Sortir du temps des troubles: -I- La question communiste

Notre titre générique, « sortir du temps des troubles », s’adresse aussi bien au défi posé par la crise politique et sa récente aggravation consécutive à la dissolution de 2024, qu’à la crise spécifique du Parti communiste français, dont les communistes, avec Fabien Roussel, cherchent à se dégager depuis leurs 38e et 39e congrès.

« Pour qu’au jour de la décision le prolétariat soit assez fort pour vaincre, il est nécessaire qu’il se constitue en un parti autonome, un parti de classe conscient, séparé de tous les autres.

C’est ce que Marx et moi nous n’avons cessé de répéter depuis le Manifeste de 1848. » – Lettre d’Engels à Gerson Trier, 18 décembre 1889, dans « Marx Engels, La Commune de 1871 », Paris : Union Générale d’Éditions, 1971 col.10/18.


Il ne viendrait à personne, aujourd’hui, l’idée de lier la résolution de la crise systémique à la « question » communiste, vu la réalité des forces politiques en présence. Pourtant l’histoire nous encourage à le faire. Dans une France bien plus affaiblie qu’elle ne l’est aujourd’hui, traumatisée à la fois par la guerre, l’occupation et la trahison ; une France où tout était à reconstruire, le Parti communiste dirigé par Maurice Thorez, a pris la tête d’une force progressiste qui s’est non seulement engagée dans la voie de la reconstruction mais a choisi d’un même mouvement la construction d’une République sociale dont la bourgeoisie n’est pas parvenue jusqu’à ce jour à totalement s’en débarrasser.

Quelles qu’aient été les vicissitudes, l’expérience acquise par les communistes entre 1944 et 1947 représente un capital qui n’a peut-être pas été suffisamment réinvesti dans l’action quotidienne. Car une chose est de commémorer -on l’a toujours fait – autre chose est de tirer du passé les outils nécessaires à l’action.

Qu’un parti qui, dès sa fondation, s’est trouvé à la tête des luttes anticolonialistes ; ait, à partir de l’arrivée de Maurice Thorez, œuvré avec constance pour l’unité de la classe ouvrière puis pour l’union antifasciste pour enfin en appeler au rassemblement national pour la reconstruction ; se soit battu contre les guerres impérialistes, pour la solidarité internationale et pour la paix, finisse par « fuir l’histoire » (Losurdo) est incompréhensible.

Il est vrai, nous savons bien, que ce ne sont pas les exemples que nous venons de donner qui sont la cause de la « fuite ». C’est le « fardeau » de l’Est, du « socialisme réel », de l’Union soviétique. Mais quoi, la honte du goulag est-elle plus forte que la fierté des soldats à l’étoile rouge sur les marches du Reichstag ? Est-elle plus forte que la fierté de l’accouchement sans douleur et de la conquête spatiale ?

« Le refus d’hériter ne conduit en réalité qu’à des impasses. Il conduit à toujours recommencer à zéro comme si l’histoire n’avait pas eu lieu. Là est la prétention : tout refaire seul, partir du présent », écrit Florian Gulli dans sa préface au livre d’Éric Le Lann, Communisme, un chemin pour l’avenir. Ou, comme l’écrivait Marc Bloch : « l’ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent ; elle compromet, dans le présent, l’action même. »

Disons-le franchement : si les communistes ne se réapproprient pas leur histoire – toute leur histoire – ils seront dans l’impossibilité de comprendre le présent et d’ouvrir un chemin vers l’avenir. Comme le disait Engels, « c’est la leçon de l’histoire ».

Or, le « fardeau » dont certains voudraient se débarrasser ou se sont déjà débarrassés, ferait mieux d’être posé pour être inventorié. Au grand jour.

