Hôpital : le 15, cache-misère des urgences hospitalières

Alors que le gouvernement mise tout sur la régulation téléphonique, via le 15, pour éviter une surfréquentation des urgences cet été, les acteurs de terrain dénoncent un affichage, faute de moyens pour traiter les patients.

Au centre de régulation, coordinateurs et superviseurs travaillent main dans la main pour gérer la logistique en cas d’urgence. Jessica Bordeau/BSIP

Au centre de régulation, coordinateurs et superviseurs travaillent main dans la main pour gérer la logistique en cas d’urgence. Jessica Bordeau/BSIP
Jessica Bordeau / BSIP

Un numéro de téléphone magique. Depuis deux ans, en période estivale, le ministère de la Santé dégaine la même mesure phare pour lutter contre l’engorgement des urgences : appeler le 15. Si l’ex-ministre François Braun estimait, jusqu’à son départ le 21 juillet, que les difficultés étaient « moindres » par rapport à l’été 2022, Aurélien Rousseau, son successeur, a, lui, reconnu dans un entretien au  Monde que la « situation est extrêmement tendue ».

Sans toutefois remettre en cause cette stratégie, le nouveau ministre a tenté de calmer le jeu, arguant « qu’on ne peut se satisfaire d’avoir des endroits où les urgences restent portes closes la nuit ». 

Partout en France, de nombreux services d’urgence ont déjà tiré le rideau

Car de nombreux services ont déjà tiré le rideau. À Redon (Ille-et-Vilaine), la fermeture nocturne est effective jusqu’à début septembre. À Meulan (Yvelines), les urgences resteront closes dès 17 h 30 jusqu’à la fin du mois d’août. Des fermetures ponctuelles d’une durée de douze à vingt-quatre heures ont été observées à Ambert (Puy-de-Dôme), Guebwiller (Haut-Rhin) ou encore Argentan (Orne). Continuer la lecture de Hôpital : le 15, cache-misère des urgences hospitalières

Est-ce que la politique a encore besoin du marxisme?

Je ne suis pas du tout convaincue que l’anti-Dühring dont il est question dans l’article qui suit, rende le marxisme abordable pour tous, effectivement les aspects polémiques sont souvent fastidieux et c’est un “pavé”. Mais la question que pose cet article est bien réelle : dans l’état d’inculture théorique où se trouvent aujourd’hui la masse des militants et la quasi totalité des dirigeants politiques, la théorie marxiste en Europe, et singulièrement en France n’a plus d’influence sur le débat politique. Personne ne semble avoir jamais lu une ligne de Marx, peut-être les trois premières pages du Manifeste, même si le marxisme connait un regain d’intérêt auprès des chercheurs. Après l’eurocommunisme et la contrerévolution avec “la trahison de la “gauche”, le niveau du débat, les propositions programmatiques sont en rupture totale avec le niveau le plus basique du marxisme, même pas du léninisme ou des autres penseurs. Comme ça parait plus facile, ce qui est inexact, on a vaguement assimilé quelques pages de Gramsci, nous en sommes à un socialisme de la distribution, “un moralisme” dans l’analyse du capital, toute chose étrangère à l’analyse marxiste. Il serait presque rassurant de constater à quel point la social démocratie allemande pourtant sous la direction d’Engels était majoritairement la proie de courants aussi dévoyés que Dühring après Lassalle, (Dühring, aussi violemment antisémite que Proudhon, annonce le nazisme et pas seulement parce qu’il est antisémite). l’héritier d’Engels étant Kautsky, sans parler du socialisme français où le “marxiste était Guesde qui s’est rallié à l’union sacrée. Le vrai problème est que cette coexistence en particulier face à la guerre ou au colonialisme s’est toujours traduite (sauf dans le cas de Jaurès) en trahison. l’antidühring se bat pour une dialectique matérialiste en sciences, dénonce le positivisme et Engels montre comment se fait jour à travers le succès des théories confuses d’universitaire comme Dühring, l’exigence d’une vision globale qui peut être aussi une éducation au marxisme. Actuellement, en France, en Europe, dans une période de développement scientifique, cette soif d’une vision globale débouche sur à la fois l’anti-science, les délires complotistes, et dans le même temps on retrouve ce besoin d’une compréhension globale dans une situation d’inculture de masse. Est-ce qu’il y a une exigence théorique ? Comment initier au matérialisme non seulement historique mais dialectique des gens qui ne lisent plus. Comment reconstruire la capacité à des raisonnements qui admette au moins le développement des contradictions? Un autre aspect important est le choix de Engels et de Marx, dont nous avons déjà fait état à propos du programme de Gotha, celui de la coexistence – mais séparée en deux courants – entre un socialisme de la distribution, et à côté le marxisme, il y a là une question qui se pose en théorie et en pratique même si elle rarement abordée en tant que telle. Mais pour répondre à ma question : oui la politique a plus que jamais besoin de théorie et de Marx en premier lieu, mais ce besoin visiblement est totalement ignoré et chacun s’estime socialiste, communiste, sans que ce besoin effleure sa conscience. Pourtant dans une société, l’idéologie dominante étant celle de la classe dominante on voit mal comment y échapper sans travailler son mode de pensée spontanée, de celui qui nous fait percevoir que le soleil tourne autour de la terre, on le travaille par les luttes contre l’exploitation mais en intégrant l’expérience de celle-ci dans une conception de monde au-delà de la conscience spontanée qu’on en a. (note de Danielle Bleitrach dans histoireetsociete) .

