Enquête sur le phénomène des auto-justiciers: Voisins vigilants, milices rurales… 

C’est un vent mauvais venu du monde anglo-saxon : s’affranchir des lois pour se substituer aux autorités et se faire justice soi-même. Quitte à mener des opérations commandos et à s’ériger en juge. Dans le Lot, les Vosges, les Alpes-Maritimes, l’Aude… Le phénomène se développe en France et inquiète policiers et magistrats.

« On le voit bien, de plus en plus de gens nous disent :  »La justice ne fait pas son travail, la police ne vient pas, donc on va régler le problème nous-mêmes » », s’inquiète Jean-Christophe Couvy, secrétaire national du syndicat policier Un1té.

 

Mais que fait la police ? Ces derniers mois, des agriculteurs ont multiplié les opérations commandos pour déloger des squatteurs de leurs terrains, en dehors de tout cadre légal et en toute impunité. Début juillet, dans les Vosges, ce sont des gens du voyage qui ont été victimes de ces méthodes.

Sur des images prises par un drone devenues depuis virales sur les réseaux sociaux, une escouade de cinq tracteurs munis de remorques-citernes fonce à pleine vitesse vers une centaine de caravanes, avant de virer au dernier moment et de répandre, tout autour du camp, du lisier de porc, un mélange particulièrement nauséabond. Continuer la lecture de Enquête sur le phénomène des auto-justiciers: Voisins vigilants, milices rurales… 

Finale des législatives Tarn-et-Garonne par J.P. Damaggio

Final législatives Tarn-et-Garonne

Résultat total présenté par France 3

Le premier tour de la législative partielle dans la 1ʳᵉ circonscription du Tarn-et-Garonne a rendu son verdict lors de son premier tour, dimanche 5 octobre 2025.

Arrivé en tête avec 29,25 % des voix, Pierre-Henri Carbonnel (RN/UDR) est suivi par la socialiste Cathie Bourdoncle qui atteint 24,3 %.

Derrière Bernard Pécou (LR) suit avec 17,5 %. Samir Chikhi, de la gauche radicale (Génération·s, LFI, NPA), atteint 10,5% tandis que la RN dissidente Brigitte Poma (7,34 %) et la candidate macroniste Catherine Simonin-Bénazet (5,27 %) ferment la marche. Le taux de participation ne dépasse pas les 34,32 % des inscrits. Continuer la lecture de Finale des législatives Tarn-et-Garonne par J.P. Damaggio

80 ans de la Sécurité sociale : comment retrouver son ambition originelle ?

Quatre-vingts ans après sa création, la Sécurité sociale est toujours au cœur d’une bataille politique. Nos trois invités retracent cette histoire. Ils appellent à renouer avec les principes fondateurs de la Résistance et à s’inspirer de la figure marquante d’Ambroise Croizat.

A l’occasion du 80ème anniversaire de la Sécurité sociale, Pierre Caillaud-Croizat, Léo Rosell et Emmanuel Defouloy, ont participé à une rencontre le vendredi 12 septembre au Village du livre de la Fête de l’Humanité 2025.
©Guillaume CLEMENT.

 

Deux ouvrages très importants paraissent afin de comprendre les enjeux, d’hier à aujourd’hui, de cette création originale de notre pays qui célèbre cette année son 80e anniversaire. L’historien Léo Rosell publie la Sécu, une ambition perdue ? De la solidarité à la rentabilité, chez Lattès. Le journaliste Emmanuel Defouloy propose une biographie intitulée Ambroise Croizat. Justice sociale et humanisme en héritage aux Geai bleu Éditions. Continuer la lecture de 80 ans de la Sécurité sociale : comment retrouver son ambition originelle ?

Dans l’agriculture, la traite des êtres humains bat son plein

Durant cinq mois, Mohammed, travailleur marocain, a été victime de traite dans les champs du sud de la France. Il témoigne pour la première fois auprès de l’Humanité. Pour les centaines de petites mains comme lui, l’État français a toutes les peines du monde à faire respecter la loi et protéger ces travailleurs saisonniers indispensables à l’agriculture française.

