Plus que jamais cette année, la mobilisation prend tout son sens. La pandémie de Covid-19 a exacerbé les inégalités entre femmes et hommes. « Les femmes sont indispensables au fonctionnement de la société et invisibilisées en permanence », explique le collectif de 37 organisations rassemblées sous le mot d’ordre « Grève féministe ». « La crise sanitaire a mis en lumière le rôle fondamental des femmes dans la société mais les premières de corvée ne sont toujours pas reconnues », appuie Anne Leclerc, du mouvement On arrête toutes. La mobilisation réunit un éventail large d’associations (dont Osez le féminisme, Les Effronté-es, Le Planning familial…) de syndicats (CGT, FSU, Solidaires, UNEF…) et de partis politiques (PCF, France insoumise, Générations, EELV, NPA…).
Le 8 mars, des manifestations sont d’ores et déjà prévues dans plusieurs villes de France, notamment à Paris, Toulouse, Le Mans, Nantes, Strasbourg, Lyon, Lille et Marseille. Dans la capitale, le cortège s’élancera à 13 heures de Port-Royal. Soutien au monde de la culture et aux étudiants actuellement en difficulté, dénonciation des violences sexistes au travail, mise en avant du travail des caissières… Plusieurs animations sont prévues jusqu’au point d’arrivée, place de la République. Les soignantes seront à l’honneur, placées en tête de la manifestation. Au cœur des revendications : la hausse des salaires et une meilleure reconnaissance de leurs métiers peu valorisés.
Plus largement, les inégalités salariales persistantes selon le sexe seront rappelées. Oscillant entre temps partiels, précarité et petits boulots, les femmes continuent d’être moins bien payées que les hommes. Un appel à la grève a d’ailleurs été lancé par la CGT, FSU et Solidaires. Dans la fonction publique, des préavis ont aussi été déposés dans différents secteurs, dont ceux de la santé, de l’éducation, de l’énergie, du rail et à La Poste, indique Sophie Binet, de la CGT.
Dans le contexte de libération de la parole et de dénonciation des abus sexuels, les organisations féministes demandent également une meilleure prise en charge des victimes. « 45 % des universités n’ont pas de cellule de veille et d’écoute », regrette Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF. Dans les entreprises, même combat. « Nous dénonçons l’oppression sexiste à McDo, résume Maylis, porte-parole du collectif McDroits. Et nos actions peuvent mener à des victoires, puisque depuis novembre, le port de la jupe n’est plus obligatoire pour les employées de McDo France. » Un premier rassemblement, « festif et politique », aura lieu dès le dimanche 7 mars, place de la République, de 13 heures à 17 heures. « Il alternera prises de parole et moments d’expressions artistiques, danses, chorales, théâtre, tout en affirmant sa solidarité avec les femmes du monde entier », ont précisé les organisateurs. Un premier tour de chauffe avant la mobilisation du lendemain.
Marceau Taburet