Disparition. Rabhi, l’écologie spiritualiste et individualiste

Pierre Rabhi, en 2011, dans sa ferme de Montchamp, près de Berrias-et-Casteljau, dans l’Ardèche, où il s’était installé au début des années 1960. Philippe Desmazes/AFP

Saint laïc idolâtré par les libéraux, le fondateur des Colibris a su mobiliser l’imaginaire du paradis perdu et en faire un produit de consommation de masse. Il est mort à 83 ans.

En se répétant presque mot pour mot d’une apparition médiatique à une autre, Pierre Rabhi a ciselé durant plus d’un demi-siècle un récit autobiographique qui tient lieu à la fois de produit de consommation de masse et de manifeste articulé autour d’un choix personnel effectué en 1960 : celui d’un « retour à la terre ». Il est mort, samedi, à l’âge de 83 ans. Ses ouvrages centrés sur sa personne, ses centaines de discours et d’entretiens qui, tous, racontent sa vie ont abouti à ce résultat singulier : cet homme qui parlait continuellement de lui-même a incarné aux yeux de ses admirateurs et des journalistes la modestie et le sens des limites. Continuer la lecture de Disparition. Rabhi, l’écologie spiritualiste et individualiste

Avec Malik Oussekine, la conscientisation d’une génération

Rassemblement d’étudiants et de lycéens, le lendemain de la mort de Malik Oussekine, à Paris. Photo : Michel Gangne/AFP

Mise à jour le 6 décembre 2021). Il y a tout juste 35 ans, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, Malik Oussekine, âgé de 22 ans, meurt sous les coups des policiers voltigeurs, en marge des défilés. Depuis le 25 novembre 1986, étudiants et lycéens manifestent contre le projet Devaquet. La situation bascule alors. Le projet de loi est retiré.

En novembre 1986, toute une génération étudiante et lycéenne se met en mouvement pour obtenir le retrait du projet Devaquet du nom du ministre délégué chargé de l’Enseignement supérieur. Elle obtient gain de cause après une mobilisation extraordinaire aux formes originales. Une mobilisation qui doit aussi faire face à la répression qui aboutit à la mort de Malik Oussekine Continuer la lecture de Avec Malik Oussekine, la conscientisation d’une génération

Valérie Pécresse et Fabien Roussel, projet contre projet…Présidentielle 2022

Mardi 14 Septembre 2021

Industrie, protection sociale, services publics… le candidat du PCF et la désormais candidate LR ont débattu sans concession lors de la dernière fête de l’Humanité.

Sous un chapiteau plein à craquer et dans une ambiance électrique, deux prétendants à l’Élysée ont confronté leurs propositions, en vue de 2022, au Forum social. À gauche, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. À droite, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse.

Est-il possible de réindustrialiser le pays ?

Valérie Pécresse On a laissé se désindustrialiser la France, à gauche comme à droite. Les usines, ça polluait, ça exploitait, donc il fallait une France sans usines. Mais nous avons perdu la moitié de nos emplois industriels. C’est une catastrophe. On le voit encore plus avec la crise du Covid. Il faut donc réindustrialiser, c’est une question de souveraineté. Certains d’entre vous pensent qu’il faut produire moins, pour la planète. Mais il faut produire plus et mieux, en faisant la transition écologique, et en payant mieux ceux qui produisent.

Fabien Roussel J’entends bien tous les candidats dire qu’il faut produire en France. Mais, rappelez-vous que, le premier, c’était Georges Marchais. Quand Peugeot décide de délocaliser la C5 en Chine, ou Renault d’y produire la Dacia Spring, ils le font avec le soutien de l’argent public. Ça ne doit plus exister. Il faut un moratoire contre les délocalisations, les interdire tout de suite. Et chaque euro public doit être conditionné à la relocalisation, au maintien des emplois et des savoir-faire, à l’égalité professionnelle hommes-femmes et à la préservation de nos ressources naturelles. Cent cinquante milliards d’euros sont versés tous les ans, cette manne doit nous permettre de retrouver une industrie forte. Continuer la lecture de Valérie Pécresse et Fabien Roussel, projet contre projet…Présidentielle 2022

Capitalisme augmenté. Facebook nous précipite dans la matrice

Meta, le nouveau nom du groupe Facebook présenté par son fondateur et PDG, Mark Zuckerberg. © Jakub Porzycki/NurPhoto/AFP

Pris dans la tourmente, Mark Zuckerberg accélère le tempo : il a renommé Facebook Meta, et jeté les fondations du métavers, « l’avenir du Net» selon lui. Un écosystème clos, en 3D, immersif, qui promet d’isoler l’utilisateur dans un bonheur virtuel et à la firme des profits exponentiels bien réels.

CAPITALISME AUGMENTÉ

Mark Zuckerberg a renommé Facebook Meta, et jeté les fondations du métavers. Un écosystème clos, en 3D, immersif, qui promet d’isoler l’utilisateur dans un bonheur virtuel et à la firme des profits exponentiels bien réels.

