Handicap. L’école inclusive est un sport de combat

Selon les syndicats, le nombre d’heures d’accompagnement alloué aux enfants « se réduit trop souvent à 3,7 heures par semaine, quand il était auparavant de 6 à 9 heures ». J.-M. Loos/MaxPPP

La journée d’action des AESH de ce 19 octobre, la troisième cette année, met en évidence les promesses non tenues d’une école proclamée « inclusive », mais à qui on ne donne pas les moyens de le devenir.

Elles et ils ne lâchent pas l’affaire. Les AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) étaient dans la rue le 8 avril, dans une mobilisation qui a surpris par son ampleur ceux qui ne s’intéressent qu’épisodiquement à leur situation. Ils ont remis ça le 3 juin. Et comme ils n’obtiennent toujours pas ­satisfaction sur leurs revendications ­essentielles, ils y retournent ce mardi 19 octobre, avec une liste de manifestations et de rassemblements qui n’oublie aucun recoin de l’Hexagone (pour l’Île-de-France, rendez-vous à 13 heures à la station RER Luxembourg pour défiler en direction du ministère de l’Éducation nationale). Continuer la lecture de Handicap. L’école inclusive est un sport de combat

On ne fait pas d’industrie sans casser les œufs de l’élevage plein air !

 sadak souici

Qui veut la peau des petits éleveurs ? Deux arrêtés du ministère de l’Agriculture, publiés fin septembre, généralisent l’enferment des volailles une grande partie de l’année. Les éleveurs de plein air se rebiffent et ont organisé le 14 octobre une vente de 10 000 œufs de plein air, place de la République à Paris.

Qui de la poule ou de l’œuf est arrivé le premier ? Sur la place de la République, à Paris, ce jour-là, il n’y a pas de poules, seulement des œufs, «  Les derniers de plein air. Des gros œufs qui ressemblent à ceux de nos grands-parents. Du jaune bien jaune avec du goût, des poules nourries au grain… et surtout qui sont dehors de l’aube au coucher du soleil », revendique Christine Rivière. Elle a laissé ses 249 poules pondeuses dans le Gard, errer à l’air libre. Avec ses camarades venus du Gers, du Var, du Rhône ou du Lot, ils ont roulé toute la nuit et ont débarqué sur la place… avec 10 000 œufs. Continuer la lecture de On ne fait pas d’industrie sans casser les œufs de l’élevage plein air !

Disparition. Salut Michel, et embrasse Croizat !

Né en 1947, Michel Étiévent a été élevé dans la maison où le père de la Sécu a vu le jour... Rouge Productions

Michel Étiévent, biographe d’Ambroise Croizat, historien de la Sécurité sociale et du mouvement ouvrier, écrivain, poète et journaliste à l’Humanité, est décédé mardi.

Peut-on être ami avec un homme sans l’avoir rencontré ? La filiation, la fraternité tissées entre Michel Étiévent et Ambroise Croizat ne font guère de doute, même s’ils ne se sont jamais connus. L’aîné, né en 1901, fut résistant, « ministre des travailleurs » et bâtisseur de la Sécurité sociale. Le cadet, Michel Étiévent donc, fut son plus fervent et appliqué biographe, tout en étant historien de sa plus belle œuvre, la Sécurité sociale. Également journaliste, poète et écrivain, il était né en 1947 et s’est éteint mardi 12 octobre, à 74 ans. Trois jours plus tôt, il dédicaçait encore ses nombreux ouvrages, lors du salon du livre d’Hermillon. Continuer la lecture de Disparition. Salut Michel, et embrasse Croizat !

Christophe Alévêque :  » Le vieux con d’aujourd’hui est un résistant « 

Christophe Alévêque.
Christophe Alévêque. SK – Stephane KERRAD / KB STUDIOS PARIS

Face à l’expansion du nouvel ordre moral, à la  « cancel culture », au « manichéisme ambiant » et à « la lente extinction du plaisir » auxquels nous conduit selon lui notre société contemporaine, l’humoriste a décidé d’assumer son statut de « vieux con moderne ». Entretien.

Comment êtes-vous devenu un vieux con ?
On le devient par la force des choses ! Ces dernières années, je me sentais de moins en moins en phase avec mon époque, voire totalement décalé. Je me suis demandé d’où ça pouvait bien venir, et puis, petit à petit, dans les discussions, en écoutant les médias, je me suis rendu compte que je n’étais plus dans le couloir de la pensée officielle, de cet empire du bien qu’on veut nous imposer. J’étais devenu un ringard ! Je me suis dit « suis-je vraiment le seul ? », et j’ai très rapidement réalisé que non, qu’au contraire nous étions nombreux à ressentir ce décalage. Raison pour laquelle je crée officiellement le Club des vieux cons modernes.

