Qu’est-ce que l’impérialisme ? (texte de réflexions)

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L’impérialisme ne se résume pas à une certaine configuration des relations internationales. C’est une ère nouvelle du capitalisme et donc de l’histoire de l’humanité, l’ère de la dictature totale des monopoles et du pourrissement des sociétés.

Maîtres et valet – Contre les 200 familles – 1936 (PCF / Wikipédia)

L’impérialisme est une ère, une période nouvelle du mode de production capitaliste. On peut résumer l’impérialisme pris sous toutes ses coutures dans une unique sentence : l’impérialisme est la dictature totale des monopoles capitalistes. Elle est totale car elle touche tous les domaines de la vie humaine. La vie politique, la vie économique, mais aussi la vie culturelle, la santé et même la vie sexuelle des humains sont affectées par l’impérialisme. Il est vain de chercher à séparer ces aspects. On peut seulement les distinguer les uns des autres. Est impérialiste tout ce qui relève de cette dictature mondiale et totale des monopoles, tout ce qui assoit leur pouvoir sur les êtres et les choses.

Le qualificatif d’impérialiste est très employé par la gauche anti-libérale pour flétrir les grandes puissances, en particulier les États-Unis, qui oppriment des peuples entiers en les exploitant eux et leurs ressources naturelles. C’est un mot qui pue le soufre comme la traînée toxique émise par le président Bush que Hugo Chavez avait déclaré avoir senti en passant après lui à la tribune de l’ONU. L’ardeur anti-impérialiste du feu président vénézuélien vivifie encore les esprits combattants et patriotes du monde entier, rayonnant depuis la Fleur des Quatre éléments du Cuartel de la Montaña sur laquelle il repose pour l’éternité. Il en faut, de l’ardeur et de l’enthousiasme, pour faire échec à l’impérialisme. Continuer la lecture de Qu’est-ce que l’impérialisme ? (texte de réflexions)

Alain Supiot : « Une société qui donne pour idéal à sa jeunesse de devenir millionnaire se condamne à la répétition des crises »

Le juriste, professeur émérite au Collège de France, publie la Justice au travail, ouvrage dans lequel il met en perspective historique cette grande question et analyse les évolutions en cours. Il présente, d’autre part, une nouvelle édition des Lettres persanes. Dans nos colonnes, il appelle à dépasser l’opposition entre justice distributive et justice recognitive, c’est-à-dire entre ce qu’on nomme aujourd’hui le « social » et le « sociétal ». Entretien.

Alain Supiot, juriste, professeur émérite au Collège de France. Hannah ASSOULINE/opale

Alain Supiot, juriste, professeur émérite au Collège de France. Hannah ASSOULINE/opale

Alain Supiot a occupé la chaire « État social et mondialisation : analyse juridique des solidarités » au Collège de France. Le professeur émérite a été membre, de 2016 à 2018, de la Commission mondiale sur l’avenir du travail. Ses travaux de juriste se sont principalement déployés sur deux terrains complémentaires : le droit social et la théorie du droit. Ses recherches en cours portent sur les mutations de l’État social dans le contexte de la globalisation.

Le titre de votre ouvrage, la Justice au travail (1), a, selon vous, une double signification : la « juste répartition du travail et de ses fruits » et « l’exigence de justice comme force historique ». Comment articulez-vous ces deux dimensions ?

La justice a souvent été conçue comme un ordre idéal et immuable auquel il conviendrait de se conformer. Mais c’est bien plutôt l’expérience historiquement changeante de l’injustice qui est première. C’est la misère ouvrière engendrée par l’essor du capitalisme industriel qui a suscité, au XIXe siècle, la volonté d’en comprendre les causes et d’en combattre l’extension. Cette expérience diffère de celle que peuvent avoir aujourd’hui les travailleurs sous plateforme ou les personnels de santé soumis au pilotage par indicateurs chiffrés. Continuer la lecture de Alain Supiot : « Une société qui donne pour idéal à sa jeunesse de devenir millionnaire se condamne à la répétition des crises »

Nottin renvoie Blanquer à ses chères études

L’Humanité a décidé de suivre la confrontation entre le candidat de la Nupes et l’ex-ministre de l’Éducation nationale, à Montargis, dans le Loiret. Suite de ce feuilleton avec une rencontre électrique, sur fond de bilan déplorable de la Macronie, tant pour l’école que pour le pouvoir d’achat.

