Ovidie et Diglee : « Désirable mais pas trop active », ces doubles injonctions faites aux filles

Dans « Tu n’es pas obligée », guide pédago et féministe, l’auteure et réalisatrice Ovidie retrouve l’illustratrice Diglee pour livrer quelques bons conseils aux adolescentes à l’aube de leur vie sexuelle.

Après « Libres », « Baiser après #MeToo », Ovidie et Diglee s’attaquent aux injonctions faites au corps et à la sexualité dans « Tu n’es pas obligée », en s’adressant plus particulièrement aux adolescentes. Face au retour de bâton antiféministe, les autrices misent tout sur la génération qui vient. Dialogue.

« Tu n'es pas obligé », 
d'Ovidie et Diglee, 
éditions la Ville brûle, 
76 pages, 12 euros

« Tu n’es pas obligé »,
d’Ovidie et Diglee,
éditions la Ville brûle,
76 pages, 12 euros

Votre nouveau livre décortique les injonctions liées au corps, aux normes, aux relations sexuelles. Comment définiriez-vous une injonction ?

Ovidie C’est lorsqu’on se sent obligé de faire quelque chose dont on n’a pas réellement envie, alors que personne ne nous y contraint réellement. C’est plus pernicieux qu’une obligation, dans la mesure où l’injonction nous laisse croire que la décision vient de nous. Il y a cette illusion que ce serait notre choix. C’est plus agressif qu’une simple suggestion parce que, si on ne s’y plie pas, on risque d’en payer le prix en retour. Exemple typique : « si je me maquille, c’est pour moi ». Non, ce n’est pas vrai. Nous le faisons pour le regard social, pour les autres. Personne ne nous y oblige, mais, si nous n’y répondons pas, nous nous retrouvons en marge de la norme, donc exclues.

Comment se traduit l’injonction à la sexualité dans la société ? Continuer la lecture de Ovidie et Diglee : « Désirable mais pas trop active », ces doubles injonctions faites aux filles

Consentement : à quand une France à l’heure espagnole ?

Violences sexuelles Résolument avant-gardiste, le projet de loi espagnol « Solo si es si » (seul un oui est un oui) place la parole de la femme au cœur du système juridique. Malgré des déclarations de façade, la France rechigne à lui emboîter le pas.

REUTERS

« Seul un oui est un oui. » Un cri plus qu’une phrase. Un cri devenu slogan en Espagne et bientôt loi. Contre les violences sexuelles et machistes, le texte législatif surnommé « Solo si es si » est révolutionnaire. Il veut imposer un changement de paradigme et édicter une nouvelle définition du consentement. Après deux ans de consultations et d’auditions d’expertes, de batailles contre l’opposition, ce projet de loi organique pour « la garantie intégrale de la liberté sexuelle » a été voté en première lecture à l’Assemblée le 26 mai et se trouve actuellement en débat au Sénat. Continuer la lecture de Consentement : à quand une France à l’heure espagnole ?

Les Etats Unis et la Guerre, de Pearl Harbor à Kiev par J. Pauwels

Abattoir de Castelsarrasin: vers une reprise de l’activité?

Il y a quelques mois, nous ne donnions pas cher du devenir de l’abattoir de Castelsarrasin et la mobilisation des communistes avec prés de 150 signatures obtenues sur les marchés de Castelsarrasin, Moissac et Beaumont de Lomagne avait marqué les esprits .

La lettre ouverte remise aux acteurs économiques de ce dossier, Mairie, Intercommunalité, Eleveurs/Bouchers, préfecture avait fait le tour de notre ruralité et suscité suffisamment d’émois pour que même la FDSEA, le MODEF et la Confédération Agricole rejoignent le rassemblement que nous avions initié pour la réunion de la dernière chance en septembre dernier.

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Ministère Ndiaye : Qui pilote l’Education nationale ? in Caf. Peda.

