La laïcité, combat à poursuivre et à gagner (Vidéo intégrale)

Nous venons de célébrer le 120e anniversaire de la loi de séparation de l’Église et de l’État. Il est révélateur du moment politique que ni le président de la République, ni le gouvernement, ni aucun des partis se revendiquant à tout instant d’un « arc républicain » n’aient éprouvé le besoin de marquer cet anniversaire.

Et que le PCF ait été, à gauche, le seul à y avoir consacré une soirée de débat, le 1er décembre, sous la coupole de la place du Colonel-Fabien.

Voilà qui sonne comme un rappel : la laïcité républicaine n’est pas une simple disposition d’ordre public, établissant «  la liberté de croire et de ne pas croire », comme certains le disent. Si elle n’est nullement une manifestation d’hostilité aux croyants, elle entend garantir la liberté de conscience, afin de permettre aux individus de se soustraire à tout despotisme politique et à toute pression inquisitoriale des religions. Elle est, par-là, indissociable des principes liés de justice, d’égalité des droits, de libre accès de tous les jeunes à une éducation de qualité et à l’esprit critique (ce qui est la mission même de l’école publique). Elle repose sur cette promesse humaniste et universaliste qui veut prémunir la société des fragmentations ethniques ou religieuses, autant que des affrontements communautaires. Ainsi est-elle, tout à la fois, la garantie de la souveraineté des citoyennes et des citoyens, et un instrument concourant à l’unité du monde du travail contre des divisions qui favorisent la domination d’un capital toujours prédateur. C’est de cette manière que la décrivait Jaurès.

Parce que l’exigence laïque repose sur cette démarche d’émancipation, les droites, les intégrismes de toute nature, les adversaires de la Raison et de la science auront toujours cherché à l’édulcorer, à en briser la cohérence, à aggraver constamment un dualisme scolaire favorisant l’enseignement privé et creusant les inégalités sociales, à faire reculer les lois de la République face à la loi de Dieu décrétée prééminente.

De nos jours, la laïcité est de nouveau un enjeu majeur.

Elle se voit prise en tenailles par des dérives identitaires en apparence ennemies mais en réalité jumelles. D’un côté, les tenants d’une idéologie occidentaliste la dévoient cyniquement en faisant de l’islam le principal problème de la France, et ils s’en prennent avec violence à nos compatriotes musulmans assimilés à des fondamentalistes voire à des terroristes. De l’autre, le totalitarisme théologico-politique qu’est l’islamisme s’oppose à l’universalisme issu des Lumières, rejette l’égalité entre hommes et femmes, défie la laïcité scolaire, développe des discours antisémites, et prône la supériorité de la Charia sur la démocratie.

La gauche se devrait donc d’être en première ligne pour défendre cette pierre d’angle de la République.

Ce n’est plus tout à fait le cas, soit que certains s’inclinent devant un néolibéralisme s’employant à disloquer l’action publique jusqu’à l’école et dans les services publics, soit que d’autres se montrent complaisants devant les offensives intégristes ou les dérives essentialistes en prônant une « tolérance » devenue l’alibi de leur renoncement.

Les communistes s’honorent d’avoir, dès 1946, fait intégrer la visée laïque dans le préambule de la Constitution. Pour eux, plus que jamais, se rassembler autour de la laïcité est un combat. À renouveler en permanence !

Christian Picquet

Gabriel Perez : « On comprend le sentiment de désespoir qui frappe de nombreux collègues »

« Les réformes du lycée ont favorisé la concurrence entre élèves, enseignants et établissements, avec pour conséquence principale, un effondrement des collectifs de travail » déclare Gabriel Perez. L’auteur de l’ouvrage On achève bien l’école, Empêcher les professeurs d’enseigner et les élèves d’apprendre (Grasset) analyse les réformes Blanquer et leurs effets : évaluations, indicateurs, Parcoursup, réforme du lycée, réforme du baccalauréat, perte d’espaces collectifs… Continuer la lecture de Gabriel Perez : « On comprend le sentiment de désespoir qui frappe de nombreux collègues »

La Cour des comptes alerte sur la santé des professeurs : + 43 % d’arrêts de travail en 5 ans

Les absences pour raison de santé représentent désormais la principale cause d’absence des enseignants. Selon les derniers chiffres, entre 2018-2019 et 2023-2024, les congés de maladie ordinaires ont augmenté de 41,3 % tandis que les temps partiels thérapeutiques ont bondi de 250 %. Ces absences posent un – vrai – problème de remplacement, car elles concernent souvent des périodes de trois mois renouvelables. « Bien que les raisons de santé soient la première cause d’absence, le ministère de l’Education nationale ne conduit pas une politique de prévention structurée », constate la Cour des comptes dans son rapport publié vendredi 12 décembre qui pointe un manque de suivi des risques psychosociaux et l’absence de mesures adaptées pour les enseignants les plus âgés. Cette situation est particulièrement critique dans les établissements REP et REP+, où les élèves socialement fragiles subissent directement les conséquences de ces absences. Continuer la lecture de La Cour des comptes alerte sur la santé des professeurs : + 43 % d’arrêts de travail en 5 ans

Comment la Fondation Kairos, le lobby des écoles privées hors contrat cherche à séduire Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin

Derrière les échanges nourris auxquels l’Humanité a eu accès, c’est bien une forme de proximité qui transpire entre Anne Coffinier, égérie des écoles privées hors contrat, et les proches de Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin, les deux principaux milliardaires qui mènent la bataille culturelle et politique en faveur des droites extrêmes.

