Inscription d’office à France Travail, activité obligatoire, sanctions… un bouleversement est en cours pour les allocataires du revenu de solidarité active, avec la mise en œuvre à compter du 1er janvier de la loi plein emploi. Syndicats et associations dénoncent un risque de travail gratuit et une atteinte aux droits humains.
Pour l’avocat Vincent Fillola, expert en droit pénal et droit pénal international, de nombreux acteurs de la solidarité font face à une « stratégie globale de persécution politique et judiciaire ». Des actions illégales contre lesquelles il faut se battre pour les faire reconnaître comme telles.
Campagnes diffamatoires sur les réseaux sociaux, dégradations de locaux, déclarations hostiles de responsables politiques, menaces, agressions… Ces acteurs de la société civile sont dans la ligne de mire de ceux qui œuvrent à l’instauration d’une société autoritaire et répressive à l’égard des contre-pouvoirs. Pour l’avocat Vincent Fillola, ces organisations doivent saisir systématiquement la justice pour se défendre.
Les associations font l’objet d’attaques notamment lorsqu’elles abordent les sujets de l’accueil des exilés ou du conflit israélo-palestinien. Est-ce un fait nouveau ?
Vincent Fillola, Avocat
On assiste aujourd’hui à une conjonction entre la manière dont les réseaux sociaux fonctionnent et les choix éditoriaux d’une partie des médias français. Les espaces d’expression sont de plus en plus polarisés et radicalisés. Les combats portés par les organisations de la société civile y sont caricaturés en positions partisanes. Leurs observations documentées, étayées et factuelles sont décrédibilisées, qu’elles concernent les conflits au Proche-Orient, la défense de l’environnement, etc.
Quelles sont les formes que peut prendre cette persécution ?
D’abord, on empêche ces organisations de fonctionner correctement, par le chantage à la subvention, par exemple. Des actions sont mises en œuvre pour freiner leur travail par la loi, le décret ou l’action gouvernementale. On les contraint en les persécutant judiciairement, en plus de leur couper les vivres. Leurs missions sont perverties par la caricature. On les essentialise. On radicalise leurs propos de sorte qu’ils perdent leur sens et leur puissance.
Enfin, il y a aussi des conséquences individuelles. Des bénévoles ou des salariés sont très directement exposés à des campagnes de cyberharcèlement violentes, voire à des actions violentes tout court. Des locaux sont attaqués. Que ce soit dans la vie numérique ou dans le réel, on assiste à une mise en danger des organisations de la société civile et de leurs acteurs à tous les étages, politiques, réputationnels, communicationnels et physiques individuels.
Que penser de ministres de l’Intérieur comme Bruno Retailleau, dénigrant l’action de la Cimade au sein des centres de rétention, ou comme Gérald Darmanin, avant lui, jetant la suspicion sur la LDH ?
La bataille culturelle dérive sur le terrain de l’action publique. Des élus n’hésitent pas à utiliser leurs fonctions pour nuire directement à ces organisations. On est face à une stratégie globale de persécution politique et judiciaire. Je crois que le droit est un outil dont il faut que les organisations de la société civile s’emparent de manière quasi systématique pour répondre à ces attaques et stopper cette dérive.
Les organisations de la société civile utilisent depuis longtemps la justice pour mener des contentieux stratégiques. En revanche, elles l’utilisent beaucoup moins pour se protéger elles-mêmes. Je pense qu’il faut systématiser le recours au dépôt de plainte lorsque des agents ou des bénévoles sont pris à partie sur les réseaux sociaux ou physiquement dans le cadre de leur action, lorsque des locaux sont dégradés, lorsque des lignes rouges sont franchies sur le terrain de la liberté d’expression, lorsque des dirigeants d’organisation sont diffamés, accusés d’être des islamistes ou des écoterroristes, etc.
Pourtant, la justice ne semble pas très efficiente face à des États qui bafouent le droit des étrangers aux frontières, commettent des crimes de guerre ou ne respectent pas les résolutions de l’ONU…
La justice n’est pas parfaite mais constitue un recours utile et parfois même le seul. Nous avons désormais un pôle spécialisé du parquet de Paris contre la haine en ligne. Il y a un certain nombre de choses qui sont déployables, qui sont utilisables et dont on aurait tort de se priver d’utiliser, parce qu’on pense que cela n’aboutira pas. La justice peut être dysfonctionnelle, elle peut être décevante. Mais elle n’est pas inopérante ni aux ordres.
