Argentine : Javier Milei, la victoire du FMI

L’arrivée au pouvoir d’un ultralibéral à visage fasciste n’est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat de choix de politiques économiques imposés par la droite, soutenue par le Fonds monétaire international.

Javier Milei (au centre), brandit une tronçonneuse entre sa sœur Karina Milei (à droite) et Carolina Piparo, candidate au poste de gouverneur de la province de Buenos Aires, lors d’un rassemblement politique à La Plata, dans la province de Buenos Aires, en Argentine, le 12 septembre 2023.
© Marcos GOMEZ / AG La Plata / AFP

 

Un saut dans le vide ? Le leader de l’ultradroite Javier Milei s’est imposé, ce dimanche, au second tour de l’élection présidentielle avec 55,7 % des voix, soit 11 points de plus que le ministre-candidat Sergio Massa. Ainsi, étouffés par une crise qui pousse 40 % de la population sous le seuil de la pauvreté, une majorité d’Argentins – souvent motivés par l’espoir suscité par des promesses de campagne plus démagogiques les unes que les autres – vient d’élire comme prochain président le candidat dont le programme suit pourtant la voie de politiques économiques largement discréditées.

Le même chemin qui a déjà mené la troisième puissance économique latino-américaine dans le précipice, après la terrible période déjà traversée en ce début de siècle. Si ce n’est en pire : jamais auparavant quelqu’un d’aussi extrémiste n’avait été élu à la tête d’un pays d’Amérique du Sud. Une situation qui n’est en rien le fruit du hasard. Continuer la lecture de Argentine : Javier Milei, la victoire du FMI

L’étrange triomphe du Petit Prince

Une relecture du petit prince entre l’étrange défaite de Marc Bloch et les yeux d’Elsa d’Aragon, l’amour fou, celui qui incite Eluard à écrire Liberté et Saint Exupery à invoquer la rose. Pourtant cette relecture ne dit pas le “concret”, l’essentiel de la conception de l’histoire de Bloch et surtout d’Aragon et reste dans “l’abstraction française”, celle qui ignore le peuple français au profit d’une ligne maginot qui génère des profits. Parce que là est le fond de “l’abstraction”.Le fétichisme de la marchandise. Mais cet article a néanmoins bien des mérites, celui de révéler que le conformisme en matière d’art, a quelque chose à voir dans cette ignorance du peuple qui va jusqu’à la guerre. (noteet traduction de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Par Adam Gopnik avril 29, 2014

L’étrange triomphe du Petit Prince

De tous les livres écrits en français au cours du siècle dernier, « Le Petit Prince » d’Antoine de Saint-Exupéry est certainement le plus aimé dans la plupart des langues. C’est très étrange, parce que les significations du livre – son but, son intention et sa morale – semblent encore loin d’être transparentes, même plus de soixante-quinze ans après sa première parution. En effet, ce qui est surprenant, en relisant les premières critiques du livre, c’est que, loin d’être accueilli comme une parabole nécessaire et belle, il a déconcerté et intrigué ses lecteurs. Parmi les premiers critiques, seule P. L. Travers – qui avait, avec une symétrie qui fait frissonner le non-croyant, écrit un mythe équivalent pour l’Angleterre dans ses livres sur Mary Poppins – a vraiment saisi les dimensions du livre, ou son importance. Continuer la lecture de L’étrange triomphe du Petit Prince

Glyphosate : 10 ans de plus (de trop!), l’Europe fait fi des études scientifiques

Les États membres de l’Union européenne n’ont pas trouvé d’accord sur la reconduction de l’autorisation du glyphosate pour dix années supplémentaires. La Commission européenne a tranché et a validé le renouvellement. De nombreux militants et organisations écologistes alertent de la dangerosité de ce pesticide controversé et de la non-prise en compte des études scientifiques.

Un agriculteur utilise un herbicide à base de glyphosate sur un champ de betteraves.
Photo by Leitenberger S/ANDBZ/ABACAPRESS.COM

La Commission européenne proposait de reconduire l’autorisation du glyphosate pour dix années supplémentaires et, ce jeudi, les États membres de l’Union européenne n’ont pas trouvé d’accord sur cette prolongation. « On attend les derniers éléments de propositions de l’Union européenne » sur le glyphosate, « s’il n’y a pas de changement, il n’y a pas de raison que le vote » de la France « change », avait indiqué mercredi 15 novembre sur franceinfo Marc Fesneau ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Alors que la France s’était abstenue lors d’un premier vote le 13 octobre, plusieurs pays en Europe s’opposent au renouvellement de l’autorisation du glyphosate, notamment l’Autriche et le Luxembourg, premier pays au sein de l’Union européenne à avoir totalement interdit la commercialisation de cette substance active sur son territoire. Continuer la lecture de Glyphosate : 10 ans de plus (de trop!), l’Europe fait fi des études scientifiques

L’astrophysicien Hubert Reeves : mort d’un généreux vulgarisateur

NDLR de MAC: Une journée de m……..