Dans l’agriculture, la sous-traitance généralisée ouvre la porte à de graves abus en matière de droits humains.
© Come SITTLER/REA

Son calvaire a duré cinq mois. Mohammed en parle avec un mélange de tristesse et de rage : « Ils nous traitaient comme des chiens. » Entre avril et août 2023, il a travaillé dans une exploitation fruitière du sud de la France, sept jours sur sept, entre douze et quatorze heures et surveillé en permanence par les sbires de son patron. Continuer la lecture de Dans l’agriculture, la traite des êtres humains bat son plein

Flottille pour Gaza : en arraisonnant les bateaux, Israël piétine la solidarité et le droit international

Les bateaux chargés d’aide humanitaire pour briser le blocus de la bande de Gaza ont été interceptés par l’armée israélienne ce mercredi soir, en violation des conventions internationales. Les militants, élus, médecins et journalistes arrêtés doivent être libérés.

L’Alma a été approché par un navire de guerre de façon agressive, toutes les communications, même internes, ont été coupées, précise Florence Heskia, coordinatrice de la délégation française sur la flottille. Le capitaine a dû effectuer une manœuvre pour éviter un choc brutal. Le Sirius a été pris pour cible avec les mêmes manœuvres, avant que le navire de guerre ne s’éloigne. »
© Capture d’écran du live de la chaine YouTube Global Sumud FLotilla peu avant l’arraisonnement de la Flottille

 

Ils auront tout tenté et confirmé que Benyamin Netanyahou a transformé Israël en un État voyou. Après deux années de massacres des Gazaouis, réduits à la famine, d’intensification de la colonisation en Cisjordanie, de bombardements dans des pays voisins, le Premier ministre israélien a encore une fois piétiné le droit international. Continuer la lecture de Flottille pour Gaza : en arraisonnant les bateaux, Israël piétine la solidarité et le droit international

Que faire ? Au coeur de l’empire… Une Analyse Marxiste

Le retour à Marx et au matérialisme historique même dialectique est manifeste. Visiblement on ne se contente plus de le citer à travers quelques vagues formules tronquées on le relit y compris aux USA. Et on peut conseiller ceux qui arrivent encore à dépasser trois lignes en matière de lecture de se replonger effectivement dans les luttes des classes en France, en se disant que la bouffonnerie sinistre que Marx voyait déjà dans Napoléon III a encore augmenté d’un cran. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsocieté)

Marv Waterstone

À mesure que nous progressons vers une gouvernance par la coercition, nous devons être prêts à retirer notre consentement à être gouvernés par ce régime. Image par Koshu Kunii.

Que reste-t-il à faire ?

Poussé par les exigences contradictoires de sa situation, et étant en même temps, tel un jongleur, sous la nécessité de garder le regard du public sur lui-même… en suscitant des surprises constantes – c’est-à-dire sous la nécessité d’organiser chaque jour un coup d’État en miniature – [il] jette l’ensemble… l’économie jusqu’à la confusion, viole tout ce qui semblait inviolable, rend les uns tolérants à la révolution et en fait désirer d’autres, et produit l’anarchie au nom de l’ordre, tout en dépouillant tout l’appareil d’État de son auréole, en le profanant et en le rendant à la fois répugnant et ridicule – Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1851

Ainsi se termine la chronique perspicace de Marx sur les événements en France de 1848 à 1851 qui ont abouti à l’écrasement brutal du prolétariat français, ainsi qu’à l’ascension de Napoléon III, d’abord en tant que président (très temporairement) et finalement en tant qu’empereur. Au milieu de notre consternation et de notre souci de comprendre notre propre glissade actuelle vers ces temps sombres, nous pourrions nous tourner vers l’analyse de Marx pour obtenir des conseils bien nécessaires. Comme Marx lui-même a décrit son objectif (dans une préface de 1869 à une deuxième édition) pour la série d’articles qui est devenue le pamphlet, il n’était pas intéressé à glorifier Bonaparte ou à raconter une histoire du genre « grand homme de l’histoire », mais plutôt il voulait « démontrer comment la lutte des classes en France a créé les circonstances et les relations qui ont permis à une médiocrité grotesque de jouer un rôle héroïque ». Cela ressemble à quelqu’un / quelque chose que nous connaissons ? Continuer la lecture de Que faire ? Au coeur de l’empire… Une Analyse Marxiste

Un mécanisme de fascisation est à l’œuvre aux États-Unis

Le glissement vers l’autoritarisme réactionnaire aux États-Unis s’accompagne d’une idéologie de la contamination par les étrangers, les ennemis du peuple et les indésirables, analyse l’historienne Sylvie Laurent.

