« Cette tribune, met l’accent sur le grand retour de l’extrême droite dans l’école dont on parle à mon avis trop peu » explique Laurence De Cock. L’enseignante et historienne revient sur les différentes attaques des réseaux liés à la mouvance intégriste et d’extrême droite, notamment à destination de Marion Rouxin autrice du livre-disque « Fille ou garçon ? Des chansons pour se poser des questions ».
Les récents drames, allant jusqu’aux suicides d’enfants liés au harcèlement à l’école, ont montré l’importance de l’éducation à la sexualité dès le plus jeune âge. De ce point de vue, le ministre Pap Ndiaye a raison d’en avoir fait l’une de ses priorités. Cette dernière doit commencer dès le début de la scolarisation parce qu’il s’agit d’un enjeu de santé publique. Elle recoupe de très nombreux aspects : la connaissance de son corps, la réflexion sur l’intimité, le consentement, les émotions ; l’interrogation sur le féminin, le masculin, leur articulation et leur place dans la société. Elle permet de travailler le langage, l’apprentissage du questionnement, et participe ainsi à l’esprit critique. Surtout, elle contribue à dénaturaliser des rapports de domination, notamment entre filles et garçons, et à accueillir toutes les différences entre enfants qui sont encore trop génératrices de violences et de souffrances. L’éducation à la sexualité interroge enfin les normes comme des construits sociaux, ce qui est très apaisant pour des enfants qui ne s’y reconnaissent pas et nourrissent des sentiments d’autodisqualification dangereux pour leur construction identitaire.
Les vertus de la création artistique et littéraire
Depuis longtemps la littérature jeunesse et le spectacle vivant travaillent sur ces sujets. Récemment, l’autrice, compositrice, interprète Marion Rouxin a publié un ouvrage en collaboration avec Hélène Réveillard, praticienne philosophe. Il s’agit d’un livre-disque intitulé « Fille ou garçon ? Des chansons pour se poser des questions ».
Pesticides réautorisés, retenues d’eau encouragées, enjeux sanitaires évacués… La proposition de loi « pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France », soumise au vote ce mardi au Sénat, affiche de nombreux reculs environnementaux.
Pour Générations futures, la proposition de loi « va totalement à l’encontre de l’objectif de réduction des pesticides porté par l’Union européenne et la France depuis quinze ans ». Jean-François Monier/AFP
C’est un véritable cheval de Troie de l’industrie agroalimentaire. Portée par les trois sénateurs Laurent Duplomb (LR), Pierre Louault (Modem) et Serge Mérillou (PS), la proposition de loi « pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France », qui doit être votée solennellement ce mardi 23 mai au Palais du Luxembourg, après l’examen en première lecture, est aussi régressive que néfaste pour l’agriculture et la santé des consommateurs.
Un texte sur mesure pour les lobbies phytosanitaires…
Premier exemple, des pesticides 2.0, épandus à coups de drones : l’article 8 de ce texte autorise, via des dérogations, l’usage « d’aéronefs télépilotés ou contrôlés par intelligence artificielle pour la pulvérisation aérienne de produits phytopharmaceutiques ». Pourtant, l’épandage aérien est interdit depuis 2009 par une directive européenne du fait de risques élevés de dispersion dans l’air à proximité des habitations. Continuer la lecture de « Ferme France », une loi pour irriguer l’agrobusiness
Après moult reports, le protocole mixité entre le ministère de l’Éducation nationale et le secrétaire général de l’Enseignement catholique (Sgec) a enfin été signé. Mais non coercitif, il est loin de représenter le projet ambitieux porté par le Ministre depuis des mois. Ce protocole est construit « dans l’écoute et le partage dans une dynamique de trajectoire » nous confie Philippe Delorme, secrétaire général de l’Enseignement catholique qui se dit satisfait. « Si on sort de postures idéologiques, de part et d’autre, on est capables, dans un dialogue constructif, de montrer que c’est dans l’intérêt du bien commun. Si la question de la mixité sociale et scolaire est un enjeu national, il faut que tout af. Péda.le monde s’y mette, même les collectivités » explique-t-il au Café pédagogique. « Nous ne croyons pas aux injonctions autoritaires qui feraient bouger les choses » ajoute-t-il. Et cela tombe bien, puisque son seul pouvoir est celui de l’incitation.