Cela permettrait d’éviter les erreurs, notamment quant aux questions internationales qu’on ne saurait plus séparer de la politique nationale. Un exemple : placer la Russie et Poutine dans le camp d’une « Internationale noire » avec Trump, Orban et consorts est non seulement une tragique erreur face aux réalités historiques mais cela empêche d’apprécier le formidable mouvement d’émancipation qui se développe avec et autour des BRICS+ vers un monde multipolaire et anti-hégémonique.

Comment résoudre la crise de régime en France si on n’a pas une claire conscience des nouveaux rapports de force sur le plan international ? « Tout le monde dans le même sac » est un avatar du « tous pourris » dont se nourrit à l’envi cette fameuse « Internationale noire » dont le concept lui-même gomme l’hétérogénéité et s’oppose à « l’analyse concrète » des situations concrètes dans lesquelles évoluent les États et les peuples.

Combattre l’impérialisme, aujourd’hui, implique qu’on sache qui le combat déjà, d’une manière ou d’une autre et avec qui, nous-mêmes, nous pouvons le combattre.

On connait la formule de Jaurès, « Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie ; beaucoup d’internationalisme y ramène ». Au moment où nous vivons en Europe une guerre dont les causes sont soigneusement cachées et ses protagonistes soigneusement ignorés pour permettre sa prolongation et si on n’y prend garde sa dangereuse extension, il est urgent que la « question communiste » vienne mettre dans cette obscurité mortifère de la lumière.


À lire aussi :

Fabien Roussel | Meeting de Marseille | 23 novembre 2025

En direct de Marseille pour un grand moment de mobilisation populaire ! Un meeting pour porter haut les exigences de paix, de justice sociale, de progrès et de reconquête industrielle. Avec des voix fortes du mouvement social et du mouvement communiste.

Intervenant·e·s :

  • Jérémy Bacchi, sénateur des Bouches-du-Rhône
  • Pascal Galeote, syndicaliste CGT du Grand Port Maritime de Marseille
  • Virginie Akliouat, syndicaliste FSU représentante d’enseignants
  • Cécile Cukierman, sénatrice de la Loire et Présidente du groupe CRCE-K
  • Assan Lakehoul, secrétaire général du MJCF
  •  Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

Féminicide : une femme victime toutes les 7 heures

Cette année, elles sont déjà 145 à avoir perdu la vie sous les coups de leur conjoint, de leur ex, de leur fils… La réalité des chiffres et le manque de moyens alloués aux associations contredisent les grands discours du gouvernement. Pour les féministes, qui appellent à manifester samedi, « l’heure n’est plus à l’alerte mais à l’action ».

« Toutes les sept heures, il y a une femme que son conjoint ou ex-conjoint tue, tente de tuer, conduit à se suicider ou à tenter de se suicider », précise la lettre publiée jeudi de l’Observatoire national des violences faites aux femmes.
© Vincent Motron / L’Humanite

 

Samedi 1er janvier. Il est minuit passé lorsqu’un homme appelle les secours du Nord. « J’ai fait une bêtise », dit-il comme un gosse qui aurait cassé son jouet. Le corps roué de coups d’Isabelle, 51 ans, aide à domicile, est découvert par les pompiers au domicile familial, à Hautmont, dans le Nord. Son compagnon vient de la tuer. Isabelle devient la première victime de féminicide en 2025, seulement trois heures après le début de la nouvelle année.

Lire aussi les propositions du PCF Continuer la lecture de Féminicide : une femme victime toutes les 7 heures

IMPOSONS LA PAIX ET LE RESPECT DES PEUPLES ! NON LA GUERRE N’EST PAS LA SOLUTION. NOS JEUNES NE SONT PAS DE LA CHAIR A CANONS

Heureusement qu’il existe l’ARAC pour tenir le discours qui aurait été jadis celui du PCF. Nous en profitons pour signaler la parution chez Delga de « Guerre à la Guerre » d’un collectif d’historiens rassemblés par l’ARAC… (note de Danielle Bleitrach pour histoiretsociete)

Lire aussi le communiqué du PCF: 107ᵉ Congrès des maires. Entre guerre aux communes et guerre tout court, l’État au service de l’affaiblissement de la République.

