Pierre Ouzoulias : « Sur le financement de l’école privée, il y a un combat de classe à mener »

Vice-président du Sénat, le communiste Pierre Ouzoulias a déposé une proposition de loi visant à conditionner l’aide publique aux établissements privés à des critères sociaux.

L’affaire Stanislas montre aussi et surtout que le contrôle réalisé dans les établissements privés n’est pas le même que dans le public.
© Thomas SAMSON / AFP

 

Selon la Cour des comptes, 13 milliards d’euros d’argent public sont versés chaque année aux établissements privés, soit l’équivalent du budget de la Justice… Sur cette somme, environ 8,5 milliards proviennent de l’État, le reste des collectivités. Une part sur laquelle nous n’avons pas beaucoup d’indications et pas de contrôle. Depuis la réforme avortée de Savary, en 1984, les établissements privés relèvent de la direction financière et non de la direction générale de l’enseignement scolaire. Cela en dit long sur la nature de leur lien avec l’État.

Certains de ces établissements dégagent des bénéfices…

Pierre Ouzoulias

Sénateur PCF, vice-président du Sénat

Parfois constitué en sociétés anonymes et non en associations, leur taux de rentabilité dépasse 10 % et l’instruction religieuse n’y est pas toujours une priorité. Pour eux, l’objectif est clairement de faire de l’argent et le secteur de l’éducation est un marché comme un autre. Continuer la lecture de Pierre Ouzoulias : « Sur le financement de l’école privée, il y a un combat de classe à mener »

Education nationale – Un projet politique néolibéral

 

Maladresse, erreur, bévue, boulette, mépris, la nouvelle ministre de l’Éducation a réussi le tour de force de se mettre une très grande partie de la communauté éducative à dos dès sa première intervention. Mais doit-on vraiment parler de maladresse ? Ses propos ne révèlent-ils pas un changement de paradigme en cours depuis 2017 et la nomination de Jean-Michel Blanquer dont les enfants étaient également scolarisés dans le privé ?

Jusqu’ici, y compris les défenseurs de l’école privée, quand ils étaient au pouvoir, considéraient l’enseignement privé comme un enseignement dans lequel des familles pouvaient inscrire leur enfant au nom de la liberté de choix ; c’était le résultat d’un rapport de force dans la société ou une partie de la bourgeoisie a toujours considéré qu’elle pouvait choisir la nature des enseignements, de l’éducation que devait recevoir leur enfant. Continuer la lecture de Education nationale – Un projet politique néolibéral

Collectivités – enseignement privé : des cadeaux qui se chiffrent en millions d’euros

Au chevet de l’école publique: Léon Deffontaines

Le candidat communiste aux élections européennes a reçu une vingtaine de professeurs et de syndicalistes de l’éducation nationale au siège du PCF, le 17 janvier.

Rencontre entre une délégation d’enseignants et Fabien Roussel secrétaire général du PCF, Léon Deffontaines tête de liste communiste aux élections européennes et Sigrid Gérardin ancienne responsable syndicale éducation et colistière.
©Samir Maouche pour l’Humanité

Léon Deffontaines a voulu saisir la balle au bond. « Avec l’affaire Oudéa-Castéra, le débat se focalise en ce moment sur l’école publique », explique la tête de liste du PCF aux élections européennes, qui a organisé une rencontre place du Colonel-Fabien, ce 17 janvier, avec des professeurs et des syndicalistes de l’éducation nationale. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, et la colistière de Léon Deffontaines, Sigrid Gérardin, également professeure dans l’enseignement professionnel et syndicaliste Snuep-FSU, ont participé à cette discussion révélant le malaise dans l’éducation nationale. Continuer la lecture de Au chevet de l’école publique: Léon Deffontaines

Surréalistes et communistes, la naissance de la politique culturelle du PCF… In Histoire et Société

NDLR de MAC: Temps de lecture 24 minutes. Attention, article de fond avec de multiples références qui nécessite de puiser dans ses connaissances et dans l’histoire pour une meilleure compréhension du lien puissant entre la culture et les communistes, le PCF. Un appel à l’intelligence de chacun-e pour appréhender le réel et sortir de la « peopolisation » actuelle qui s’accompagne d’une droitisation (Mme Dati ministre…).
RDV le 1er juin avec Serge Regourd dés 10h00 à l’Espace Métais à Castelsarrasin autour de son livre « SOS Culture »!