Ministre très novice et remarquablement silencieux, Pap Ndiaye a t-il un cabinet qui puisse l’aider à développer sa politique éducative ? Faute d’une personnalité marquante, le cabinet reflète, quand on l’analyse, la juxtaposition de plusieurs projets politiques. Si la réforme macronienne de la voie professionnelle est très bien portée par plusieurs membres du cabinet, une autre source d’inspiration guide le cabinet. Il est remarquable de voir comment la Cour des Comptes y est, pour la première fois, fortement représentée aux postes clés. Or, quelques mois avant l’élection présidentielle, la Cour a publié pas moins de 4 rapports sur l’Ecole appelant tous à la même réforme : la privatisation de l’Ecole, c’est à dire sa soumission à une nouvelle gestion issue du privé. Avec un ministre novice et le cabinet actuel , cette réforme devrait avancer rapidement.

Le cabinet d’un ministre novice

 Pour le moment 12 membres du cabinet de P. Ndiaye sont connus. Tous ont en commun d’avoir été choisis en haut lieu. Mais tous n’ont pas le même parcours. Ce cabinet d’un ministre novice semble composé d’écoles différentes. Continuer la lecture de Ministère Ndiaye : Qui pilote l’Education nationale ? in Caf. Peda.

HEGEL: la pensée vulgaire est abstraite, la philosophie doit restituer le concret…

En écoutant les chaines en continue nous parler non seulement de l’Ukraine, mais du danger qu’un autre vote que celui pour Macron nous réserverait, il m’est apparu à quel point ce mode d’exposition est primaire, mais également abstrait , ne renvoyant à aucune réalité de l’expérience sensible de chacun. Faire de la Russie ou de la Chine, l’origine de tous nos maux, est déjà une entreprise “hors sol” mais transformer Mélenchon, ce social démocrate, épris d’effets oratoires digne d’un “radical de la troisième république” en péril ultime pour notre progéniture et nos biens est si excessif que nos “élites” et le président lui-même, ont atteint le niveau de la marchande de poisson vindicative selon Hegel; mais lisez plutôt et souvenez-vous que Marx qui n’a jamais renié HEGEL l’a remis sur ses pieds en matière d’origine des faits, et qu’il plaide pour la compréhension d’êtres humains concrets, de sociétés concrètes, c’est à dire synthèse en devenir de nombreuses déterminations. Il accuse Proudhon, comme le capital, de pensées abstraites en matière de “propriétés “à tous les sens du terme. (note de danielle Bleitrach pour histoire et societe).

(j’ai perdu le lien avec le site qui publie ce petit bijou, qu’il se fasse connaître pour le rétablir.) Continuer la lecture de HEGEL: la pensée vulgaire est abstraite, la philosophie doit restituer le concret…

Stéphane SIROT : « Pouvoir d’achat », une notion piège

Publié le par FSC

« Pouvoir d’achat » ! De quoi parle-t-on ? De pouvoir ? De consommation ? De revenus ? De nécessaire augmentation des salaires ? De prix ? Pour décrypter cette formule utilisée à toutes les sauces dans la campagne électorale à l’heure où l’inflation s’envole, nous avons interrogé Stéphane Sirot, historien et auteur d’un dictionnaire de la novlangue managériale édité en décembre dernier.

Avec le retour de l’inflation, les revendications salariales sont à l’origine de nombreuses grèves. Dans le même temps, la notion de « pouvoir d’achat » sature l’espace politique, médiatique et même syndical.

Pourquoi cette formulation ne va-t-elle pas de soi ? Continuer la lecture de Stéphane SIROT : « Pouvoir d’achat », une notion piège

Rodolphe Portolès : « Des politiques régionales utiles à nos jeunes comme à leurs familles »

Elu l’an dernier sur la liste de Carole Delga aux élections régionales, le communiste Rodolphe Portolès est venu pour la troisième fois ce jeudi à la rencontre des militants et citoyens de Castelsarrasin rendre compte de son travail au conseil régional.

