La scandaleuse expulsion d’Arben Collaku, bénévole du Secours populaire 82

© Thomas Samson/AFP

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Engagé dans l’action humanitaire, ce  ressortissant albanais a été expulsé samedi malgré une promesse d’embauche.

Depuis deux ans et demi à Montauban, Arben Collaku était bénévole à temps plein du Secours populaire français, complètement engagé pour venir en aide aux personnes les plus précaires, alors que lui-même était confronté à une existence compliquée. Aujourd’hui « Ben » n’y est plus bénévole : samedi, les autorités françaises l’ont embarqué de force dans un avion pour l’expulser. Destination son pays natal, l’Albanie, où il se sentait en danger, qu’il avait dû quitter en mars 2018, après avoir reçu des menaces de mort. Il avait choisi la France, où vivent son ex-femme et ses enfants.

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Arben Collaku, 56 ans, avait trouvé sa place dans l’équipe de bénévoles de l’association caritative. « Il venait chaque jour pour charger ou décharger les camions de colis alimentaires, participait au tri, à la mise en rayon, raconte Bernard Frauciel, dirigeant du Secours populaire du Tarn-et-Garonne. Il était très disponible, parlant assez bien français. »

La préfète ne répond pas

Sauf que, le 1er octobre 2020, le quinquagénaire a reçu une obligation de quitter le territoire, et devait se présenter tous les deux jours au commissariat. Et c’est précisément au commissariat qu’il a été interpellé, fin janvier, et placé au centre de rétention administrative de Cornebarrieu, au bord des pistes de l’aéroport de Toulouse-Blagnac.

Ses amis se sont démenés pour empêcher son expulsion : courriers à la préfète de Tarn-et-Garonne, rassemblements devant la préfecture, pétition… La préfète n’a pas daigné répondre aux missives, ni recevoir une délégation. Rien ne l’a fait changer d’avis. Ni l’engagement écrit du Secours populaire d’embaucher Arben Collaku. Ni la grève de la faim qu’il a entamée le mardi 9 février. Ni sa décision d’arrêter son traitement contre le diabète. Depuis samedi, Bernard Frauciel a pu garder un contact téléphonique : « Arben est hébergé par un parent. Mais il a très peur, dans ce pays où il ne voulait pas revenir. »

Ce que les communistes ont à offrir à la gauche (contribution)

Contribution de AlecDesbordes

Il est temps que la gauche reprenne sa place historique pour faire avancer les droits démocratiques, les luttes des travailleurs et la transition énergétique. Le Parti Communiste Français, muni de sa candidature à l’élection présidentielle de 2022, peut contribuer de manière considérable à cette dynamique.

         La force politique de gauche est en retrait en France, que ce soit au niveau électoral, ainsi qu’au niveau idéologique et des luttes. Il est temps qu’elle reprenne sa place historique pour faire avancer les droits démocratiques, les luttes des travailleurs et la transition énergétique. Elle est encore capable de grande démonstration de force populaire, comme le mouvement contre la réforme des retraites l’a démontré, mais ce sont presque exclusivement des combats défensifs. Les partis, les syndicats, les associations, se demandent comment créer une dynamique qui puisse fondamentalement retourner le rapport de force actuel avec le capital financier et la droite réactionnaire, pour que l’on puisse de nouveau arracher des victoires dignes de notre peuple. Le Parti Communiste Français, muni de sa candidature à l’élection présidentielle de 2022, peut contribuer de manière considérable à cette dynamique.

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Un billet indigne à «La Dépêche du Midi»: Pas en notre nom, ni en celui de la démocratie! (SNJ)

NDLR de MAC: Nous reproduisons ici le texte complet du communiqué du SNJ qui épingle le rédacteur en chef de l’édition du Tarn et Garonne suite à l’article « Les juges contre le peuple ». Malgré nos protestations (syndicats, partis politiques, associations….) et les rappels à la loi sur la contestation des décisions de justice, la rédaction de la Dépêche a poursuivi ses allégations (Voir les indiscrétions du dimanche 14 février en fin d’article) en utilisant une rubrique anonyme et en faisant paraitre des billets insupportables, portant atteinte a l’honneur de militants et de personnalités politiques. Nous espérons qu’à l’avenir ce journal en quasi-monopole redevienne un journal pour toutes et tous et non celui des intérêts partisans et électoralistes de quelques-uns.
Section SNJ Midi Pyrénées

« Le journal de la démocratie », sous-titre de « La Dépêche du Midi », l’est-il encore ? On peut légitimement se poser la question. Surtout lorsqu’un chef de rédaction départementale (celle du Tarn-et-Garonne) remet en cause les fondements de la démocratie dans un billet paru ce mercredi 10 février 2021 et intitulé « Les juges contre le peuple ? ».

