Mégabassines : les raisons d’une bataille sur l’eau dans les Deux-Sèvres

Bassines Non Merci  No Bassaran !

La sécheresse précoce qui sévit ce mois de mai remet sur le devant de la scène les conflits liés à la gestion de l’eau. Celui dit des mégabassines, dans les Deux-Sèvres, révèle les failles d’un projet de territoire mal partagé. Explications.

Des CRS qui montent la garde au milieu des champs ; des gendarmes qui procèdent, fusil-mitrailleur à la main, aux contrôles à l’entrée des villages ; des manifestants verbalisés ; des installations d’irrigation sabotées ; quelques baffes échangées… Depuis quatre ans, la vallée de la Sèvre niortaise est le théâtre d’un conflit qui vire à la bataille rangée entre agriculteurs.

Cette querelle-là porte sur l’eau, et n’est déjà plus la première du genre. Du projet de barrage de Sivens, abandonné en 2014, au lac de Caussade, rempli sans autorisation dans le Lot-et-Garonne, les pugilats se multiplient au fur et à mesure que le réchauffement climatique fait sentir ses effets. Continuer la lecture de Mégabassines : les raisons d’une bataille sur l’eau dans les Deux-Sèvres

« Macron II » : le gouvernement Borne, un groupe de fidèles et de technocrates (Décryptages)

Le premier exécutif du second quinquennat d’Emmanuel Macron reconduit 13 ministres du précédent mandat, sur 23. Parmi les nouveaux, beaucoup de profils « technos », jamais élus, et deux surprises : l’historien marqué à gauche Pap Ndiaye à l’Éducation nationale, et l’ex-chef des députés LR Damien Abad aux Solidarités.

Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, annonce la composition du gouvernement sur le perron de l'Elysée.

Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, annonce la composition du gouvernement sur le perron de l’Elysée. Ludovic Marin AFP

Véran, Dupond-Moretti, Dussopt, Le Maire… Pour « l’élargissement » et le « renouveau », on repassera. La composition du gouvernement Borne, premier du second quinquennat d’Emmanuel Macron, a été annoncée vendredi 20 mai, quatre jours après la nomination de la première ministre. Un délai qui s’explique par de nombreux refus et la nécessaire vérification des déclarations de chacun – et permet au passage de rogner un peu sur la campagne des législatives.

Le nouvel exécutif est composé de 17 ministres, 6 ministres délégués et 4 secrétaires d’État. Sur les 23 ministres, 13 étaient déjà dans le gouvernement Castex. Entre eux, c’est un petit jeu des chaises musicales : Bruno Le Maire est reconduit à l’Économie (à laquelle est ajouté le portefeuille de la « Souveraineté industrielle »), Eric Dupond-Moretti à la Justice, Gérald Darmanin à l’Intérieur. Mais Olivier Dussopt, représentant de « l’aile gauche » de la Macronie, lâche le Budget à Gabriel Attal et hérite du Travail : il devra notamment porter la controversée réforme du RSA… et le recul de l’âge de la retraite à 65 ans. Olivier Véran bascule de la Santé aux Relations avec le Parlement, laissant sa place à Brigitte Bourguignon, anciennement à l’Autonomie. Continuer la lecture de « Macron II » : le gouvernement Borne, un groupe de fidèles et de technocrates (Décryptages)

Roger Waters, « le capitalisme est un système corrompu, défaillant »

Musicien de légende à la conscience politique aiguisée, Roger Waters, inventeur d’un son nouveau, a cofondé en 1965 le groupe de rock Pink Floyd. Il n’a jamais fait mystère de ses engagements internationalistes, de ses combats pour la liberté, la paix, l’égalité.

