoi immédiat d’une mission gouvernementale dirigée par le Premier ministre, chargée de réunir l’ensemble des partis pour trouver une solution politique négociée et consensuelle à la crise dans le respect des Accords de Nouméa.
Le conflit en Ukraine et le massacre à Gaza percutent le scrutin du 9 juin, le premier, depuis vingt-cinq ans, à se tenir alors que des affrontements sont en cours sur le continent.
Le monument aux morts d’Escautpont a été souillé par des tags nazis et homophobes, tandis qu’à Mulhouse, des affiches de Léon Deffontaines ont été recouvertes de menaces de mort. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, se dresse face à la montée de l’extrême droite.
Le monument aux morts de la localité du Nord, dégradé par des tags antisémites et homophobes Ville d’Escautpont
L’antisémitisme et l’extrême droite ne doivent pas être banalisés. Très tôt ce 8 mai, des croix gammées et des insultes homophobes ont été taguées sur le monument aux morts d’Escautpont près de Valenciennes (Nord). La commune « se réveille sous le choc, peut-on lire sur le post Facebook de la mairie d’Escautpont, c’est le souvenir de nos Morts pour la France qui est insulté ». Pour Fabien Roussel, député PCF de cette circonscription du Nord, ces tags sont « l’expression complètement décomplexée d’une extrême droite dangereuse qui gagne du terrain en Europe et en France. » Selon le secrétaire national du PCF, le tag homophobe inscrit sur le devant de la stèle est une attaque qui s’adresse certainement au maire, Raphaël Kruszynski. Continuer la lecture de Tags antisémites dans les Hauts-de-France : Fabien Roussel réagit face à la montée de l’extrême droite
NDLR de MAC: texte et vidéo à verser à la réflexion entamée lors de la venue de Dominique Pagani, le samedi 4 mai dernier à Castelsarrasin.
DES EXPÉRIENCES SOUVERAINISTES COMPLÉMENTAIRES par Roland Diagne
Roland Diagne a parfaitement raison sur l’invite qu’il adresse à ceux qui croient encore être les maîtres de l’Afrique : n’interprétez pas avec vos critères qui conduisent la démocratie capitaliste au fascisme quand vous perdez pied, l’Afrique cherche les voies de sa souveraineté et pas plus qu’en Amérique latine on ne peut opposer les solutions anti-impérialistes, écoutez ce que les peuples ont à vous dire. A ce propos, en matière d’anniversaire je voudrais reprendre le propos d’un lecteur sur l’anniversaire de Dien Ben Phu auquel Le Cornu a été invité… Quel chemin depuis ce temps où on joue avec le nucléaire: “L’histoire bégaie, au moment ou certains s’agitent sur le comment utiliser le nucléaire dans le conflit ukraino/russe, rappelons que Foster Dulles proposa à Georges Bidault, président du Conseil, d’utiliser la bombe atomique à Dien Bien Phu. La réponse fut négative, la bombe ne regarde pas qui sont les bons et les méchants.
Certains s’attarderont sur les erreurs de l’état-major français, le général Navarre en tête. Le colonel De Castries commandant le camp retranché ira jusqu’à provoquer le général Giap ” tu attaques quand? viens je t’attends”. Quelle outrecuidance ! Même sans ces erreurs, la défaite eut été consommée. La décolonisation était inéluctable. L’Algérie suivra….” Oui il serait temps de s’en pénétrer “la défaite est consommée” (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Les chantres du néocolonialisme françafricain, eurafricain et usafricain s’évertuent à opposer le souverainisme sénégalais issu des urnes et celui issu du parachèvement militaire des luttes des peuples du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Leur doxa doctrinaire dans le sillage de leurs maîtres impérialistes est l’apologie décontextualisée de la « démocratie des urnes » tout comme la « démocratie multipartite » est érigée comme l’unique critère opposable aux démocraties populaires socialistes cubaine, vietnamienne, chinoise et coréenne. Leur credo permanent est « régime démocratique » versus « régime autoritaire » même si le monde entier voit de plus en plus la supercherie du double standard permanent et que la chimère opposant systématiquement « les institutions fortes et les hommes forts » laisse voir la réalité scandaleuse des Etats hors la loi dans les pays impérialistes, les pays dépendants et les néocolonies.
En effet l’histoire montre que la « démocratie » capitaliste engendre en temps de crise le fascisme, c’est-à-dire que la forme démocratique cède la place en temps de crise à la forme terroriste de la dictature de classe du capital.