♦ Facebook nous précipite dans la matrice
♦ Métavers. La machine à fantasmes, ultime échappatoire à notre monde
♦ Facebook. L’ogre « too big to crash » ?
♦ Entretien. Métavers, « l’extension du domaine du capitalisme de surveillance »
♦ Corée du Sud. Le gouvernement promeut un métavers souverain 

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M comme Meta. Ou comme Mark – on pensait qu’il fallait être président de la République française pour oser nommer son entreprise ou son parti de ses initiales –, comme métastases ou encore comme mégalo. Le changement de nom et de logo (un M bleu tirant à la fois sur les lunettes et le signe infini) de Facebook peut prêter à sourire. Mais si l’on en croit Mark Zuckerberg, le groupe ne veut plus être réduit au réseau social qui l’a vu naître. « À l’heure actuelle, notre marque est tellement liée à un seul produit qu’il lui est impossible de représenter tout ce que nous faisons aujourd’hui, et encore moins ce que nous ferons à l’avenir », a expliqué le PDG. Continuer la lecture de Capitalisme augmenté. Facebook nous précipite dans la matrice

Calais. 27 morts en mer : après la honte et l’émotion, le besoin d’accueil

Au nord de la France, vers Wimereux, un groupe de 40 exilés accompagnés de jeunes enfants s’apprêtent à quitter la côte sur une embarcation gonflable pour traverser la Manche. Gonzalo/Reuters

Le plus grave naufrage de réfugiés dans la Manche, mercredi, rappelle avec violence l’urgence de changer de politique migratoire pour la fonder sur l’accueil et la fraternité, quand le gouvernement et la droite montrent les muscles et fustigent avant tout les passeurs.

Jamais autant de réfugiés n’étaient morts en un jour en tentant de rejoindre l’Angleterre depuis la France. Mercredi, au moins vingt-sept personnes ont perdu la vie en pleine mer, au large de Calais (Pas-de-Calais), après être montées sur une embarcation de fortune. La plupart étaient des Kurdes originaires d’Irak et d’Iran. Des hommes, des femmes, et des enfants. Avant ce naufrage, le bilan humain depuis janvier était de trois morts noyés et quatre disparus dans la Manche. S’il vient d’augmenter spectaculairement, il n’a hélas rien de surprenant. De nombreuses associations alertaient depuis des mois sur l’imminence d’une tragédie d’une telle ampleur. Continuer la lecture de Calais. 27 morts en mer : après la honte et l’émotion, le besoin d’accueil

Bernard Lavilliers : « Je suis un chanteur politique » in l’Humanité

© Patrick Swirc

Le rencontrer, c’est comme remettre cent balles dans la machine, saisir au vol le vieux compagnon qui passe, pour le plaisir d’entendre sa voix. Bernard Lavilliers nous raconte son nouvel album, conçu entre ailleurs, ici et Buenos Aires, livre ses réflexions sur l’état du monde et parle de Saint-Étienne, où tout a commencé. 

« Sous un soleil énorme », c’est le titre du nouvel album de Bernard Lavilliers, dans les bacs le 12 novembre. Il nous en parle pour « l’Humanité Dimanche ». Avant même notre première question, il se lance dans une tirade sur son lien avec notre journal :

Icon QuoteAh, “l’Huma” ! J’ai très bien connu l’amiral, Roland Leroy. J’ai chanté à la Fête de l’Huma je ne sais plus combien de fois. C’est une fête populaire. Il y a des stands partout, une ambiance. “L’Huma”, le journal né avec Jean Jaurès, je le lis toujours. Il n’y a pas qu’à Mediapart et au “Canard” qu’on trouve des journalistes d’investigation. Il y en a aussi à “l’Huma”. Pareil pour certains journaux de province. “La Marseillaise”, tiens. J’ai fait des concerts de soutien à ce journal, sur les quais, il y a quatre ou cinq ans. J’avais pris des Gitans. On a fait tourner “les Mains d’or” en rumba. “La Marseillaise” : important pour la diversité des opinions. Vincent Bolloré rachète tout. »

Union européenne/Biélorussie : Le sort des migrant-e-s instrumentalisé (PCF)

Depuis plusieurs semaines, au moins, 2 000 personnes originaires de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan fuyant notamment les camps de réfugiés du Liban sont prises au piège aux frontières de la Biélorussie et de la Pologne.

Seule la solidarité de quelques citoyens biélorusses ou polonais leur évite de mourir de froid et de faim.

Au mépris absolu des droits humains et du droit international, ces femmes et hommes meurtris sont l’objet d’un odieux bras-de-fer entre le chef de l’Etat biélorusse et un gouvernement polonais qui renforce chaque jour son discours xénophobe et anti-migrants pour justifier la construction des murs de barbelés et le déploiement de l’armée. Ce dernier est appuyé par la Commission européenne dont la seule réponse consiste à renforcer des gardes-frontières FRONTEX cantonnés dans un rôle de répression. Continuer la lecture de Union européenne/Biélorussie : Le sort des migrant-e-s instrumentalisé (PCF)

Présidentielle 2022. Le financement, facile pour les uns, casse-tête pour les autres + souscription

Sans parti derrière lui mais avec de solides soutiens dans le monde financier, le Macron de 2017 a pu passer d’une candidature quasi dissidente à la conquête du pouvoir. © Lafabregue / Alpaca / Andia.f

Nombre de candidats ne disposent pas d’une machine politique ou de sondages flatteurs leur permettant d’emprunter facilement. D’autres peuvent compter sur de riches donateurs. Une situation qui interroge notre système de financement de la vie politique.