« Les républicains, traditionnellement hostiles à la centralisation du pouvoir, sont désormais des relais zélés du gouvernement intrusif de Donald Trump et aucun élu local conservateur n’émet la moindre réserve », abonde la chercheuse. © Patrick T. Fallon / AFP

 

Aux États-Unis, le débat alimente la chronique universitaire comme politique : quelle est la nature du projet de Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche, manifestement différent de son premier mandat ? Éléments de réponse avec l’une des spécialistes françaises des États-Unis et chercheuse associée à l’université Harvard.

Comment décririez-vous ce que l’administration Trump met en place ? Continuer la lecture de Un mécanisme de fascisation est à l’œuvre aux États-Unis

Camarades, n’oublions (-ez) jamais la véritable histoire de ceux dont nous (vous) revendiquons (-ez) l’héritage ?

Le président De Gaulle s’en alla, selon Duclos dans ses mémoires – parce qu’il était gêné de devoir gouverner avec une assemblée ayant des pouvoirs alors qu’il avait jusqu’ici assumé un pouvoir personnel et qu’il espérait un sursaut français, un coup d’Etat qu’il obtiendra en 1958, avec la dramatisation de la guerre d’Algérie et en utilisant les généraux rebelles et déjà Bidault. On peut également mettre au crédit du général son sens de la souveraineté française et le refus de ce que représentait la politique des Etats-Unis divisant l’Europe et soutenant de fait contre l’URSS toutes les forces réactionnaires qui étaient derrière Hitler pour aller vers l’OTAN. Face à cette politique de De Gaulle et ses ambiguïtés que l’on retrouve aujourd’hui dans le positionnement d’un Henri Guaino, il faut comprendre ce que décrit encore Duclos dans le tome IV de ses mémoires (1945-1952) (1) à savoir l’entente entre le parti socialiste et le MRP, pour empêcher que le premier parti de France, le PCF, qui sortait auréolé du combat de la Résistance et de la victoire de l’URSS sur l’Allemagne nazie soit en la personne de Maurice Thorez nommé à la tête du gouvernement. Le parti socialiste, par la bouche de Daniel Mayer, avait subordonné son assentiment à l’accord du MRP. Alors que tous savaient que ledit Bidault avait fait savoir que c’était hors de question. Il y avait eu entente préalable entre le MRP et les socialistes pour cette interdiction non démocratique (p 69). On peut dire que Marseille fut le laboratoire de cette entente pour empêcher l’accès des communistes non seulement au poste de chef du gouvernement mais à celui de maire de Marseille (2). C’est une fois de plus cette double trahison, celle d’une bourgeoisie nationaliste ou qui se veut telle et celle d’une social démocratie anticommuniste qui se range dans le camp atlantiste qui est à l’origine de ce qui va advenir logiquement, les ministres communistes dont Maurice Thorez et Ambroise Croizat chassés du gouvernement et avec eux le programme de la Résistance.

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Ce soir : La Nuit du Bien Commun à Benon sous vigilance citoyenne (Benoit Biteau député EELV)

 

Présentée comme « une grande soirée de levée de fonds au service des associations », La Nuit du Bien Commun est surtout la devanture philanthropique d’une grande entreprise d’influence orchestrée par un milliardaire d’extrême droite, bien décidé à imposer ses idées dans la société grâce à son argent.
La première édition en Charente-Maritime se tient ce mercredi 24 septembre, sur la circonscription où j’ai l’honneur d’être élu, à l’Abbaye de la Grâce-Dieu à Benon, avec pour objectif affiché de soutenir des projets d’insertion et de handicap.
Mais derrière cette façade caritative, il s’agit surtout d’une sordide instrumentalisation politique du tissu associatif. Continuer la lecture de Ce soir : La Nuit du Bien Commun à Benon sous vigilance citoyenne (Benoit Biteau député EELV)

L’actualité du Capital et de ses trois livres vu d’Amérique latine…

Lire Marx, ce n’est pas seulement parcourir un résultat de la pensée, c’est d’abord, et c’est cela qui nécessite un long et patient travail, s’approprier une nouvelle logique, une nouvelle manière de penser l’évolution permanente du monde, le matérialisme dialectique. C’est un travail difficile au début. On semble ne pas avancer. Il nous faut saisir des bribes, pour être émerveillé devant la puissance de cette pensée scientifique de niveau supérieur pour retrouver courage. Parfois, c’est l’inverse. On croit avoir compris, et puis un travail plus approfondi, une leçon ou même parfois une conversation un peu poussée, nous confronte à l’échec : on était passé à côté de l’essentiel. Il faut se remettre à l’ouvrage, reprendre la lecture, la discussion et si tout va bien, on avance. (note de Franck Marsal pour Histoire&Société).

