Pour une initiative de paix en Ukraine : courrier de Fabien Roussel au président de la République

Fabien Roussel s’est adressé au président de la République pour lui demander que la France prenne une initiative pour ramener la paix en Ukraine.

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Monsieur le Président de la République,

Voici plus de seize mois que le peuple d’Ukraine subit le désastre de la guerre injustifiable déclenchée par la Russie et qu’il en paie le prix tous les jours, avec des morts, des personnes blessées, déplacées, des destructions ainsi qu’une catastrophe humanitaire et écologique.

Cette guerre a des conséquences internationales.

De lourdes menaces pèsent sur l’accord sur les exportations de céréales conclu en juillet 2022. Or, l’approvisionnement en blé de la Corne de l’Afrique, déjà menacée de famine, en dépend en grande partie. La déstabilisation possible du pouvoir en Russie ouvre la porte à l’inconnu pour la maîtrise du deuxième arsenal nucléaire mondial, ce dont personne en responsabilité ne peut se réjouir. Il faut y ajouter la course aux surarmements en Europe ainsi que certaines tentations à l’Est de l’Europe d’un engagement militaire direct.

Ces surenchères guerrières peuvent vite devenir incontrôlables.

Nous sommes à la croisée des chemins. Soit nous comptons sur une victoire militaire de l’Ukraine pour libérer ses territoires, hypothèse aujourd’hui jugée hautement incertaine, et qui aurait en tout état de cause un coût humain et matériel insupportable pour le peuple d’Ukraine et revêtirait des risques incommensurables pour les peuples du continent ; soit nous empruntons une autre voie – certes étroite, mais pouvant permettre d’éviter le pire -, la recherche d’une solution politique et diplomatique.

Du fait de son histoire, la France a une voix singulière à faire entendre, en faveur de la sécurité humaine et de la paix, du droit international et de la coopération solidaire des nations et des peuples.

En toute souveraineté, elle doit jouer un rôle moteur et actif dans la sortie du conflit. En s’engageant sur ce chemin, au lieu de soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN lors du sommet de Vilnius, la France rejoindra ainsi les propositions de paix déjà formulées par de nombreux gouvernements tels ceux du Brésil, d’Afrique du Sud, de Chine, de Colombie, sans parler du Vatican.

Les principes de paix que la France peut proposer devront correspondre aux principes de la Charte des Nations unies et de la sécurité commune en Europe, respecter la souveraineté des peuples, et donner les garanties réciproques de sécurité assurant une paix durable.

Ils pourraient être les suivants :
• L’évacuation immédiate et inconditionnelle des territoires que la Russie occupe depuis le 24 février 2022 ;
• La négociation d’un statut de neutralité pour l’Ukraine dans le cadre d’une protection internationale sous l’égide de l’ONU, en contrepartie duquel l’Ukraine renoncerait à rejoindre l’OTAN ;
• Une négociation sur les réparations de guerre et un contrôle de leur utilisation afin qu’elles soient concrètement utiles au peuple ukrainien et qu’elles n’alimentent pas la corruption ;
• L’acceptation par la Russie et par l’Ukraine d’un référendum internationalement contrôlé sur le statut de la Crimée et du Donbass, où la guerre a fait, entre 2014 et 2022, plus de 15 000 morts. La Russie renoncerait, ce faisant, aux résultats des référendums unilatéraux et sans valeur qu’elle a convoqués en 2022 dans les territoires occupés, ainsi qu’à celui de 2014 en Crimée ;
• Le retrait des armes nucléaires déployées en Biélorussie et le renoncement par Moscou aux armes nucléaires tactiques qui menacent directement l’Europe, à la suite duquel les forces de l’OTAN déployées en Europe reviendraient immédiatement à leur niveau de février 2022. Les négociations sur un désarmement multilatéral des forces nucléaires déployées en Europe pourraient dès lors reprendre, sur la base du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Cela rendrait possible l’ouverture, dès que les conditions le permettront, d’une conférence paneuropéenne de sécurité collective en vue d’interrompre, sur tout le continent, la dynamique de militarisation au profit de mesures de confiance réciproque.

Monsieur le Président de la République, je formule ces propositions sans ignorer les difficultés de la situation. Chaque jour, les logiques de force et l’aggravation des haines attisent l’incendie.

Mais, à quelques jours du sommet de l’OTAN à Vilnius, pouvons-nous assister sans réagir à l’engrenage fatal qui peut mener demain l’Europe à une guerre généralisée, ou, pire, l’accompagner comme le fait l’Alliance atlantique ?

Représentant notre pays, vous pouvez faire grandir la pression politique et diplomatique en faveur d’une solution rapide au conflit.

Je suis convaincu que c’est ce qu’attendent les Françaises et les Français, parce que cela correspond à l’idée qu’ils se font du rôle de notre pays dans le monde.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de ma haute considération.

Fabien Roussel
Secrétaire National du PCF
Député du Nord

Violences faites aux femmes : « L’État a la responsabilité d’organiser la prise en charge des hommes violents »

Alors qu’avait lieu le 20 août à Grigny (Essonne) un rassemblement en hommage à Armale, alias Deo, 75e femme assassinée par son compagnon depuis le début 2023, les journalistes Laurène Daycard et Mathieu Palain tentent d’expliquer les difficultés à faire évoluer les hommes violents.