photo : Paul Vaillant-Couturier

Nous présentons à nos lecteurs cet article assez bien informé sur la rencontre entre surréalistes et communistes et ce que l’auteur de l’article voit comme un échec de cette rencontre puisque le PCF se retrouve “”seul” à gérer l’Association des Écrivains et Artistes. Nous ne faisons pas totalement la même analyse puisque c’est à ce moment que quelqu’un de la taille d’Aragon, mais aussi un Léon Moussinac, un Paul Vaillant-Couturier et même l’espagnol Buñuel vont mener la politique culturelle, la presse du parti. Il y aurait beaucoup de choses à dire par exemple sur la manière dont Aragon continuera à porter pour une part l’engagement surréaliste et je peux témoigner de ce lien jusqu’à la fin de sa vie. Il y a aujourd’hui tout un travail qui se réalise autour de la mémoire et de l’œuvre de Louis Aragon dont nous espérons pouvoir aider à mieux faire connaître tout l’acquis. Nous espérons que le travail que nous lançons le 20 janvier en soutien au peuple cubain et dont nous vous présentons le programme va nous donner l’occasion de poursuivre cette exploration de la contribution des communistes à la résistance nationale à Cuba comme en France (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société).

 


Gwenn Riou : Communistes et surréalistes, l’échec d’une collaboration culturelle

p. 10-23 https://doi.org/10.4000/marges.1360

Après plusieurs années de tractations et de négociations, l’Association des Écrivains et Artistes révolutionnaires (AÉAR) est créée en mars 1932. Cette organisation qui compte dans ses rangs des personnalités comme Paul Nizan, Louis Aragon, Boris Taslitzky, André Fougeron, Francis Jourdain, Édouard Pignon, Paul Signac, Henri Cartier-Bresson, etc. s’impose rapidement comme une plateforme artistique et littéraire de premier ordre en France.

2 L’histoire de cette organisation artistique est liée, d’une part, à l’histoire du Parti communiste français (PCF), de l’Internationale communiste (IC ou Komintern) et d’autre part à l’histoire de la littérature. En effet, lorsque l’on se penche sur les rapports qu’entretient le Parti communiste avec les acteurs du champ culturel, il apparaît que les écrivains jouent un rôle majeur dans la conception, l’élaboration et la structuration d’une création artistique en rapport avec les volontés politiques et idéologiques du Parti. Parmi ces écrivains, nous retrouvons les surréalistes.

  • 1 André Breton, «  Caractère de l’évolution moderne et ce qui en participe » (1922), cité par Gérard (…)
  • 2 L’Humanité, 2 juillet 1925, p. 1.
  • 3 L’Humanité, 21 septembre 1925, p. 2. Le texte est également publié dans La Révolution surréaliste n (…)
  • 4 Voir Michel Trebitsch, «  Le groupe Philosophies et les surréalistes (1924-1925) », Mélusine n° XI, (…)

3 Alors que ces derniers suivent encore au début des années 1920 le mouvement dada dirigé par Tristan Tzara, certains d’entre eux, dont André Breton, aspirent à la révolution, « une révolution quelconque, aussi sanglante qu’on voudra1 ». Cette prise de position participe au divorce entre les dadaïstes et ceux qui deviendront les surréalistes. Ceux-ci signent en 1925 l’«  Appel aux travailleurs intellectuels2 » dans l’Humanité et se positionnent contre la guerre du Rif et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Deux mois plus tard, ils publient dans l’organe central du PCF, « La Révolution d’abord et toujours3 » et s’engagent, de ce fait, de manière durable, sur le terrain de la politique en reprenant les principaux thèmes défendus par les communistes : antimilitarisme, anticolonialisme, anti-impérialisme, etc. Ce texte rappelle qu’à cette période les surréalistes, en collaboration avec d’autres intellectuels, évoquent le souhait de mettre au point une organisation culturelle révolutionnaire affiliée à l’IC4. Continuer la lecture de Surréalistes et communistes, la naissance de la politique culturelle du PCF… In Histoire et Société

