« Le régime d’apartheid israélien est gravé dans le marbre »

PALESTINE Dominique Vidal analyse la controverse autour du projet de résolution parlementaire sur l’existence, dans ce pays, d’un système de discriminations entretenu par une série de lois et réglementations.

Mars 2020, à Beersheva. Des ouvriers palestiniens contrôlés par des militaires israéliens. hazem bader/afp

Mars 2020, à Beersheva. Des ouvriers palestiniens contrôlés par des militaires israéliens. hazem bader/afp
AFP

Mi-juillet, à l’initiative du député communiste Jean-Paul Lecoq, 38 députés de gauche ont cosigné une proposition de résolution « condamnant l’institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien ». Depuis les accusations d’antisémitisme pleuvent pour ne pas avoir à répondre sur la notion d’apartheid et d’occupation.

Quelle est réellement la polémique en cours ?

Cette polémique n’est pas nouvelle, elle est réapparue à partir d’un projet de résolution de 38 députés de la Nupes, dont des communistes, pour soutenir les conclusions des rapports de trois ONG importantes, l’une israélienne, B’Tselem, en janvier 2021, et deux internationales : Human Rights Watch, en avril 2021, et Amnesty International en janvier 2022. Ces organisations concluent, après un travail approfondi d’enquête, à l’existence d’un régime israélien d’apartheid. En réaction à ce texte rendu public il y a quelques jours, on a eu une levée de boucliers de la part de défenseurs, les uns habituels, les autres plutôt surprenants, du système de domination israélien en Palestine. Continuer la lecture de « Le régime d’apartheid israélien est gravé dans le marbre »

31 juillet 1914, cet ultime appel à la paix que Jaurès voulait écrire dans « l’Humanité »

Dans un Paris déjà électrisé par le péril et l’angoisse de la guerre imminente, ce coup de feu fait l’effet d’un coup de tonnerre : « Ils ont tué Jaurès, ils ont tué Jaurès ! » Celui que beaucoup voyait comme le dernier rempart contre la guerre est assassiné au Café du Croissant devant ses amis et ses collègues de l’Humanité. Récit d’une journée où s’est noué le destin.

Portrait, vers 1910, de Jean Jaurès. Photo l’HumanitéPortrait, vers 1910, de Jean Jaurès. Photo l’Humanité

Par Michel Vovelle, historien.
Extrait de l’article publié le 24 avril 2004 dans l’Humanité hebdo.

31 juillet, fin d’une harassante journée. Jaurès a appris à la Chambre la mobilisation autrichienne, l’annonce de l’état d’urgence par l’Allemagne et tenté une ultime démarche auprès du sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Abel Ferry, pour inciter à de derniers efforts pacifiques. Il se rend alors à l’Humanité, dans l’intention d’y dicter un article qu’il veut « décisif » pour prendre position et appeler à l’action.

Auparavant, il va dîner au Café du Croissant avec ses amis et ses collaborateurs. Bref moment de détente. Puis c’est le drame que l’un de ceux-ci, Émile Poisson, nous relate : « Horreur ! le rideau, mon rideau derrière sa tête vient de se plier, de se soulever légèrement ; un revolver s’est glissé, tenu par une main ; et cette main, seule, apparaît à 20 centimètres derrière le cerveau. Pan ! pas d’éclair, pour ainsi dire, une étincelle rougeâtre. La fumée d’un cigare : je regarde, figé, abruti, un quart de seconde ; puis un deuxième coup, mais Jaurès déjà est tombé sur Renaudel. […] Je regarde la fenêtre, Landrieu vient de tirer, d’arracher le rideau ; j’aperçois une ombre, un chapeau, un verre de bière qui tombe sur une figure, je me dresse comme une bête en fureur. Dans le silence qui n’a pas encore été troublé, j’entends un déchirement, un cri indéfinissable, qui devait être perçu à plusieurs centaines de mètres, puis quatre mots hurlés, glapis, puissamment, férocement répétés deux fois : « Ils ont tué Jaurès, ils ont tué Jaurès ! » C’est ma femme qui, la première, a recouvré la parole. » Continuer la lecture de 31 juillet 1914, cet ultime appel à la paix que Jaurès voulait écrire dans « l’Humanité »