Peut-on guérir les hommes violents ? À travers deux ouvrages distincts écrits à la ­première personne, les journalistes Laurène Daycard ( Nos absentes, Seuil) et Mathieu Palain ( Nos pères, nos frères, nos amis, Les Arènes) ont questionné le continuum de violences contre les femmes qui règne dans notre société, et mène tous les deux jours à un féminicide.

Pourquoi avez-vous voulu écrire sur les féminicides ?

Laurène Daycard : Cela m’est apparu comme une nécessité, journalistique et intime. Le féminicide est l’acmé d’un processus de continuum des violences sexistes et sexuelles. Mais c’est aussi un concept qui a permis de politiser ces violences. Le nombre de meurtres conjugaux a commencé à être publié par le gouvernement (1) en 2006. Avant cette date, on ne pouvait même pas parler de ce ratio d’une femme tuée par son conjoint tous les deux ou trois jours.

En tout, plus de 2 200 femmes sont mortes ainsi depuis 2006. Et malgré des lois comme la circonstance aggravante créée pour les meurtres conjugaux, les statistiques ne baissent pas. Le ratio est toujours de 110 à 130 femmes tuées chaque année.

Le féminicide est un meurtre à mobile misogyne. Il y a encore une méconnaissance à ce sujet, y compris pour les affaires non conjugales. Dans encore beaucoup trop de cas, les victimes décédées n’ont toujours pas droit à un traitement respectueux, digne, ou même juste « factuel ».

La prise en charge des victimes a-t-elle évolué ?

Mathieu Palain : J’ai rencontré beaucoup de femmes qui n’ont pas réussi à porter plainte. Les commissariats les refusent ou les forcent à déposer une simple main courante. Dans le livre, je raconte comment une femme, qui avait fait constater ses blessures et ses ecchymoses, n’a pu montrer ses photos à des policiers, sous prétexte que la clé USB qui les contenait pouvait faire sauter leur système informatique.

Cécile, dont l’histoire constitue le fil rouge de mon livre, a porté plainte dans un commissariat du 15e arrondissement de Paris, avec sa mère. Elle avait tenu à prévenir son copain mais, trois mois plus tard, il a contre-porté plainte. Il n’y avait aucun élément dans son dossier, mais la justice n’a pas voulu trancher. Elle les a tous les deux condamnés à suivre un stage de responsabilisation à la violence. Ce n’est pas anecdotique.

Les policiers ne sont pas forcément bienveillants à l’égard de femmes qui viennent porter plainte. De son côté, la justice estime encore parfois qu’il s’agit « d’histoire de couple », dont elle n’a pas à se mêler. Il y a pourtant des enquêtes à mener et des sanctions à prendre.

Laurène Daycard : Une petite dizaine d’affaires de féminicide conjugal sont présentées dans mon livre. Dans tous les cas, il s’agit de femmes qui avaient dénoncé des violences, partagé leur peur, mais qui n’ont pas été crues ou suffisamment entendues. On a par exemple le cas de Géraldine, tuée par son conjoint dans la montagne de Reims en 2016. Pourtant alertée par ses filles de la présence de fusils à domicile, la gendarmerie ne les a pas saisis et ils ont ensuite servi au meurtre.

Razia, elle, avait été mise à l’abri avec ses enfants à Besançon, grâce au réseau Solidarité Femmes, à la suite d’une plainte déposée à Marseille. Mais son ex-conjoint a reçu par erreur un courrier de l’Assurance-maladie mentionnant sa nouvelle adresse et a recommencé à la harceler. Razia a déposé sept plaintes contre lui au commissariat de Besançon, accompagnée par une travailleuse sociale de Solidarité Femmes. « Mais enfin, madame, c’est un père qui veut voir ses enfants », s’est-elle entendue dire par les gendarmes avant d’être tuée à coups de couteau à la sortie du tramway à Besançon par son ex.

L’État est-il responsable de cette situation ?

Mathieu Palain : L’État a la responsabilité d’empêcher les violences de perdurer et d’organiser la prise en charge des hommes violents. Trop peu sont condamnés, et même ceux qui le sont ne sont pas pris en charge. Ils font six mois dans une maison d’arrêt surpeuplée, enfermés vingt-deux heures sur vingt-quatre avec deux heures de promenade dans la journée.

Quand ils sortent, ils ont la rage, et n’ont rien appris du tout. Certains ont perdu leur boulot. Leur sentiment de déni est très fort, parfois couplé à un sentiment de vengeance. Alors, si le but de la prison était l’absence de récidive, c’est raté. Penser que ces hommes violents sont des monstres qui doivent rester dans l’ombre sans qu’on s’en occupe, c’est dangereux. C’est potentiellement les encourager à récidiver. Ils sont des centaines de milliers, voire un million dans ce pays. Or il n’y a pas un million de monstres.

Laurène Daycard : Un auteur de violence conjugale peut faire plusieurs victimes au cours de sa vie. La condamnation n’enraye pas la récidive, c’est une réalité statistique. J’ai même remarqué, au fil de l’immersion dans un stage de responsabilisation, qu’elle peut accentuer le sentiment de victimisation. L’inversion de la culpabilité est le mécanisme pernicieux au cœur des violences conjugales.

