Communiqué du Groupe Local Pole Ecologiste du Tarn-et-Garonne

 

Depuis l’élection présidentielle, un formidable travail a été engagé collectivement dans le Tarn-et-Garonne entre les différentes composantes de la NUPES, pour faire avancer des propositions écologiques et sociales compatibles avec la situation de notre territoire.

Nous pouvons donc sincèrement nous réjouir de cette avancée historique et pleine d’espoir pour l’avenir dans un département au système politique déliquescent qui, élection après élection, voit l’extrême droite gagner du terrain.

Ces élections législatives ne font pas exception puisque sur les deux circonscriptions, des candidats RN sont qualifiés au second tour.

Nous comprenons la désespérance des citoyennes et citoyens qui voient la misère sociale côtoyer le somnambulisme de dirigeants politiques aveugles aux changements nécessaires pour conserver un territoire habitable. Cependant, nous ne pouvons accepter un vote diamétralement opposé à nos valeurs, marqué essentiellement par la haine de l’autre et de la démocratie, par l’incompétence économique et la négation des réalités scientifiques.

C’est pourquoi, dans les deux circonscriptions, nous prendrons, dimanche prochain, nos responsabilités pour empêcher l’extrême droite de remporter cette élection et voterons pour Valérie Rabault et Christian Astruc.

Pour la suite, nous appelons les citoyennes et citoyens habités par la volonté de concilier progrès social et transition écologique pour notre territoire à poursuivre avec nous le travail. De nombreux chantiers nous attendent.

Rodolphe Portolès : « Des politiques régionales utiles à nos jeunes comme à leurs familles »

Elu l’an dernier sur la liste de Carole Delga aux élections régionales, le communiste Rodolphe Portolès est venu pour la troisième fois ce jeudi à la rencontre des militants et citoyens de Castelsarrasin rendre compte de son travail au conseil régional.

Président de la commission éducation au conseil régional, c’est évidemment sur ce sujet qu’il a lancé la discussion. « Je suis très fier de faire parti d’une majorité de gauche, qui dans sa diversité, est en capacité de mettre en œuvre des politiques utiles à nos jeunes comme à leurs familles. Je pense particulièrement à la carte jeune pour les lycéens, à l’ordinateur pour tous les élèves de seconde, aux transports scolaires gratuits, autant de dispositifs régionaux qui font de l’Occitanie la rentrée scolaire la moins chère de France », a détaillé Rodolphe Portolès, rappelant également que désormais les lycéens, via la carte jeune, peuvent être formés gratuitement aux premiers secours. Continuer la lecture de Rodolphe Portolès : « Des politiques régionales utiles à nos jeunes comme à leurs familles »

Intervention du comité de défense au Conseil Communautaire du 7 juin 2022 à Castelmayran. (Gilles Neupont)

Mesdames et Messieurs les Élus,

Le Comité de Défense du CHIC Castelsarrasin-Moissac n’a pas l’intention de perturber votre séance de travail abusivement, mais souhaite profiter de votre réunion ce soir pour vous faire part de notre interrogation au sujet de votre absence de réponses à nos différentes invitations successives.

En effet, nous vous avons proposé un questionnaire sur les difficultés rencontrées localement dans le domaine de la santé mais n’avons reçu aucune réponse.

De même, nous vous avons invités à participer aux rassemblements contre la fermeture des Urgences de nuit ; hélas, nous avons été déçus par la faible participation d’élus alors que nous pensions que vous auriez à cœur de soutenir publiquement la défense de cet outil commun en matière de soins qu’est l’hôpital public intercommunal Castel-Moissac, en solidarité avec la population.  Pour être justes, permettez nous d’ouvrir une parenthèse pour souligner, tout de même, la présence régulière d’une délégation du Conseil Municipal de Castelsarrasin et les en remercier.

Nous rappellons que l’une des missions dévolues au Conseil Communautaire a trait à la politique locale de santé. C’est aussi pourquoi nous voudrions connaître,
– d’une part, l’évolution de cette mission confiée à un personnel en poste à la Maison de l’Intercommunalité,
– d’autre part, les véritables objectifs que vous lui assignez,
– enfin, le bilan actuel de la situation sanitaire du territoire de Terres des Confluences et les actions entreprises, tout particulièrement pour que soit assurée la complémentarité hôpital public-médecine de ville.

