Pacte enseignant : le diable se cache dans les détails

Les promesses du gouvernement sur les remplacements ou sur « un professeur devant chaque classe » passent par le pacte. Rejeté par une majorité de personnels, ce dispositif cache une attaque en règle du service public d’éducation.

Ce dispositif laisse croire que la solution repose sur le seul volontarisme des enseignants. Julien Pebrel/Myop

Ce dispositif laisse croire que la solution repose sur le seul volontarisme des enseignants. Julien Pebrel/Myop
© Julien Pebrel/ MYOP

Le pacte, c’est le cœur de la « révolution » voulue par Emmanuel Macron en matière scolaire. Ce dispositif, complexe pour des yeux peu habitués aux arcanes de l’éducation nationale, doit permettre à la fois de tenir les promesses faites aux enseignants français – parmi les plus mal payés d’Europe – pour améliorer leur rémunération et les performances de l’éducation nationale en matière de réussite scolaire, de lutte contre les inégalités et même d’insertion dans l’emploi. L’enjeu n’est donc pas mince. Pap Ndiaye, le prédécesseur de Gabriel Attal Rue de Grenelle, l’avait claironné au printemps : pour que cela fonctionne, il faudrait que 30 % des enseignants s’engagent dans la démarche. Aujourd’hui, le ministère se fait beaucoup plus discret sur le sujet. Et pour cause : à en croire les remontées de terrain parvenues aux principaux syndicats, c’est au pire un rejet clair et net, au mieux de gros doutes qui habitent les professeurs. Décryptage des principaux points de friction. Continuer la lecture de Pacte enseignant : le diable se cache dans les détails

Valence d’Agen. L’expression démocratique doit être préservée ! (PCF)

En date du 14 février 2023, le maire de Valence d’Agen et président de la communauté de communes des Deux Rives a pris un arrêté municipal visant à interdire la distribution de tracts sur le marché de plein vent au prétexte de possibles troubles à l’ordre public.

Cette décision vient à la suite de la suppression des panneaux d’affichage d’expression libre sur la commune et sur quasiment toute l’intercommunalité. Ces faits ressemblent à un verrouillage politique de la part de M. Baylet qui supporte mal la contradiction et l’émergence d’opinions divergentes de la sienne. Dans un courrier en date du 5 juin 2023, nous demandions la possibilité d’installer une table, moyennant finances bien sûr et nous n’avons pas eu de réponses. Les communistes protestent contre ses dispositions qui empêchent une expression responsable, libre et citoyenne.

A l’heure, ou des forces obscurantistes comme le RN porteuses de discriminations, d’intolérances et de rejets des autres affichent leurs ambitions anti-républicaines, il est urgent de favoriser le débat pour l’émergence des idées progressistes. Présents sur les marchés, dans les quartiers et les villages depuis toujours, les communistes dénoncent ici une atteinte à la liberté d’expression et demandent :

  1. Le retrait de cet arrêté municipal
  2. La mise en œuvre d’un règlement de publicité intercommunal avec la pose d’espace d’affichages conformes à la réglementation en vigueur

Par ailleurs, les communistes sollicitent le soutien des forces syndicales, démocratiques et républicaines afin d’agir contre cette situation intolérable.

Maximilien Reynes Dupleix

Secrétaire de section


Je rejoins le parti Communiste Français

À la veille de la rentrée scolaire, au moins 2000 enfants sont sans abri

Au moins 2 000 enfants vivent dans la rue, un chiffre en hausse de 20 % sur un an, selon un rapport publié le 30 août par l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Alors que le gouvernement s’était engagé à éradiquer ce fléau, les associations dénoncent une politique court-termiste et une « gestion à l’urgence ».

Au moins 2 000 enfants vivent dans la rue, soit 20 % de plus qu'en 2022.

Au moins 2 000 enfants vivent dans la rue, soit 20 % de plus qu’en 2022.
AFP

À l’heure où les familles s’affairent à préparer les dernières fournitures scolaires en cette veille de rentrée, d’autres se demandent où elles passeront la nuit. Cette situation concernerait près de 2000 enfants, livrés à la rue, selon un baromètre publié le mercredi 30 août par l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Un chiffre en hausse de 20 % en une année.