«En campagne, le candidat, faute de moyens, sillonne la France en TER. » Le « JDD » met ainsi en exergue les faibles moyens financiers dont dispose pour l’instant le candidat à l’élection présidentielle Arnaud Montebourg, en l’accompagnant sur l’un de ses déplacements. À cinq mois du scrutin, c’est loin d’être anodin… Car, si la présidentielle suscite des vocations, toutes n’iront pas jusqu’au bout. Et une raison majeure, au-delà de la question des 500 parrainages d’élus nécessaires à valider une candidature, est essentiellement financière. Continuer la lecture de Présidentielle 2022. Le financement, facile pour les uns, casse-tête pour les autres + souscription

Littérature. Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021

Paris, le 3 novembre. Mohamed Mbougar Sarr, chez Drouant, en compagnie de Philippe Claudel et Tahar Ben Jelloun, membres de l’Académie Goncourt. Bertrand Guay/AFP

Avec son roman la Plus Secrète Mémoire des hommes, ce jeune écrivain sénégalais surdoué, déjà favori pour les autres prix, entre dans la renommée par la grande porte.

Cent ans après René Maran, premier écrivain noir à obtenir le prix Goncourt, le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr connaît cette consécration. Son roman  la Plus Secrète Mémoire des hommes (Philippe Rey/Jimsaan) a obtenu six voix au premier tour. Il était en lice avec  Enfant de salaud, de Sorj Chalandon (Grasset), Milwaukee Blues, du Haïtien Louis-Philippe Dalembert (Sabine Wespieser), inspiré du meurtre de George Floyd en mai 2020, et le Voyage dans l’Est, de  Christine Angot (Flammarion), déjà récompensé par le prix Médicis. Continuer la lecture de Littérature. Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021

Le sommet de Glasgow, le changement climatique et les arguments en faveur du socialisme

PHOTO /Les pompiers travaillent sur les lieux d’un incendie de forêt près du village de Kyuyorelyakh dans la région de Gorny Ulus, à l’ouest de Yakutsk, en Russie, jeudi 5 août 2021. (AP Photo/Ivan Nikiforov)

(note et traduction de Danielle Bleitrach dans histoire et société)
Il faudra que je vous fasse un reportage sur ce qui se passe dans mon quartier marseillais, le quatrième arrondissement, les Chartreux, une population vieillie est peu à peu investie par une jeunesse dont les mœurs et la gentillesse me ravissent. Tout un groupe a décidé de reverdir la ville, au début j’ai râlé parce que c’était bordélique à souhait, mais ils avaient un grand cahier et ils notaient mes récriminations, avec un sérieux qui m’a fait éclater de rire. Entre eux, le magasin de café de Paul le brésilien, Abraham l’éthiopien, et tous les autres, nous nous approprions déjà un autre monde. Avec mon obsession du FAIRE, désormais de lieux de convivialité en lieux de convivialité je me laisse conquérir, je leur parle de Cuba, de l’écologie de l’île, de la nécessité du socialisme et avec mes gentils jeunes voisins nous décidons de refaire le monde à cette échelle microscopique… Je n’ai pas besoin du PCF pour créer l’équivalent d’une cellule qui unit ces jeunes écolos et les vieux ronchons du quartier plus les gens “venus d’ailleurs” mais je leur parle “communisme” pour sauver la planète et ils m’écoutent gentiment, s’inquiètent de savoir si j’ai besoin de quelque chose…

By Daniel de Vries

Des chefs d’État, des ministres et des milliers d’autres délégués des quatre coins du monde convergent vers Glasgow, en Écosse, pour deux semaines de négociations sur le changement climatique qui commencent ce week-end.

Cette année marque le 26e cycle de négociations après la ratification par plus de 190 pays de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui a été adoptée à Rio de Janeiro, au Brésil, en 1992. Au cours des 29 années de pourparlers internationaux qui ont suivi, les gouvernements capitalistes ont produit un échec après l’autre, laissant le monde sur une trajectoire vers la catastrophe. La session de cette année à Glasgow promet plus de la même chose.

Cependant, beaucoup de choses ont changé depuis la dernière session de négociation en 2019. Les deux dernières années ont vu une série de catastrophes climatiques croissantes dans toutes les régions du globe, y compris des incendies de forêt massifs du bush australien à l’ouest américain, des inondations dévastatrices en Europe, en Asie et dans les Amériques, et des vagues de chaleur meurtrières dans le monde entier. Continuer la lecture de Le sommet de Glasgow, le changement climatique et les arguments en faveur du socialisme