À quoi ressemble ce « vieux con moderne » ?
C’est un résistant. Un libre penseur. Quelqu’un qui veut disposer librement de sa vie et de sa mort, qui n’a pas envie qu’on encadre son bonheur en permanence et qui trouve insupportable la dictature du bien qu’on veut nous imposer. Ce bien au nom duquel on restreint nos libertés, sous la pression duquel notre cadre idéologique se réduit, et qui finit par produire l’effet inverse : plus on met avant la laïcité, plus l’obscurantisme se développe, plus on diabolise la violence, plus elle augmente, plus on prône la société multiraciale plus elle devient multiraciste, plus on fait la promotion du vivre ensemble et plus on voit le communautarisme et le repli sur soi avancer.

Comment en êtes-vous arrivé à revendiquer cet étrange statut ?
Parce que le vieux con de maintenant est un conservateur de la Révolution. Quelqu’un qui n’a pas envie de voir toutes les idées de liberté, de tolérance, de partage et de solidarité qu’il a défendues toute sa vie tomber dans les mains des nouveaux curés de la pensée. Or, aujourd’hui, la société étant devenue manichéenne, il est très difficile d’avoir une position qui va à contre-courant de la pensée dominante. Nous-mêmes, humoristes, on est de moins en moins invités dans les médias, on a même parfois tendance à brider notre expression face à une opinion qui a pris une place insensée et nous châtie au moindre écart.

Mais on entend pourtant des choses ahurissantes sur certains plateaux de télé…Oui, c’est encore un effet inverse : on assiste à une sorte de retour du puritanisme d’un côté et à un déferlement de violence verbale et idéologique de l’autre. Et entre les deux, il reste peu de place… À part pour des polémiques de supérette. J’ai quand même entendu l’autre jour sur une chaîne d’info qu’on débattait pour savoir si la crise sanitaire avait signé la fin du soutien-gorge… Le débat, c’est pas ça ! Le débat, c’est confronter des idées, des réflexions, des opinions et être capable de dire « je me suis trompé », « vous avez raison », « essayons » ou « pourquoi pas ? »
L’article 8 de votre Charte du vieux con moderne dispose que « l’être humain est pétri de faiblesses et d’erreurs et que vouloir le rendre parfait est une absurdité »…
Évidemment que c’est absurde ! On nous promet un monde magnifique, respectueux, mais on oublie que l’Homme ne peut pas devenir tolérant, ouvert et généreux si on lui en donne l’ordre ! Ça ne marche pas comme ça. Pour être tolérant, généreux et ouvert, il faut le devenir. Comprendre ce que cela veut dire, en accepter les implications. Les injonctions, au contraire, non seulement ne marchent pas mais ne font que créer de la frustration.

Vous regrettez que nous nous soyons donnés au « grand Gafam (*)» et dites votre détestation des réseaux sociaux. N’est-ce pas un combat perdu d’avance ?
Nous sommes coincés entre « Big Mother », cet Etat qui nous infantilise, nous culpabilise en permanence « pour notre bien », et « le grand Gafam ». Nous sommes pris en étau entre le premier, qui nous dit désormais ce qu’il faut penser, et le second, qui sait en permanence via nos téléphones ce que nous faisons, ce que nous disons, ce que nous mangeons, où nous allons… La réalité, c’est qu’on est épiés du matin au soir, désossés dans notre intimité, le tout avec notre permission. Mais si on le dénonce on est un réac’! Notre monde est devenu totalement manichéen, sans aucune place pour une pensée à contre-courant.

Comment observez-vous la mécanique qui se met en place à l’approche de l’élection présidentielle ?
Avec Zemmour, que je considère comme un épiphénomène, on est en train de créer un monstre, ce que j’appelle un épouvantail à cons. Zemmour est en train de remplacer la famille Le Pen dans le rôle de celui qu’il faut détester. On le fabrique, collectivement, et on dit « Regardez comme c’est pas bien ce que dit ce type ! ». En lui-même, il n’est pourtant pas très intéressant. En revanche, il nous dit quelque chose de notre société. Parce que quand on entend que « le fait qu’il puisse s’exprimer prouve qu’on est en démocratie », moi je pense plutôt que l’expression d’un type comme ça montre que notre démocratie ne va pas bien du tout.