Les victimes se culpabilisent pour les violences qu’elles subissent. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est compliqué d’aller porter plainte. À l’inverse, les conjoints-agresseurs se victimisent. Au début du stage que j’ai suivi, j’entendais : « Elle l’a bien cherché », « Moi aussi j’ai subi des violences et il faudrait que la justice l’entende », « J’ai du mal à me sentir coupable », etc. C’est tristement banal. Ces hommes se pensent victimes du système.

C’est pour ça que la responsabilisation est un des dispositifs de lutte contre la récidive, développée dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales, avec la création d’une trentaine de centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales en France (CPCA), sur le modèle du Home des Rosati à Arras, où j’ai fait mon immersion.

Dans ces groupes de responsabilisation, comment lutte-t-on contre la récidive ?

Mathieu Palain : On ne peut pas assister à un groupe de parole en se disant que ces auteurs de violence vont en sortir guéris. Pour certains, une graine est plantée et va peut-être germer. Ça implique chez ces personnes une volonté d’avancer et la capacité de se dire : « J’ai un problème avec la violence, ça vient aussi de la manière dont j’ai été éduqué, d’une société qui encourage la violence comme moyen pour régler des conflits, mais il faut que je me prenne en charge. »

Je passe du temps à Grenoble dans une association qui prend en charge les hommes violents et met en place des thérapies sur le long terme. Car ça peut prendre plusieurs années d’entamer un travail de déconstruction pour revoir ses modèles et s’éloigner des stéréotypes autour de la virilité que tout homme hétérosexuel a connus à l’adolescence.

Vouloir régler les questions de violences conjugales, forcément liées aussi à un comportement sexiste extrêmement ancré dans la société, implique un travail de longue haleine, qui peut s’étendre sur dix ans.

À eux seuls, les groupes de parole ne peuvent pas servir à grand-chose. Mais ces hommes sont d’abord dirigés vers ce type d’association sous mandat de justice, où ils vont récupérer une attestation de suivi de stage, qui leur permet de ne pas retourner en prison. Sauf que ces injonctions de soins durent souvent six mois, de temps en temps un peu plus, jusqu’à deux ans.

En plus la qualité de l’accompagnement diffère d’un territoire à l’autre, selon qu’il y ait ou non des associations adhérentes à la Fnacav (Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge des auteurs de violences), qui travaillent avec beaucoup de psychologues et de juristes.

Laurène Daycard : Dans mon livre, je fais la distinction entre hommes violents et auteurs de violences conjugales. Cette distinction est aussi faite dans la recherche en psychologie.

D’un côté, il y a ceux qui, comme le meurtrier de Seloua, sont des personnalités psychopathiques. Ils répondent structurellement par la violence. De l’autre, les auteurs de violences conjugales. C’est dans cette nuance que l’on peut trouver l’espoir d’un changement, même si ces comportements sont profondément enracinés dans l’éducation et la socialisation de ces hommes.

Un auteur de violences conjugales, directeur dans l’industrie de la grande distribution, me disait que sa grille de lecture machiste imprégnait toute sa vie. Il était considéré comme très coriace par les travailleurs et travailleuses sociaux. Il a fait l’objet d’une arrestation musclée chez lui par des policiers armés de la brigade anticriminalité. Mais un an après avoir été suivi au centre Clotaire à Arras, il a beaucoup avancé. Il s’est vraiment impliqué dans le groupe de responsabilisation et a continué ensuite une thérapie en individuel.

Détail significatif, il a pour la première fois embauché des femmes dans ses équipes au travail. Il en est même arrivé à dire qu’il remerciait sa femme d’avoir porté plainte parce que, sinon, ça se serait fini aux assises. C’était très fort de l’entendre dire ça. Mais ça ne l’empêche pas de savoir qu’il peut récidiver. C’est important d’avoir conscience de ce risque. C’est un des symptômes d’une prise de responsabilité.

Les hommes auteurs de violences conjugales peuvent-ils guérir ?

Mathieu Palain : Le fait d’être confronté à la parole de ses pairs peut fonctionner pour certains. Mais ça n’est pas systématique. Le premier groupe dans lequel je suis resté six mois était extrêmement virulent, composé de personnalités ancrées dans le déni. Leur discours était construit sur l’idée qu’ils n’étaient pas des hommes violents et n’avaient rien à faire là. Le dialogue a été très compliqué. La collégialité a moins d’intérêt quand on renvoie à ses pairs : « Vous êtes des monstres qui frappez les femmes, moi, je n’ai rien à voir avec ça. »

En revanche, il y a une possibilité d’avancer si les hommes sélectionnés dans le groupe sont sur un point de bascule et si, dès le premier tour de table, l’un d’eux dit : « J’ai honte de ce que j’ai fait, mais je sais que ça ne suffit pas pour dire je suis guéri parce que je vais peut-être recommencer. » Entendue par le groupe, cette parole peut en écho en déclencher d’autres comme : « J’attends de ce groupe de comprendre pourquoi je suis violent, pourquoi je dégaine vite, pourquoi je suis un nerveux. »

Dans ce type de cas, dix semaines ou six mois peuvent être bénéfiques, parce que la parole va être libérée. Les gars savent qu’ils sont entre eux, qu’ils ne seront pas jugés par les autres. S’ils sont là, c’est parce qu’ils ont tous la même condamnation, qu’ils sont ex æquo sur les faits.