Stupeur lors du 107ème Congrès des Maires de France qui croyaient assister à un discours protocolaire.

Invité à prendre la parole à l’ouverture du Congrès, le général Fabien Mandon a déclaré : « Nous avons tout pour dissuader Moscou. Ce qu’il nous manque, c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour défendre la Nation. (…) Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement. Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque. Il faut en parler dans vos communes ».

En fait, le général Mandon, chef d’état-major des armées, proche du président Macron, a servi un discours en vue de conditionner le pays à l’idée de pertes humaines et d’une économie brisée, d’étouffer la colère des Français en semant la peur.

Ce n’est pas le rôle d’un Chef d’Etat-Major des Armées de dicter la politique internationale de la France et de préparer les esprits à une guerre… avec un discours belliciste.

Il a évoqué une Russie prête à affronter l’OTAN d’ici 2030 et une possible invasion chinoise de Taïwan dès 2027. Or ce n’est que spéculation. Il ne sert que les intérêts américains, les contrats d’armement, et l’extension de l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie. C’est aussi un discours qui s’inscrit dans la stratégie de peur distillée par Emmanuel Macron pour faire écho à la politique imposée par Ursula von der Leyen avec pour objectif la création d’un État d’Europe abolissant la souveraineté des nations.

Dans le cadre des politiques d’austérité que l’on connait, l’augmentation exponentielle des dépenses militaires est criminelle. Tout l’argent public dépensé pour la militarisation est de l’argent qui n’est pas dépensé pour la santé, l’éducation, la justice, les infrastructures, donc pour le bien-être des populations.
N’oublions jamais que l’impérialisme, le capitalisme ont toujours utilisé la guerre pour sortir des crises économiques et sociales qu’ils engendrent.

Pour l’ARAC, s’engager pour la paix, pour un désarmement universel, demander la dissolution de l’OTAN, faire jouer tout son rôle à l’ONU, mettre en œuvre la Charte des Nations Unies, respecter le droit international et la souveraineté des peuples est un enjeu majeur aujourd’hui.

La paix passe par la satisfaction des besoins économiques et sociaux des peuples.
La paix est l’affaire de chacun d’entre nous.

Nous devons nous rassembler pour faire entendre la voix de toutes celles et tous ceux qui sont épris de justice, du respect des peuples, d’égalité.

Voilà pourquoi l’ARAC, depuis 1917, en s’attaquant à la guerre, aux causes des guerres, au respect des peuples, à leur sécurité, permet à des millions de femmes et d’hommes, d’avoir la foi dans leur engagement, dans leur avenir.

Villejuif, le 20 novembre 2025

ARAC, 2 Place du Méridien- 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11  arac.nationale@orange.fr

 

 

« 1 million d’oliviers pour la paix en Palestine » : Le PCF renforce sa solidarité !

Le PCF a lancé une mobilisation nationale en faveur de la paix et de la justice en Palestine avec sa campagne de solidarité internationale, « 1 million d’oliviers pour la paix ». Initiée par la fédération du Val-de-Marne le 22 avril 2025 – Journée internationale de la Terre -, cette initiative a été rapidement adoptée par le Conseil national du Parti, renforçant ainsi sa portée politique.

L’élan de solidarité s’est propagé : de nombreuses fédérations départementales ont adhéré (Lot-et-Garonne, Gers, Finistère, Oise, Hérault, Pyrénées-Atlantiques, Var, Meurthe-et-Moselle, Bouches-du-Rhône et Gironde), rejointes par des sections locales comme Draguignan, Rennes, Fougères et Paris 20e. Cette action militante a déjà permis de collecter 35 000 € de dons auprès de la population – une première étape vers l’objectif ambitieux de 100 000 euros. C’est un succès et un signe fort de mobilisation populaire.

