Écologie et marxisme: Interview de John Bellamy Foster (in H & S)

Temps de lecture 23 minutes et temps d’analyse: une vie entière!

Histoire et société s’est orientée vers une confrontation tout azimut des courants se réclamant du « marxisme » en réponse aux défis de cette ère de basculement historique. Il y a une idée qui nous est chère, Marx ne crée pas une économie mais une critique de l’économie. La critique marxiste de l’économie politique du capital est essentielle à toute analyse écologique marxiste, et sa critique écologique est cruciale pour comprendre la stagnation économique actuelle. Elle participe à ce que nous élaborions une politique qui s’ancre sur la culture, la civilisation, elle en est le complément indispensable. On ne peut les dissocier, même si nous sommes souvent contraints de le faire pour des raisons analytiques. Elles constituent plutôt différents aspects de la crise matérielle de notre époque.

Écologie, 24 novembre 2025, John Bellamy Foster

LE MARXISME ÉCOLOGIQUE DANS L’ANTHROPOCÈNE

Xu Tao et Lv Jiayi : Vous exercez une grande influence sur le marxisme écologique. Vos textes sont des lectures essentielles pour les chercheurs marxistes du monde entier. Cependant, à notre connaissance, vos premiers travaux portaient sur l’économie politique marxiste et la théorie du développement capitaliste, en particulier la théorie du capital monopolistique de Paul M. Sweezy et Paul A. Baran. Qu’est-ce qui vous a amenés à réorienter vos recherches vers le marxisme écologique ? Avez-vous d’autres centres d’intérêt ou projets de recherche au sein de l’économie politique marxiste contemporaine ?

John Bellamy Foster : Vous avez raison, mes travaux se sont de plus en plus concentrés sur l’écologie, même si ce changement s’est inscrit davantage dans la continuité de mes recherches antérieures en économie politique qu’il ne s’agit d’une véritable réorientation. J’ai été attiré par la question écologique après avoir constaté que le capitalisme engendrait une crise écologique mondiale, enracinée dans son système d’accumulation de classes, et menaçant de plus en plus l’humanité tout entière. Parallèlement, j’ai continué à publier des travaux importants en économie politique. L’économie politique et l’écologie ne sont pas des domaines fondamentalement distincts. La critique marxiste de l’économie politique du capital est essentielle à toute analyse écologique marxiste, et sa critique écologique – aujourd’hui connue sous le nom de théorie de la rupture métabolique – est cruciale pour comprendre la stagnation économique actuelle. À mon sens, on ne peut les dissocier, même si nous sommes souvent contraints de le faire pour des raisons analytiques. Elles constituent plutôt différents aspects de la crise matérielle de notre époque.

À bien des égards, une grande partie de l’analyse économique associée à la  revue Monthly Review  , qui traite du lien entre stagnation et explosion financière  (Stagnation et explosion financière  , titre de l’ouvrage de Harry Magdoff et Paul M. Sweezy paru en 1986), a été généralisée depuis la grande crise financière de 2007-2010. Or, étant donné que ces problèmes sont manifestement inhérents à l’accumulation au service du capital financier monopolistique, le système manque de réponses et cherche constamment à détourner l’attention de la contradiction fondamentale : le capital lui-même. Actuellement, les questions de militarisme, d’impérialisme et d’environnement planétaire, qui constituent ensemble une crise existentielle pour l’humanité, prennent souvent le pas sur l’analyse directe de la crise économique, bien qu’elles soient intrinsèquement liées. Continuer la lecture de Écologie et marxisme: Interview de John Bellamy Foster (in H & S)

Le RN veut rouvrir les maisons closes ? Choquant mais pas étonnant

Une démonstration parfaite de l’idéologie réactionnaire du Rassemblement national digne d’un temps où les femmes n’avaient aucun autre droit que de servir les hommes jusque dans leur chair.