Ces expérimentations ont-elles un réel impact ?

Laurène Daycard : Les professionnels estiment qu’elles peuvent faire tomber le risque de récidive de 40 à 50 %, voire jusqu’à 90 %, selon les données statistiques du parquet. Mais ce n’est pas une solution miracle.

Ce processus de responsabilisation n’est que l’amorce d’une réflexion introspective qui va durer sur des années, si possible avec un accompagnement thérapeutique. Mais il faut continuer à essayer, car pour le moment, des femmes sont victimes, certaines sont tuées, et des enfants grandissent dans ce contexte de violence. Perdre espoir est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre. L’espoir c’est politique.

Mathieu Palain : Il est évident que corriger le tir va prendre très longtemps, puisqu’on a derrière nous des siècles de domination masculine totale. Il y a peu (2), l’homme était dans la loi le chef de la famille. Il avait quasiment droit de vie et de mort sur tous ses membres. Mais notre société est en mouvement. La norme évolue.

Les féminicides sont médiatisés, il y a des collages sur les murs, des manifestations, des mouvements militants féministes radicaux qui se mobilisent justement pour que les hommes ne puissent plus exercer leur domination en toute tranquillité. C’est cette addition de pressions qui fait bouger la société. Ce mouvement est encore trop lent, mais nous partons de loin.

(1) La dernière « Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple » date du 26 août 2022. (2) C’est la loi du 4 juin 1970 qui supprime le statut de « chef de famille » du Code civil.

Il n’y a pas d’Intelligence.Artificielle in the New Yorker

Illustration par Nicholas Konrad / The New Yorker
Il existe des moyens de contrôler la nouvelle technologie, mais nous devons d’abord cesser de la mythifier dit cet informaticien. Une proposition de simple bon sens à partir du moment où on est convaincu de l’essentiel de l’article à savoir que l’IA est un outil pas une créature et donc en tant qu’outil une forme innovante de collaboration sociale. “Après tout, qu’est-ce que la civilisation sinon la collaboration sociale ? Voir l’IA comme un moyen de travailler ensemble, plutôt que comme une technologie pour créer des êtres indépendants et intelligents, peut la rendre moins mystérieuse, moins comme hal 9000 ou Commander Data. Mais c’est bien, car le mystère ne fait que rendre la mauvaise gestion plus probable”. Peut-être ce constat peut-il nous aider à percevoir à quel point nos peurs sont liées à des formes de “collaboration” en crise profonde plutôt qu’à l’outil ? Nous sommes dans une société disons capitaliste dans laquelle la contradiction entre la socialisation toujours plus poussée des moyens de production entre en contradiction avec pas seulement “la propriété” en tant que mode juridique mais l’appropriation réelle et la désappropriation massive des producteurs. Un ébranlement de toutes les bases sociales s’ensuit, ébranlement de toutes les institutions et mêmes la représentation de notre être, de nos rapports sociaux culminent dans ce mythe d’une créature qui nous remplacera et sera plus compétitive. Et il y a aussi le modèle d’exclusion qui a été celui de chaque mutation scientifique et technique dans la société capitaliste face à de nouvelles phases d’accumulation du capital. Mais c’est tout sauf une fatalité qui ne peut qu’engendrer déni et anxiété dans ce domaine comme dans d’autres… (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société)

NDLR de MAC: une réflexion qui replace l’humain au centre du débat…. temps de lecture 16 minutes

Par Jaron Lanier 20 avril 2023

En tant qu’informaticien, je n’aime pas le terme « I.A. ». En fait, je pense que c’est trompeur, peut-être même un peu dangereux. Tout le monde utilise déjà le terme, et il peut sembler un peu tard pour en discuter. Mais nous sommes au début d’une nouvelle ère technologique, et le moyen le plus simple de mal gérer une technologie est de mal la comprendre.

Le terme « intelligence artificielle » a une longue histoire – il a été inventé dans les années cinquante, aux débuts des ordinateurs. Plus récemment, les informaticiens ont grandi avec des films comme « Terminator » et « The Matrix », et avec des personnages comme Commander Data, de « Star Trek : The Next Generation ». Ces pierres de touche culturelles sont devenues une mythologie presque religieuse dans la culture technologique. Il est naturel que les informaticiens aspirent à créer l’IA et à réaliser un rêve de longue date. Continuer la lecture de Il n’y a pas d’Intelligence.Artificielle in the New Yorker

À un mois de la Fête, l’Humanité cambriolée a besoin de votre soutien

Fabien Gay, le directeur du journal L'Humanité, Le 31 juillet,  lors de l'hommage à Jean Jaurès, assassiné 109 ans plus tôt © Demian Letinois Taillant

Fabien Gay, le directeur du journal L’Humanité, Le 31 juillet, lors de l’hommage à Jean Jaurès, assassiné 109 ans plus tôt
© Demian Letinois Taillant

Chers lectrices et lecteurs, Alors que l’été n’est pas encore achevé et que notre rédaction est mobilisée pour continuer de décrypter l’actualité, un mauvais coup est venu frapper le groupe l’Humanité. Dans la nuit du mercredi 16 août au jeudi 17 août, le bâtiment où nous avons nos bureaux a été cambriolé. Quasiment toutes les entreprises de l’immeuble ont également été visitées et je veux leur apporter notre plein soutien. En ce qui nous concerne, ce sont une cinquantaine d’ordinateurs qui ont été dérobés avec d’autres outils informatiques, comme le matériel vidéo, auxquels s’ajoutent des dégradations importantes qui occasionnent des désagréments importants pour notre vie commune.