Oui, nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle ! par Pierre Alain Millet (Le PCF en débat)

NDLR de MAC: nous ouvrons ici une rubrique « Le PCF en débat » à l’occasion du prochain congrès du PCF des 7,8 et 9 avril 2023. C’est ainsi que s’ouvre une période de débats en interne et en externe pour faire vivre la démocratie au sein de notre parti révolutionnaire et construire dans la continuité du 38ème congrès un PCF fort, combatif et non soumis à la social-démocratie. Nous l’avons vu, nous avons entendu au cours de la riche séquence électorale que nous venons de vivre (Européennes, Municipales, Départementales, Présidentielle et Législatives plus Sénatoriale) bien des renoncements, des replis, des fuites en avant… Il est temps que notre congrès et l’ensemble des communistes se réapproprient le devenir de leur parti.

par  pam,

Patrice Leclerc, qui par parenthèse n’a pas parrainé Fabien Roussel, maire de Gennevilliers a publié le 8 juillet dernier une tribune sur la stratégie du PCF, intitulée “Nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle”, relayée dans l’Humanité dès le 11 juillet. Au passage, Pierre Alain Millet souligne que l’huma n’avait pas consacré une seule ligne à la déclaration “A l’offensive” publiée le 27 juin par 132 militants dont Michèle Picard, la maire de Vénissieux, la plus grande ville communiste hors région parisienne. Cela confirme que Patrice Leclerc a raison, nous avons des divergences. Mais il faut constater que l’Humanité n’est pas le journal du débat sur ces divergences, mais un journal prenant parti le plus souvent contre l’opinion majoritaire des communistes. Ceux-ci doivent exiger que ce journal qui fut le leur, respecte leurs débats et publie donc l’appel “A l’offensive” signée de Michèle Picard à la même place que la tribune de Patrice Leclerc.

En attendant, il faut mener ce débat ailleurs que dans l’Humanité, ce site va y contribuer, parmi d’autres, dit le site PCF/ débat, le site histoire et societe relaye quelques textes. Histoire et société a renoncé à espérer quoi que ce soit de l’Humanité et de la totalité de la presse qui se réclame encore (surtout quand il y a des appels à contribution financière) des militants communistes mais qui pratique une censure totale, voire la diffamation contre ceux qu’elle a désignés comme “staliniens”, ce qui est une manière bien commode et bien digne des trotskistes qui tiennent désormais une bonne partie de l’appareil pour en fait ne donner la parole qu’aux soutiens de l’OTAN et du capital. Mais le futur congrès du PCF sera-t-il démocratique ou les “liquidateurs” une fois de plus par inertie, viol des choix collectifs et censure conduiront-ils le PCF à sa fin? Nous en sommes là… et cela dépend des communistes eux-mêmes. (note de Danielle Bleitrach pour histoire et société) Continuer la lecture de Oui, nous avons des divergences sur le communisme du XXIe siècle ! par Pierre Alain Millet (Le PCF en débat)

Rhaine: La submersion de la digue républicaine

Par Pierre Ouzoulias, sénateur PCF des Hauts-de-Seine.

Le 10 juillet 1940, députés et sénateurs ont voté par 569 voix, 17 abstentions et 80 votes contre, les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Nous savons depuis ce jour, l’un des plus funestes de l’histoire politique de notre pays, qu’une démocratie est mortelle et que la République peut se suicider.