Oui, il faut mesurer l’actualité de Marx, son écriture incroyablement moderne, vivante, il y a le Capital où au cœur même des démonstrations les plus serrées, qui exigent toute l’attention, tout à coup vous riez tant ce diable d’homme a la plume acérée et la formule qui dégonfle toutes les enflures et les hypocrisies… Quand on a découvert Marx on n’arrête pas de le lire… Il reste votre compagnon de combat d’une vie. Combattre fait découvrir la lecture collective entre militants venus d’horizons professionnels divers.. L’expérience de ces mexicains en prison traduisant en espagnol le texte allemand, est assez proche de celle que décrit Jacques Duclos quand il reconstruit le parti, avec de fréquents séjours en prison avec Marcel Cachin et d’autres… Dans une certaine mesure, nous sommes en prison comme Marx l’était dans son exil. Ne pas percevoir l’exil auquel nous sommes contraints au sein de notre propre pays quand nous vivons une telle censure… Au point que certains des « miens », des « nôtres » m’ont reproché d’avoir entamé notre livre par des textes peu connus mais si riches de Marx sur l’avenir de la Chine et celui de la Russie, de son Allemagne natale et de la perfide Angleterre, mais que diable, il n’y a rien de plus actuel que ces écrits. Nul alors n’a compris ma révolte devant la résignation de ceux qui, soit affirmaient que c’était trop compliqué pour les ouvriers, oui au stade où on les a réduits, soit que cela n’était convaincant que pour les convaincus… Que ces gens-là s’arrêtent et prennent la peine de lire collectivement l’œuvre de Marx, celle y compris de Fidel et tant d’autres. Qu’ils lisent simplement différemment en gardant à l’esprit leur combat, ce sur quoi ils sont en échec, qu’ils lisent pour agir, pour participer à la transformation du monde avec l’urgence au cœur, qu’ils cherchent enfin à sortir de la prison. Alors ils éviteront deux obstacles fondamentaux. Le premier est que la science de la société, celle de la révolution ne peut pas venir de l’enfermement dans l’exploitation capitaliste, elle doit être apportée de l’extérieur… Mais dans le même temps, ce ne sont pas les intellectuels en tant que groupe social organique du capital qui peuvent lui apporter la bonne parole, il y a besoin de constituer ensemble un intellectuel de type nouveau, qui s’empare de tout le savoir disponible et en fait un instrument de liberté… théoriquement c’est le parti en tant que collectif nourri de toute l’expérience et le savoir. Pas une bande de bureaucrates pratiquant censure et dogme, non le parti en tant qu’organisme vivant capable d’être à la fois stratégie et perspective civilisatrice humaine, sans cesse mobilisant les énergies et en même temps critique sur lui-même. Certains d’entre nous savent que le parti parfois a réussi à être cela, parfois c’est une bande d’imbéciles sentencieux et à courte vue comme les autres, mais il y a toujours le ferment qui demeure. Il y a ce qui faisait dire à Ernst Bloch que le pire des régimes socialistes valait mieux que le meilleur de régimes capitalistes, parce que dans le premier était conservé le principe espérance. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

La grande œuvre politique et économique de Marx n’a pas perdu sa validité. Photos
La grande œuvre politique et économique de Marx n’a rien perdu sa validité. Wikimedia Commons Photos

 

Antonio Gershenson

C’est parce qu’il a été consacré à de telles lectues collectives que le commandant Fidel Castro a déclaré que son emprisonnement avec ses compagnons a été profondément fructueux. Ils ont appliqué, pensé, étudié et, surtout, de manière organisée, ils se sont préparés mentalement à gagner. La concentration que leur a permis l’étude disciplinée pendant la période d’enfermement les a conduits à la conclusion qu’il fallait « sortir, arriver et triompher », comme l’a assuré le chef du groupe. Le marxisme a occupé une place importante dans la révolution cubaine. Continuer la lecture de L’actualité du Capital et de ses trois livres vu d’Amérique latine…