C’est d’autant plus un mauvais coup qu’il se produit dans une période charnière pour toutes nos équipes. Nous avions récemment renouvelé l’ensemble de nos outils informatiques pour assurer dans les meilleures conditions le changement d’outil éditorial le 4 septembre et le lancement de notre nouvelle plateforme numérique, de notre nouvelle liseuse et la création de notre application numérique pour le 15 septembre prochain. De plus, tout le service de la Fête de l’Humanité qui devait emménager ce jeudi 17 août sur le terrain pour assurer le montage, l’accueil des militants et des prestataires se retrouve sans outils informatiques. Continuer la lecture de À un mois de la Fête, l’Humanité cambriolée a besoin de votre soutien

Oui il a fallu détruire l’État socialiste et le parti léniniste mais il demeure la question : Comment en est-on arrivé à Gorbatchev ? A Robert Hue ?

Temps de lecture: 18 minutes

Le livre d’Ostrovski Erreur ou trahison dans sa dernière partie, intitulée “la fin” ne laisse pas beaucoup de place au doute, il y a eu “trahison” et celle-ci a nécessité de la ruse et de l’obstination. Il décrit pourtant le caractère “objectif” d’un écroulement de l’URSS sous les effets conjugués d’une crise économique, de l’affaiblissement du pouvoir de l’union, de sa centralité autant que de sa maitrise sur les événements, de la croissance d’un mouvement d’opposition lié de fait directement à Washington, y compris sous ses formes nationalistes, qui développe sa prise sur le terrain que le pouvoir de l’union laissait en jachère, ainsi que de l’effondrement de l’ancienne idéologie et de la diffusion de nouvelles valeurs idéologiques occidentales. Si l’on en restait à ce constat, ce que font la quasi totalité de ceux qui parlent de la fin de l’URSS en France, communistes compris, l’affaire peut être jugée, ce système n’était pas viable.

En général, c’est même pire, la chute de l’URSS est devenue un lieu obscur dont on ne parle pas, le diagnostic est bien le caractère invivable et sordide, et ce silence sur les FAITS conditionne des attitudes fondamentales et devient force d’inertie. La première conclusion que l’on peut tirer de ce livre est qu’il est urgent que les communistes français mais en s’appuyant sur les nombreux travaux qui se développent au plan international affrontent à partir de leur propre but et valeurs cette question des raisons de la fin de l’URSS, comme celle de la liquidation de leur parti, une réalité. Continuer la lecture de Oui il a fallu détruire l’État socialiste et le parti léniniste mais il demeure la question : Comment en est-on arrivé à Gorbatchev ? A Robert Hue ?

Rentrée : des étudiants toujours plus précaires, selon l’Unef

Dans une étude publiée ce lundi 14 août sur leur compte X, le syndicat étudiant Unef a révélé une augmentation du coût de la vie étudiante à hauteur de 6,47 %. Pour Flavie Quilan-Lacour, présidente de la branche picarde du syndicat, le problème n’est pas nouveau, il fait craindre une dégradation des conditions de vie pour les étudiants.

AFP

Transport, alimentation, énergie… Plusieurs secteurs dont les frais sont en hausse devraient impacter le porte-monnaie des étudiants français à la rentrée, c’est ce qu’indique une étude du syndicat étudiant Unef publiée sur leur compte X, ce lundi. Entre inflation et manque d’action du gouvernement, la précarité étudiante ne fait que croître depuis plusieurs années.

Malgré l’annonce du gouvernement de revaloriser le montant des bourses étudiantes à hauteur de plus de 500 millions d’euros, «  jamais, en 19 ans d’enquête de l’Unef, l’évolution du coût de la vie étudiante n’avait atteint de tels sommets », s’indigne l’Union nationale des étudiants de France. Continuer la lecture de Rentrée : des étudiants toujours plus précaires, selon l’Unef

50 ans après la mort de John Ronald Reuel Tolkien, retour sur ses terres… In Huma Dimanche

Il a popularisé la fantasy au niveau mondial. Il a passé sa vie à écrire les contes et légendes de la Terre du Milieu, transmettant cet héritage à sa famille, qui, bien après sa mort, a continué de le publier. John Ronald Reuel Tolkien nous a quittés il y a cinquante ans, mais son œuvre demeure vivace et continue de distiller tolérance et respect. Si l’œuvre de J. R. R. Tolkien puise allègrement dans les récits nordiques, germaniques et anglo-saxons, ses chapitres les plus sombres sont hantés par ses souvenirs des horreurs de la Grande Guerre. Une éloge du pacifisme et de la tolérance qui trouvera écho jusque dans la contre-culture hippie, chez les Beatles et Led Zeppelin.

La saga "Le Seigneur des anneaux” de Peter Jackson.