Cela faisait des mois que Pap Ndiaye et Philippe Delorme parlaient de ce protocole. Le 17 mai dernier, à 17h, le Ministre et le secrétaire général de l’enseignement catholique se sont engagés contractuellement dans le cadre d’un protocole d’accord « relatif au plan d’action favorisant le renforcement des mixités sociales et scolaires dans les établissements d’enseignement privés associés à l’État par contrat relevant de l’enseignement catholique ». « Le ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse et le secrétariat général de l’Enseignement catholique s’accordent sur le constat d’une différence persistance et trop importante de composition sociale et scolaire, dans de mêmes secteurs géographiques, entre les établissements d’un même réseau, public ou privé, et entre les établissement privés et publics » peut-on lire. Continuer la lecture de Mixité : un protocole gagnant pour le privé in Caf. Péda.
Les réseaux sociaux ne se substituent pas à nos liens sociaux mais ils les transforment. Qui y sommes-nous, et quid de nos traces numériques sur ces services avides de nos données ? Avec Serge Abiteboul, exploration d’un monde numérique qui doit rester le nôtre.
Le pseudonymat sur les réseaux sociaux permet de présenter différentes facettes de sa personnalité en les isolant les unes des autres.
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Dans le cadre du partenariat de l’Humanité Magazine avec l’Académie des sciences, des académiciennes et académiciens analysent et apportent leur éclairage sur les grands enjeux du monde contemporain au travers de questions scientifiques qui font l’actualité.
Chercheur en informatique à l’Inria et à l’ENS, Serge Abiteboul est membre du collège de l’Arcep et de l’Académie des sciences. Ses travaux portent principalement sur les données, la gestion de l’information et des connaissances. Il coanime Binaire, blog de vulgarisation sur l’informatique et le numérique.
Quand les ordinateurs personnels sont arrivés, chacun gardait ses données numériques localement. Avec Internet, il est devenu possible de les stocker sur des serveurs distants. Puis le Web a favorisé la publication de contenus textuels et multimédias auxquels tout le monde pouvait accéder. La diffusion d’informations restait pourtant assez classique, d’une entité vers une multitude de lecteurs.
Enfin, le Web 2.0 a conduit à la richesse des interactions des « réseaux sociaux numériques », où des centaines de millions de personnes (voire des milliards) échangent avec des centaines de millions d’autres. Continuer la lecture de Réseaux sociaux, ce que nos traces révèlent
Le maire démissionnaire de Saint Brévin, acculé par des groupuscules néofascistes, était entendu ce mercredi 17 mai par la Commission des lois du Sénat. Il dénonce une série de défaillances de l’État dans la gestion du projet de création, dans sa commune, d’un Centre d’accueil pour demandeurs d’asile.
Yannick Morez auditionné au Sénat. Le maire démissionnaire de Saint-Brévin date le début des menaces à son encontre de l’arrivée de militants d’extrême droite, qui avaient déjà sévi à Callac.Image : Sénat
« On s’est retrouvés seuls à devoir affronter l’extrême-droite. » Yannick Morez, le maire démissionnaire de saint Brévin les pins, en Loire Atlantique, a exposé, devant la commission des lois du Sénat, ce mercredi 17 mai, au travers d’une minutieuse chronologie débutant en 2016, la cascades de défaillances de l’Etat et de ses représentants qui l’ont conduit, le 10 mai, a démissionner et a quitter le territoire de sa commune. L’Édile a dénoncé l’inaction des forces de gendarmeries, de la procureur de la république, du préfet et du sous-préfet, des ministres et même du président de la république tous sollicités, certains à plusieurs reprises, ces deux dernières années, depuis que le Collectif de préservation de la Pierre attelée et ses alliés de la fachosphère ont commencé de semer la terreur dans sa commune.
Le bilan de l’action d’Emmanuel Macron sur la « réindustrialisation » est mensonger : notre pays continue de se désindustrialiser.
Le déficit commercial de marchandises manufacturées a enregistré un record en 2022, en atteignant 80 milliards d’euros ! Et le solde très faiblement positif d’emplois industriels depuis 2017 ne compense pas les millions d’emplois détruits (deux millions depuis 1974, dont un million depuis 2001). Aujourd’hui, seuls deux secteurs de l’industrie (énergie et traitement des déchets) voient des créations d’emplois, quand tous les autres décrochent. Dans l’automobile, après deux décennies d’affaiblissement, le patronat vient à nouveau de planifier la réduction d’emplois jusqu’en 2035, projetant une destruction de 90 000 emplois. Dans d’autres secteurs, la faiblesse de la filière est flagrante, comme dans le médicament, avec des pénuries de produits désormais. Continuer la lecture de Industrie verte : le capital remporte la mise, l’écologie, l’emploi et la formation attendront !