 

Cela ne fait pas un pli : l’univers de la Fondation Kairos et de son appendice Créer son école, c’est un monde qui n’aime pas la gauche, l’éducation nationale ou l’enseignement public. Mais c’est aussi une mouvance qui doit tirer son épingle du jeu face à des concurrents installés sur le même secteur et, là, il n’est pas rare, comme le démontrent les échanges que dévoile aujourd’hui l’Humanité, de voir les boutiques se livrer une âpre concurrence pour obtenir des faveurs, ou nouer toutes les alliances, même les moins avouables. Continuer la lecture de Comment la Fondation Kairos, le lobby des écoles privées hors contrat cherche à séduire Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin

Grenoble. S’éveiller à la Chine, la proposition de Marianne Dunlop

Que se passe-t-il en Chine ? C’était un peu la question posée lors de la soirée organisée le 8 décembre par la section communiste de Grenoble, avec la contribution de l’universitaire Marianne Dunlop, professeur de chinois et de russe. Une rencontre qui a permis d’entrevoir l’ampleur des bouleversements d’un pays sorti en quelques décennies du sous-développement pour devenir un acteur majeur de l’économie et de la politique mondiales.

Par Luc Renaud

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Marianne Dunlop, polyglotte, agrégée de russe, professeur de linguistique chinoise à l’université d’Arras, traductrice.

Que se passe-t-il en Chine ? C’était un peu la question posée lors de la soirée organisée le 8 décembre par la section communiste de Grenoble, avec la contribution de l’universitaire Marianne Dunlop, professeur de chinois et de russe. Une rencontre qui a permis d’entrevoir l’ampleur des bouleversements d’un pays sorti en quelques décennies du sous-développement pour devenir un acteur majeur de l’économie et de la politique mondiales. Continuer la lecture de Grenoble. S’éveiller à la Chine, la proposition de Marianne Dunlop

Vers une refonte du système des remplacements dans le Premier degré ? l’exemple d’Aix-Marseille

Refonte des remplacements : un tsunami en vue ! Augmenter le nombre de remplaçants pour pallier les difficultés de remplacement ? « Sauf que le ministère s’oriente à l’aide de ses deux boussoles : l’austérité et la prolétarisation lente mais certaine du métier enseignant » écrit Jadran Svrdlin dans ce texte, s’appuyant sur un exemple de terrain dans l’académie d’Aix-Marseille.

Le professeur des écoles déplore que « la normalisation d’un mode dégradé, déjà largement installé faute de personnels remplaçants, semble atteindre ici son ultime étape : entériner comme solution pérenne ce qui n’aurait dû rester qu’un dispositif exceptionnel au prix d’une charge de travail accrue pour les personnels », et appelle à la mobilisation.

Décidément, les absences des enseignants ne cessent d’être un motif de dégradation de leurs conditions de travail et de rémunération. Après qu’ils aient subi un jour de carence effectif, une amputation de 10% de leur salaire en cas d’arrêt maladie, voilà que les enseignants du premier degré s’apprêtent à subir une nouvelle attaque majeure contre leurs conditions de travail. Cette fois-ci, il s’agit d’une refonte du système de remplacements dont les modalités s’inscrivent dans la continuité des politiques de gestion des personnels de ces dernières années. Continuer la lecture de Vers une refonte du système des remplacements dans le Premier degré ? l’exemple d’Aix-Marseille

Écologie et marxisme: Interview de John Bellamy Foster (in H & S)

Temps de lecture 23 minutes et temps d’analyse: une vie entière!

Histoire et société s’est orientée vers une confrontation tout azimut des courants se réclamant du « marxisme » en réponse aux défis de cette ère de basculement historique. Il y a une idée qui nous est chère, Marx ne crée pas une économie mais une critique de l’économie. La critique marxiste de l’économie politique du capital est essentielle à toute analyse écologique marxiste, et sa critique écologique est cruciale pour comprendre la stagnation économique actuelle. Elle participe à ce que nous élaborions une politique qui s’ancre sur la culture, la civilisation, elle en est le complément indispensable. On ne peut les dissocier, même si nous sommes souvent contraints de le faire pour des raisons analytiques. Elles constituent plutôt différents aspects de la crise matérielle de notre époque.

Écologie, 24 novembre 2025, John Bellamy Foster

LE MARXISME ÉCOLOGIQUE DANS L’ANTHROPOCÈNE

Xu Tao et Lv Jiayi : Vous exercez une grande influence sur le marxisme écologique. Vos textes sont des lectures essentielles pour les chercheurs marxistes du monde entier. Cependant, à notre connaissance, vos premiers travaux portaient sur l’économie politique marxiste et la théorie du développement capitaliste, en particulier la théorie du capital monopolistique de Paul M. Sweezy et Paul A. Baran. Qu’est-ce qui vous a amenés à réorienter vos recherches vers le marxisme écologique ? Avez-vous d’autres centres d’intérêt ou projets de recherche au sein de l’économie politique marxiste contemporaine ?