La saga « Le Seigneur des anneaux” de Peter Jackson. Crédit : Photo12/7e Art/New Line Productions

« Je voulais écrire “le Seigneur des anneaux”. Le problème était qu’on l’avait déjà écrit. » Lors d’un discours de 2004, le pourtant talentueux Neil Gaiman (« American Gods », « Sandman ») résumait ce que peut ressentir n’importe quel auteur face à un monument de la littérature mondiale. De son vivant, J.R.R. Tolkien en aurait rougi, lui qui ne prisait que peu la notoriété. Il avait pourtant déjà vendu des millions d’exemplaires de ses livres.

Depuis son premier récit, à 7 ans (une histoire de dragon, évidemment), à son décès en septembre 1973, John Ronald Reuel Tolkien n’a jamais cessé d’écrire. On a tendance à circonscrire son œuvre aux légendes de la Terre du Milieu, mais il a laissé un nombre considérable de productions. Un « continent littéraire », comme l’évoque Vincent Ferré, fin connaisseur de l’univers de l’auteur. Ou plutôt, « une forêt, un iceberg dont on n’a connu que deux faces principales du vivant de J.R.R. Tolkien : “le Hobbit” (1937) et “le Seigneur des anneaux” (1954-1955) ». Beaucoup de textes inachevés, de notes ont été triés, retravaillés par son fils Christopher, son exécuteur littéraire, qui a préservé et continué l’œuvre paternelle jusqu’à sa mort en 2020. En 2007, il a même réussi à achever et publier « les Enfants de Húrin », un roman de son père commencé en 1918 ! Suivront « Beren et Lúthien » en 2017 et « la Chute du Gondolin » en 2018. C’est dire si l’œuvre de J.R.R. Tolkien, publiée de son vivant ou à titre posthume, est riche. Continuer la lecture de 50 ans après la mort de John Ronald Reuel Tolkien, retour sur ses terres… In Huma Dimanche

Tous ces privilèges qui restent à abolir, l’analyse

Le 4 août 1789, l’Assemblée constituante votait la fin des privilèges de l’Ancien Régime. Mais pour atteindre l’idéal révolutionnaire d’une société égalitaire, il en reste encore quelques-uns à faire tomber. Liste non exhaustive des bénéfices et passe-droits des plus aisés.

Photo Eric TSCHAEN/REA

Photo Eric TSCHAEN/REA

À l’hôtel des Menus-Plaisirs de Versailles, la nuit du 4 août 1789 est agitée. Dans un de ces moments d’effervescence que seules les révolutions savent offrir, l’Assemblée constituante vote la fin des privilèges féodaux. La fougue politique du club des Bretons, futurs Jacobins, emporte avec elle les fondements de l’Ancien Régime. Pourtant, 234 ans plus tard, les fractures perdurent. C’est qu’un ordre inégalitaire, capitaliste et bourgeois, en a remplacé un autre. Il reste des privilèges à précipiter au tombeau. « L’Humanité magazine » vous en fait l’inventaire (non exhaustif).

L’héritage, le nerf de la guerre

Dans plusieurs de leurs travaux, les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon ont montré combien la transmission d’un patrimoine, financier ou matériel, était cruciale dans la perpétuation des dynasties fortunées. Depuis une trentaine d’années, l’héritage a tendance à s’accroître au point de devenir la première cause d’inégalité en France. Le système actuel de taxation, progressif, n’est pas exempt de critiques, en raison notamment de ses nombreux dispositifs d’exonération et d’exemption. Le 0,1 % des plus riches hérite en moyenne de 13 millions d’euros par tête… soit 180 fois l’héritage médian de l’ensemble des Français. Continuer la lecture de Tous ces privilèges qui restent à abolir, l’analyse

La classe ouvrière et le pacte républicain face à l’arrogance de caste

Pour la France de Macron:
il est inacceptable que l’on viole “la démocratie” au Niger, celle qui garantit à la France un uranium à un prix dérisoie, mais il est tout à fait acceptable que celui qui « soustrait » son uranium n’ait pas d’électricité chez lui. Moins de 20 % de la population au Niger dispose de l’électricité. C’est dire ce qu’est leur démocratie et le lâche consensus sur lequel il repose… ce consensus, cette union sacrée autour de l’envoi d’armes pour l’OTAN.

Cette France-là est chassée d’Afrique, est méprisée de tous pour son impuissante vassalité, elle a trahi son peuple comme tous les autres peuples, son secteur manufacturier s’effondre et la bourse chute parce que leur démocratie n’est que tyrannie et que les capitaux fuient comme toujours.