Forme démocratique ou fasciste sont les moyens institutionnels (la superstructure) pour préserver coûte que coûte la propriété privée des moyens de productions et d’échanges sous le capitalisme en particulier à son stade suprême l’impérialisme dont la caractéristique tendancielle selon Lénine est « la réaction sur toute la ligne ».
Aux USA, dans les pays de l’UE, on assiste à la manifestation de cette tendance réactionnaire avec la fascisation des pouvoirs libéraux, sociaux libéraux, écologistes faisant le lit électoral des partis fascistes qui y redressent partout la tête. La fascisation se manifeste par l’islamophobie, la négrophobie, la rromophobie, les nombreux assassinats racistes policiers, les interdictions arbitraires des manifestations de solidarité avec la Palestine, la criminalisation de l’anti-sionisme, les atteintes liberticides au droit de grève, la soumission de plus en plus flagrante des pouvoirs législatif et judiciaire au pouvoir exécutif, l’économie de guerre et les guerres, etc.
Le néocolonialisme, qui n’est qu’un capitalisme sous développé dépendant, ne fait que répercuter ces caractéristiques anti-démocratiques inhérentes à la dictature de classe de la bourgeoisie sous la forme multipartite ou militariste comme l’Afrique l’a connu avec les coups d’états françafricains post-1960. Les seules exceptions dans cette période furent les coups d’État souverainistes de Thomas Sankara et jusqu’à un certain point de Jerry Rawlings.
Mali, Burkina, Niger renouent avec le souverainisme Sankariste
Sankara disait fort justement qu’un « militaire sans conscience politique est un criminel en puissance ». Est-on au Mali, Burkina, Niger en présence d’un retour au retour des putschs des Eyadéma assassin de Olympio, Mobutu assassin de Lumumba, Moussa Traoré assassin de Modibo, etc ? Ou avons-nous plutôt affaire au retour des coups d’états souverainistes types Sankara ou Rawlings ?
Pour éviter le piège doctrinaire libéral bourgeois néocolonial opposant systématiquement et par principe coups d’états et urnes, il est indispensable de prendre en compte les facteurs suivants : – le rapport réel des forces atteint par les luttes populaires contre les pouvoirs néocoloniaux, le contexte et les objectifs pour lesquels la fraction du peuple dans l’armée est intervenue.
Au Mali, Burkina, Niger, les peuples se sont insurgés contre la « démocratie multipartite » des corrupteurs et des corrompus engendrée par le prétendu « vent de la démocratie » vendu par l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain dans les années 90 contre les putschistes militaristes qu’ils avaient soutenu dans la période précédente pour renverser les pouvoirs souverainistes (Olympio, Modibo, Lumumba, etc) qui avaient été portés au pouvoir lors de la première phase de la lutte indépendantiste en Afrique.
La « démocratie multipartite » et « l’individualisme technocratique » devenaient ainsi les deux mamelles principales de l’intégration des gouvernances libérales néocoloniales dans la mondialisation libérale pilotée par le Fond Monétaire Internationale, la Banque Mondiale et l’OMC.
Le « there is no alternativ » au libéralisme était la pensée unique sous le vernis de la « démocratie multipartite » devenue des « démocratures » qui affament le peuple et enrichissent en milliards de francs cfa des bureaucraties d’États néocoloniales.
Le chemin le plus court pour devenir milliardaire est d’être ministre ou PDG des multiples agences parapubliques pendant que les secteurs stratégiques (eau, électricité, télécoms, ports, chemins de fer, aviation, le foncier, les mines, etc) étaient bradés aux privés surtout impérialistes par suite de la dévaluation du franc cfa.
Ces politiques libérales livraient les économies nationales aux privés étrangers au nom de la « croissance du PIB » tout en interdisant les recrutements dans la fonction publique finirent par conduire aux tragédies de l’émigration piroguière meurtrière et aux sans papiers traqués et surexploités par l’économie souterraine des pays de l’UE, des USA, du Canada, etc.
Vient se surajouter l’insécurité permanente provoquée par le djihado-terrorisme dans le Sahel à partir de la destruction criminelle de la Libye. Cette infestation du Mali, du Burkina, du Niger est consécutive de la stratégie US/UE/Otanienne des « guerres de religions, des cultures, des civilisations » n’ayant d’autres objectifs réels que la mainmise des firmes capitalistes impérialistes sur les richesses du sol et du sous sol africain.