Engagé pour la libération de la chanteuse kurde Nûdem Durak, Roger Waters avait fait les titres de nos pages en avril. On le retrouve avant son départ pour sa tournée mondiale «This Is Not a Drill». © Urban Zintel/LAIF-REA

Engagé pour la libération de la chanteuse kurde Nûdem Durak, Roger Waters avait fait les titres de nos pages en avril. On le retrouve avant son départ pour sa tournée mondiale «This Is Not a Drill». © Urban Zintel/LAIF-REA

Depuis son studio d’enregistrement à New York, à quelques semaines du début d’une tournée mondiale, Roger Waters, nous a offert un entretien au long cours. Le musicien, connu pour ses engagements internationalistes et ses combats anticapitalistes, nous fait partager ses réflexions sur le monde. Turquie, Ukraine, Palestine, dangers de la civilisation capitaliste, désinformation : aucun des sujets qui font ou défont l’actualité n’échappe à sa sagacité.

Vous vous êtes récemment engagé pour la libération d’une jeune chanteuse kurde condamnée en Turquie à dix-neuf ans de prison, Nûdem Durak . Comment avez-vous entendu parler d’elle ?

J’ai entendu parler d’elle par l’un de mes amis. Et j’ai été un peu choqué d’entendre l’histoire de cette jeune femme donc je me suis renseigné. Elle n’a pas pu se défendre lors de son procès, c’était un fait accompli. Elle est en prison depuis sept ans maintenant. Voilà comment tout a commencé. Continuer la lecture de Roger Waters, « le capitalisme est un système corrompu, défaillant »

L’État laisse Vallourec fermer le site de Saint-Saulve

L’industriel accélère sa stratégie de délocalisation vers le Brésil et l’Asie, envisage de supprimer 2 900 postes en Europe, dont 320 en France, et ferme une usine dans le Nord. Syndicats et élus locaux appellent le gouvernement à « intervenir ».

Le «rond-point de la colère», installé par les salariés du métallurgiste. © Pierre Rouanet/La Voix du Nord/MAXPPP

Le «rond-point de la colère», installé par les salariés du métallurgiste. © Pierre Rouanet/La Voix du Nord/MAXPPP

À peine arrivé, Philippe Guillemot, le PDG de Vallourec, à la tête du groupe depuis trois mois, applique à la lettre et en vitesse accélérée la règle à calcul fixée par les actionnaires majoritaires (38 %), les fonds d’investissement américains Apollo et SVP Global. « Ce même fonds a pompé Ascometal, dans les aciers spéciaux sans rien y injecter, laissant le groupe en grande difficulté, comme d’autres proies en France », rappelle la CGT. Lors de la présentation des comptes du groupe, au premier trimestre, le champion des tubes en acier sans soudure pour le secteur pétrolier et gazier a annoncé, mercredi soir, la suppression dans le monde de 2 900 emplois, la plupart en Allemagne (2 400), 70 en Écosse et 320 en France, dont 65 au siège de Meudon (Hauts-de-Seine), 100 à Aulnoye-Aymeries (Nord), 60 au centre de services de Valenciennes (Nord), mais aussi 104 dans son usine de Saint-Saulve (Nord), qui devra fermer. Continuer la lecture de L’État laisse Vallourec fermer le site de Saint-Saulve

Éducation. Les syndicats demandent des moyens à Élisabeth Borne 

Les syndicats de l’éducation n’attendent pas. Le 18 mai ils écrivent à la première ministre. « La situation pour la prochaine rentrée est inquiétante.

Avec la chute importante du nombre de présents aux concours de recrutement, : des personnels vont manquer pour la rentrée 2022. Ceci alors que celles et ceux en postes dans les écoles, les établissements et les services sont épuisés par les réformes à marche forcée du dernier quinquennat et inquiets des projets annoncés », écrivent ensemble 11 syndicats (FSU, UNSA Education, FNEC FP-FO, SGEN-CFDT, CGT Educ’action, SNALC, Sud Education, SNCL-FAEN, FO-EA, CGT Agri, SUD Rural Territoires) et la Fcpe.  » Il est nécessaire de mobiliser des moyens notamment en pérennisant partout où elles existent les listes complémentaires en y recourant en première intention. Il faut également dès maintenant renouveler les contractuels mobilisés pour assurer les remplacements cette année.

