Coluche disait que si on confiait le Sahara à des experts, il ne leur faudrait que deux années avant de devoir acheter du sable…
Aujourd’hui, c’est notre santé qui est confiée à des experts. Mais quels experts ? Certains sont payés très cher en tant que consultants des chaines de télévision, d’autres y sont envoyés par les laboratoires qui les emploient, d’autres encore trainaient depuis longtemps dans les corridors du pouvoir, d’autres enfin se sont juste autoproclamés experts en quelque chose.
Bien sûr quelques-uns ont une véritable expertise acquise à force de recherches, de travail et d’observation. Mais ils sont trop indépendants, trop intègres, trop experts sans doute. Un pouvoir à la dérive a besoin d’experts à sa botte, prêts à justifier ses décisions les plus iniques et ses motivations les plus inavouables. Prêts à recevoir des consignes dans le secret d’un conseil de défense.
L’industrie pharmaceutique, à l’instar du secteur agroalimentaire auquel elle est étroitement liée, est sans doute l’une de celles qui se sont le plus corrompues. Les procès contre les firmes Johnson and Johnson ou Perdue Pharma pour la vente illégale d’opioïdes aux Etats Unis ou celui du Médiator en France en sont la preuve la plus visible. Certes, mais essayons de voir plus haut et de considérer un des fleurons de l’industrie du vaccin dans le monde, le laboratoire français Sanofi, aujourd’hui contraint de distribuer des produits Pfizer, faute de pouvoir répondre aux exigences du gouvernement en matière de prévention contre le covid. Les experts sont passés par là et l’un des premiers producteurs de vaccins au monde doit aujourd’hui acheter des vaccins à ses concurrents.
Nos gouvernants, en bons serviteurs du libéralisme économique, ont incité Sanofi à sacrifier la majorité de ses unités de recherche au profit des holdings qui verrouillent son capital. C’est l’histoire de l’arroseur arrosé, et du Sahara de Coluche.
En 1927, le psychologue John Dewey écrivait : « Tout gouvernement par les experts dans lequel les masses n’ont pas l’opportunité d’informer les experts sur leurs besoins ne peut être autre chose qu’une oligarchie gérée en vue de l’intérêt de quelques-uns ». Puisqu’on ne le leur demande pas, les « masses », c’est-à-dire nous, doivent exprimer leurs besoins. Il n’est pas peut-être pas trop tard.
Marcel Duvel
Et pendant ce temps-là, à Moissac, tout va bien, Monsieur le maire vient d’acheter une caméra pour surveiller la propreté des poubelles.