Montargis (Loiret), envoyé spécial.

Selon une célèbre réplique, l’important, ce n’est pas la chute mais l’atterrissage. Envoyé depuis Paris dans la 4e circonscription du Loiret, Jean-Michel Blanquer en a fait l’expérience lors de sa première rencontre avec Bruno Nottin, samedi, sur le marché du centre-ville de Montargis, où l’un est candidat de la majorité sortante, l’autre de la Nupes. L’instant fut bref, aux alentours de 11 h 30, sous le ciel bleu. Saisissant l’occasion, le communiste adresse directement à l’ex-­ministre de l’Éducation nationale les bonnes phrases qui l’ont fait gagner en notoriété sur Twitter . « Ça se passe bien, votre parachutage ? dégaine-t-il d’emblée. Dans la circonscription, ce sont 11 postes qui ont été supprimés dans les collèges en trois ans, les professeurs et les parents d’élèves, tous sont contre vous ! » « J’ai fait plus en cinq ans qu’aucun de mes prédécesseurs », essaie de justifier Jean-Michel Blanquer, qui porte dans son projet l’implantation d’un IUT dans le Montargois. « Cela fait trente ans que les communistes locaux se battent pour cela, vous pompez notre projet », poursuit Bruno Nottin. Et d’ajouter : « Vous savez que vous êtes dans une ville qui compte 33 % de pauvres ? Vous dites vouloir agir, mais vous n’y connaissez rien. » Continuer la lecture de Nottin renvoie Blanquer à ses chères études

Mégabassines : les raisons d’une bataille sur l’eau dans les Deux-Sèvres

Bassines Non Merci  No Bassaran !

La sécheresse précoce qui sévit ce mois de mai remet sur le devant de la scène les conflits liés à la gestion de l’eau. Celui dit des mégabassines, dans les Deux-Sèvres, révèle les failles d’un projet de territoire mal partagé. Explications.

Des CRS qui montent la garde au milieu des champs ; des gendarmes qui procèdent, fusil-mitrailleur à la main, aux contrôles à l’entrée des villages ; des manifestants verbalisés ; des installations d’irrigation sabotées ; quelques baffes échangées… Depuis quatre ans, la vallée de la Sèvre niortaise est le théâtre d’un conflit qui vire à la bataille rangée entre agriculteurs.

Cette querelle-là porte sur l’eau, et n’est déjà plus la première du genre. Du projet de barrage de Sivens, abandonné en 2014, au lac de Caussade, rempli sans autorisation dans le Lot-et-Garonne, les pugilats se multiplient au fur et à mesure que le réchauffement climatique fait sentir ses effets. Continuer la lecture de Mégabassines : les raisons d’une bataille sur l’eau dans les Deux-Sèvres

Disparition. Miss.Tic, la sorcière du street art

L’artiste de 66 ans est morte dimanche des suites d’une maladie. Commencée sur les murs de Paris, son œuvre au pochoir qui alliait graphisme et poésie était entrée dans les galeries.

Miss. Tic était connue pour ses silhouettes de femmes poétiques et ultra sexy graffées au pochoir sur les murs de Paris. Ici, dans son studio, le 31 janvier 2006. © Bertrand Guay / AFP

Miss. Tic était connue pour ses silhouettes de femmes poétiques et ultra sexy graffées au pochoir sur les murs de Paris. Ici, dans son studio, le 31 janvier 2006. © Bertrand Guay / AFP

Elle s’était choisi un pseudonyme de sorcière sexy, inspiré de Miss Tick, la maléfique créature aux cheveux de jais de la Bande à Picsou. Depuis le milieu des années 1980, l’artiste recouvrait les murs et les palissades parisiens de ses oeuvres au pochoir mêlant texte et images qui diffusaient dans la ville des messages poétiques, souvent féministes : « En péril une grande éraflure dans le ventre je rêve à des corps sans mémoire »« Exilée volontaire d’un continent sans nom j’écris dans la marge des non dits »« Dans le parfum indécent d’un rythme nos fantasmes urbains submergent les façades figées du quotidien… » Continuer la lecture de Disparition. Miss.Tic, la sorcière du street art

« Macron II » : le gouvernement Borne, un groupe de fidèles et de technocrates (Décryptages)

Le premier exécutif du second quinquennat d’Emmanuel Macron reconduit 13 ministres du précédent mandat, sur 23. Parmi les nouveaux, beaucoup de profils « technos », jamais élus, et deux surprises : l’historien marqué à gauche Pap Ndiaye à l’Éducation nationale, et l’ex-chef des députés LR Damien Abad aux Solidarités.

Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, annonce la composition du gouvernement sur le perron de l'Elysée.

Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, annonce la composition du gouvernement sur le perron de l’Elysée. Ludovic Marin AFP

Véran, Dupond-Moretti, Dussopt, Le Maire… Pour « l’élargissement » et le « renouveau », on repassera. La composition du gouvernement Borne, premier du second quinquennat d’Emmanuel Macron, a été annoncée vendredi 20 mai, quatre jours après la nomination de la première ministre. Un délai qui s’explique par de nombreux refus et la nécessaire vérification des déclarations de chacun – et permet au passage de rogner un peu sur la campagne des législatives.

Le nouvel exécutif est composé de 17 ministres, 6 ministres délégués et 4 secrétaires d’État. Sur les 23 ministres, 13 étaient déjà dans le gouvernement Castex. Entre eux, c’est un petit jeu des chaises musicales : Bruno Le Maire est reconduit à l’Économie (à laquelle est ajouté le portefeuille de la « Souveraineté industrielle »), Eric Dupond-Moretti à la Justice, Gérald Darmanin à l’Intérieur. Mais Olivier Dussopt, représentant de « l’aile gauche » de la Macronie, lâche le Budget à Gabriel Attal et hérite du Travail : il devra notamment porter la controversée réforme du RSA… et le recul de l’âge de la retraite à 65 ans. Olivier Véran bascule de la Santé aux Relations avec le Parlement, laissant sa place à Brigitte Bourguignon, anciennement à l’Autonomie. Continuer la lecture de « Macron II » : le gouvernement Borne, un groupe de fidèles et de technocrates (Décryptages)

Roger Waters, « le capitalisme est un système corrompu, défaillant »

Musicien de légende à la conscience politique aiguisée, Roger Waters, inventeur d’un son nouveau, a cofondé en 1965 le groupe de rock Pink Floyd. Il n’a jamais fait mystère de ses engagements internationalistes, de ses combats pour la liberté, la paix, l’égalité.

Engagé pour la libération de la chanteuse kurde Nûdem Durak, Roger Waters avait fait les titres de nos pages en avril. On le retrouve avant son départ pour sa tournée mondiale «This Is Not a Drill». © Urban Zintel/LAIF-REA

Engagé pour la libération de la chanteuse kurde Nûdem Durak, Roger Waters avait fait les titres de nos pages en avril. On le retrouve avant son départ pour sa tournée mondiale «This Is Not a Drill». © Urban Zintel/LAIF-REA

Depuis son studio d’enregistrement à New York, à quelques semaines du début d’une tournée mondiale, Roger Waters, nous a offert un entretien au long cours. Le musicien, connu pour ses engagements internationalistes et ses combats anticapitalistes, nous fait partager ses réflexions sur le monde. Turquie, Ukraine, Palestine, dangers de la civilisation capitaliste, désinformation : aucun des sujets qui font ou défont l’actualité n’échappe à sa sagacité.

Vous vous êtes récemment engagé pour la libération d’une jeune chanteuse kurde condamnée en Turquie à dix-neuf ans de prison, Nûdem Durak . Comment avez-vous entendu parler d’elle ?

J’ai entendu parler d’elle par l’un de mes amis. Et j’ai été un peu choqué d’entendre l’histoire de cette jeune femme donc je me suis renseigné. Elle n’a pas pu se défendre lors de son procès, c’était un fait accompli. Elle est en prison depuis sept ans maintenant. Voilà comment tout a commencé. Continuer la lecture de Roger Waters, « le capitalisme est un système corrompu, défaillant »

Les LGBTI discriminés mais davantage tolérés

Inégalités À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, la Commission nationale consultative des droits de l’homme publie un rapport dressant un état des lieux contrasté de l’acceptation des gays, lesbiennes, bi, intersexes et trans par le reste de la société. Si les mentalités progressent, les violences sont nombreuses.