L’astrophysicien canadien Hubert Reeves est décédé le 13 octobre 2023 à Paris à l’âge de 91 ans. Son fils, Benoit Reeves, en a fait l’annonce dans un message publié sur Facebook.

Hubert Reeves © Jean-Marc Quinet/reporters-REA

L’astrophysicien québécois Hubert Reeves, qui aimait à rappeler que les humains sont des poussières d’étoiles, est décédé vendredi à l’âge de 91 ans. Il faisait partie de ces grands vulgarisateurs scientifiques. Ce souci de rendre compréhensible la science au plus grand nombre se doublait chez lui d’un immense talent de conteur. Hubert Reeves est mort mais dans l’espace depuis 1999, l’astéroïde (9631) 1993 SL6 porte son nom et continue son voyage.

Poussières d’étoiles

En retraite depuis 1999, il poursuivait ses activités militantes notamment pour alerter sur l’état de l’environnement et celui de l’humanité qui, selon lui, devrait disparaître lorsque surviendra la sixième grande extinction des espèces. Sur son site internet, il écrivait dans sa « Lettre éditoriale du 4 janvier 2020 » : « Pour que nous existions, la recette est fournie dans mon livre Poussières d’étoiles : Il faut d’abord faire des étoiles à partir du magma initial. Puis il faut que ces étoiles vivent leur vie et rejettent leur moisson d’atomes dans l’espace. Il faut ensuite que ces atomes se combinent en molécules et en poussières. Que ces grains de poussière s’accumulent en planètes rocheuses… Finalement, il faut assurer le cours de l’évolution chimique et biologique de la planète. Nous connaissons plus ou moins bien la durée de chacune de ces opérations. En faisant la somme, on arrive à un minimum de plusieurs milliards d’années. Faut-il s’étonner que l’univers ait déjà quatorze milliards d’années ? Il ne lui en faut pas moins pour engendrer un être capable de conscience… Et maintenant, nous, les humains, connaisseurs de notre passé et devenus ces êtres capables de conscience : qu’allons-nous faire de notre futur ? »

Il aimait le cosmos, les oiseaux et la curiosité

Né à Montréal en 1932, Hubert Reeves étudie à l’Université de Montréal et à McGill avant d’obtenir son doctorat en astrophysique nucléaire de l’Université Cornell, en 1960. Il enseigne la cosmologie en Europe et en Amérique, dans les universités Columbia et Berkeley, à l’Université de Montréal et à l’Université libre de Bruxelles. Consultant pour la NASA, il a également été directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de France et conseiller scientifique au Commissariat à l’énergie atomique de France. Officier de l’Ordre national du Québec, il était aussi compagnon de l’Ordre du Canada et commandeur de la Légion d’honneur de France. Toujours dans l’Hexagone, il avait été nommé grand officier de l’Ordre national du mérite en 2019. Il a reçu de nombreux doctorats honorifiques, dont ceux des universités de Montréal (1984), de Berne (1989), de Bruxelles (1992), d’Ottawa (2004), de Moncton (1991), du Québec à Montréal (2010) et de Sherbrooke (2011).

Pour lui, le cosmos était ce « lieu d’émerveillement et de rationalité » comme il le montrait la couverture de son livre « Patience dans l’azur » ces petits points bleus et blancs du quasar 3C 273. En 2008, dans son autobiographie intitulée « Je n’aurai pas le temps », Il expliquait que l’intérêt pour la science naît de la curiosité, ajoutant, encore sur son site : « ne cessons pas d’être curieux. La curiosité : il faut l’attiser comme on le fait du feu. Et alors que de découvertes ! La curiosité ? Faites-en votre seconde nature ! Cultivez cette ambition ! La curiosité ? C’est vital ! ». Curieux et optimiste, Dans Sciences et Aveni en novembre 2017, il estimait « Pour l’heure, faute d’avoir détecté la vie sur d’autres planètes que la nôtre, nous ne pouvons qu’émettre des opinions. Personnellement, j’adhère à l’hypothèse que d’autres formes de vie existent bel et bien ».