Il y eut jadis d’autres voix rocailleuses qui tonnèrent à l’Assemblée Nationale au nom de la classe ouvrière, Il interpellait malicieusement Queuille en pleine guerre de Corée et lui disant : “taisez-vous Correzien du Sud…” Ce qui ne manquait pas de sel quand on sait le partage de la Corrèze entre ceux qui respectaient les maitres du château et les rebelles…
ou encore s’adressant à l’Assemblée Nationale à ceux qui par leur atlantisme trahissaient la France et qui pour masquer leur trahison se déchaînaient en propos anticommunistes:
“Nous sommes bien sûrs de valoir autant que vous et quand je dis autant je suis sûr de ne pas exagérer… Vous parlez de démocratie pour masquer votre arrogance de caste..” Ce discours de Jacques Duclos dont nous publions ci-dessous des extraits a été prononcé alors que les événements se précipitaient en Indochine “Ce qui se dégageait de la marche des événements, c’était d’abord la volonté du gouvernement français d’empêcher l’unité du Vietnam en maintenant la Cochinchine sous un régime autonome et en recherchant d’autres partenaires que le camarade Ho chi Minh” et Duclos ajoute “Ainsi, la IVe République allait faire ses débuts avec à son flanc une situation en train de s’aggraver en Indochine et qui devrait prendre peu à près un caractère d’extrême gravité. On peut dire que la guerre d’Indochine qui a fait tant de mal au peuple vietnamien et qui a été ruineuse pour notre pays a eu pour cause la rapacité des colonialistes et le manque de courage et de clairvoyance de dirigeants politiques qui se laissèrent manoeuvrer par des personnages totalement imperméables à la compréhension de la volonté de libération des peuples colonisés et figés dans l’attitude coloniale la plus rétrograde et la plus stupide”. (1)

Un mot encore, je me suis toujours demandée pourquoi alors que la social démocratie avait toujours trahi partout, pourquoi non seulement Jaurès ne trahit pas, pourquoi dans la Commune de Paris viennent y compris des officiers qui refusent la défaite, je crois que c’est parce qu’il y a la Révolution française avec Robespierre, celui qui porte la République le plus loin, en faisant du peuple la boussole… le principe jacobin celui à partir duquel se dessinera la dictature du prolétariat.

Il suffit d’écouter ce discours de Duclos et le double contexte dans lequel il est prononcé à savoir au plan intérieur face aux manœuvres qui vont finir par détruire la IV république et qui – déjà sous la pression des Etats-Unis – vont évincer les communistes du gouvernement et à travers eux chasser la classe ouvrière le peuple français de l’exercice de la démocratie, ils n’entendent pas plus les peuples qui exigent souveraineté et libération internationale que chez eux celle du peuple. Ils baptisent démocratie ce qui n’est qu’une arrogance à courte vue de caste…

il est à noter que si on lit ce texte: Jaurès n’est pas le modèle offert aux communistes, il est seulement la preuve qu’il existe dans notre pays des Républicains sincères avec qui on peut gouverner. Ce qui est aux antipodes de la manière dont on tente de transformer le parti de Maurice Thorez en parti de Jaurès et qui confirme le choix social démocrate qui alors peut se contenter du parlementarisme et d’un strapontin pour la classe ouvrière… Jaurès est un appel aux socialistes baptisés en l’occurrence des “républicains sincères”

En revanche, oui le parti communiste français part de ses traditions héritées de la Révolution française et de son roman national pour donner à la classe ouvrière son rôle émancipateur et souverain, patriote, du jacobinisme vers le socialisme qui a triomphé avec l’URSS et qui vient de ré-affirrmer son rôle dans la lutte contre le nazisme.

Le pacte républicain dont faisait état Jacques Duclos a été brisé : chaque président de la Ve République a eu à cœur d’aggraver la facture qu’il soit de droite ou de gauche, la part du patrimoine hérité est remontée de 34% en 1970 à 60% aujourd’hui.
La moitié des Français reçoivent moins de 70 000€ en héritage, mais les 0,1% les plus aisés reçoivent au moins 12,5 millions, soit au minimum 180 fois plus. Le taux d’épargne des 40% les moins aisés est inférieur à 5%. Ceux-là n’ont pas le choix : ils consomment la quasi-totalité de leur revenu et subissent de plein fouet l’inflation. Leur Europe est sans perspective autre que celle de la mise en concurrence des forces de travail et la gloire des marchés financiers et des marchands d’armes. La zone euro est entrée en récession. Les salaires ne suivent pas l’inflation, d’où la contraction de la consommation, et l’investissement (dont l’immobilier) est aussi en berne. La guerre et le pillage néocolonial n’aide même plus à assurer le dit pacte républicain, il est à la base d’un exode qui devient seulement un argument sécuritaire. Le consensus qui tend à s’établir autour de ce pillage et de l’UE en est de plus en plus infâme.

Quand le PCF revendiquait le pouvoir au nom de la classe ouvrière et dénonçait “leur” démocratie comme une arrogance de caste menant à la catastrophe …

“Nous avons conscience d’avoir autant de mérites, autant de droits que vous ; et quand je dis “autant”, je suis bien sûr de ne pas exagérer.

La classe ouvrière, dont nous avons conscience d’être les représentants essentiels, a fait son devoir, alors que les fausses élites sombraient dans la lâcheté et le déshonneur.

Cela on le reconnaissait hier : on l’oublie aujourd’hui. Pendant la clandestinité, un académicien, qui maintenant est de service au Figaro écrivait : la classe ouvrière seule, dans sa masse, aura été fidèle à la France profanée.”

Mais cet élan de sincérité hier est oublié aujourd’hui. Et l’on voit transparaître la haine de classe chez ceux-là même qui parlent d’amour pour cacher leur mépris du peuple et qui parlent de démocratie comme pour cacher un esprit de caste.