« Démocratures » et insécurité djihado-terroriste ont été le terreau des révoltes populaires au Mali, Burkina, Niger et de la découverte puis la prise de conscience dans ces peuples et la fraction nationaliste des armées de ces pays de la duplicité des impérialistes faisant semblant de soutenir les États néocoloniaux tout en étant complices des terroristes séparatistes comme l’a révélé au grand jour le refus par l’armée française que l’armée malienne entre dans Kidal.
Les luttes populaires ont renversé au Burkina l’assassin de Sankara, ci-devant dictateur de la « démocratie multipartite ». Ce fut le cas au Mali d’ ATT, puis IBK et au Niger de Bazoum. Tous ces « présidents élus démocratiquement » par la fraude ont été chassés du pouvoir de la « démocrature » après avoir réprimé de façon sanglante la résistance populaire. Les militaires de terrain qui ont défendu au quotidien l’intégrité territoriale, l’unité nationale contre l’insécurité endémique du terrorisme et la duplicité des impérialistes ont décidé de parachever la volonté populaire en renversant les apatrides.
Ces régimes militaires de transition se sont fixés comme tâche principale de rétablir l’intégrité et l’unité territoriale et nationale contre les menées spoliatrices des impérialistes et contre la servilité de l’UEMOA/CEDEAO. Ce faisant, ils ont été amenés à forger leur union panafricaine sur le plan militaire, puis œuvrent maintenant à le prolonger sur les plans politique et économique tout en développant une coopération souveraine avec les BRICS+ contre l’hégémonisme prédateur séculaire de l’impérialisme françafricain, eurafricain, usafricain.
Après deux alternances libérales, le Sénégal s’oriente vers l’alternative souverainiste
Par deux fois l’espérance de changement au Sénégal a été déçue, de surcroît avec, comme au Mali et au Burkina, des trahisons de la gauche révolutionnaire communiste qui a jeté le bébé souverainiste avec l’eau du bain de la participation à des pouvoirs sociaux libéraux (PS) et libéraux (PDS, APR/BBY). Les renégats de la gauche communiste considérant que «le mouvement est tout, le but n’est rien » ont tout simplement jeté aux orties l’enseignement suivant de Engels : « Après la victoire commune, on pourrait nous offrir quelques sièges au nouveau gouvernement – mais toujours en minorité. Cela est le plus grand danger. Après février 1848, les démocrates socialistes français (…) ont commis la faute d’accepter des sièges pareils. Minorité au gouvernement des républicains purs, ils ont partagé volontairement la responsabilité de toutes les infamies votées et commises par la majorité, de toutes les trahisons de la classe ouvrière à l’intérieur. Et pendant que tout cela se passait, la classe ouvrière était paralysée par la présence au gouvernement de ces messieurs, qui prétendaient l’y représenter » (La révolution italienne à venir et le Parti Socialiste – P.486). C’est là que réside la source de cette scandaleuse absence du mouvement syndical dans la lutte qui a débouché au Sénégal sur la victoire électorale du camp souverainiste.
La nature ayant horreur du vide, la jeunesse souverainiste désillusionnée par l’immensité de la mal-gouvernance et ayant marre de risquer sa vie dans l’émigration piroguière meurtrière a rempli le vide politique contre la « démocrature multipartite » des corrupteurs et des corrompus comme au Mali, Burkina, Niger et bientôt dans les autres pays d’Afrique.
Ayant gagné l’hégémonie culturelle du souverainisme dans la jeunesse, puis dans le peuple, l’offre politique patriotique avec un parti-front rassemblant les courants souverainistes libéral, conservateur et révolutionnaire dans Pastef/Les Patriotes et doté des leaders charismatiques comme Sonko, Diomaye, Guy Marius, etc est devenue majoritaire dans le pays. Le camp souverainiste est entré en résistance contre les complots, embastillements, tortures, assassinats de l’État hors la loi de Macky/APR/BBY rejoints un moment par le PDS et d’autres concurrents transfuges avant que le peuple ne le fasse triompher dans les urnes.