Notre démarche est guidée par l’intérêt général et non le dénigrement. Nous rappelons que notre association a pour objectif de:

« défendre la pérennité, la qualité, la diversité et faire la promotion de l’offre de soin du Centre Hospitalier Intercommunal de Castelsarrasin-Moissac. La poursuite de ces objectifs se fera au travers d’actions de communication vers les populations concernées, de concertations et négociations avec les différentes autorités parties prenantes, ARS, direction de l’hôpital intercommunal, assemblée départementale, intercommunalités, mairies, médecins, sans que cette liste ne soit limitative. L’association pourra également organiser et/ou participer et/ou s’associer à toute action revendicative liée à son objet, sur le domaine public. » (extraits des statuts de l’association).

L’intercommunalité, comme les mairies, font partie de nos interlocuteurs possibles pour faire avancer la résolution des problèmes rencontrés par les citoyens en demande de soins ou de prévention.

Voilà pourquoi ce soir nous tenions à réitérer notre demande de soutien, si ce n’est de participation à la défense de l’hôpital public de notre territoire.

Nous vous remercions de nous avoir permis de nous exprimer et gageons sur votre compréhension de l’esprit qui nous anime en toute indépendance.

Pour le Comité de défense du CHIC, Gilles Neupont.

La santé à l’école (en morceaux) In Caf. Péda. + le contenu de la revue Sèvres

Existe-il des convergences entre les systèmes éducatifs sur la santé à l’école ? La question pourrait sembler urgente puisqu’on sort (?) d’une pandémie mondiale particulièrement sévère. Le nouveau numéro de la Revue internationale d’éducation de Sèvres (n°89) n’apporte pas vraiment de réponses. Mais il laisse deviner des évolutions mondiales tant en ce qui concerne la médicalisation croissante des difficultés scolaires des élèves que le rapprochement (timide) entre professionnels de santé, parents et enseignants.

Frustrations

Quand on interroge des enseignants sur la question de la santé à l’école, remontent les mêmes questions. Comment le covid est-il été géré et particulièrement son impact sur les élèves et le système éducatif ? Que sait-on de la santé des enseignants ? Où en est la médecine scolaire ? Voilà trois questions restées sans réponse dans ce numéro de la Revue internationale de Sèvres (n°89). Les coordinateurs du numéro, Hélène Buisson Fenet et Yannick Tenne, ont fait le choix de ne pas les traiter. On n’aura pas plus d’écho des statistiques mondiales sur le bien être à l’Ecole. Coté frustrations ça fait beaucoup ! Continuer la lecture de La santé à l’école (en morceaux) In Caf. Péda. + le contenu de la revue Sèvres

Victime de prix bas, la filière laitière va de mal en pis

Les éleveurs tirent la sonnette d’alarme : sans augmentation du prix du litre, la hausse des coûts des matières premières aura raison de nombre d’exploitations.

Photo JEAN-FRANCOIS MONIER. AFP

 

Joyeuse journée mondiale du lait ! La dernière édition, le 1er juin dernier, a été particulièrement lugubre. En France, selon la Fédération nationale des producteurs de lait, il manque en moyenne 50 euros par 1 000 litres livrés aux industriels pour permettre aux producteurs de gagner leur vie. Concernant le lait en bouteille plastique, les prix de ces flacons ont augmenté de plus de 70 % ces derniers mois et ceux des cartons d’emballage de 40 %.