Ce qui reste, mesdames, messieurs, c’est que le parti qui représente la plus large fraction de la classe ouvrière est considéré comme un parti de seconde zone, et cela parce qu’il est représentatif de la classe ouvrière.

Les ouvriers, c’est bon pour produire, c’est bon pour se battre, c’est bon pour payer, c’est bon pour se faire tuer, mais ce n’est pas bon pour gouverner au même titre que les autres citoyens !

Les postes de premier plan sont interdits à une catégorie de Français. Le peuple servant de piédestal à une aristocratie méprisante et hautaine, voilà la philosophie politique que certains semblent vouloir faire triompher.

C’est ce qu’on a ressenti au cours des événements de ces derniers jours et l’on a la sensation de voir se dérouler ici des intrigues dont on a pas de mal à deviner qu’elles se nouent en dehors de l’enceinte du Palais Bourbon.

A côté des Républicains attachés à la démocratie et décidés à jouer le jeu parlementaire, il est des hommes qui ont associé leur destin moins peut-être au destin de la République qu’à un destin personnel. Et le plan de ces hommes est de discréditer la démocratie, dans l’espoir de frayer la voie à je ne sais quelle autre forme de pouvoir.

(…) On réfléchit aujourd’hui dans les usines, dans les mines, dans les chantiers, dans les boutiques, dans nos campagnes. On réfléchit à ce fait nouveau que, pour certains, la haine de classe prime l’intérêt de la patrie. Le peuple ne peut pas ne pas comprendre, devant l’interdit qui frappe le Parti communiste, que lorsque ces gens parlent d’union nationale, c’est simplement une comédie, ce n’est pas sincère.

La France veut aller de l’avant dans la voie du progrès. Elle ne veut pas que les conquêtes sociales de la dernière période soient remises en question. Elle ne veut pas que les nationalisations effectuées soient abolies pour le plus grand profit des puissances d’argent.

Elle ne veut pas que les forces d’obscurantisme reprennent le dessus.

Elle ne veut pas, la France, que plus de cent cinquante ans après la proclamation des droits de l’homme et du citoyen, on puisse établir chez nous des catégories entre Français et ériger en principe qu’aux hommes du peuple les fonctions supérieures sont à jamais interdites.

La France ne veut pas cela ! La France ne veut pas retourner aux mœurs féodales, au règne du bon plaisir et de l’arbitraire!

Nous sommes sûrs en défendant ces principes fondamentaux de la démocratie, d’être à l’unisson du pays républicain tout entier.

Nous représentons la partie la plus agissante la plus ardente de nos populations ; nous représentons les couches profondes de la nation dont Jaurès pouvait dire “qu’elles sont la vérité en mouvement, la vie elle même dans son évolution nécessaire”.

Le peuple de France ne permettra pas qu’on essaie de nous conduire à contresens de l’histoire et, avant de terminer, je veux faire appel à l’union de tous les Républicains que peu vent séparer des barrières de partis, mais qui doivent se retrouver unis pour assurer la marche paisible de la France vers l’affairmissement des institutions républicaines et pour barrer la route aux chercheurs d’aventurs quels qu’ils soient.

Jaurès que je me permets de citer disait :

“La société d’aujourd’hui est menacée par le retour offensif de toutes les forces du passé. C’est le devoir des socialistes, quand la liberté républicaine est en jeu, de marcher avec ceux qui ne veulent pas revenir en arrière”.

(1 ) Mémoires de Jacques Duclos. 1945-1952 ; p.169, 170, 171. Nous sommes dans le gouvernement provisoire de Léon Blum, mais la IVe République se met en place avec l’élection du président de la République par l’Assemblée nationale qui est fixée le 14 janvier 1947.

Police et pouvoir : pourquoi ces liaisons dangereuses

Les propos tenus par le directeur général de la police nationale en début de semaine, que refuse de condamner l’exécutif, relancent le débat sur les réponses à apporter au malaise dans la profession, loin des outrances très droitières d’une partie de ses syndicats.

Le directeur général de la police, Frédéric Veau, (à gauche) a estimé qu'« avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Ici, avec son ministre de tutelle, Gérald Darmanin, qui, lui, garde le silence total sur le sujet. © AFP

Le directeur général de la police, Frédéric Veau, (à gauche) a estimé qu’« avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Ici, avec son ministre de tutelle, Gérald Darmanin, qui, lui, garde le silence total sur le sujet. © AFP

Une interview en forme de coup de pression. Pour le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, un policier ne doit pas dormir en prison dans l’attente de son procès, « même s’il a commis une faute grave ». Une façon explicite de demander la libération de l’agent de la BAC détenu après des faits de violences policières commis à Marseille.

Des propos d’une extrême gravité qui ont suscité l’indignation et la colère de tous ceux qui, attachés à l’État de droit, considèrent qu’un policier est un justiciable comme un autre et que la police ne saurait exercer quelque pression que ce soit à l’endroit de l’institution judiciaire.

Des élus de gauche, le Syndicat de la magistrature, l’ancien procureur de la République François Molins se sont notamment élevés contre ce qu’ils considèrent être une dérive claire. Les principaux syndicats de policiers ont, de leur côté, applaudi la prise de position de leur chef. Continuer la lecture de Police et pouvoir : pourquoi ces liaisons dangereuses