© Apaydin/ABC/Andia.fr

Jeudi 12 mai, Anthony sort du centre commercial de Confluence, à Lyon, lorsqu’il se fait prendre à partie par un homme : « Gros pédé ! Vieux gay ! Je vais t’enterrer ! Je vais te piétiner ! » Les insultes pleuvent sur lui alors que le jeune homme se contente de marcher. Choqué par cette agression verbale, le Lyonnais âgé de 23 ans poste la scène, qu’il avait filmée, sur Twitter pour dénoncer « ce que subit la communauté LGBT+ au quotidien ». Car les paroles et actes homophobes et transphobes continuent de se multiplier malgré la progression affichée des mentalités en la matière. Un paradoxe qu’illustre bien le nouveau rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) publié aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l’homo­phobie et la transphobie. Continuer la lecture de Les LGBTI discriminés mais davantage tolérés

Législatives. Peut-on se fier aux sondages pour les 12 et 19 juin ?

Plusieurs instituts donnent la gauche en tête des voix au premier tour, puis battue en nombre de sièges obtenus à l’Assemblée nationale. Mais comment ces enquêtes sont-elles réalisées et quel crédit leur apporter ?

En 2017, à trois jours du scrutin, un institut prédisait entre 440 et 470 sièges pour les macronistes, qui en ont finalement obtenu 350. Sarah Meyssonnier / REUTERS

En 2017, à trois jours du scrutin, un institut prédisait entre 440 et 470 sièges pour les macronistes, qui en ont finalement obtenu 350. Sarah Meyssonnier / REUTERS

Attention pincettes ! L’ensemble des instituts de sondages appellent à prendre avec « la plus grande prudence » leurs enquêtes concernant les élections législatives des 12 et 19 juin.

En moyenne, l’alliance de toute la gauche, baptisée Nupes, est actuellement donnée en tête des intentions de vote (environ 30 % des voix), devant la coalition des macronistes Ensemble ! (26 %), puis le Rassemblement national (23 %), le parti de droite LR (10 %) et enfin la formation d’Éric Zemmour, Reconquête (6 %).

Icon Quote Certains de nos confrères publient des projections en sièges avant même que l’offre électorale ne soit connue. » Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop

Ces études annoncent-elles la future répartition des sièges à l’Assemblée nationale ? Loin de là, puisque les législatives, en France, ne se font pas à la proportionnelle. Le découpage du territoire en 577 circonscriptions, pour autant de scrutins, complique forcément le travail des sondeurs. « Pour l’instant, nous mesurons simplement les intentions de vote sur les grandes listes ou coalitions qui vont être soumises aux électeurs. Cela donne une idée des rapports de forces nationaux, mais, à ce stade, aucune idée précise par circonscription », indique d’ailleurs Jean-Yves Dormagen, fondateur de Cluster 17. Continuer la lecture de Législatives. Peut-on se fier aux sondages pour les 12 et 19 juin ?

Le vote a-t-il mis en évidence une fracture générationnelle ? 2/2

Lors de l’élection présidentielle, les jeunes se sont davantage abstenus ou ont préféré Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Les plus âgés se sont plutôt tournés vers Emmanuel Macron.

Une rupture générationnelle a bel et bien émergé au cours des dernières années au sein de l’électorat, mais elle s’articule avec une fracture sociale.

Mathieu Gallard Directeur d’études à l’Ipsos

La tripartition du paysage politique français qui a émergé en 2017 et s’est confirmée lors de la présidentielle de 2022 a conduit à une recomposition des électorats des principales familles politiques, en termes sociaux, géographiques ou générationnels. C’est probablement ce dernier aspect qui a le plus retenu l’attention des observateurs à la suite du premier tour, non sans raisons. Certes, les logiques traditionnelles de la participation électorale restent d’actualité : les jeunes, plus sceptiques vis-à-vis de nos institutions très verticales et considérant le vote comme un moyen d’action parmi bien d’autres, sont toujours nettement moins enclins à se rendre aux urnes : seuls 56 % des moins de 35 ans ont voté au premier tour de l’élection présidentielle, contre 81 % des 60 ans et plus. Continuer la lecture de Le vote a-t-il mis en évidence une fracture générationnelle ? 2/2