Grâce à ses militants, la solidarité s’est déployée dans les quartiers, les villes et sur les marchés. Tout en exigeant le respect du droit international auprès de Macron, ces initiatives politiques démontrent à la population que le PCF est à ses côtés pour défendre la paix, la justice et le droit international. Le PCF, qui s’est toujours tenu aux côtés du peuple palestinien, l’a encore illustré par la conférence internationale organisée le 4 juin dernier avec l’OLP. Continuer la lecture de « 1 million d’oliviers pour la paix en Palestine » : Le PCF renforce sa solidarité !

Assassinat de Mehdi Kessaci : un défi pour la République.

 

Publié le 20 novembre 2025

Le Parti communiste Français exprime sa profonde indignation après l’assassinat à Marseille de Mehdi Kessaci, petit frère du militant écologiste Amine Kessaci, particulièrement engagé dans la lutte contre les narcotrafics et ses dramatiques conséquences.

Aux familles, aux proches de la victime et à toute la ville de Marseille, nous adressons nos sincères condoléances et toute notre solidarité. Continuer la lecture de Assassinat de Mehdi Kessaci : un défi pour la République.

Rien n’est donné : le tsunami de l’IA open source en Chine Par Franck Marsal

 

Le développement des outils d’intelligence artificielle est une révolution scientifique de premier ordre. Dans les premiers temps, il est apparu que la double course de représente cette révolution, celle des modèles et celle des microprocesseurs donnerait une nouvelle avance aux USA sur le monde. Comme le détaille cet article au sujet des modèles d’IA, il n’en est rien. Non seulement la Chine avance mais elle accélère et sa force de frappe devient très impressionnante. Comme nous l’avons souligné dans d’autres secteurs technologiques, la force de la Chine est de pouvoir avancer sur plusieurs pistes technologiques en parallèle, afin d’être la première à développer industriellement celle qui marche. Sur le plan des puces, la situation est similaire. Le dernier bastion des puces états-unienne de haute finesse de gravure devrait être brisée début 2026, à l’occasion de la sortie du nouveau Huawei Mate 80, avec une puce Huawei entièrement chinoise gravée en 3 nm. C’est en tous cas ce qu’annonce la presse spécialisée et qui fait trembler ces jours-ci les marchés financiers de la tech occidentale, et en premier lieu la valeur vedette Nvidia. (Note de Franck Marsal pour Histoire&Société).

La courbe imprévisible

L’innovation ne suit jamais un scénario préétabli. Elle s’accélère, trébuche et surprend. Il y a deux ans, une note de service de Google qui a fuité avertissait que les modèles open source finiraient par éroder la protection qui semblait protéger les développeurs de LLM propriétaires. Pendant un certain temps, les développeurs propriétaires ont défié cette prophétie en prenant de l’avance en termes de capacités et de réputation. Aujourd’hui, cette note semble plus juste que les projections les plus pessimistes de l’époque. Plus important encore, rares sont ceux qui auraient pu prédire le type et le nombre d’acteurs qui saisiraient cette opportunité. Continuer la lecture de Rien n’est donné : le tsunami de l’IA open source en Chine Par Franck Marsal

Cécile Cukierman, sénatrice PCF : « Vote du PLFSS : la gauche ne doit pas oublier d’être de gauche » (video)

Cécile Cukierman, la présidente du groupe CRCE-K, lance un appel solennel à la veille de l’examen par le Sénat du projet de loi de finances de la Sécurité sociale.