L’huile de palme : l’ingrédient derrière les violations des droits de l’homme et le groupe Bolloré

L’huile de palme : l’ingrédient derrière les violations des droits de l’homme et l’écodestruction qui est probablement dans votre maison en ce moment, dit l’auteur de l’article. Il est question ici du Nigeria et d’autres pays d’Afrique (une dizaine) et d’Asie. Il faut bien mesurer que quand nous dénonçons l’hypocrisie du discours sur les “institutions démocratiques” africaines et les “régimes putschistes” nous faisons directement référence à la manière dont ces pays que nous considérons en France comme démocratiques ne le sont aux yeux de nos gouvernants et de leurs médias que parce qu’ils couvrent les pratiques de ces sociétés liées à l’énergie mais aussi à l’agroalimentaire. Socfin, Société financière des Caoutchoucs est un groupe de participations agro-industriel fondé en 1909 par l’entrepreneur et agronome belge Adrien Hallet (1867-1925), devenu une entité financière et commerciale chapeauté par une Holding luxembourgeoise contrôlée par Hubert Fabri et le Groupe Bolloré. Les activités de production (huile de palme, latex/caoutchouc) du groupe Socfin se déroulent dans 10 pays d’Afrique et d’Asie, mais les holdings sont principalement basées au Luxembourg, en Belgique et en Suisse ; le siège se trouve au Luxembourg. Bolloré ce nom vous dit l’empire médiatique qui contrôle en fait notre vision du monde et entretient l’idée que la démocratie à l’occidentale c’est la guerre pour tous ceux qui veulent se libérer et libérer la planète. (note et traduction de danielle Bleitrach)

Photo Ghana: Sous la devise stop. pense. sentir. acte. le Fotofestival Zürich 2023 Open Your Eyes présente des oeuvres photographiques dont celle-ci prise au Ghana qui ne se veulent pas des illustrations des Objectifs de développement durable (ODD), mais sont des commentaires et des annotations au sens des « Photographes concernés » de Cornell Capa. Capa a choisi ce terme pour décrire des œuvres qui vont au-delà de la documentation d’événements et les montrent avec une impulsion humanitaire. Cette école de pensée est également connue comme un concept lié à la science : le terme « scientifiques concernés » est utilisé pour décrire le recours à la science indépendante pour résoudre les problèmes les plus urgents de notre planète. Continuer la lecture de L’huile de palme : l’ingrédient derrière les violations des droits de l’homme et le groupe Bolloré

Castelsarrasin – Jean-Luc Gibelin : « Un choix politique affirmé pour le droit aux mobilités »

Castelsarrasin - Jean-Luc Gibelin : « Un choix politique affirmé pour le droit aux mobilités »

Par Julien Sueres, le 10 Septembre 2023

Une journée consacrée aux mobilités. C’est ainsi que les communistes de Castelsarrasin ont décidé de faire leur rentrée politique, en invitant Jean-Luc Gibelin, vice-président de la région chargé des transports, à passer une journée de travail dans la ville sous-préfecture du Tarn et Garonne. Ce dernier a passé la matinée à l’Espace Métais, dans les locaux du PCF pour une formation sur les mobilités, avant de tenir une réunion publique à la médiathèque municipale pour rendre compte des politiques régionales en matière de mobilités. Continuer la lecture de Castelsarrasin – Jean-Luc Gibelin : « Un choix politique affirmé pour le droit aux mobilités »

Séisme au Maroc : le cauchemar du « petit peuple » de Marrakech + communiqué PCF

Un tremblement de terre d’une magnitude de près de 7 sur l’échelle de Richter ravage la cité historique et sa région, faisant plus de 2000 morts et des centaines de victimes parmi les personnes les plus exposées socialement, contraintes de vivre dans des habitations dépourvues du moindre équipement parasismique.

 

Les habitants de Marrakech et de ses alentours, au sud de la grande ville marocaine, ont vécu l’enfer dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre. Frappé par un séisme d’une magnitude de 6,9 sur l’échelle de Richter, la plus élevée, semble-t-il qu’ait jamais relevé le royaume chérifien, ils ont vu leurs logements s’effondrer en partie ou en totalité. Des proches, des amis, ont été ensevelis sous les décombres. Les portés disparus risquent de venir rapidement grossir les chiffres des victimes de la catastrophe évalué à au moins 2000 morts ce 10 septembre à 11 heures. Continuer la lecture de Séisme au Maroc : le cauchemar du « petit peuple » de Marrakech + communiqué PCF

Sommet des BRICS : il y a urgence à agir pour un nouvel ordre du monde de paix et de coopération (PCF)

Le sommet des BRICS qui s’est tenu à Johannesburg du 22 au 24 août marque une étape majeure dans la possibilité d’une recomposition en cours du monde. Avec six nouveaux membres, dont deux producteurs majeurs d’hydrocarbures, les BRICS représenteront à partir de janvier 2024 plus du quart du PIB mondial (plus de 35% en mesurant les PIB en parité de pouvoir d’achat) et près de 50% de la population de la planète.