Le recours au droit de réponse, dans les médias, peut également être quelque chose d’utile. Il peut permettre de replacer la parole objective, les combats et les missions qui sont menés par les organisations de la société civile dans un contexte, pour lutter contre une volonté de les caricaturer, de les stigmatiser et, in fine, de cornériser leur action.
Tandis que la fortune d’Elon Musk, poussée par sa proximité avec le prochain président des États-Unis et la flambée de l’IA, bat des records, celles des richissimes Français du luxe battent de l’aile.
La nouvelle ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, s’est rendue à Mayotte ce lundi 30 décembre et a crée une polémique assez rapidement en tournant le dos à deux enseignants.
« Depuis 15 jours, dans tous les bidonvilles ici, personne n’est venu », lui explique un enseignant dans une vidéo retransmise sur BFM TV. « Vous pouvez dire ce que vous voulez aux informations, la réalité elle est là ». La ministre répond « qu’il y a eu des distributions comme vous l’avez fait ». Un autre enseignant indique « que personne n’a vu ces distributions ». Elisabeth Borne répond « qu’elles existent et que peut-être que les gens ne sont pas bien informés ». Continuer la lecture de Mayotte: Elisabeth Borne face à deux enseignants in Caf. Péda.
En novembre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail en catégories A, B, C en France (hors Mayotte) a augmenté de 0,43 % et s’établit à 5,487 millions selon les travaux de direction des statistiques du ministère du Travail (Dares). Alors que s’apprête à débuter la nouvelle année, rien ne garantit que la situation va s’arranger pour les allocataires.
Cela faisait fort longtemps que l’on n’avait pas entendu parler du plein-emploi. Il fut un temps où cet idéal était la marotte d’Emmanuel Macron et de l’exécutif. Un taux de chômage à 5 %, d’ici 2027 disaient-ils. Reste que pour le moment, le pari semble raté. En novembre 2024, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail en catégories A, B, C en France (hors Mayotte) a augmenté de 0,43 % et s’établit à 5,487 millions selon les travaux de direction des statistiques du ministère du Travail (Dares), publiés jeudi 26 décembre. Continuer la lecture de Plus de 5 millions de chômeurs : le plein-emploi ne sera pas pour 2025
Pénuries, coupures d’eau et d’électricité, la Grande Île connaît les plus graves difficultés économiques de ces dernières décennies. Le blocus que subit la population depuis 1962 et les mesures de rétorsion prises par Donald Trump lors de son premier mandat impactent durablement les habitants qui parlent de solidarité, de craintes pour l’avenir et d’exil.
Denis Colombi Professeur de sciences économiques et sociales et sociologue
Les ouvriers d’aujourd’hui ne sont pas ceux dont Charlie Chaplin décrivait le quotidien répétitif dans Les temps modernes. Ce sont des livreurs, des chauffeurs Uber, mais aussi, pour les métiers féminins, des aides-soignantes et des aides à domicile dont le travail est trop souvent invisibilisé, analyse Denis Colombi, sociologue et enseignant en sciences économiques et sociales au lycée.
Après Pourquoi sommes-nous capitalistes (malgré nous) ? (Payot, 2022), il vient de publier, sur les nouvelles formes d’exploitation, Qui travaille vraiment. Essai sur l’invisibilisation du travail (Payot). Il y pointe le brouillage des frontières entre vie professionnelle et vie personnelle.
La conquête de l’espace est entrée dans une nouvelle ère où les États et leurs agences spatiales nationales dépendent de plus en plus de sociétés privées sous-traitantes. L’une d’elles, Space X, est même en passe de dicter ses choix à la Nasa.
Aucun ministre ou ministre délégué n’a été désigné pour cette part de la population. Une absence dénoncée par les associations qui défendent les droits des plus jeunes et par des responsables de gauche.
L’enfance a complètement disparu du gouvernement Bayrou.
L’enfance a donc si peu d’importance pour François Bayrou ? Dès la nomination du nouveau gouvernement, les associations qui se battent pour protéger les plus jeunes sont sidérées : le locataire de Matignon n’a pas reconduit le ministère chargé de la question. Ni même un ministre « délégué », déplore Adeline Hazan, la présidente d’Unicef France dans un communiqué. La question de l’enfance ne figure pas non plus dans l’intitulé du « super-ministère » du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles dirigé par Catherine Vautrin. Continuer la lecture de « Un véritable mépris » : l’enfance, grande oubliée du gouvernement Bayrou