 

À la veille de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) au Sénat, rappelons que ce texte n’est pas un simple budget : il est un révélateur politique. Alors que l’Assemblée nationale a été empêchée de voter sur l’ensemble du texte par la stratégie d’obstruction gouvernementale, le texte arrive ce mercredi au Sénat. Continuer la lecture de Cécile Cukierman, sénatrice PCF : « Vote du PLFSS : la gauche ne doit pas oublier d’être de gauche » (video)

TVA : 10 milliards évaporés – le prochain scandale d’État ? La vente « fictive » des rafales devrait déjà en être un…

Il y a de plus en plus des rumeurs qui se font insistantes sur la gabegie et possible corruption jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. J’ai signalé hier les accusations d’Orban concernant directement Macron et sa complicité avec Zelenski. La vente envisagée des rafales à un Etat en faillite est de l’ordre de ce qui favorise les agiotages et les « croissances » fictives comme on le voit ici. Quand on en est là, il n’est pas rare que le scandale débute comme ici par la découverte incompréhensible d’un « trou » ou les propos menaçants d’un Manuel Valls évincé qui en tant qu’ancien premier ministre lui aussi met directement en cause la probité de l’ancien ministre de l’économie de Hollande qui lui aussi à des rancunes. tous ce gens ont perdu toute crédibilité tant ils ont le museau sali à force de plonger dan le pot de miel. Le contexte est celui de la corruption européenne dont la présidente de la Commission européenne a envoyé lundi une lettre aux États membres, les exhortant à trouver rapidement un accord pour financer l’énorme besoin budgétaire de 135 milliards d’euros de l’Ukraine pour l’année prochaine et 2027. Jusqu’où les citoyens français et leur dérisoire représentation politicienne feindra-t-elle d’ignorer ce qui est déversé dans ce puits sans fond et donc la nature des complicités qui unissent ceux qui acceptent d’alimenter le gouffre comme le président français, Emmanuel Macron, a reçu, ce lundi 17 novembre, son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, pour renforcer les liens entre les industries de défense des deux pays et répondre aux besoins urgents de Kyiv face aux frappes aériennes incessantes menées par Moscou.Les deux présidents ont donc signé une lettre d’intention pour l’achat futur d’une centaine d’avions de combat Rafale par l’Ukraine, accompagnés de systèmes de défense aérienne de nouvelle génération. Selon l’Élysée, cet accord, qui s’inscrit sur une dizaine d’années, pourrait inclure d’autres équipements français, dont des systèmes SAMP-T, des radars et des drones. Pour le moment, aucun calendrier n’a été fourni pour la livraison des premiers Rafale. Quand l’on entend sur LCI, qui appartient à Bouygues, le journaliste du Figaro qui appartient à Dassault , Guetta, dire que les Français ne sont pas des lavettes, qu’ils n’ont pas peur de faire la guerre à Poutine, on se dit que ce genre de pression mérite un procès en forfaiture. La honte est d’avoir des parlementaires qui se taisent face à un tel scandale.

Et qui d’autre en « croque »?

rédigé par Philippe Béchade 17 novembre 2025

Bercy a découvert un nouveau trou de 10 milliards d’euros dans les encaissements de 2025. Fraudes, consommation en berne, cadeaux fiscaux discrets ou manipulations comptables à visée politique : personne ne semble en mesure d’expliquer cette disparition. Continuer la lecture de TVA : 10 milliards évaporés – le prochain scandale d’État ? La vente « fictive » des rafales devrait déjà en être un…

Pour une école démocratique et égalitaire… défendre un service public national d’éducation

Publié le 17 novembre 2025

Sophia Chikirou, candidate à la mairie de Paris, annonce sa volonté de municipaliser les écoles primaires.

Cette annonce survient dans un contexte où les discours se multiplient pour évoquer une réduction du temps scolaire et une externalisation des enseignements… La convention du CESE voulue par Macron tente d’inscrire ces volontés dans une demande exprimée par les familles et les élèves eux-mêmes et à faire croire qu’elles sont les conditions d’une amélioration de l’école.

Le renoncement à un service public national d’éducation aurait pourtant d’évidentes conséquences que nous ne pouvons accepter.

Une fragilisation du système

Les difficultés rencontrées aujourd’hui par les municipalités, sur le plan des finances ou des ressources humaines, rendent déjà difficile l’organisation qualitative du périscolaire. La prise en charge de l’ensemble du service public d’éducation posera des difficultés plus grandes encore. Est-il raisonnable de prendre le risque d’une telle fragilisation ?