Lire aussi: 1 990 enfants dorment dans la rue (Unicef)

Ce décompte, réalisé sur la base des appels au 115 des familles n’ayant pas obtenu de solutions d’hébergement, est « un minimum » ne tenant pas compte de celles qui, découragées ou mal informées, renoncent à appeler.  « C’est un échec collectif », déplore Pascal Brice, le président de la FAS, interrogé par franceinfo. Continuer la lecture de À la veille de la rentrée scolaire, au moins 2000 enfants sont sans abri

Le Parti communiste galvanisé par la popularité de Fabien Roussel

À Strasbourg, les militants communistes avaient le sourire. Renouvellement générationnel, nouvelles adhésions… Ils attaquent la prochaine campagne électorale avec l’objectif de faire leur retour au Parlement européen.

Fabien Roussel, lors de l'université d'été du PCF, le 26 août à Strasbourg. © Julien Jaulin

Fabien Roussel, lors de l’université d’été du PCF, le 26 août à Strasbourg. © Julien Jaulin

Strasbourg (Bas-Rhin), envoyé spécial.

Après trois jours de débats intenses à Strasbourg, les communistes entament leur rentrée « requinqués ». C’est le sentiment exprimé par la plupart d’entre eux, alors que leur parti lance déjà la mobilisation pour la campagne des européennes. « On est venus à six, dont cinq camarades qui ont adhéré il y a moins de trois ans », se réjouit Michèle, qui les décrit « enthousiasmés par les changements politiques au PCF ».

Depuis la candidature de leur secrétaire national, Fabien Roussel, à la présidentielle, les communistes se sont retrouvé une voix dans le débat politique national. Sa popularité, encore mesurée récemment par les sondages, n’est pas pour rien dans leur engouement à retourner militer sur le terrain. Continuer la lecture de Le Parti communiste galvanisé par la popularité de Fabien Roussel

À Strasbourg, Fabien Roussel tacle un président qui « ne vit pas en France » (Vidéo)

Le secrétaire national du PCF a prononcé son discours de rentrée samedi soir, à l’université d’été des communistes. Il a dressé les priorités de son parti, appelant les militants à se mobiliser pour la campagne des élections européennes.

La paix, le climat, la question sociale : ce sont les priorités du PCF pour cette rentrée, tracées par le secrétaire national Fabien Roussel ce samedi 26 août à Strasbourg. Le dirigeant communiste a pris la parole à l’issue de la deuxième journée de débats à l’université d’été de son parti. Un rendez-vous de fin d’été qu’il a qualifié de « nécessité, tellement les communistes ont une grande responsabilité ». Dans une salle qui a entonné l’Internationale avant la prise de parole de Fabien Roussel, ovationné les salariés en lutte de Clestra qui sont intervenus devant les communistes, le secrétaire national du PCF a choisi de démarrer son allocution par les « événements internationaux graves » liés à la guerre en Ukraine. Il a ainsi relancé son « plan de paix » en cinq points, qu’il a déjà proposé au président de la République. Continuer la lecture de À Strasbourg, Fabien Roussel tacle un président qui « ne vit pas en France » (Vidéo)

Retraites : « L’application de la réforme au forceps est irréaliste » + attaque contre le dirigeant CGT S. Menesplier

L’entrée en vigueur de la réforme le 1er septembre acte la fin du régime spécial des industries électriques et gazières. Sébastien Menesplier, de la FNME-CGT, dénonce un décret « mal ficelé ».

AFP

Les salariés vont faire l’expérience des conséquences de la réforme des retraites. Durant l’été, l’exécutif a publié au Journal officiel les décrets d’application, effectifs au 1er septembre. Le secrétaire ­général de la Fédération nationale Mines Énergie CGT (FNME-CGT), Sébastien Menesplier, revient sur les effets de ce décret dans les industries électriques et gazières (IEG), alors que les agents statutaires, mais mis à disposition, pourraient perdre leurs droits.