Marxisme – L’Anti-Dühring de Friedrich Engels rend le marxisme abordable par tous ?

mercredi 26 juillet 2023, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 26 juillet 2023).

Portée de l’« Anti-Dühring » Version PDF de L’Anti-Dühring : http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/anti… 

https://assawra.blogspot.com/2023/0…

Portée de l’”Anti-Dühring”
Par Émile Bottigelli dans Avertissement, “Anti-Dühring” par Friedrich Engels
Éditions sociales – 1971

Si nous essayons de nous remémorer la situation dans laquelle Engels a entrepris de répondre de façon aussi magistrale à Dühring, il faut reconnaître qu’elle n’était pas pour lui une grande source d’encouragement. Certes l’Allemagne possédait un parti socialiste qui avait surmonté le stade de la secte lassallienne. A chaque élection le nombre de voix socialistes augmentait. Le parti possédait près de quarante organes de presse et était en mesure d’utiliser le Reichstag comme tribune de propagande à l’échelon national. Mais l’unité s’était réalisée à Gotha sur des bases qui trahissaient la faiblesse idéologique des dirigeants. Il était clair que le Manifeste communiste ou Le Capital étaient à peine connus. La lutte souvent héroïque du parti se situait sur un plan strictement politique. Continuer la lecture de Est-ce que la politique a encore besoin du marxisme?

Retraites : le gouvernement enterre les régimes spéciaux ce 30 juillet en catimini

Les salariés embauchés après le 1 er septembre par la RATP, les industries électriques et gazières, la Banque de France et les notaires seront désormais affiliés au régime général selon quatre décrets publiés au JO ce 30 juillet. Le gouvernement ose invoquer l’équité.

L’histoire retiendra donc que l’acte de décès des régimes spéciaux a été publié un dimanche matin, dans la torpeur de l’été. Un communiqué du gouvernement daté du 30 juillet nous apprend que quatre décrets parus au Journal officiel « concrétisent la fermeture au 1 er  septembre 2023 des principaux régimes spéciaux », programmée par la dernière réforme des retraites. Continuer la lecture de Retraites : le gouvernement enterre les régimes spéciaux ce 30 juillet en catimini

L’uniforme à l’école, prémices de la patte Gabriel Attal

Le nouveau ministre Gabriel Attal, a dévoilé sa feuille de route pour l’Éducation nationale jeudi 27 juillet. Parmi ses priorités : un appel du pied à la droite, avec la volonté d’expérimenter le retour de l’uniforme dans les établissements scolaires.

Gabriel Attal arrive au palais de l'Elysée à Paris le 19 juillet 2023.

Gabriel Attal arrive au palais de l’Elysée à Paris le 19 juillet 2023.
AFP / Bertrand GUAY

« L’ordre, l’ordre, l’ordre », martelait Emmanuel Macron en guise de feuille de route, lundi dernier, depuis Nouméa. Message bien reçu par Gabriel Attal, choisi pour remplacer Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale il y a une semaine.

Parmi les premières propositions du nouveau ministre, détaillées ce jeudi dans le Midi Libre , on retrouve ainsi une vieille marotte de la droite : le port de l’uniforme. Celui-ci ferait son retour sous la forme d’une expérimentation, d’abord, « si la communauté éducative d’un établissement le demande ». Mais on sait ce qu’il advient des expérimentations en Macronie. Elles ont une fâcheuse tendance à être généralisées, à l’image de la mise en place du RSA conditionné à minimum 15 heures d’activité, testée dans 18 départements, avant que cette mesure apparaisse dans le projet de loi dit « plein-emploi », voté au Sénat le 11 juillet dernier. Continuer la lecture de L’uniforme à l’école, prémices de la patte Gabriel Attal

Grisolles. Les communistes appellent à un « nouveau Front Populaire »

Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a rendu publique une « lettre aux Français » appelant à la création d’un « nouveau Front populaire ». Il s’agit d’un document de deux pages, tiré à plusieurs millions d’exemplaires, et distribué par les militants communistes durant tout l’été, jusqu’à la Fête de l’Humanité en septembre. Une délégation du PCF 82 était présente sur le marché de Grisolles mercredi pour la diffuser.