Dans l’immédiat, nous demandons un moratoire sur les suppressions de postes présentées dans les comités techniques… Au titre des priorités à engager dès le début du quinquennat, nous vous confirmons notre exigence d’une revalorisation ambitieuse des salaires pour tous les personnels non seulement pour compenser la perte de pouvoir d’achat depuis plusieurs années mais pour redonner de l’attractivité aux métiers des services publics d’Education, sans conditionnement à des tâches supplémentaires ».

Faire bloc semble être la bonne politique.

Le courrier

Le Conseil national de l’énergie lance la résistance aux marchés

Mobilisation Les représentants des personnels d’EDF et d’Enedis ont créé ce mardi un front commun avec des élus et acteurs associatifs pour le service public de l’électricité.

L’énergie étant un bien commun, indispensable aux particuliers comme aux entreprises, «   on a besoin d’un opérateur public fort  », affirme Frédéric Fransois, secrétaire du CSEC d’Enedis. benôit tessier/reuters

L’énergie étant un bien commun, indispensable aux particuliers comme aux entreprises, « on a besoin d’un opérateur public fort », affirme Frédéric Fransois, secrétaire du CSEC d’Enedis. benôit tessier/reuters

Pas le temps de s’endormir sur leurs lauriers après avoir triomphé du projet Hercule. Les conseils économiques et sociaux centraux (CSEC) d’EDF et d’Enedis ont joint leurs forces pour relancer la bataille de la nationalisation complète de l’appareil énergétique français. S’appuyant sur leur lutte de près de dix-huit mois contre le plan gouvernemental de ­démantèlement d’EDF – l’ouverture au privé des activités de commercialisation du courant et de la production d’énergies renouvelables devant refinancer les activités nucléaires gardées dans le giron public –, les deux instances représentatives du personnel ont organisé ce mardi à Paris le Conseil national de l’énergie (CNE). Continuer la lecture de Le Conseil national de l’énergie lance la résistance aux marchés

Les LGBTI discriminés mais davantage tolérés

Inégalités À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, la Commission nationale consultative des droits de l’homme publie un rapport dressant un état des lieux contrasté de l’acceptation des gays, lesbiennes, bi, intersexes et trans par le reste de la société. Si les mentalités progressent, les violences sont nombreuses.

© Apaydin/ABC/Andia.fr

Jeudi 12 mai, Anthony sort du centre commercial de Confluence, à Lyon, lorsqu’il se fait prendre à partie par un homme : « Gros pédé ! Vieux gay ! Je vais t’enterrer ! Je vais te piétiner ! » Les insultes pleuvent sur lui alors que le jeune homme se contente de marcher. Choqué par cette agression verbale, le Lyonnais âgé de 23 ans poste la scène, qu’il avait filmée, sur Twitter pour dénoncer « ce que subit la communauté LGBT+ au quotidien ». Car les paroles et actes homophobes et transphobes continuent de se multiplier malgré la progression affichée des mentalités en la matière. Un paradoxe qu’illustre bien le nouveau rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) publié aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homo­phobie et la transphobie. Continuer la lecture de Les LGBTI discriminés mais davantage tolérés

Législatives. Peut-on se fier aux sondages pour les 12 et 19 juin ?

Plusieurs instituts donnent la gauche en tête des voix au premier tour, puis battue en nombre de sièges obtenus à l’Assemblée nationale. Mais comment ces enquêtes sont-elles réalisées et quel crédit leur apporter ?

En 2017, à trois jours du scrutin, un institut prédisait entre 440 et 470 sièges pour les macronistes, qui en ont finalement obtenu 350. Sarah Meyssonnier / REUTERS

En 2017, à trois jours du scrutin, un institut prédisait entre 440 et 470 sièges pour les macronistes, qui en ont finalement obtenu 350. Sarah Meyssonnier / REUTERS

Attention pincettes ! L’ensemble des instituts de sondages appellent à prendre avec « la plus grande prudence » leurs enquêtes concernant les élections législatives des 12 et 19 juin.

En moyenne, l’alliance de toute la gauche, baptisée Nupes, est actuellement donnée en tête des intentions de vote (environ 30 % des voix), devant la coalition des macronistes Ensemble ! (26 %), puis le Rassemblement national (23 %), le parti de droite LR (10 %) et enfin la formation d’Éric Zemmour, Reconquête (6 %).