C’est donc un élément important dans la remise en cause de l’hégémonie états-unienne et occidentale et dans la contestation de ses outils que sont principalement le dollar et l’Otan. Le grand nombre de pays ayant le statut d’observateurs montre la volonté de peser dans la recomposition des rapports de force. Cela ouvre également au sein du groupe de nouvelles contradictions : fractures accrues du monde ou nouvelle unification pour un monde commun et un nouvel ordre économique mondial ?
Le monde est à la croisée des chemins et de nouvelles perspectives s’ouvrent renforçant le refus de l’engrenage des confrontations militaires, économiques, commerciales et énergétiques, de l’égoïsme climatique et appelant à l’action pour un monde de sécurité commune et de coopérations dans le respect de la souveraineté des peuples.

Nous appuyons l’exigence des BRICS de paix, de partage et de co-développement. Nous appuyons et appuierons leur exigence d’une réforme profonde du FMI : le droit de veto, de fait, des États-Unis au FMI doit être supprimé et les droits de vote doivent tenir compte du poids démographique des pays. Nous appuyons leur exigence d’une alternative au dollar des Etats-Unis.

Il est urgent d’agir pour un nouvel ordre du monde régi par la paix, la sécurité commune et par des rapports internationaux équitables, rompant avec la logique de blocs qui est celle que cherchent à imposer les États-Unis et à laquelle l’Union Européenne emboîte le pas, contre l’intérêt même de l’Europe et de ses peuples. Cela implique d’agir pour une véritable monnaie commune mondiale alternative au dollar à partir des droits de tirage du FMI panier de monnaies qui doit être réformé et élargi à d’autres monnaies. Le rôle du dollar doit reculer dans les échanges commerciaux comme dans les réserves mondiales ou le crédit. Contrairement au « pacte financier » conservateur et paternaliste proposé par E. Macron, il est urgent d’émettre massivement des financements mondiaux à taux très bas pour répondre aux besoins de développement de tous les peuples : affectés à la protection sociale, aux services publics, aux investissements écologiques et créateurs d’emploi.

L’essor et le juste partage des biens communs universels doivent être les forces motrices de la mise en place de ces coopérations internationales émancipatrices d’un nouveau type. Le PCF s’y emploiera et considère que c’est une responsabilité de l’ensemble des forces progressistes et communistes pour un monde et une humanité commune. La France et l’Union européenne ont une responsabilité majeure en ce sens, contre la montée des fractures dans le monde et contre la domination impériale du dollar et de sa logique de guerre et de divisions.


Lire aussi: L’élargissement des Brics l’aube d’un monde nouveau in Histoire & Société

 

À Strasbourg, Fabien Roussel tacle un président qui « ne vit pas en France » (Vidéo)

Le secrétaire national du PCF a prononcé son discours de rentrée samedi soir, à l’université d’été des communistes. Il a dressé les priorités de son parti, appelant les militants à se mobiliser pour la campagne des élections européennes.

La paix, le climat, la question sociale : ce sont les priorités du PCF pour cette rentrée, tracées par le secrétaire national Fabien Roussel ce samedi 26 août à Strasbourg. Le dirigeant communiste a pris la parole à l’issue de la deuxième journée de débats à l’université d’été de son parti. Un rendez-vous de fin d’été qu’il a qualifié de « nécessité, tellement les communistes ont une grande responsabilité ». Dans une salle qui a entonné l’Internationale avant la prise de parole de Fabien Roussel, ovationné les salariés en lutte de Clestra qui sont intervenus devant les communistes, le secrétaire national du PCF a choisi de démarrer son allocution par les « événements internationaux graves » liés à la guerre en Ukraine. Il a ainsi relancé son « plan de paix » en cinq points, qu’il a déjà proposé au président de la République. Continuer la lecture de À Strasbourg, Fabien Roussel tacle un président qui « ne vit pas en France » (Vidéo)

Pour une initiative de paix en Ukraine : courrier de Fabien Roussel au président de la République

Fabien Roussel s’est adressé au président de la République pour lui demander que la France prenne une initiative pour ramener la paix en Ukraine.