« Ce texte rappelle que les temps sont durs pour tout le monde. Et nous savons que ce gouvernement cherche à nous diviser et à briser tout espoir de changement », commente Julien Sueres, militant communiste et membre du secrétariat départemental.

« Fabien Roussel rappelle les positions de notre parti quant au monde du travail, à savoir un vrai salaire, tout au long de la vie, permettant de vivre, d’élever nos enfants, de partir en vacances, de nous projeter dans l’avenir et de pouvoir profiter d’une bonne retraite en bonne santé », insiste le castelsarrasinois accompagné d’une poignée de militants dont le conseiller régional Rodolphe Portolès.

« Il est temps d’indexer les salaires sur l’inflation, les députés communistes ont déposé une proposition de loi en ce sens », insiste ce dernier, également conseiller municipal à Montauban. « Nous invitons tous les lecteurs de la lettre à signer la pétition en ligne du PCF. Il s’agit aujourd’hui de rassembler le plus grand nombre, dans les entreprises, dans nos communes, dans nos quartiers pour faire respecter partout la dignité humaine et faire vivre l’égalité, la fraternité et la République dans une France libre de ses choix », ajoute Rodolphe Portolès.

Une initiative « très positive » pour les nombreux Grisollais qui ont pu échanger avec les militants sur le marché. En conclusion de la lettre, le PCF lance un appel à bâtir « ensemble un nouveau Front populaire qui rassemble la France des villes et des champs, la France du travail et du progrès social, une France souveraine, capable de mettre enfin l’être humain et la planète au cœur de tous ses choix ».

Contact presse : Julien Sueres – j.sueres@gmail.com – 07 62 27 36 23

 

NDLR de MAC: tout le mois d’août, cette lettre sera diffusée sur les marchés de Moissac, Castelsarrasin, Beaumont, Valence d’Agen, Montaigu de Quercy et partout ou des initiatives se tiendront! Venez à la rencontre des communistes…

Police et pouvoir : pourquoi ces liaisons dangereuses

Les propos tenus par le directeur général de la police nationale en début de semaine, que refuse de condamner l’exécutif, relancent le débat sur les réponses à apporter au malaise dans la profession, loin des outrances très droitières d’une partie de ses syndicats.

Le directeur général de la police, Frédéric Veau, (à gauche) a estimé qu'« avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Ici, avec son ministre de tutelle, Gérald Darmanin, qui, lui, garde le silence total sur le sujet. © AFP

Le directeur général de la police, Frédéric Veau, (à gauche) a estimé qu’« avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison ». Ici, avec son ministre de tutelle, Gérald Darmanin, qui, lui, garde le silence total sur le sujet. © AFP

Une interview en forme de coup de pression. Pour le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, un policier ne doit pas dormir en prison dans l’attente de son procès, « même s’il a commis une faute grave ». Une façon explicite de demander la libération de l’agent de la BAC détenu après des faits de violences policières commis à Marseille.

Des propos d’une extrême gravité qui ont suscité l’indignation et la colère de tous ceux qui, attachés à l’État de droit, considèrent qu’un policier est un justiciable comme un autre et que la police ne saurait exercer quelque pression que ce soit à l’endroit de l’institution judiciaire.

Des élus de gauche, le Syndicat de la magistrature, l’ancien procureur de la République François Molins se sont notamment élevés contre ce qu’ils considèrent être une dérive claire. Les principaux syndicats de policiers ont, de leur côté, applaudi la prise de position de leur chef. Continuer la lecture de Police et pouvoir : pourquoi ces liaisons dangereuses

Le parlement européen vote une loi affaiblie pour la restauration de la nature (B. Biteau)

La loi très attendue sur la restauration de la nature votée le 12 juillet par le Parlement européen a été amputée de plusieurs de ses objectifs phares sous la pression de la droite alliée à une partie de l’extrême-droite. Analyse complète du vote et de ses conséquences avec le député européen Benoît Biteau (les Verts).

Violences policières : « Avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison », le directeur général de la police suscite le tollé

Le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, a apporté son soutien public aux quatre policiers mis en examen pour avoir passé à tabac un jeune homme, en marge des violences consécutives à la mort de Nahel. Des propos « gravissimes », qui remettent en cause l’État de droit, selon la gauche et les syndicats de magistrats.