Le discours de R. Lopez lors de la célébration du 8 mai 1945 rendant hommage aux « résistants de la 1ere heure » a choqué. L’article du Petit journal titrant « Moissac se souvient du sacrifice des héros de la Résistance » résume en quelques gros traits et photos la chose, les écharpes tricolores de la République Française bien en vue.
Les extraits choisis laissent peu de doute sur le but et la teneur du discours. Réduire la Résistance aux nationalistes, royalistes et catholiques traditionalistes est bien entendu une vue de l’esprit. Effectivement, certains ont été résistants, à titre individuel, le gros de leurs troupes s’étant massivement rallié au régime de Vichy et au projet d’une Europe nazie.
Que le RN révise l’histoire de la guerre de 39-45 n’est pas nouveau et on ne peut décidément rien attendre de mieux de sa part. Mentionner dans la même phrase « l’Allemagne éternelle » et « l’armée de l’ombre » qui l’a combattue montre bien à quel point ce discours est une fraude. « L’Allemagne éternelle » n’existe que dans l’esprit malade des nazis et reprendre à son compte cette expression quand on est censé rendre hommage à la Résistance montre à quel point ce discours porte la trace indélébile de ses accointances idéologiques. Il ne viendrait à l’esprit d’aucun résistant fut-il de droite ou catholique traditionaliste d’utiliser le terme d’« Allemagne éternelle » sans s’en distancier clairement. Le terme de « civilisation » qualifiant notre culture nationale fleure bon les discours de l’Action française, sans parler des « strates germaniques ou marxistes » … Ne se refait pas une virginité lexicale qui veut, quand bien même on se prétend diablement contemporain et finaud en optant pour un terme emprunté à la géologie…Quant à l’amalgame entre germanique et marxiste, il en rappelle un autre tristement célèbre. Je vous laisse deviner.
Toujours est-il que la présence de deux champs lexicaux contradictoires est si flagrante qu’elle prêterait à rire si les temps n’étaient pas si lourds de menaces. Ce qui frappe dans cette triste histoire est moins lié aux contrevérités historiques ou aux grands absents de cette commémoration qu’à la présence ostentatoire des écharpes tricolores ou du sous-préfet. Il est dorénavant clair que la politique nationale autorise non seulement tous les révisionnismes mais plus grave, qu’elle les prend également sous son aile. Le fascisme est historiquement la roue de secours du Capital, mais comme le disait Marx, « l’Histoire ne repasse pas les plats » et il n’est pas certain que cette roue de secours utilisée dans un proche avenir porte les stigmates habituels : une moustache ridicule ou un œil de verre.
Le combat contre le RN et ses représentants est bien une question de fond…
Pour le PCF, Alexandra Tricottet
PCF Castelsarrasin/Moissac/Valence et Pays de Serres
Pour combattre le RN et ses idées nauséabondes, rejoignez le PCF
Avril 2022, panneau d’affichage lors de la campagne présidentielle. Shutterstock
Le monde enseignant a longtemps été considéré comme foncièrement réfractaire au vote en faveur des partis d’extrême droite. Mais, désormais, on n’en est plus assuré, tant s’en faut.
C’est ce qu’avait d’ailleurs pointé à sa façon Marine Le Pen lorsqu’elle a salué la création du collectif Racine rassemblant des enseignants « bleu marine » en déclarant à la fin de son colloque du 12 octobre 2013 qu’une telle initiative « était inimaginable il y a quelques années ».
En réalité, la démarche délibérée des Le Pen vers les enseignants vient de loin, même si le succès n’a pas été au rendez-vous immédiatement.
« Nous n’avons pas su vous parler. Longtemps nous avons commis l’erreur de croire que vous étiez complices de la destruction de l’école. Pour l’immense majorité d’entre vous, c’était une erreur et cette époque est révolue. »
Jean-Marie Le Pen lui-même était allé dans le même sens, cinq ans plus tôt, le 12 novembre 2006, lors de son discours au Bourget sur son « projet présidentiel » pour 2007, en se présentant comme « l’espoir de renouveau et la conscience progressiste du pays ». Il avait alors fustigé « le mépris des fonctionnaires, forcément absentéistes, qu’on veut rendre responsables de la destruction des services publics, alors que le plus souvent, fidèles à leur mission, ils en sont les premières victimes ».