Le 1er septembre acte notamment la suppression du régime spécial pionnier des IEG. Vous estimez ce calendrier intenable, pourquoi ?

Sébastien MenesplierSecrétaire général de la FNME CGT

Sébastien Menesplier
Secrétaire général de la FNME CGT

Une telle réforme, dans sa mise en œuvre, nécessite de prendre le temps pour faire les choses bien et ne pas imposer davantage de contraintes aux travailleurs concernés. Plus particulièrement dans les IEG, nous considérons que les conditions ne sont pas réunies. D’abord, cette réforme n’est toujours pas acceptée, ni comprise. Ensuite, sans dialogue avec les employeurs au regard des délais extrêmement courts, les salariés s’interrogent nécessairement sur les conséquences sur leur retraite alors même que nous sommes déjà à la date d’application ! Sont-ils tous protégés par la clause du grand-père ? Un doute ­sérieux persiste. Continuer la lecture de Retraites : « L’application de la réforme au forceps est irréaliste » + attaque contre le dirigeant CGT S. Menesplier

Violences faites aux femmes : « L’État a la responsabilité d’organiser la prise en charge des hommes violents »

Alors qu’avait lieu le 20 août à Grigny (Essonne) un rassemblement en hommage à Armale, alias Deo, 75e femme assassinée par son compagnon depuis le début 2023, les journalistes Laurène Daycard et Mathieu Palain tentent d’expliquer les difficultés à faire évoluer les hommes violents.

Peut-on guérir les hommes violents ? À travers deux ouvrages distincts écrits à la ­première personne, les journalistes Laurène Daycard ( Nos absentes, Seuil) et Mathieu Palain ( Nos pères, nos frères, nos amis, Les Arènes) ont questionné le continuum de violences contre les femmes qui règne dans notre société, et mène tous les deux jours à un féminicide.

Pourquoi avez-vous voulu écrire sur les féminicides ?

Laurène Daycard : Cela m’est apparu comme une nécessité, journalistique et intime. Le féminicide est l’acmé d’un processus de continuum des violences sexistes et sexuelles. Mais c’est aussi un concept qui a permis de politiser ces violences. Le nombre de meurtres conjugaux a commencé à être publié par le gouvernement (1) en 2006. Avant cette date, on ne pouvait même pas parler de ce ratio d’une femme tuée par son conjoint tous les deux ou trois jours.

En tout, plus de 2 200 femmes sont mortes ainsi depuis 2006. Et malgré des lois comme la circonstance aggravante créée pour les meurtres conjugaux, les statistiques ne baissent pas. Le ratio est toujours de 110 à 130 femmes tuées chaque année.

Le féminicide est un meurtre à mobile misogyne. Il y a encore une méconnaissance à ce sujet, y compris pour les affaires non conjugales. Dans encore beaucoup trop de cas, les victimes décédées n’ont toujours pas droit à un traitement respectueux, digne, ou même juste « factuel ».

La prise en charge des victimes a-t-elle évolué ?

Mathieu Palain : J’ai rencontré beaucoup de femmes qui n’ont pas réussi à porter plainte. Les commissariats les refusent ou les forcent à déposer une simple main courante. Dans le livre, je raconte comment une femme, qui avait fait constater ses blessures et ses ecchymoses, n’a pu montrer ses photos à des policiers, sous prétexte que la clé USB qui les contenait pouvait faire sauter leur système informatique.

Cécile, dont l’histoire constitue le fil rouge de mon livre, a porté plainte dans un commissariat du 15e arrondissement de Paris, avec sa mère. Elle avait tenu à prévenir son copain mais, trois mois plus tard, il a contre-porté plainte. Il n’y avait aucun élément dans son dossier, mais la justice n’a pas voulu trancher. Elle les a tous les deux condamnés à suivre un stage de responsabilisation à la violence. Ce n’est pas anecdotique.