Selon un communiqué publié le 27 par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), affiliée à la FNSEA, « l’amont de la filière est aujourd’hui à un tournant décisif ». Car « la décapitalisation est en marche, même dans les régions très laitières ». Dit autrement, faute d’en tirer un revenu décent, de plus en plus de producteurs laitiers décident de s’orienter vers d’autres productions, surtout en céréales et graines à huile. Car les prix du blé, du maïs, du colza et du tournesol sont en hausse sensible depuis des mois. Continuer la lecture de Victime de prix bas, la filière laitière va de mal en pis

Salaire, prix, profit, une bataille sans précédent

Si le gouvernement croit calmer le mécontentement des salariés par des primes sensées compenser les pertes de pouvoir d’achat, une nouvelle fois il se trompe. Les 26Mds d’€ qu’il compte mobiliser dans la « loi pouvoir d’achat » n’y feront rien. Le retour de l’inflation accompagné de la revendication d’augmentation des salaires marque une nouvelle phase de la crise qui affecte notre économie et son mode de gestion libérale.

Alors que la hausse des prix en tendance annuelle était voisine de zéro, la voilà qui oscille à présent entre +4% et +8 %. Les causes immédiates sont les prix du gaz et du pétrole, les cours des produits agricoles de base, les conséquences des affrontements guerriers qui se multiplient, de l’Ukraine à l’Afrique. En rester à une explication purement conjoncturelle, occulte la signification de ce retour de l’inflation qui signe comme jamais la faillite du capitalisme financiarisé.

Le point de départ se situe en 1982. Le gouvernement Mauroy-Delors met fin à l’indexation des salaires sur les prix, mesure qui a coïncidé avec le début d’une longue croissance du prix des actifs 1. Les ménages modestes, douloureusement affectés par une austérité sans précédent étaient censés retrouver dans la baisse des prix des produits de consommation ce qu’ils avaient perdu en salaires. Un marché de dupes ! La politique de stabilisation de la monnaie dont se prévalait le capitalisme financiarisé cachait de fait un gonflement spéculatif sans précédent du prix des actifs financiers et de l’immobilier. Les « bulles financières » se sont succédé, bulle internet, bulle immobilière…L’appétit de profit augmentant en proportion du gonflement de la Bourse, les financiers ont imposé un partage de la valeur ajoutée défavorable aux salariés afin de s’assurer la valorisation de cette immense accumulation.

Ceci ne suffisant plus, la hausse des prix fait son retour avec fracas, façon parmi d’autres de gonfler des profits déjà obtenus. Et voilà toutes les conditions réunies pour le développement d’un mouvement qui s’entretient de lui-même, une véritable « boucle prix- profit » Les autorités monétaires entendent s’attaquer à cet emballement inflationniste en augmentant les taux d’intérêt. Mais cette augmentation ralentit l’activité économique, et ne fait que peser négativement sur la situation des salariés, leur condition d’emploi, grignotant leur épargne de précaution placée sur des livrets à taux fixe comme le Livret A.

Dans l’immédiat la bataille pour le partage de la richesse produite, non seulement se poursuit mais se durcit. Et il n’a pas fallu bien longtemps pour que l’on nous explique que l’augmentation des salaires – sûrement souhaitable – n’était plus possible sinon à engendrer une « dangereuse spirale inflationniste ». Sous-entendu, les majorations de salaires entraineraient une nouvelle augmentation des prix.

La hausse des prix ne s’interrompt pas, et si l’exigence de ré indexation des salaires sur l’évolution des prix est plus que justifiée, la qualité de l’indice de prix de référence en l’état de la production statistique actuelle ne permet guère d’appréhender l’évolution réelle du cout de la vie.

Si le blocage des prix, par décision politique se justifie sur certains produits soumis à une pression spéculative comme les produits agricoles de base que nous cultivons, un blocage administratif des prix ne peut suffire à enrayer la spirale inflationniste. La mise en œuvre d’une réforme fiscale imposant les profits spéculatifs permettrait de s’attaquer à la formation des marges par les entreprises dominantes. Un droit de regard approfondi doit être donné aux syndicats et aux salariés sur la fixation des marges tant dans la production que dans la distribution. Un arsenal de mesures qui nous éviterait de tomber dans une grave récession.

1 Le CAC40 principal indice de la bourse de Paris, voit sa valeur multipliée par six en 30 ans alors que la croissance du salaire (réel par unité de consommation) est divisée par six.