Commentant la décision de justice qui a condamné la maire de Montauban, Brigitte Barèges (LR), à 1 an de prison avec sursis, 15 000 € d’amende et 5 ans inéligibilité, avec exécution provisoire, l’auteur se livre à un exercice de démagogie populiste et d’insinuations contraires à la déontologie.

L’auteur semble ignorer qu’un des principes de la démocratie et de l’État de droit est la séparation des pouvoirs et qu’un système politique où les élus sont au-dessus de la justice se nomme dictature. Car en appeler, comme il le fait, à la légitimité du vote des électeurs pour la mettre en balance avec la légitimité d’une décision de justice, revient, en effet, à remettre en cause les fondements de la démocratie dont se revendique pourtant chaque jour à sa Une « La Dépêche du Midi ».

Quelle mouche poujadiste a piqué l’auteur de ce billet qui, à contre-courant des valeurs de la démocratie, s’interroge sur « la pertinence morale d’une décision qui met un terme brutal à une carrière politique ».
Les propos outranciers utilisés dans ce contexte pour qualifier la décision (« exécution provisoire qui a le goût du sang », « enterrement de première classe », « derrière le paravent de la justice, le coup est rude »,…), aux relents sensationnalistes, sont symptomatiques d’un changement de ligne éditoriale tournant le dos aux valeurs que porte depuis 150 ans « La Dépêche ».

Tout aussi problématiques, d’un point de vue déontologique cette fois, sont les amalgames de l’auteur qui n’hésite pas à citer pêle-mêle des condamnations ou mises en cause d’hommes politiques divers dont les déboires judiciaires n’ont rien en commun (Sarkozy, Balkany, le maire de Gaillac !) et dont il se garde bien de rappeler ou mettre en perspective les divers actes et faits reprochés ou condamnés. Le complotisme n’est pas loin non plus lorsqu’il évoque ceux qui bénéficieraient d’un « deux poids, deux mesures ? » de la justice (avec un point d’interrogation hypocrite, comme si cela suffisait à écarter tout reproche). Et de citer dans ce cas Yvon Collin, ex-sénateur de Tarn-et-Garonne, objet d’insinuations sans preuves.

Si la charte d’éthique professionnelle des journalistes SNJ 1918-38-2011, en application à « La Dépêche du Midi », défend la liberté d’expression et d’opinion, elle énonce aussi que tout journaliste digne de ce nom « tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité pour des piliers de l’action journalistique et tient l’accusation sans preuve et l’intention de nuire […], la déformation des faits pour les plus graves dérives professionnelles ». Un membre de la hiérarchie de la rédaction de « La Dépêche » ne peut pas s’exonérer de
ces principes, même dans un billet.

« Ce billet engage toute la rédaction !», a même osé le rédacteur départemental en réunion de rédaction.

C’est faux ! Les journalistes de « La Dépêche » ne peuvent se sentir impliqués dans cet écrit qui abaisse le niveau du débat au lieu d’éclairer le lecteur. Les journalistes de « La Dépêche » ne peuvent cautionner que soient ainsi foulées au pied les valeurs de démocratie, de justice et les principes déontologiques. Ce billet n’engage que son auteur, voire la hiérarchie de la rédaction et la direction qui, nous n’en doutons pas, lui apporteront leur soutien, volontairement ou sur ordre.
Aucun journaliste de « La Dépêche » digne de ce nom ne saurait se reconnaître dans ce billet nauséeux.

Toulouse, le 11 Février 2021


Les billets parus le 14 février suite à des demandes multiples d’explications et de rectifications, voire de droits de réponse! Sans commentaires…

Montauban. 850 personnes manifestent pour soutenir Brigitte Barèges, condamnée à 5 ans d’inéligibilité! in Actu.fr

(NDLR de MAC: le cortège de la honte)

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi 13 février 2021 leur soutien à Brigitte Barèges, maire déchue de Montauban, condamnée pour détournement de fonds publics.