Et pour ce qui concerne plus spécifiquement l’école et ses enseignants, Jean-Marie Le Pen avait mis en avant des préoccupations qui peuvent être partagées par nombre d’enseignants sans qu’elles soient des singularités propres au Front national :
« L’école est le véritable et premier lieu où se forge l’égalité, celle des chances. Or la véritable sélection, j’ose le dire, est source de l’égalité véritable […]. Lire, écrire, compter, connaître l’histoire et la géographie de son pays sont des bases essentielles qui aujourd’hui manquent à un élève sur quatre en sortie du primaire. L’école publique doit aussi respecter scrupuleusement la neutralité religieuse, politique et philosophique »
L’aggiornamento des Le Pen ne semble pourtant pas avoir eu un effet sensible immédiat. Quelques mois après son intervention au Bourget d’octobre 2006, Jean-Marie Le Pen n’obtient que 3 % des intentions de vote exprimées chez les enseignants pour le premier tour de la présidentielle de 2007 selon un sondage effectué en février 2007 par l’IFOP pour Le Monde de l’éducation.
Et quelques mois après son intervention de septembre 2011, Marine Le Pen n’atteint que 5 % des intentions de vote exprimées dans le sondage effectué par l’IFOP pour Le Monde de l’Éducation en février 2012. Marine Le Pen reste à l’étiage de ces 5 % selon le sondage effectué par l’IFOP à la mi-avril 2017.
Un vote enseignant en faveur du Rassemblement national minoritaire mais qui s’installe
Si on suit les indications du tableau 5 établi par Luc Rouban dans sa Note de recherche pour l’élection présidentielle 2022 à partir des données de l’enquête présidentielle 2022 par Cevipof et Ipsos, vague 24, d’avril 2021, on aurait eu 10 % de déclarations d’intentions de vote parmi les suffrages exprimés des enseignants, contre 8 % en mars 2017 est-il mentionné.
Il semble bien qu’il y a eu un décollage progressif et continu (avec « effet retard ») du taux de déclarations d’intention de votes exprimées par les enseignants en faveur de Marine Le Pen passant de 5 % en février 2012 à 8 % en mars 2017 puis 10 % en avril 2021. Et cela va dans le sens d’un vote Le Pen qui s’installe dans le paysage enseignant durant ces dernières années, après bien des efforts de leur part.
À cela s’ajoute le taux d’intentions de vote exprimées en faveur de Marine Le Pen par les enseignants au second tour des élections présidentielles de 2022 qui attire l’attention et qui continue à être de nature à frapper les esprits.
Dès le 19 avril 2022, il a été indiqué dans le journal 20 minutes que « selon une enquête du Cevipof pour le second tour, 48 % des enseignants seraient prêts à voter pour Emmanuel Macron et 22 % pour Marine Le Pen ». Puis le 25 avril, sur RTL, il a été mis en avant qu’« un quart des professeurs a voté pour Marine Le Pen au second tour des présidentielles selon une étude du Cevipof ». Même s’il convient sans doute de relativiser (car au premier tour on choisit et au second tour on élimine, ce qui n’a pas le même sens), cela donne quand même à réfléchir.
S’il ne s’agit certes pas d’une vague susceptible d’emporter vraiment le monde enseignant, il n’en reste pas moins que l’on a quitté la place d’un vote dans les marges pour un vote certes foncièrement minoritaire chez les enseignants, mais qui s’installe et fait désormais partie du paysage.
Claude Lelièvre Enseignant-chercheur en histoire de l’éducation, professeur honoraire à Paris-Descartes, Université Paris Cité
Déclaration d’intérêts
Claude Lelièvre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche
Après l’incendie criminel de sa maison en mars, par des militants fascistes mobilisés contre un projet de déplacement d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, Yannick Morez a décidé de démissionner de son mandat de maire et de quitter la ville, mercredi. Il n’a jamais reçu de protection policière ni le moindre soutien du ministre de l’Intérieur depuis cet attentat.
La cheffe du RN cherche à masquer ses liens avec des manifestants du défilé du 6 mai, à Paris, et divers militants adeptes du coup de poing et du nazisme. Ceux-ci sont pourtant nombreux, directs et tenaces.