Frédéric Veaux, directeur général de la Police Nationale et Gerald Darmanin, ministre de l'Intérieur.

Frédéric Veaux, directeur général de la Police Nationale et Gerald Darmanin, ministre de l’Intérieur.
Thierry STEFANOPOULOS/REA

Après la haie d’honneur et les applaudissements, voilà maintenant le soutien public du chef de la Direction générale de la police nationale (DGPN). « Je comprends l’émotion, et même la colère, qu’a pu susciter dans les rangs policiers le placement en détention de l’un des leurs », a affirmé Frédéric Veaux, le DGPN, dans une interview accordée au Parisien, le 23 juillet.

Il fait ici référence au mouvement de fronde des policiers marseillais suscité par la mise en examen de quatre de leurs collègues de la Brigade anticriminalité (BAC), en particulier le placement en détention provisoire de l’un d’eux, pour « violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ».  Ce dernier est soupçonné d’avoir, avec ses trois collègues de la BAC, roué de coups un homme de 21 ans dans la nuit du 1 er au 2 juillet, au moment où la ville était en proie aux violentes émeutes qui avaient suivi la mort de Nahel. Continuer la lecture de Violences policières : « Avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison », le directeur général de la police suscite le tollé

Philippe Corcuff : « Le confusionnisme renforce la possible victoire du RN en 2027 »

Pour le politologue/sociologue Philippe Corcuff, droite et extrême droite jouent sur l’effacement des repères politiques et sur une définition dévoyée de la République, pour avancer leurs pions en vue de conserver ou de prendre le pouvoir.

Pour Philippe Corcuff, faire un parallèle entre la Macronie et le RN revient à effacer la frontière symbolique entre l’extrême droite et le reste de l’échiquier politique. © AFP/Stéphane de Sakutin

Pour Philippe Corcuff, faire un parallèle entre la Macronie et le RN revient à effacer la frontière symbolique entre l’extrême droite et le reste de l’échiquier politique. © AFP/Stéphane de Sakutin

Comment le confusionnisme favorise-t-il les tentatives d’excommunication de la gauche du camp républicain ?

Le confusionnisme, c’est cette grande hybridation, pas forcément consciente, des thèmes de gauche, de droite et d’extrême droite. C’est une sorte d’ère du temps, l’effondrement des repères et des clivages, qui efface progressivement la frontière symbolique avec l’extrême droite.

Cette dernière en est consciente et veut diaboliser la gauche à son tour pour apparaître comme la seule alternative. La droite, LR ou macroniste, veut quant à elle marquer la gauche à la culotte après les retraites et la mort de Nahel, deux forts moments de colère sociale. Continuer la lecture de Philippe Corcuff : « Le confusionnisme renforce la possible victoire du RN en 2027 »

Électricité : derrière la hausse des prix, la promesse de plus de précarité

Le tarif réglementé, majoritaire chez les usagers, va augmenter de 10 % à partir du 1er août. En pleine spirale inflationniste, cette hausse va entraîner de graves conséquences pour les foyers les plus modestes.

Entre 1970 et 2020, la part allouée à l’énergie destinée au logement est passée 7 % à près de 14 % en France. © Remi Decoster

Entre 1970 et 2020, la part allouée à l’énergie destinée au logement est passée 7 % à près de 14 % en France. © Remi Decoster

Les Français vont devoir davantage se serrer la ceinture. Le gouvernement a prévu une augmentation du tarif réglementé de l’électricité à hauteur de 10 % à partir du 1er août.

Un nouveau coup dur pour le pouvoir d’achat des ménages, en pleine spirale inflationniste affectant fortement leur niveau de vie : la moitié de la population dit se retrouver contrainte de sauter des repas occasionnellement ou régulièrement, selon une étude publiée en juin.

Le gouvernement vise 14 milliards d’euros d’économie

Cet accroissement des coûts difficile à supporter s’inscrit dans une politique de baisse des dépenses publiques voulue par le gouvernement, avec la décision de mettre fin au bouclier tarifaire dans la même visée d’économie budgétaire.

Prévue initialement pour le début de l’année 2025, l’extinction du dispositif a été avancée à la fin 2024. Une mise à l’arrêt progressive, qui se traduit par une hausse de 10 % des tarifs pour août, au prétexte d’éviter une augmentation encore plus brutale en cas de sortie complète du dispositif.

Le ministre délégué chargé des Comptes publics Gabriel Attal a prévenu les Français qu’ils devront faire « un effort global ». En démantelant le bouclier tarifaire, le gouvernement compte faire près de 14 milliards d’euros d’économie. Continuer la lecture de Électricité : derrière la hausse des prix, la promesse de plus de précarité