Vœux 2024 de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF

 

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OUDÉA-CASTERA : CHEZ CES GENS-LÀ…

Tout à fait d’accord avec cette analyse mais cela ne va pas assez loin à mon goût, est-ce que les fantassins de l’éducation nationale qui se retrouvent coiffés de pareille ministre vont en profiter pour se réfugier du côté de “la gauche en fleur” celle de la liste du couple infernal Glucksmann qui relève de la même logique celle de l’atlantisme mondain et des “élites” médiatico-politiques ou est-ce qu’ils vont enfin faire le choix d’une politique de l’éducation nationale, de la santé, de la culture qui corresponde à celui d’une véritable résistance aux bailleurs de fond de ces gens-là ? Une seule liste aux Européennes celle du PCF. Certes elle ne correspond à tout ce que nous défendons ici (Histoire & Société) mais c’est la seule qui offre une perspective qui ne soit pas celle de ces liquidateurs qui avancent vers le fascisme et la destruction des acquis populaires. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)


CHRONIQUE (« Obsessions » de Sneidermann)

Ces gens. Ces gens, tout de même.

Ce n’est rien, judiciairement parlant, cette affaire Oudéa-Castera. La ministre de l’Education, des Sports, et des Jeux Olympiques et paralympiques, n’a pas détourné d’argent. Elle ne s’est pas fait offrir des tableaux par un fournisseur. Elle n’a pas échangé un logement contre des faveurs sexuelles. On ne lui reproche même pas d’avoir scolarisé ses enfants dans un établissement privé catholique, Stanislas, ouvertement conservateur et réactionnaire (« Français sans peur, chrétien sans reproche » est encore aujourd’hui la devise de Stanislas, voir ces enquêtes de Mediapart et du Monde), où sont tolérés des comportements homophobes de l’encadrement). C’est son droit. Elle n’est pas la première.

De ses deux prédécesseurs, l’un (Pap Ndiaye) avait aussi scolarisé ses enfants dans le privé, dans le même quartier (à l’Ecole alsacienne, établissement privé laïque sous contrat). L’autre, (Gabriel Attal), sans enfants, a fait lui-même sa scolarité dans la même École alsacienne.

« Si tu m’aimes, tu patienteras… » Livret distribué aux élèves de Seconde de Stanislas. Source Mediapart

Mais la voici nommée ministre de l’Éducation. Elle trouve sur son bureau un rapport d’enquête sur cet établissement, diligenté par l’un de ses prédécesseurs, Pap NDiaye, après les premières enquêtes de presse sur Stanislas, et que le rectorat de Paris n’a pas pour l’instant rendu public. Elle a lu la presse. Elle ne peut pas ne pas le savoir. Elle devrait, spontanément, immédiatement, annoncer qu’elle se déporte de ce dossier. Y a-t-elle pensé ? Le premier ministre ou le président y ont-ils pensé pour elle ? La question sera-t-elle posée ?

Interrogée à la volée lors de sa première visite dans une cour d’école, la nouvelle ministre se justifie. Crânement. « Très bien, on va aller sur le champ du personnel. Allons-y ». Parfait. Elle explique l’itinéraire de son fils « Vincent » qui « comme sa maman », a commencé dans le public. Et puis sa « frustration » d’avoir constaté « des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées. Et à un moment on en a eu marre ».

Ces gens. Leur langue en bras de chemise. Cette langue de dîner ordinairement rageux entre potes des beaux quartiers, revue et corrigée par McKinsey, à grands coups de « Vincent » et de « sa maman ». Quelques mois auparavant, devant une commission de l’Assemblée, la ministre des Sports, ex-directrice de la Fédération française de Tennis où elle était alors payée 500 000 euros par an, s’était vantée d’avoir « divisé par x » sa rémunération en entrant au gouvernement, acte héroïque au regard du « volume d’heures » hebdomadaires qu’elle « s’enfournait ». Il y a du « pognon de dingue », dans ce « paquet d’heures ». Comme si on ne les entendait pas. Comme s’ils avaient droit de maltraitance sur la langue, comme sur le reste.