John Bellamy Foster : Vous avez raison, mes travaux se sont de plus en plus concentrés sur l’écologie, même si ce changement s’est inscrit davantage dans la continuité de mes recherches antérieures en économie politique qu’il ne s’agit d’une véritable réorientation. J’ai été attiré par la question écologique après avoir constaté que le capitalisme engendrait une crise écologique mondiale, enracinée dans son système d’accumulation de classes, et menaçant de plus en plus l’humanité tout entière. Parallèlement, j’ai continué à publier des travaux importants en économie politique. L’économie politique et l’écologie ne sont pas des domaines fondamentalement distincts. La critique marxiste de l’économie politique du capital est essentielle à toute analyse écologique marxiste, et sa critique écologique – aujourd’hui connue sous le nom de théorie de la rupture métabolique – est cruciale pour comprendre la stagnation économique actuelle. À mon sens, on ne peut les dissocier, même si nous sommes souvent contraints de le faire pour des raisons analytiques. Elles constituent plutôt différents aspects de la crise matérielle de notre époque.

À bien des égards, une grande partie de l’analyse économique associée à la  revue Monthly Review  , qui traite du lien entre stagnation et explosion financière  (Stagnation et explosion financière  , titre de l’ouvrage de Harry Magdoff et Paul M. Sweezy paru en 1986), a été généralisée depuis la grande crise financière de 2007-2010. Or, étant donné que ces problèmes sont manifestement inhérents à l’accumulation au service du capital financier monopolistique, le système manque de réponses et cherche constamment à détourner l’attention de la contradiction fondamentale : le capital lui-même. Actuellement, les questions de militarisme, d’impérialisme et d’environnement planétaire, qui constituent ensemble une crise existentielle pour l’humanité, prennent souvent le pas sur l’analyse directe de la crise économique, bien qu’elles soient intrinsèquement liées. Continuer la lecture de Écologie et marxisme: Interview de John Bellamy Foster (in H & S)

Le RN veut rouvrir les maisons closes ? Choquant mais pas étonnant

Une démonstration parfaite de l’idéologie réactionnaire du Rassemblement national digne d’un temps où les femmes n’avaient aucun autre droit que de servir les hommes jusque dans leur chair.

Nous refusons de laisser penser que la marchandisation, la contractualisation des corps peut être régulée, encadrée, qu’on puisse négocier avec une telle atteinte à l’intégrité physique et morale des femmes. Continuer la lecture de Le RN veut rouvrir les maisons closes ? Choquant mais pas étonnant

Laïcité, justice sociale et école, un pilier républicain sous tension par Jean-Paul Delahaye

JEAN PAUL DELAHAYE Une image contenant Visage humain, personne, sourire, habits Description générée automatiquement « 143 ans après la loi Jules Ferry de 1882 qui a séparé les Églises de l’École, et 120 ans après la loi de 1905 qui a séparé les Églises de l’État, la question est de savoir si le principe de laïcité qui a puissamment contribué, grâce à ces lois, à forger l’unité de notre peuple autour de valeurs partagées, permettra en 2025 à notre République de faire vivre paisiblement la diversité qui est celle de la France d’aujourd’hui. Unité et diversité doivent tenir ensemble » écrit Jean-Paul Delahaye dans ce texte*.

L’inspecteur général de l’éducation nationale honoraire y revient sur des enjeux de la laïcité pour la société et l’école. Il souligne les enjeux politiques de l’exemplarité de l’institution scolaire, comme celui de la lutte contre les inégalités et du séparatisme social et leurs effets sur l’instrumentalisation par l’extrême-droite et par le religieux. Il rappelle la mise en garde de Jean Jaurès, aux accents actuels :  « La République doit être laïque et sociale mais restera laïque parce qu’elle aura su être sociale.» Continuer la lecture de Laïcité, justice sociale et école, un pilier républicain sous tension par Jean-Paul Delahaye

MAC devient « Démocrite, de la vie de la cité à l’actualité internationale »

Depuis 2008, Moissac Au Cœur s’est imposé dans le paysage politique local!

Sa définition actuelle n’a plus lieu d’être et en devenant Démocrite « de la vie de la cité à l’actualité internationale », ce site va essayer de répondre aux besoins de débats, de compréhension et d’appréciations de l’actualité tant locale que nationale et au delà.

Chercher et croiser des informations, alimenter les internautes en contenus, le site continuera son rôle de mise à disposition d’une réflexion qui échappe aux médias dominants.

Peut-être que dans un avenir proche, il évoluera vers une communication plus moderne. Pour autant, prendre le temps de lire, s’est déjà comprendre le monde sans les artifices de l’immédiateté si prisés sur les réseaux sociaux de nos jours!

Enfin, le changement de nom de domaine est en cours, ainsi que les différentes extensions nécessaires.

Merci de rester fidèles!