Président de la commission éducation au conseil régional, c’est évidemment sur ce sujet qu’il a lancé la discussion. « Je suis très fier de faire parti d’une majorité de gauche, qui dans sa diversité, est en capacité de mettre en œuvre des politiques utiles à nos jeunes comme à leurs familles. Je pense particulièrement à la carte jeune pour les lycéens, à l’ordinateur pour tous les élèves de seconde, aux transports scolaires gratuits, autant de dispositifs régionaux qui font de l’Occitanie la rentrée scolaire la moins chère de France », a détaillé Rodolphe Portolès, rappelant également que désormais les lycéens, via la carte jeune, peuvent être formés gratuitement aux premiers secours. Continuer la lecture de Rodolphe Portolès : « Des politiques régionales utiles à nos jeunes comme à leurs familles »

La santé à l’école (en morceaux) In Caf. Péda. + le contenu de la revue Sèvres

Existe-il des convergences entre les systèmes éducatifs sur la santé à l’école ? La question pourrait sembler urgente puisqu’on sort (?) d’une pandémie mondiale particulièrement sévère. Le nouveau numéro de la Revue internationale d’éducation de Sèvres (n°89) n’apporte pas vraiment de réponses. Mais il laisse deviner des évolutions mondiales tant en ce qui concerne la médicalisation croissante des difficultés scolaires des élèves que le rapprochement (timide) entre professionnels de santé, parents et enseignants.

Frustrations

Quand on interroge des enseignants sur la question de la santé à l’école, remontent les mêmes questions. Comment le covid est-il été géré et particulièrement son impact sur les élèves et le système éducatif ? Que sait-on de la santé des enseignants ? Où en est la médecine scolaire ? Voilà trois questions restées sans réponse dans ce numéro de la Revue internationale de Sèvres (n°89). Les coordinateurs du numéro, Hélène Buisson Fenet et Yannick Tenne, ont fait le choix de ne pas les traiter. On n’aura pas plus d’écho des statistiques mondiales sur le bien être à l’Ecole. Coté frustrations ça fait beaucoup ! Continuer la lecture de La santé à l’école (en morceaux) In Caf. Péda. + le contenu de la revue Sèvres

Boris Cyrulnik, «l’arme de la dictature, c’est le conformisme»

Dans sa quête de compréhension des malheurs du monde, le neuropsychiatre de renom Boris Cyrulnik analyse la tentation confortable de céder au dangereux aveuglement de l’embrigadement et lui oppose la pensée guidée par l’expérience sensible et le questionnement, l’esprit libre de ceux qui creusent leur propre sillon. Brûlant d’actualité.

Le père de la résilience, concept surexploité à l’insu de son créateur, poursuit sa quête de vérité : comment donner un sens à l’insensé ?

Surtout connu pour avoir développé le concept de résilience, le neurologue et psychanalyste, qui, à 7 ans, a échappé à la mort que lui promettait une idéologie meurtrière, poursuit son exploration des mécanismes de la psychologie humaine. Dans son dernier ouvrage, « le Laboureur et les Mangeurs de vent », il tente d’expliquer les mécanismes qui conduisent certains à se repaître de rassurants discours totalitaires jusqu’à l’aveuglement, au meurtre ou au génocide, tandis que d’autres s’emploient à penser par eux-mêmes, portés vers l’heuristique et l’empathie.

Quand et comment vous est apparue la distinction entre ceux qui ont une pensée ancrée dans le réel et ceux qui adhèrent à des discours préfabriqués ?

Boris Cyrulnik

Neuropsychiatre

C’est un problème que je me pose depuis mon enfance. Je me demande pourquoi certains parmi nous peuvent avoir des idées complètement coupées de la réalité. J’ai subi la guerre de 1940 et j’ai connu celle d’Algérie. J’ai pu constater à chaque fois qu’il y a deux manières d’aborder ces crises majeures. On peut les comprendre parce que l’on connaît l’autre, on le rencontre, on débat avec lui. C’est ce qu’Hannah Arendt appelle le récit enraciné. Au contraire, on peut aussi adhérer à un récit coupé de la réalité sensible. C’est ce que j’appelle aujourd’hui le délire logique. Le mot « délire » se décompose ainsi : « de » privatif, qui signifie « sans », et « lira », qui est « le sillon creusé dans la terre ». Et j’ajoute « logique », puisqu’il s’agit en général de discours très cohérents et qu’il n’est pas nécessaire d’être psychotique pour être délirant. Continuer la lecture de Boris Cyrulnik, «l’arme de la dictature, c’est le conformisme»