Boris Cyrulnik, «l’arme de la dictature, c’est le conformisme»

Dans sa quête de compréhension des malheurs du monde, le neuropsychiatre de renom Boris Cyrulnik analyse la tentation confortable de céder au dangereux aveuglement de l’embrigadement et lui oppose la pensée guidée par l’expérience sensible et le questionnement, l’esprit libre de ceux qui creusent leur propre sillon. Brûlant d’actualité.

Le père de la résilience, concept surexploité à l’insu de son créateur, poursuit sa quête de vérité : comment donner un sens à l’insensé ?

Surtout connu pour avoir développé le concept de résilience, le neurologue et psychanalyste, qui, à 7 ans, a échappé à la mort que lui promettait une idéologie meurtrière, poursuit son exploration des mécanismes de la psychologie humaine. Dans son dernier ouvrage, « le Laboureur et les Mangeurs de vent », il tente d’expliquer les mécanismes qui conduisent certains à se repaître de rassurants discours totalitaires jusqu’à l’aveuglement, au meurtre ou au génocide, tandis que d’autres s’emploient à penser par eux-mêmes, portés vers l’heuristique et l’empathie.

Quand et comment vous est apparue la distinction entre ceux qui ont une pensée ancrée dans le réel et ceux qui adhèrent à des discours préfabriqués ?

Boris Cyrulnik

Neuropsychiatre

C’est un problème que je me pose depuis mon enfance. Je me demande pourquoi certains parmi nous peuvent avoir des idées complètement coupées de la réalité. J’ai subi la guerre de 1940 et j’ai connu celle d’Algérie. J’ai pu constater à chaque fois qu’il y a deux manières d’aborder ces crises majeures. On peut les comprendre parce que l’on connaît l’autre, on le rencontre, on débat avec lui. C’est ce qu’Hannah Arendt appelle le récit enraciné. Au contraire, on peut aussi adhérer à un récit coupé de la réalité sensible. C’est ce que j’appelle aujourd’hui le délire logique. Le mot « délire » se décompose ainsi : « de » privatif, qui signifie « sans », et « lira », qui est « le sillon creusé dans la terre ». Et j’ajoute « logique », puisqu’il s’agit en général de discours très cohérents et qu’il n’est pas nécessaire d’être psychotique pour être délirant. Continuer la lecture de Boris Cyrulnik, «l’arme de la dictature, c’est le conformisme»

Urgences en péril : la carte des 120 hôpitaux concernés, les témoignages de soignants + Appel à manifester à Moissac

NDLR de MAC: Rassemblement mardi 31 devant le CHIC à Moissac à 18h00  (Communiqué de presse manif du 31 05 2022 )

À Bordeaux, Rennes ou encore Oloron-Sainte-Marie, rares sont les hôpitaux épargnés par la crise de ces services vitaux. Partout, bricolages et bouts de ficelle soutiennent l’édifice. Pour combien de temps ? La parole à celles et ceux qui sont encore et toujours en première ligne pour pallier le manque de moyens.

Tous les établissements publics sont désormais touchés. Face à cette situation, la CGT et neuf syndicats et collectifs appellent à une journée d’action nationale le 7 juin prochain. Rémi Dugne/La Montagne/MaxPPP

Tous les établissements publics sont désormais touchés. Face à cette situation, la CGT et neuf syndicats et collectifs appellent à une journée d’action nationale le 7 juin prochain. Rémi Dugne/La Montagne/MaxPPP PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP

Au moins 120 services d’urgence contraints de limiter leur activité en France. L’ampleur est inédite. Des hôpitaux de proximité aux CHU, tous les établissements publics sont désormais touchés. Face à cette situation, la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, promet de nouvelles mesures avant cette saison estivale qui s’annonce chaotique.

La carte des services d'urgence en difficulté en France. Infographie Humanité

La carte des services d’urgence en difficulté en France. Infographie Humanité

Pour Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT santé et action sociale, il est plus que temps d’agir. « On se demande comment on va continuer à tenir avec les collègues qui démissionnent. Tant qu’il n’y aura pas d’augmentation significative des salaires et des recrutements massifs, ça continuera de se dégrader. » La CGT et neuf syndicats et collectifs appellent à une journée d’action nationale le 7 juin prochain. Continuer la lecture de Urgences en péril : la carte des 120 hôpitaux concernés, les témoignages de soignants + Appel à manifester à Moissac

Qu’est-ce que l’impérialisme ? (texte de réflexions)

Temps de lecture: environ 25 minutes

L’impérialisme ne se résume pas à une certaine configuration des relations internationales. C’est une ère nouvelle du capitalisme et donc de l’histoire de l’humanité, l’ère de la dictature totale des monopoles et du pourrissement des sociétés.