Les policiers ne sont pas forcément bienveillants à l’égard de femmes qui viennent porter plainte. De son côté, la justice estime encore parfois qu’il s’agit « d’histoire de couple », dont elle n’a pas à se mêler. Il y a pourtant des enquêtes à mener et des sanctions à prendre.

Laurène Daycard : Une petite dizaine d’affaires de féminicide conjugal sont présentées dans mon livre. Dans tous les cas, il s’agit de femmes qui avaient dénoncé des violences, partagé leur peur, mais qui n’ont pas été crues ou suffisamment entendues. On a par exemple le cas de Géraldine, tuée par son conjoint dans la montagne de Reims en 2016. Pourtant alertée par ses filles de la présence de fusils à domicile, la gendarmerie ne les a pas saisis et ils ont ensuite servi au meurtre.

Razia, elle, avait été mise à l’abri avec ses enfants à Besançon, grâce au réseau Solidarité Femmes, à la suite d’une plainte déposée à Marseille. Mais son ex-conjoint a reçu par erreur un courrier de l’Assurance-maladie mentionnant sa nouvelle adresse et a recommencé à la harceler. Razia a déposé sept plaintes contre lui au commissariat de Besançon, accompagnée par une travailleuse sociale de Solidarité Femmes. « Mais enfin, madame, c’est un père qui veut voir ses enfants », s’est-elle entendue dire par les gendarmes avant d’être tuée à coups de couteau à la sortie du tramway à Besançon par son ex.

L’État est-il responsable de cette situation ?

Mathieu Palain : L’État a la responsabilité d’empêcher les violences de perdurer et d’organiser la prise en charge des hommes violents. Trop peu sont condamnés, et même ceux qui le sont ne sont pas pris en charge. Ils font six mois dans une maison d’arrêt surpeuplée, enfermés vingt-deux heures sur vingt-quatre avec deux heures de promenade dans la journée.

Quand ils sortent, ils ont la rage, et n’ont rien appris du tout. Certains ont perdu leur boulot. Leur sentiment de déni est très fort, parfois couplé à un sentiment de vengeance. Alors, si le but de la prison était l’absence de récidive, c’est raté. Penser que ces hommes violents sont des monstres qui doivent rester dans l’ombre sans qu’on s’en occupe, c’est dangereux. C’est potentiellement les encourager à récidiver. Ils sont des centaines de milliers, voire un million dans ce pays. Or il n’y a pas un million de monstres.

Laurène Daycard : Un auteur de violence conjugale peut faire plusieurs victimes au cours de sa vie. La condamnation n’enraye pas la récidive, c’est une réalité statistique. J’ai même remarqué, au fil de l’immersion dans un stage de responsabilisation, qu’elle peut accentuer le sentiment de victimisation. L’inversion de la culpabilité est le mécanisme pernicieux au cœur des violences conjugales.

Les victimes se culpabilisent pour les violences qu’elles subissent. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est compliqué d’aller porter plainte. À l’inverse, les conjoints-agresseurs se victimisent. Au début du stage que j’ai suivi, j’entendais : « Elle l’a bien cherché », « Moi aussi j’ai subi des violences et il faudrait que la justice l’entende », « J’ai du mal à me sentir coupable », etc. C’est tristement banal. Ces hommes se pensent victimes du système.

C’est pour ça que la responsabilisation est un des dispositifs de lutte contre la récidive, développée dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales, avec la création d’une trentaine de centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales en France (CPCA), sur le modèle du Home des Rosati à Arras, où j’ai fait mon immersion.

Dans ces groupes de responsabilisation, comment lutte-t-on contre la récidive ?

Mathieu Palain : On ne peut pas assister à un groupe de parole en se disant que ces auteurs de violence vont en sortir guéris. Pour certains, une graine est plantée et va peut-être germer. Ça implique chez ces personnes une volonté d’avancer et la capacité de se dire : « J’ai un problème avec la violence, ça vient aussi de la manière dont j’ai été éduqué, d’une société qui encourage la violence comme moyen pour régler des conflits, mais il faut que je me prenne en charge. »

Je passe du temps à Grenoble dans une association qui prend en charge les hommes violents et met en place des thérapies sur le long terme. Car ça peut prendre plusieurs années d’entamer un travail de déconstruction pour revoir ses modèles et s’éloigner des stéréotypes autour de la virilité que tout homme hétérosexuel a connus à l’adolescence.