Icon Quote Certains de nos confrères publient des projections en sièges avant même que l’offre électorale ne soit connue. » Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop

Ces études annoncent-elles la future répartition des sièges à l’Assemblée nationale ? Loin de là, puisque les législatives, en France, ne se font pas à la proportionnelle. Le découpage du territoire en 577 circonscriptions, pour autant de scrutins, complique forcément le travail des sondeurs. « Pour l’instant, nous mesurons simplement les intentions de vote sur les grandes listes ou coalitions qui vont être soumises aux électeurs. Cela donne une idée des rapports de forces nationaux, mais, à ce stade, aucune idée précise par circonscription », indique d’ailleurs Jean-Yves Dormagen, fondateur de Cluster 17. Continuer la lecture de Législatives. Peut-on se fier aux sondages pour les 12 et 19 juin ?

Législatives. Bruno Nottin et les professeurs s’attaquent à Blanquer

L’Humanité a décidé de suivre la confrontation entre le candidat de la Nupes et le ministre de l’Éducation nationale, à Montargis, dans le Loiret. Premier épisode de ce feuilleton avec le lancement de la campagne de Bruno Nottin.

Bruno Nottin entend «poursuivre la résistance face à la casse de l'école publique.» © Guillaume Clément

Bruno Nottin entend «poursuivre la résistance face à la casse de l’école publique.» © Guillaume Clément

Montargis (Loiret), envoyé spécial.

« Montargis n’est pas une réserve d’Indiens. On ne vient pas juste faire une promenade », prévient Bruno Nottin. Le candidat de la Nupes dans le Gâtinais a lancé sa campagne pour les élections législatives, samedi 14 mai. Devant la centaine de personnes rassemblées, le communiste n’en démord pas : « Nous allons offrir un GPS à Jean-Michel Blanquer, il en aura besoin. » Car c’est sur la 4 e circonscription du Loiret que le ministre de l’Éducation nationale a jeté son dévolu pour les élections législatives. « C’est celui qui a cassé l’école en supprimant 7 900 postes dans le secondaire alors que le nombre d’élèves augmentait de 65 000 », martèle le candidat de la gauche. « Blanquer ? Je suis allé le voir sur le marché ce matin ! Je l’ai alpagué en lui disant que c’était mon ministre préféré, avant de lui parler de McKinsey », s’amuse Fabrice, un syndicaliste enseignant. « Localement, les militants sont au taquet comme jamais. Des citoyens de gauche, mais aussi des professeurs du territoire ou du Sud francilien, souhaitent nous aider. On va voir comment les intégrer », poursuit Bruno Nottin. Continuer la lecture de Législatives. Bruno Nottin et les professeurs s’attaquent à Blanquer

Le vote a-t-il mis en évidence une fracture générationnelle ? 2/2

Lors de l’élection présidentielle, les jeunes se sont davantage abstenus ou ont préféré Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Les plus âgés se sont plutôt tournés vers Emmanuel Macron.

Une rupture générationnelle a bel et bien émergé au cours des dernières années au sein de l’électorat, mais elle s’articule avec une fracture sociale.

Mathieu Gallard Directeur d’études à l’Ipsos

La tripartition du paysage politique français qui a émergé en 2017 et s’est confirmée lors de la présidentielle de 2022 a conduit à une recomposition des électorats des principales familles politiques, en termes sociaux, géographiques ou générationnels. C’est probablement ce dernier aspect qui a le plus retenu l’attention des observateurs à la suite du premier tour, non sans raisons. Certes, les logiques traditionnelles de la participation électorale restent d’actualité : les jeunes, plus sceptiques vis-à-vis de nos institutions très verticales et considérant le vote comme un moyen d’action parmi bien d’autres, sont toujours nettement moins enclins à se rendre aux urnes : seuls 56 % des moins de 35 ans ont voté au premier tour de l’élection présidentielle, contre 81 % des 60 ans et plus. Continuer la lecture de Le vote a-t-il mis en évidence une fracture générationnelle ? 2/2