Des centaines de personnes ont manifesté leur soutien à Brigitte Barèges, samedi 13 février 2021 à Montauban (Tarn-et-Garonne
Des centaines de personnes ont manifesté leur soutien à Brigitte Barèges, samedi 13 février 2021 à Montauban (Tarn-et-Garonne)(©Twitter / Marie-Dominique Bagur)

C’est l’une des images du jour en Occitanie : des centaines de personnes qui manifestent – à l’appel de l’intéressée – afin de soutenir une maire déchue, condamnée à cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. Selon les estimations de la préfecture de Tarn-et-Garonne, environ 850 manifestants ont battu le pavé, samedi 13 février 2021, derrière une pancarte intitulée « Soutiens à Brigitte Barèges », désormais ex-maire (Les Républicains) de Montauban.

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Robert Ménard dans le cortège

Axel de Labriolle (futur maire) et Thierry Deville (futur président de l’agglomération), successeurs désignés par Brigitte Barèges pour assurer « provisoirement » selon elle son intérim à Montauban, étaient aux avant-postes. Autre présence très remarquée aux côtés de l’avocate qui a présidé aux destinées de la Cité d’Ingres pendant 20 ans : celle de Robert Ménard, le maire apparenté extrême-droite de Béziers (Hérault), qui avait dénoncé quelques heures plus tôt « un scandale » et affiché son soutien à « la courageuse maire de Montauban ». Les deux édiles s’étaient, rappelons-le, rapprochés ces derniers mois, dans la perspective de faire émerger une ‘union des droites’ aux Régionales en Occitanie. Continuer la lecture de Montauban. 850 personnes manifestent pour soutenir Brigitte Barèges, condamnée à 5 ans d’inéligibilité! in Actu.fr

Conseil, morne conseil

quartier Cassenel avec la réhabilitation prévue de logements

 

Les conseils municipaux de Castelsarrasin se suivent et se ressemblent. Peu d’aspérités, encore moins de débats et avec des oppositions atones, nulles contradictions quand il en faudrait. Ce jeudi 11 février, l’exception confirmait la règle avec l’annonce de la démission de Mme Carré, adjointe aux affaires scolaires, que le journal local attribuait déjà à la question du nombre d’ATSEM dans les écoles. La vérité est certainement ailleurs et cette majorité municipale est tiraillée depuis toujours entre une aile de dites de « gauche » et une autre franchement néo-libérale.

Force est de constater que la première obtient des avancées avec la réduction à 3 jours de la carence pour défaut de commande de cantine (alors que pour notre part nous demandons d’aller vers la gratuité…) ou avec la création d’un Pôle enfance dans les locaux réhabilités de l’ancienne clinique. En termes de restauration scolaire, nous sommes encore loin du retour dans le giron public d’un service essentiel pour nos enfants, pour une gestion sans profit, même avec la construction d’une nouvelle cuisine centrale intercommunale aux frais du contribuable. Ce pôle enfance devrait permettre à Castelsarrasin de revenir dans une moyenne nationale d’équipements pour l’accueil collectif.

La question des logements sociaux a fait sourciller (légèrement je vous rassure) M. Angles (LR) qui s’est empressé de poser une question sur les quotas…. Question à laquelle le maire avait déjà répondu dans son préambule. A noter par contre la volonté de faire partager la lecture des délibérations a plusieurs conseillers municipaux pour rompre la monotonie. Ce n’est pas dans la cité uvale voisine que nous pouvons voir cela avec la mise en scène permanente de M. Lopez dans les délibérations ou il apparait au premier plan sur les vidéos quand ses affidés donnent lecture des textes à adopter.

A quand de vrais débats citoyens, des moments d’échanges sous forme de thématiques ? Pour nous communistes de Castelsarrasin, pas de soucis, notre tract PCF sur les écoles et les moyens pour l’éducation nationale fait débattre, pour sûr !