Petit-fils d’Albert Ouzoulias, le colonel André, commissaire national des Francs-tireurs et partisans et arrière-petit-fils de Maurice Romagon, fusillé par les Allemands le 7 mars 1942, je me souviens du regard de celles et ceux revenus des camps d’extermination nazis qui rendaient visite à mes grands-parents. Dans leurs yeux se voyaient graver les images terribles de la plus grande entreprise criminelle commise par des hommes contre notre commune humanité, mais aussi le solide espoir que les générations futures continueraient leur combat pour que jamais plus les idées qui aboutirent à la Shoah ne pussent prospérer. Et longtemps nous fûmes unis par une vigilance collective contre les soubresauts prodromiques du « ventre encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». Continuer la lecture de Rhaine: La submersion de la digue républicaine

Fabien Roussel (PCF) : « Je veux que la gauche puisse gouverner à nouveau en France »

Propos recueillis par Florence Chédotal Pour le journal « La Montagne »
On reproche souvent au député du Nord et secrétaire national du Parti communiste français de faire cavalier seul. Lui préfère répondre qu’il oeuvre pour la gauche.
Élisabeth Borne prononce mercredi son discours de politique générale. Quelles sont vos attentes ?
Il faut que le gouvernement s’engage véritablement dans des mesures fortes, pour la hausse des salaires, des retraites, le blocage des prix, et mette fin à la politique des petits chèques pratiquée ces deux dernières années, d’abord parce que ça coûte cher et ensuite parce que ça ne répond pas aux problèmes de fond.
Depuis le lancement de la Nupes, vous vous comportez en électron libre. Quel rôle les communistes souhaitent-ils endosser au cours de cette nouvelle législature ? Continuer la lecture de Fabien Roussel (PCF) : « Je veux que la gauche puisse gouverner à nouveau en France »

Le PCF tire un premier bilan

Tirant les premiers enseignements de la campagne de Fabien Roussel et de la Nupes, le Conseil national du PCF a fixé, le 2 et le 3 juillet, le prochain Congrès de la formation aux 7, 8 et 9 avril 2023.

Face aux crises multiples, le PCF veut déjouer l’alternative de l’extrême droite à Emmanuel Macron. Le combat de front face au RN et à la majorité présidentielle sera au menu du 39 e Congrès de la formation, qui se déroulera les 7, 8 et 9 avril 2023. « Il permettra de mettre à jour notre stratégie, nos statuts, nos objectifs dans la nouvelle situation politique et les moyens pour les atteindre », précise Fabien Roussel dans son rapport introductif, lors du Conseil national du PCF, qui s’est tenu les 2 et 3 juillet.

En mai 2021, la conférence nationale avait décidé d’une candidature à l’élection présidentielle couplée à la construction d’un pacte d’engagement commun aux législatives. « Pour l’essentiel, ces objectifs sont remplis », assure le secrétaire national. À l’issue de cette double séquence électorale, la candidature communiste à la présidentielle a, selon Fabien Roussel, « permis de renouer des liens avec de nombreux électeurs de gauche et avec des secteurs du monde du travail et du mouvement social ». Le groupe GDR et ses 22 députés « mariant communisme, syndicalisme et décolonialisme », s’est lui renforcé. Le député du Nord annonce 3 068 nouvelles adhésions au PCF, « une force importante qu’il va falloir entretenir », prévient-il. Continuer la lecture de Le PCF tire un premier bilan

Grève chez TotalEnergies, profiteur de crise dans le collimateur de ses salariés

Alors que les bénéfices du groupe pulvérisent tous les records, portés par la flambée des prix de l’énergie, la CGT appelle l’ensemble de ses salariés à une grève inédite ce vendredi.

Ce vendredi, les grévistes réclament des hausses de salaires permettant de couvrir l’inflation. moschetti/REa

Ce vendredi, les grévistes réclament des hausses de salaires permettant de couvrir l’inflation. moschetti/REa
Jean Claude MOSCHETTI/REA

Depuis dix ans, c’est presque devenu une loi physique, aussi intangible que celle de l’eau qui bout à 100 degrés au niveau de la mer : chez TotalEnergies, les dividendes ne baissent jamais. Quelle que soit la conjoncture économique, que les bénéfices s’envolent ou qu’ils flanchent, le géant tricolore garantit à ses actionnaires une fidélité sans faille. « En 2020, lorsque le groupe n’a engrangé “que” 4 milliards de dollars de résultat net, c’était la panique à bord, raille Thierry Defresne, de la CGT. Mais comme ils avaient 7 milliards de dividendes à verser malgré tout, nos dirigeants ont simplement décidé d’emprunter auprès des banques. Résultat, le taux d’endettement du groupe est passé de 16 % à 19 %…» Continuer la lecture de Grève chez TotalEnergies, profiteur de crise dans le collimateur de ses salariés

Les liaisons dangereuses de LaREM avec le RN

Le président de la République devait s’exprimer mercredi soir. Il avait jusqu’ici laissé ses troupes multiplier les appels du pied au RN, quitte à le normaliser toujours plus.