Télécharger le courrier

Monsieur le Président de la République,

Voici plus de seize mois que le peuple d’Ukraine subit le désastre de la guerre injustifiable déclenchée par la Russie et qu’il en paie le prix tous les jours, avec des morts, des personnes blessées, déplacées, des destructions ainsi qu’une catastrophe humanitaire et écologique.

Cette guerre a des conséquences internationales.

De lourdes menaces pèsent sur l’accord sur les exportations de céréales conclu en juillet 2022. Or, l’approvisionnement en blé de la Corne de l’Afrique, déjà menacée de famine, en dépend en grande partie. La déstabilisation possible du pouvoir en Russie ouvre la porte à l’inconnu pour la maîtrise du deuxième arsenal nucléaire mondial, ce dont personne en responsabilité ne peut se réjouir. Il faut y ajouter la course aux surarmements en Europe ainsi que certaines tentations à l’Est de l’Europe d’un engagement militaire direct.

Ces surenchères guerrières peuvent vite devenir incontrôlables.

Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous comptons sur une victoire militaire de l’Ukraine pour libérer ses territoires, hypothèse aujourd’hui jugée hautement incertaine, et qui aurait en tout état de cause un coût humain et matériel insupportable pour le peuple d’Ukraine et revêtirait des risques incommensurables pour les peuples du continent ; soit nous empruntons une autre voie – certes étroite, mais pouvant permettre d’éviter le pire -, la recherche d’une solution politique et diplomatique.

Du fait de son histoire, la France a une voix singulière à faire entendre, en faveur de la sécurité humaine et de la paix, du droit international et de la coopération solidaire des nations et des peuples.

En toute souveraineté, elle doit jouer un rôle moteur et actif dans la sortie du conflit. En s’engageant sur ce chemin, au lieu de soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN lors du sommet de Vilnius, la France rejoindra ainsi les propositions de paix déjà formulées par de nombreux gouvernements tels ceux du Brésil, d’Afrique du Sud, de Chine, de Colombie, sans parler du Vatican.

Les principes de paix que la France peut proposer devront correspondre aux principes de la Charte des Nations unies et de la sécurité commune en Europe, respecter la souveraineté des peuples, et donner les garanties réciproques de sécurité assurant une paix durable.

Ils pourraient être les suivants :
• L’évacuation immédiate et inconditionnelle des territoires que la Russie occupe depuis le 24 février 2022 ;
• La négociation d’un statut de neutralité pour l’Ukraine dans le cadre d’une protection internationale sous l’égide de l’ONU, en contrepartie duquel l’Ukraine renoncerait à rejoindre l’OTAN ;
• Une négociation sur les réparations de guerre et un contrôle de leur utilisation afin qu’elles soient concrètement utiles au peuple ukrainien et qu’elles n’alimentent pas la corruption ;
• L’acceptation par la Russie et par l’Ukraine d’un référendum internationalement contrôlé sur le statut de la Crimée et du Donbass, où la guerre a fait, entre 2014 et 2022, plus de 15 000 morts. La Russie renoncerait, ce faisant, aux résultats des référendums unilatéraux et sans valeur qu’elle a convoqués en 2022 dans les territoires occupés, ainsi qu’à celui de 2014 en Crimée ;
• Le retrait des armes nucléaires déployées en Biélorussie et le renoncement par Moscou aux armes nucléaires tactiques qui menacent directement l’Europe, à la suite duquel les forces de l’OTAN déployées en Europe reviendraient immédiatement à leur niveau de février 2022. Les négociations sur un désarmement multilatéral des forces nucléaires déployées en Europe pourraient dès lors reprendre, sur la base du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Cela rendrait possible l’ouverture, dès que les conditions le permettront, d’une conférence paneuropéenne de sécurité collective en vue d’interrompre, sur tout le continent, la dynamique de militarisation au profit de mesures de confiance réciproque.

Monsieur le Président de la République, je formule ces propositions sans ignorer les difficultés de la situation. Chaque jour, les logiques de force et l’aggravation des haines attisent l’incendie.

Mais, à quelques jours du sommet de l’OTAN à Vilnius, pouvons-nous assister sans réagir à l’engrenage fatal qui peut mener demain l’Europe à une guerre généralisée, ou, pire, l’accompagner comme le fait l’Alliance atlantique ?

Représentant notre pays, vous pouvez faire grandir la pression politique et diplomatique en faveur d’une solution rapide au conflit.

Je suis convaincu que c’est ce qu’attendent les Françaises et les Français, parce que cela correspond à l’idée qu’ils se font du rôle de notre pays dans le monde.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de ma haute considération.

Fabien Roussel
Secrétaire National du PCF
Député du Nord