Maximilien Reynès-Dupleix

NB : Mme Bajon Arnal, adjointe à la culture, n’a semble-t-il pas apprécié notre mise au point concernant son post à caractère raciste. Elle en oublie de saluer quand on la croise.

La république des experts. Chronique 5 de Marcel Duvel

Coluche disait que si on confiait le Sahara à des experts, il ne leur faudrait que deux années avant de devoir acheter du sable…

Aujourd’hui, c’est notre santé qui est confiée à des experts. Mais quels experts ? Certains sont payés très cher en tant que consultants des chaines de télévision, d’autres y sont envoyés par les laboratoires qui les emploient, d’autres encore trainaient depuis longtemps dans les corridors du pouvoir, d’autres enfin se sont juste autoproclamés experts en quelque chose.

Bien sûr quelques-uns ont une véritable expertise acquise à force de recherches, de travail et d’observation. Mais ils sont trop indépendants, trop intègres, trop experts sans doute. Un pouvoir à la dérive a besoin d’experts à sa botte, prêts à justifier ses décisions les plus iniques et ses motivations les plus inavouables. Prêts à recevoir des consignes dans le secret d’un conseil de défense.

L’industrie pharmaceutique, à l’instar du secteur agroalimentaire auquel elle est étroitement liée, est sans doute l’une de celles qui se sont le plus corrompues. Les procès contre les firmes Johnson and Johnson ou Perdue Pharma pour la vente illégale d’opioïdes aux Etats Unis ou celui du Médiator en France en sont la preuve la plus visible. Certes, mais essayons de voir plus haut et de considérer un des fleurons de l’industrie du vaccin dans le monde, le laboratoire français Sanofi, aujourd’hui contraint de distribuer des produits Pfizer, faute de pouvoir répondre aux exigences du gouvernement en matière de prévention contre le covid. Les experts sont passés par là et l’un des premiers producteurs de vaccins au monde doit aujourd’hui acheter des vaccins à ses concurrents.

Nos gouvernants, en bons serviteurs du libéralisme économique, ont incité Sanofi à sacrifier la majorité de ses unités de recherche au profit des holdings qui verrouillent son capital. C’est l’histoire de l’arroseur arrosé, et du Sahara de Coluche.

En 1927, le psychologue John Dewey écrivait : « Tout gouvernement par les experts dans lequel les masses n’ont pas l’opportunité d’informer les experts sur leurs besoins ne peut être autre chose qu’une oligarchie gérée en vue de l’intérêt de quelques-uns ». Puisqu’on ne le leur demande pas, les « masses », c’est-à-dire nous, doivent exprimer leurs besoins. Il n’est pas peut-être pas trop tard.

Marcel Duvel

Et pendant ce temps-là, à Moissac, tout va bien, Monsieur le maire vient d’acheter une caméra pour surveiller la propreté des poubelles.

Justice. À Montauban, la page Barèges est tournée + rappel à la loi

Brigitte Barèges et son avocat et adjoint au maire, Thierry Deville, arrivent au palais de justice de Toulouse, le 10 décembre 2020. Lionel Bonaventure/AFP

Brigitte Barèges et son avocat et adjoint au maire, Thierry Deville, arrivent au palais de justice de Toulouse, le 10 décembre 2020. Lionel Bonaventure/AFP

Reconnue coupable de détournement de fonds publics, l’édile LR devient inéligible. Son départ de la mairie, après vingt ans de surenchère droitière, marque un tournant.

Cinq ans d’inéligibilité avec effet immédiat, 12 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende. Brigitte Barèges a été hier reconnue coupable de détournement de fonds publics par le tribunal de Toulouse. La maire LR de Montauban a puisé dans le budget municipal pour rémunérer Jean-Paul Fourment, chargé d’écrire dans le Petit journal, publication locale, des articles dithyrambiques pour elle et très virulents envers son opposition de gauche. Ce dernier a été condamné à 10 mois de prison avec sursis. Alain Paga, patron du Petit journal, écope d’une amende de 5 000 euros en plus des 10 mois de prison avec sursis. Seul Stéphane Bensmaine, ancien directeur de cabinet, est relaxé. À la demande de trois élus d’opposition, la ville de Montauban sera partie civile.