La différence entre la victoire du souverainisme au Mali, Burkina, Niger et le Sénégal réside dans les formes d’accès au pouvoir déterminées par les trajectoires historiques distinctes. Dans les trois premiers pays, les coups d’État françafricains ont favorisé une tradition d’intervention des militaires dans les conflits politiques qui ont ouvert la voie à des contre-exemples souverainistes types Sankara et/ou Rawlings. Au Sénégal, le seul coup d’État fut civil, celui de LS Senghor contre Mamadou Dia en 1962 sans intervention directe de l’armée. Dans tous nos pays, les alternances néocoloniales ont montré que changer les hommes au pouvoir soumis aux diktats libéraux du FMI, de la Banque Mondiale, ce n’est ni changer de politique, donc la vie des populations, ni retrouver notre indépendance nationale.
Le nécessaire panafricanisme des transitions militaires et élections souverainistes
Les trajectoires et formes différentes ne doivent pas nous cacher le lien dialectique entre « mouvement et but » dans la quête du souverainisme dans cette seconde phase de libération nationale et panafricaine. Les expériences en cours frayent des chemins reflétant tout simplement des histoires nationales spécifiques à chacun des pays. Il n’y a pas et ne peut y avoir de modèle unique par lequel chaque pays doit passer. Les formes nationales dans lesquelles s’expriment les lois des processus de transformations révolutionnaires sont incontournables conformément aux lois du matérialisme dialectique. Pour comprendre cela il faut comme l’enseignement le matérialisme dialectique séparé « l’apparent de l’essence » selon la juste expression de Lénine. L’apparent ici réside dans les formes nationales propres, l’essence est dans l’option souverainiste de chaque expérience en cours manifestant la tendance historique actuelle de la lutte du monde du travail et des peuples contre la « mondialisation » libéral du capitalisme impérialiste.
Les expériences de l’AES et du Sénégal vont devoir converger en fonction de l’avancée de la consolidation du souverainisme dans chacun des pays. En effet, dans chacun d’eux, le nouveau pouvoir souverainiste de transition militaire ou élu a hérité d’un État néocolonial qui perdure depuis des décennies. L’assainissement progressif de l’appareil d’État néocolonial, la lutte contre la bourgeoisie bureaucratique compradore et la force des habitudes serviles pro-impérialistes, la pénétration peu à peu de l’esprit du « don de soi » souverainiste et l’exemplarité, l’éthique, la morale dans la gouvernance des responsables seront des facteurs importants pour la consolidation du souverainisme d’État.
Au Mali, Burkina, Niger, la transition militaire peut et doit relever le défi d’associer les vraies forces vives politiques, syndicales, associatives et populaires souverainistes du pays dans le cadre des politiques d’union nationale démocratique des nationalités composant le peuple tout en poursuivant la lutte armée sans concession contre l’insécurité djihado-terroriste et les manigances des impérialistes. Le nécessaire passage de la transition militaire à l’élection civile doit assurer la poursuite et la transmission de l’expérience souverainiste en cours. Une recomposition politique est à l’horizon portée par la jeunesse, y compris au sein de la fraction de la gauche qui n’a pas trahi son engagement révolutionnaire.
Au Sénégal, la consolidation du souverainisme passe par le congrès du parti-front Pastef/Les Patriotes avant et pour préparer les législatives pendant que se poursuivent les audits de la gestion calamiteuse voleuse du pouvoir néocolonial déchu. Le Congrès de Pastef/Les Patriotes doit à la fois concrétiser du sommet à la base les fusions annoncées, dépasser la nature provisoire des organes, structures, responsables du parti pour le mettre en rang de bataille pour gagner les législatives puis les locales. Le parti doit être la cheville ouvrière de la poursuite de la mobilisation du peuple pour préparer l’inévitable bras de fer avec les impérialistes au moment de la concrétisation du souverainisme économique.
Pastef/Les Patriotes et les Organisations de la Société Civile (OSC) souverainistes doivent continuer leur travail de liaison avec les masses populaires pour contrer la propagande néocoloniale et impérialiste qui fera tout pour faire échouer l’expérience en cours.
Il n’y a donc aucune raison sérieuse d’opposer les expériences souverainistes nationales en cours et celles à venir qui épouseront toutes des formes nationales spécifiques mais s’orientent nécessairement, si elles veulent tenir les promesses indépendantistes, vers l’union panafricaine des pays souverains d’Afrique sans et contre les bourgeoisies compradores valets de l’impérialisme sur fond d’avènement du monde multilatéral versus le monde unilatéral sous hégémonie de l’impérialisme US/UE/Otan.
Refaisons revivre le chemin de fer Dakar/Bamako pour retrouver la voie de la Fédération du Mali et de la fondation du RDA au congrès d’octobre 1946 à Bamako sabotées par le néocolonialisme françafricain.