Maîtres et valet – Contre les 200 familles – 1936 (PCF / Wikipédia)

L’impérialisme est une ère, une période nouvelle du mode de production capitaliste. On peut résumer l’impérialisme pris sous toutes ses coutures dans une unique sentence : l’impérialisme est la dictature totale des monopoles capitalistes. Elle est totale car elle touche tous les domaines de la vie humaine. La vie politique, la vie économique, mais aussi la vie culturelle, la santé et même la vie sexuelle des humains sont affectées par l’impérialisme. Il est vain de chercher à séparer ces aspects. On peut seulement les distinguer les uns des autres. Est impérialiste tout ce qui relève de cette dictature mondiale et totale des monopoles, tout ce qui assoit leur pouvoir sur les êtres et les choses.

Le qualificatif d’impérialiste est très employé par la gauche anti-libérale pour flétrir les grandes puissances, en particulier les États-Unis, qui oppriment des peuples entiers en les exploitant eux et leurs ressources naturelles. C’est un mot qui pue le soufre comme la traînée toxique émise par le président Bush que Hugo Chavez avait déclaré avoir senti en passant après lui à la tribune de l’ONU. L’ardeur anti-impérialiste du feu président vénézuélien vivifie encore les esprits combattants et patriotes du monde entier, rayonnant depuis la Fleur des Quatre éléments du Cuartel de la Montaña sur laquelle il repose pour l’éternité. Il en faut, de l’ardeur et de l’enthousiasme, pour faire échec à l’impérialisme. Continuer la lecture de Qu’est-ce que l’impérialisme ? (texte de réflexions)

Alain Supiot : « Une société qui donne pour idéal à sa jeunesse de devenir millionnaire se condamne à la répétition des crises »

Le juriste, professeur émérite au Collège de France, publie la Justice au travail, ouvrage dans lequel il met en perspective historique cette grande question et analyse les évolutions en cours. Il présente, d’autre part, une nouvelle édition des Lettres persanes. Dans nos colonnes, il appelle à dépasser l’opposition entre justice distributive et justice recognitive, c’est-à-dire entre ce qu’on nomme aujourd’hui le « social » et le « sociétal ». Entretien.

Alain Supiot, juriste, professeur émérite au Collège de France. Hannah ASSOULINE/opale

Alain Supiot, juriste, professeur émérite au Collège de France. Hannah ASSOULINE/opale

Alain Supiot a occupé la chaire « État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités » au Collège de France. Le professeur émérite a été membre, de 2016 à 2018, de la Commission mondiale sur l’avenir du travail. Ses travaux de juriste se sont principalement déployés sur deux terrains complémentaires : le droit social et la théorie du droit. Ses recherches en cours portent sur les mutations de l’État social dans le contexte de la globalisation.

Le titre de votre ouvrage, la Justice au travail (1), a, selon vous, une double signification : la « juste répartition du travail et de ses fruits » et « l’exigence de justice comme force historique ». Comment articulez-vous ces deux dimensions ?

La justice a souvent été conçue comme un ordre idéal et immuable auquel il conviendrait de se conformer. Mais c’est bien plutôt l’expérience historiquement changeante de l’injustice qui est première. C’est la misère ouvrière engendrée par l’essor du capitalisme industriel qui a suscité, au XIXe siècle, la volonté d’en comprendre les causes et d’en combattre l’extension. Cette expérience diffère de celle que peuvent avoir aujourd’hui les travailleurs sous plateforme ou les personnels de santé soumis au pilotage par indicateurs chiffrés. Continuer la lecture de Alain Supiot : « Une société qui donne pour idéal à sa jeunesse de devenir millionnaire se condamne à la répétition des crises »