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Luxleaks, ou la preuve que l’évasion fiscale est une pratique systématique chez les plus riches

Plus de 140 000 entités sont immatriculées dans le Grand-Duché dont la moitié sont des sociétés offshore

37 des 50 plus riches familles françaises et 279 milliardaires du classement du magazine Forbes ont au moins une société offshore dans le Grand-Duché. C’est ce que révèle la vaste enquête OpenLux, dirigée par un consortium des journalistes d’investigation.

Paradoxalement, ce sont les efforts de transparence ­effectués par le Luxembourg pour se conformer à une directive de l’Union européenne (UE) passée en 2018 qui permettent de démontrer que ce petit État fondateur de l’UE mérite bien sa place dans le top 5 des pires paradis fiscaux. « Et ce, même s’il n’est toujours pas reconnu comme tel par la Commission européenne ni pas la France, se désole Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac. Cette hypocrisie est terrible, le Luxembourg n’est pas une île exotique, c’est un paradis fiscal de proximité, particulièrement nocif pour ses voisins, c’est-à-dire nous. »

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« La République s’est lepénisée » : entretien avec le sociologue Ugo Palheta

 

Auteur de « la Possibilité du fascisme », Ugo Palheta estime que, si les « sondages ont pour fonction d’encadrer le débat », le plafond de verre pour le Rassemblement national n’existe pas pour autant. Entretien.

Un sondage non publié a donné Le Pen et Macron au coude-à-coude en cas de second tour de l’élection présidentielle. Existe-t-il un risque réel que le RN parvienne au pouvoir en 2022?

Ugo Palheta

Ugo Palheta © Alain Jocard/AFP

Pour l’instant, ces sondages sont très abstraits, notamment parce qu’on ne connaît pas encore toutes les forces politiques en présence pour la présidentielle. En outre, ces sondages ont pour fonction d’encadrer le débat, comme l’avait montré Bourdieu ; ils nous conditionnent psychologiquement à n’envisager qu’un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Cela dit, le FN puis le RN ont progressé énormément dans la dernière décennie. Ils sont passés en quinze ans, entre 2002 et 2017, de 18 % à 34 % au second tour de la présidentielle. Par ailleurs, leurs idées se sont banalisées dans l’espace médiatique, pas seulement sur les réseaux sociaux et Internet, mais sur les chaînes d’information en continu ou les radios de grande écoute, où l’on n’a jamais vu autant de chroniqueurs d’extrême droite, Éric Zemmour n’étant que l’arbre dissimulant la forêt. Continuer la lecture de « La République s’est lepénisée » : entretien avec le sociologue Ugo Palheta

Rapport Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Des impasses et des ambiguïtés

Par Bernard Deschamps  Ancien député  PCF  du Gard

Le rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie (1), commandé par le président de la République française à l’historien Benjamin Stora, comporte des impasses et des ambiguïtés préoccupantes.

Dans sa lettre de mission, Emmanuel Macron disait vouloir « s’inscrire dans une volonté nouvelle de réconciliation des peuples français et algérien ». Cette volonté s’était concrétisée en 2018 par la reconnaissance, au nom de la République française, de la mort de Maurice Audin exécuté ou torturé à mort par des militaires français. Le président de la République mettait l’accent sur la nécessité d’aboutir «  à l’apaisement et à la sérénité de ceux que (la guerre d’Algérie) a meurtris, (…) tant en France qu’en Algérie ». Il a par la suite exclu toute « repentance » et toutes « excuses », ce qui a été qualifié d’inquiétant par plusieurs historiens dont Gilles Manceron.

Benjamin Stora a consulté un grand nombre de personnalités dont il donne la liste. On est étonné de n’y trouver pratiquement aucun·e responsable d’associations d’amitié franco-algérienne anticolonialistes. Ainsi, par exemple, l’association Agir contre le colonialisme aujourd’hui (Acca) et l’association les Amis de Max Marchand et Mouloud Feraoun, assassinés par l’OAS le 15 mars 1962 n’y figurent pas. Ni non plus France-El Djazaïr. Quelques anciens combattants de la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie, Maroc, Tunisie (Fnaca) ont été rencontrés, mais personne de l’Association républicaine des anciens combattants (Arac), qui a pourtant été très engagée pour l’indépendance de l’Algérie. Continuer la lecture de Rapport Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Des impasses et des ambiguïtés