Nous refusons de laisser penser que la marchandisation, la contractualisation des corps peut être régulée, encadrée, qu’on puisse négocier avec une telle atteinte à l’intégrité physique et morale des femmes. Continuer la lecture de Le RN veut rouvrir les maisons closes ? Choquant mais pas étonnant

Laïcité, justice sociale et école, un pilier républicain sous tension par Jean-Paul Delahaye

JEAN PAUL DELAHAYE Une image contenant Visage humain, personne, sourire, habits Description générée automatiquement « 143 ans après la loi Jules Ferry de 1882 qui a séparé les Églises de l’École, et 120 ans après la loi de 1905 qui a séparé les Églises de l’État, la question est de savoir si le principe de laïcité qui a puissamment contribué, grâce à ces lois, à forger l’unité de notre peuple autour de valeurs partagées, permettra en 2025 à notre République de faire vivre paisiblement la diversité qui est celle de la France d’aujourd’hui. Unité et diversité doivent tenir ensemble » écrit Jean-Paul Delahaye dans ce texte*.

L’inspecteur général de l’éducation nationale honoraire y revient sur des enjeux de la laïcité pour la société et l’école. Il souligne les enjeux politiques de l’exemplarité de l’institution scolaire, comme celui de la lutte contre les inégalités et du séparatisme social et leurs effets sur l’instrumentalisation par l’extrême-droite et par le religieux. Il rappelle la mise en garde de Jean Jaurès, aux accents actuels :  « La République doit être laïque et sociale mais restera laïque parce qu’elle aura su être sociale.» Continuer la lecture de Laïcité, justice sociale et école, un pilier républicain sous tension par Jean-Paul Delahaye

MAC devient « Démocrite, de la vie de la cité à l’actualité internationale »

Depuis 2008, Moissac Au Cœur s’est imposé dans le paysage politique local!

Sa définition actuelle n’a plus lieu d’être et en devenant Démocrite « de la vie de la cité à l’actualité internationale », ce site va essayer de répondre aux besoins de débats, de compréhension et d’appréciations de l’actualité tant locale que nationale et au delà.

Chercher et croiser des informations, alimenter les internautes en contenus, le site continuera son rôle de mise à disposition d’une réflexion qui échappe aux médias dominants.

Peut-être que dans un avenir proche, il évoluera vers une communication plus moderne. Pour autant, prendre le temps de lire, s’est déjà comprendre le monde sans les artifices de l’immédiateté si prisés sur les réseaux sociaux de nos jours!

Enfin, le changement de nom de domaine est en cours, ainsi que les différentes extensions nécessaires.

Merci de rester fidèles!

Parler vrai à propos de ce qui se passe dans la Seine Saint Denis et autres lieux… par Danielle Bleitrach

Il y avait d’autres choix possibles, nous aurions préféré celui de tenir bon devant les liquidateurs. Ce qui se passait à l’humanité, comme dans la fête de ce journal et dans le groupe qui n’était même plus communiste disait clairement l’ampleur de la destruction « à la découpe » de ce parti. Il n’y a rien de nouveau, simplement dans le parti comme au plan de la situation française, les masques tombent parce que la situation géopolitique les lézardent et qu’ils sont contraints, de plus en plus minoritaires, de montrer ce qu’ils sont. Le problème n’est donc pas seulement eux mais la faiblesse de la majorité et sa désorganisation théorique, politique qui freine l’intervention populaire.

Il faut construire et faire la clarté … Continuer la lecture de Parler vrai à propos de ce qui se passe dans la Seine Saint Denis et autres lieux… par Danielle Bleitrach

La liste Castelsarrasin en Commun est officiellement bouclée ( + Appels à soutiens)

Castelsarrasin - La liste Castelsarrasin en Commun est officiellement bouclée

Par Castelsarrasin en commun, le 07 Décembre 2025

La liste Castelsarrasin en Commun, menée par Julien Sueres pour les prochaines élections municipales, est désormais complète. Les 33 noms nécessaires au dépôt en préfecture ont été réunis. Elle rassemble des femmes et des hommes issus d’horizons variés : présidents-es d’association, personnels de santé, policiers en service ou retraités, enseignants, agents de l’éducation nationale, éducateurs spécialisés du secteur du handicap, ouvriers et employés, artisan, mais aussi plusieurs jeunes étudiants et jeunes travailleurs de moins de 20 ans. « Cette diversité n’est pas un hasard : elle reflète notre volonté de bâtir une équipe qui ressemble à Castelsarrasin et qui porte la voix de celles et ceux qui vivent réellement la ville », souligne Julien Sueres.