Expositions, livres, films, œuvres censurées ou précédées d’un avertissement, « l’épuration culturelle avance irrésistiblement », regrettez-vous. De quelle manière ?
On veut noircir le passé, le charger d’un maximum de culpabilité pour que le présent apparaisse comme un cadeau. On déboulonne les statues, on assainit les œuvres, on boycotte des artistes au nom du bien. Et comme le terme de révisionnisme était déjà pris, on a appelé ça la « cancel culture »… Or, de mon point de vue, ce n’est pas parce qu’on enlève la photo de l’Uncle Ben’s des paquets de riz que le racisme va disparaître. Mais là encore, comment s’élever contre une telle mesure, aussi inutile soit-elle, dans le contexte actuel ? Puisque tout ça, c’est pour notre bien !
« Nous vivons dans une fausse démocratie. Nous sommes des Chinois à l’usine qui nous prenons pour les héritiers des Lumières », écrivez-vous. C’est un réel cauchemar que vous décrivez là…
Je pense qu’il y a très longtemps que la démocratie n’a pas été aussi malade. Nous tombons dans le despotisme démocratique que décrivait Tocqueville, en abandonnant nos libertés doucement mais sûrement. Résultat : les complotistes et conspirationnistes de tout poil, ragaillardis, se portent à merveille. Et ce sont désormais les extrêmes qui s’emparent de la défense des libertés. Vous vous rendez compte ? Mais alors, il nous reste quoi, à nous ? Franchement, je crois qu’aujourd’hui, dans notre situation, on a plus besoin de psychiatres et de philosophes que d’économistes et de politiques. Nous devons ralentir, nous poser et penser à nouveau.

Propos recueillis par Samuel Ribot / ALP
(*) Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft
À lire : « Eloge du vieux con moderne », Éditions du Cerf, 186 pages, 18 €.

 

Emploi et salaires. Les communistes s’attaquent aux vrais problèmes + Bon de soutien

L’emploi et les salaires constituent la préoccupation numéro 1, le PCF entend donc les replacer au cœur du débat pour 2022. Dès le 9 octobre, place à une semaine de mobilisation sur le travail et le pouvoir d’achat. Puis, en novembre, son candidat, Fabien Roussel, partira à la rencontre des Français.

Imposer la question sociale dans la campagne pour 2022.

Le pari est difficile tant les écrans et les ondes sont saturés par l’extrême droite. Mais le PCF ne désarme pas. « Nous voulons mettre la question sociale et écologique au cœur de la présidentielle, pointer la responsabilité du capitalisme, avec l’ambition de prendre le pouvoir sur l’argent », assure son candidat, Fabien Roussel. « Le décalage est immense entre les préoccupations des Français et les obsessions identitaires imposées dans le débat public. La santé, l’éducation, le pouvoir d’achat caracolent en tête », relève son directeur de campagne, Ian Brossat. Elles feront d’ailleurs l’objet de grandes réunions publiques thématiques avec le candidat communiste. Continuer la lecture de Emploi et salaires. Les communistes s’attaquent aux vrais problèmes + Bon de soutien

Moissac. « Sodexo la gloutonne » : Jean Songe met les pieds dans le plat in DDM

Jean Songe et son nouvel ouvrage Sodexo la gloutonne, paru aux éditions du Seuil. Photo DDM C.L.
Jean Songe et son nouvel ouvrage Sodexo la gloutonne, paru aux éditions du Seuil. Photo DDM C.L.

Une multinationale française que l’auteur moissagais n’hésite pas à passer au scalpel pour en dévoiler les ficelles.

Il y a bien des années qu’il a déposé ses valises avec sa famille au cœur de la cité uvale, et aujourd’hui, à l’âge de la (relative) sagesse, il l’observe du haut des coteaux. L’écrivain Jean Songe (à la ville Yannick Bourg), d’un abord affable et discret, manie pourtant une plume à la précision diabolique qui sied si bien au roman noir. Fin lettré, connaisseur hors pair de la musique anglo-américaine, l’homme fut également un agitateur culturel au sein de la Zone d’Activités Poétiques (ZAP) qu’il avait initiée il y a quelques années avec quelques amis artistes du cru, et un redoutable bluesman frapadingue avec son groupe Le Vieux Flingue. Continuer la lecture de Moissac. « Sodexo la gloutonne » : Jean Songe met les pieds dans le plat in DDM

Présidentielle. En Auvergne, Fabien Roussel défend une ruralité heureuse

Le candidat communiste à la présidentielle a choisi la petite ville de Billom, dans le Puy-de-Dôme, et les thèmes de l’agriculture, de l’alimentation et des ruralités pour lancer une campagne de six rencontres-débats avec les électeurs.