Un « paquet d’heures », donc. Combien ? Sur quelle période de temps ? À qui en incombe la responsabilité, après sept ans de macronisme ? Comment va-t-elle faire en sorte de remédier à cette situation de l’école publique ? « Pas sérieusement remplacées » : qu’est-ce qu’une heure « sérieusement remplacée » ? En quoi diffère-t-elle d’une heure « pas sérieusement remplacée » ? À ses côtés, le premier ministre, ex-ministre de l’éducation, reste muet. Il est vrai qu’il s’est davantage investi dans le bannissement de l’abaya que dans le chantier des remplacements.

Et puis on apprend dans Libération que cette explication, bricolée à la hâte, était mensongère. « Vincent » n’est resté à l’école publique Littré que six mois en petite section de maternelle, avant d’être déplacé par ses parents vers Stanislas. Son enseignante d’alors, ainsi que le journaliste Nicolas Poincaré, qui se trouve être parent dans la même école, démentent toute absence non remplacée, « sérieusement » ou « pas sérieusement ».

Comment la ministre va-t-elle discuter avec les enseignants, ou simplement les regarder en face ? Comment a-t-elle pu penser qu’il faudrait davantage que 48 heures pour dévoiler le mensonge ? On pourrait en rire, mais derrière ce « jemenfoutisme », il y a l’école, la pauvre école, l’école menacée. Donc on ne rit pas.

Amélie Oudéa-Castera fait incontestablement partie de l’élite, politique, économique, médiatique. Dans l’acception générale, l’élite est peut-être cynique, cupide, prévaricatrice, mais elle est au moins créditée d’intelligence et d’efficacité dans la défense de ses intérêts. Rien de plus faux. L’élite peut être aveugle et bornée.

Il y a tout, dans cette histoire. Le sabordage de l’école publique, bien sûr. La consanguinité des élites politiques, économiques et médiatiques (la ministre est la nièce d’Alain Duhamel (BFM), ainsi que de Nathalie Saint-Cricq (France 2), et la cousine de Benjamin Duhamel (BFM). Le glissement de la haute bourgeoisie libérale, celle des 0,01%, de l’Alsacienne vers Stanislas – dix minutes à pied entre les deux, selon Google Maps -, comme un symbole du racornissement du recrutement des élites à un micro-quartier de la capitale. La désinvolture décomplexée. Dix fois de quoi déclencher une révolution.

De Stanislas à l’Alsacienne, l’école d’Attal, Dix minutes à pied, selon Google Maps!

 

Lire aussi: L’éternel retour sans éducation nationale

 

 

Merci madame la Ministre (lettre d’une enseignante in Caf. Péda.)

Nomination d’Amélie Oudéa-Castéra : réactions syndicales a l’Éducation Nationale

Bonne Année Laïque !!! Par Charles Conte

La longue marche du Jour de l’An, de la fête romaine à la fête sécularisée d’aujourd’hui.

Chargé de mission à la Ligue de l’enseignement

Illustration 1

Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 au Champ-de-Mars.

 

C’est peu connu, mais les militants laïques ont beaucoup réfléchi aux usages sociaux et culturels des fêtes… Au travers d’organisations de cérémonies, de conférences, de revues, ils établirent un véritable programme de promotion des « Fêtes civiles », largement inspiré des grandes fêtes de la Révolution et qui avait, en partie, pour objet de laïciser les fêtes saisonnières autrefois christianisées. Une excellente revue en avait fait un objet d’études et de militantisme : les « Annales des Fêtes et Cérémonies Civiles ». Marcel Sembat, Gabriel Séailles, Paul Grunebaum-Ballin (collaborateur d’Aristide Briand), Jules Renard…y collaborèrent ; la Libre Pensée comme la Ligue de l’enseignement y étaient représentées… ; Zola, Hugo, Rousseau y furent publiés… ; l’anthropologie, les arts, les lois, l’histoire y firent l’objet d’articles… Continuer la lecture de Bonne Année Laïque !!! Par Charles Conte