La liste Castelsarrasin en Commun concrétise également l’union de la gauche sur la commune. Elle bénéficie du soutien du Parti socialiste, du Parti communiste français, des écologistes, de Place Publique et de Génération.s. Continuer la lecture de La liste Castelsarrasin en Commun est officiellement bouclée ( + Appels à soutiens)

Quelle industrialisation pour la France ?

L’objectif est revenu au centre du débat politique. Reconstruire après avoir méthodiquement sacrifié un appareil productif sur l’autel de la financiarisation ne sera pas simple. Sauf si l’État revient au centre du jeu et impose un rapport de force en Europe.

« Revenir à une politique industrielle suppose de repartir des territoires et du travail réel, et de rompre avec la logique financière qui a accompagné ce déclin », estime Marie-Claire Cailletaud.
© Xavier POPY/REA

 

L’industrie est revenue au cœur du débat après avoir été considérée comme dépassée durant des décennies. Trop tard ? Si les filières qui ont été détruites par la financiarisation du capitalisme ont peu de chance de renaître, les enjeux du monde contemporain offrent de nouvelles perspectives. À l’invitation de la revue Progressistes et de son rédacteur en chef Flavien Ronteix, quatre intervenants et acteurs de terrain en débattaient à l’Espace sciences et numérique de la Fête de l’Humanité, en septembre dernier.

Dans quel état le système productif est-il, en France ?

Marie-Claire Cailletaud, Conseillère honoraire CGT au conseil économique, social et environnemental (Cese)

 

La France a subi une désindustrialisation massive : part de l’industrie divisée par deux, deux millions d’emplois perdus, filières entières démantelées. Dans les territoires, chaque fermeture d’usine détruit des emplois stables, affaiblit les services publics et alimente un profond sentiment d’abandon. Sans industrie, il n’y a plus de cohésion ni de projet commun. Ce déclin vient de choix idéologiques : la croyance dans une « société postindustrielle » et l’idée que la Chine resterait l’atelier du monde. Continuer la lecture de Quelle industrialisation pour la France ?

Journée internationale des personnes handicapées : des droits effectifs et l’égalité réelle, ici comme ailleurs

La question du handicap est une question politique et de droits humains. L’ONU l’a rappelé à plusieurs reprises à la France depuis 2017 : notre pays a signé et ratifié une convention internationale relative aux droits des personnes handicapées en 2010 mais ne la respecte pas et bafoue les droits de plus de 7,7 millions de nos concitoyens. Continuer la lecture de Journée internationale des personnes handicapées : des droits effectifs et l’égalité réelle, ici comme ailleurs

Un enseignement agricole public fragilisé : les parlementaires interpellés

Quand un syndicat s’invite à l’Assemblée nationale… Le SNETAP-FSU, première organisation de l’enseignement agricole public, a appelé ce mercredi 3 décembre les parlementaires à garantir des moyens à la hauteur des enjeux de souveraineté alimentaire, de transition agroécologique et de renouvellement des générations agricoles. Le syndicat dénonce le manque d’engagement du ministère pour renouveler les générations d’agriculteurs et accompagner l’adaptation au changement climatique, malgré la récente loi LOSARGA (loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture).

Un rôle majeur dans la formation des futurs agriculteurs

L’enseignement agricole public forme la majorité des futurs agriculteurs. En 2024, il accueille 60 491 élèves, dont 19 754 dans les filières de production agricole et agroalimentaire. À l’inverse, l’enseignement privé scolarise davantage d’élèves, avec 94 872 inscrits, mais seulement 12 % d’entre eux suivent des formations en production agricole.

Les lycées agricoles forment également aux métiers du paysage, de la forêt, de la gestion de l’eau et des espaces naturels, des services en milieu rural ou encore du secteur hippique.

La filière couvre tous les niveaux, de la quatrième jusqu’aux écoles d’ingénieurs et vétérinaires, grâce à ses lycées, CFA, CFPPA (établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles) et établissements d’enseignement supérieur, et répond ainsi aux besoins de compétences des territoires. Le syndicat souligne que l’enseignement agricole public « ce n’est pas que la production agricole et l’agroalimentaire ».