Large sourire, Fabien Roussel est satisfait. Il ne s’en cache pas : « Je suis heureux d’être en Auvergne, et d’avoir choisi pour premiers thèmes l’agriculture, l’alimentation, les ruralités. » « Cela a surpris certains qui ne voient les communistes qu’à la sortie des usines », a-t-il ironisé ce mercredi. La première des « Rencontre des jours heureux » est indéniablement un succès. Une salle comble. Attentive. Soigneusement agencée pour accueillir les questions des participants, des internautes et des citoyens filmés le matin même dans les allées du Sommet de l’élevage. Et au final, des militants confiants dans leur candidat que beaucoup découvrent dans l’exercice. Continuer la lecture de Présidentielle. En Auvergne, Fabien Roussel défend une ruralité heureuse

Présidentielle 2022. Les communistes lancent les « Rencontres des jours heureux »

Santé, écologie, énergie, jeunesse, emplois… D’ici la fin de l’année, le candidat du PCF à la présidentielle multipliera les déplacements pour six « agora » thématiques. Premier rendez-vous dès mercredi en Auvergne sur l’agriculture et l’alimentation.

Le candidat communiste à la présidentielle, Fabien Roussel, reprend la route. Après une caravane en une cinquantaine d’étapes le long des côtes cet été, le PCF lance à partir de mercredi les « Rencontres des jours heureux ». « On change de campagne : avant on faisait des meetings partout avec le même discours, là on fait le choix des thématiques et des territoires », explique le député du Nord. Le concept ? « Ce seront des Agora, des ateliers, des échanges à l’issue desquelles je présenterais nos propositions », poursuit-il. En la matière, pas « de demi-mesures », promet Fabien Roussel estimant que « toute la gauche paie encore les trahisons, les reniements » du quinquennat Hollande. Continuer la lecture de Présidentielle 2022. Les communistes lancent les « Rencontres des jours heureux »

« Pandora Papers » : des milliers de milliards de dollars toujours à l’abri dans des paradis fiscaux

La nouvelle enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses partenaires, dont la cellule investigation de Radio France, démontre que de nombreuses personnalités fortunées échappent toujours à l’impôt en ayant recours aux paradis fiscaux.

Article rédigé par l‘ICIJ et ses partenaires, Jacques Monin de la cellule investigation de Radio France – franceinfo

Radio France
Les Pandora Papers, nouvelle enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ)

Le mot « Pandora » parle de lui-même. Si les « Panama Papers » avaient été un électrochoc, cette nouvelle enquête planétaire est une confirmation. Plus on creuse, et plus on trouve. En dépit des changements de règlementation, l’évasion fiscale semble être un puits sans fond, et un sport qui se pratique dans la plupart des pays du monde. Continuer la lecture de « Pandora Papers » : des milliers de milliards de dollars toujours à l’abri dans des paradis fiscaux

Disparition. Bernard Tapie, itinéraire d’un «vrai capitaliste» (dossier complet)

Le 26 mars 1996, Bernard Tapie arrive sous escorte au palais de justice de Béthune (Pas-de-Calais) pour son procès pour abus de biens sociaux dans l'affaire Testut. © Gérard Cercle / AFP

De ses premières affaires dans les années 1970 au ministère de la Ville en passant par l’OM, le parcours de cet homme aux multiples casquettes accompagne l’avènement du « fric » comme valeur cardinale. Un chemin qui croisera souvent celui de la justice.

À la fois homme d’affaires, de politique, de sport et de média, devenu symbole des « années fric » et de toutes leurs dérives, Bernard Tapie est décédé ce dimanche 3 octobre des suites d’un cancer à l’âge de 78 ans.

Né en 1943 d’un père ouvrier et d’une mère aide-soignante, le futur ministre de la Ville de François Mitterrand commence à se faire connaître dès la fin des années 1970. Après s’être essayé à la chanson sous le nom de Tapy et avoir déjà eu maille à partir avec la justice pour sa première société, Cœur Assistance, un service d’aide aux cardiaques, ou encore l’achat des châteaux de Bokassa, il se lance dans la reprise d’entreprises au bord du gouffre à l’aube des années 1980. Manufrance, Terraillon, Testut, Wonder… Continuer la lecture de Disparition. Bernard Tapie, itinéraire d’un «vrai capitaliste» (dossier complet)