Certaines communes pourraient avoir le sentiment de leur capacité financière à assumer la municipalisation de l’école. Mais la dégradation constante de leur situation budgétaire pourrait conduire à une fragilisation capable de mettre en difficulté le fonctionnement même de l’école. Veut-on prendre le risque qu’une école communale puisse se retrouver en faillite ?

La porte ouverte à la marchandisation

Face aux difficultés organisationnelles, la tentation sera grande à déléguer le service public d’éducation par une mise en marché concurrentielle. Comment imaginer que cette marchandisation, soumise aux impératifs du profit économique et difficilement contrôlable dans ses activités, puisse venir améliorer la qualité de l’école ?

 Un renforcement des inégalités.

L’écart des ressources des municipalités créera aggrave de profondes inégalités territoriales. S’y ajoutera de fortes inégalités sociales : la mise en marché concurrentielle privant les familles aux revenus les plus modestes d’une part de l’offre. Veut-on davantage dégrader une mixité sociale déjà insuffisante dans l’école actuelle et renforcer des inégalités déjà fortement marquées?

 Une menace pour la culture commune 

L’existence d’un service public national d’éducation se fonde dans la volonté d’une culture commune, porteuse des valeurs de la démocratie et fédératrice de la vie citoyenne. La fragmentation des offres conduira à une fragmentation des contenus d’enseignement voire à des tentatives de propagande ou de prosélytisme. Peut-on prendre un tel risque dans un contexte où se multiplient les menaces contre les valeurs républicaines ?

Un danger pour la liberté pédagogique

Le cadre des programmes nationaux a permis aux enseignants de se libérer des emprises idéologiques que la bourgeoisie locale imposait à l’école du XIXe siècle. Si la politique ministérielle use trop souvent de stratégies autoritaristes, elles n’ont pas les mêmes effets que ceux d’une emprise locale plus fortement marquée par des enjeux éloignés des perspectives éducatives. Veut-on revenir à une époque où l’école devait se soumettre aux injonctions idéologiques et morales des notables locaux ?

Un risque pour les enseignant·es et les personnels
Les contraintes financières qui seront liées à la mise en œuvre d’un service municipal d’éducation ne constitueront pas un cadre de négociation statutaire favorable aux personnels. Il faut craindre qu’un nouveau statut augmente les horaires de service dans un cadre salarial révisé à la baisse. Dans une période où l’attractivité pour le métier enseignant connait une grave crise, peut-on prendre le risque de l’aggraver davantage?

 Des cadeaux pour l’enseignement privé
La municipalisation de l’école conduira bien des maires à considérer à part égale les écoles publiques et privées de leur commune. Les évolutions de la législation n’ont cessé de favoriser le privé et nous en connaissons bien, désormais, les conséquences en termes de renforcement des inégalités. Voulons-nous leur offrir, avec des cadeaux supplémentaires, la possibilité de creuser davantage les écarts ?

Celles et ceux qui douteraient de ces effets, peuvent pourtant en voir l’exact déroulement dans l’évolution du système scolaire suédois qui, en trente ans, a perdu ses qualités égalitaires et dégradé le niveau de ses élèves, en déplaçant la responsabilité de l’État vers les municipalités !

C’est en accordant les moyens nécessaires à l’Éducation nationale et en concevant un projet politique délibérément marqué par la volonté de démocratiser l’accès aux savoirs et aux diplômes que nous pouvons améliorer l’école publique. C’est pourquoi le PCF revendique la création de postes d’enseignants supplémentaires et l’attribution de moyens suffisants pour répondre aux besoins. Il en défend l’usage au service d’une école égalitaire et émancipatrice, dans un projet ambitieux d’élévation générale du niveau de connaissances et dans la perspective d’une culture commune permettant de conforter notre démocratie par l’exercice partagé de la vie citoyenne.

Paris, le 17 novembre 2025

Parti Communiste Français