Une situation démographique critique

Près de 50 % des agriculteurs vont partir à la retraite dans les cinq à huit prochaines années. Actuellement, le nombre d’installations annuelles est estimé entre 13 000 et 14 000, ce qui reste insuffisant face aux 20 000 départs chaque année. Pour le Snetap-FSU, il est indispensable de renforcer l’enseignement agricole public, seul à disposer du maillage territorial et des structures nécessaires pour former la relève : « Seul l’enseignement agricole public est en capacité de permettre l’accès à un parcours à l’installation ambitieux et ouvert à tous les publics. »

Un enseignement agricole public fragilisé

Le SNETAP-FSU dénonce un affaiblissement progressif du service public d’enseignement agricole. Depuis 2019, les budgets successifs traduisent un désengagement de l’État, avec plus de 231 emplois supprimés. Dans le projet de loi de finances 2026, le titre 2 dédié à l’enseignement agricole public diminue encore de 2,6 %, tandis que les financements de l’enseignement privé continuent de progresser, notamment pour les MFR et établissements sous contrat.

Le syndicat précise que les petits lycées professionnels agricoles sont particulièrement touchés, avec de nombreux postes de titulaires non remplacés et un recours accru à des contractuels précaires. De nombreux EPLEFPA (établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricoles) se retrouvent également en grandes difficultés financières. Dans ce contexte, certaines équipes éducatives peinent à maintenir leurs ambitions faute de moyens stables. Le syndicat résume ainsi : « Ceux qui trinquent dans les budgets successifs, c’est nous. »

Un risque croissant d’affaiblissement du service public face au privé

Dans son interpellation, le SNETAP-FSU alerte contre la confusion créée avec le Bachelor agro, un diplôme de niveau 5 dont l’appellation a été désapprouvée par le Conseil d’État. Selon le syndicat : « La création d’un Bachelor agro … va créer de la confusion, sans doute recherchée, avec les bachelors du privé, diplômes non reconnus par l’État. » Ce diplôme ne résoudra pas le problème central du manque d’attractivité du BTS agricole, diplôme essentiel pour l’installation des futurs agriculteurs, et pourrait favoriser un développement des formations privées au détriment du service public.

Le syndicat critique également la modification de la composition des instances de l’enseignement agricole, qui accorde davantage de représentation aux établissements privés dans le CNESERAAV : « Une première qui ne retrouve pas son équivalent dans le ministère de l’enseignement supérieur de l’Éducation nationale. »

Enfin, le modèle des MFR, qui combine formation scolaire et alternance en entreprise, repose sur des financements multiples et parfois opaques, sans répondre aux besoins de renouvellement des générations agricoles : « On est loin de répondre aux ambitions du renouvellement des générations d’agriculteurs et agricultrices. »

Un appel à un budget à la hauteur des enjeux

Face aux défis climatiques, démographiques et économiques, le syndicat estime qu’un budget ambitieux manque pour consolider le service public. Il demande des équipes complètes, des AESH en nombre suffisant, des personnels administratifs et de santé dans chaque établissement, des groupes pédagogiques réduits pour garantir la sécurité des travaux pratiques, et des moyens renforcés pour accompagner tous les élèves, apprentis et stagiaires vers la réussite.

Comme le concluent les co-secrétaires généraux du syndicat Laurence Dautraix et Frédéric Chassagnette : « Il est plus que temps que l’enseignement agricole public dispose enfin d’un budget qui conforte le service public, ses missions et accompagne tous nos élèves, étudiant·es, apprenti·es et stagiaires dans un parcours de réussite. »

Djéhanne Gani

L’âcre goût du grand capital dans nos assiettes

Il m’arrive souvent de répondre à des interlocuteurs déclarant qu’ils ne font pas de politique, que, pourtant la politique se niche jusque dans leur assiette.

Nous venons d’en avoir un sinistre aperçu en cette fin du mois de novembre. Il oblige à réfléchir tant il éclaire les choix du pouvoir en faveur du grand capital agro-alimentaire international. Continuer la lecture de L’âcre goût du grand capital dans nos assiettes