AFP

Voilà un cas sur lequel la médecine devrait se pencher avec la plus grande attention. Celui, assez terrifiant, de la subite amnésie collective qui frappe la Macronie. Il y a dix semaines, pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle, ses électeurs et ceux de la gauche avaient des « valeurs communes », dixit l’ancien président LaREM de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. Si bien que les ténors de la majorité présidentielle comptaient sur les sympathisants FI, EELV, PCF et PS pour faire barrage à l’extrême droite de Marine Le Pen. Ce que beaucoup ont fait en glissant, à contrecœur, un bulletin Macron dans l’urne. Continuer la lecture de Les liaisons dangereuses de LaREM avec le RN

Est-ce qu’en répétant les erreurs on finit par faire du neuf? par D. Bleitracht

NDLR de MAC: un texte incisif et polémique qui replace le débat dans la perspective d’une construction d’un parti communiste plus fort et p^lmus à même de répondre au x défis de ce siècle. Un siècle après le congrès de Tours, à nous de montrer notre volonté!

Quand on s’étonnait de la jeunesse d’esprit d’Oscar Wilde celui-ci répondait avec son goût très particulier du sarcasme : “pour rester jeune c’est très simple il suffit de recommencer les mêmes erreurs. ”

Oserais-je vous avouer que hier après avoir écrit un texte, un de plus, sur la perspective offerte par l’élection législative, et ce que devrait faire le PCF, mon malheureux pays, je me suis demandé si en proférant de tels conseils, je ne cherchais pas à poursuivre une illusoire jeunesse en réitérant l’erreur de donner des conseils à des gens qui non seulement ne les suivraient pas, mais qui depuis plus de trente ans me font entendre par tous les moyens à leur disposition qu’ils en ont rien à foutre de moi et de mes recommandations. Quand je dis moi, lecteur mon ami, mon frère, pense que nous sommes quelques uns dans le même cas.

Soyons lucides : nous sommes devant une bouffonnerie avec cette FRANCE ingouvernable et il suffit de contempler ce schéma pour en avoir conscience. S’acharner sur ce que l’on peut attendre d’un tel résultat et croire que c’est de là que viendra la solution est stupide. Comme d’ailleurs est stupide le fait de croire en l’UE alors même qu’elle s’identifie à un OTAN de plus en plus en état de coma dépassé à force de n’être que la volonté des USA. Dans les deux cas, ne pas tenter de voir l’ampleur du champ politique est donc la première erreur et je n’ai pas vu grand monde s’en abstraire réellement. Ce refus de comprendre la période historique pour des raisons que l’on pense opportunistes est aussi une manière d’ignorer le quotidien de la majorité des Français comme de la plupart des peuples. Continuer la lecture de Est-ce qu’en répétant les erreurs on finit par faire du neuf? par D. Bleitracht

Les leçons d’un scrutin: vive le congrès du PCF.

 

Que dire de ces élections, sinon que leur résultat n’a rien pour nous de surprenant et qu’il a ses ombres et ses lumières. Au titre des satisfactions il y a bien sûr la mise en “petite” majorité relative de Macron, un désaveu du président élu comme il y en eut jamais dans cette Constitution et ce mode de scrutin. Désaveu bien mérité et quelques battus comme Castaner qui arrachèrent des cris de joie à tout ceux pour qui il représente le mépris, la violence gratuite et la trahison de ses engagements. Cette constitution a été créée pour verrouiller tout changement de société et exclure le parti communiste, l’hypothèse socialiste de la vie politique française en relation avec les institutions européennes opérant dans le même sens. Continuer la lecture de Les leçons d’un scrutin: vive le congrès du PCF.