Vouloir régler les questions de violences conjugales, forcément liées aussi à un comportement sexiste extrêmement ancré dans la société, implique un travail de longue haleine, qui peut s’étendre sur dix ans.

À eux seuls, les groupes de parole ne peuvent pas servir à grand-chose. Mais ces hommes sont d’abord dirigés vers ce type d’association sous mandat de justice, où ils vont récupérer une attestation de suivi de stage, qui leur permet de ne pas retourner en prison. Sauf que ces injonctions de soins durent souvent six mois, de temps en temps un peu plus, jusqu’à deux ans.

En plus la qualité de l’accompagnement diffère d’un territoire à l’autre, selon qu’il y ait ou non des associations adhérentes à la Fnacav (Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge des auteurs de violences), qui travaillent avec beaucoup de psychologues et de juristes.

Laurène Daycard : Dans mon livre, je fais la distinction entre hommes violents et auteurs de violences conjugales. Cette distinction est aussi faite dans la recherche en psychologie.

D’un côté, il y a ceux qui, comme le meurtrier de Seloua, sont des personnalités psychopathiques. Ils répondent structurellement par la violence. De l’autre, les auteurs de violences conjugales. C’est dans cette nuance que l’on peut trouver l’espoir d’un changement, même si ces comportements sont profondément enracinés dans l’éducation et la socialisation de ces hommes.

Un auteur de violences conjugales, directeur dans l’industrie de la grande distribution, me disait que sa grille de lecture machiste imprégnait toute sa vie. Il était considéré comme très coriace par les travailleurs et travailleuses sociaux. Il a fait l’objet d’une arrestation musclée chez lui par des policiers armés de la brigade anticriminalité. Mais un an après avoir été suivi au centre Clotaire à Arras, il a beaucoup avancé. Il s’est vraiment impliqué dans le groupe de responsabilisation et a continué ensuite une thérapie en individuel.

Détail significatif, il a pour la première fois embauché des femmes dans ses équipes au travail. Il en est même arrivé à dire qu’il remerciait sa femme d’avoir porté plainte parce que, sinon, ça se serait fini aux assises. C’était très fort de l’entendre dire ça. Mais ça ne l’empêche pas de savoir qu’il peut récidiver. C’est important d’avoir conscience de ce risque. C’est un des symptômes d’une prise de responsabilité.

Les hommes auteurs de violences conjugales peuvent-ils guérir ?

Mathieu Palain : Le fait d’être confronté à la parole de ses pairs peut fonctionner pour certains. Mais ça n’est pas systématique. Le premier groupe dans lequel je suis resté six mois était extrêmement virulent, composé de personnalités ancrées dans le déni. Leur discours était construit sur l’idée qu’ils n’étaient pas des hommes violents et n’avaient rien à faire là. Le dialogue a été très compliqué. La collégialité a moins d’intérêt quand on renvoie à ses pairs : « Vous êtes des monstres qui frappez les femmes, moi, je n’ai rien à voir avec ça. »

En revanche, il y a une possibilité d’avancer si les hommes sélectionnés dans le groupe sont sur un point de bascule et si, dès le premier tour de table, l’un d’eux dit : « J’ai honte de ce que j’ai fait, mais je sais que ça ne suffit pas pour dire je suis guéri parce que je vais peut-être recommencer. » Entendue par le groupe, cette parole peut en écho en déclencher d’autres comme : « J’attends de ce groupe de comprendre pourquoi je suis violent, pourquoi je dégaine vite, pourquoi je suis un nerveux. »

Dans ce type de cas, dix semaines ou six mois peuvent être bénéfiques, parce que la parole va être libérée. Les gars savent qu’ils sont entre eux, qu’ils ne seront pas jugés par les autres. S’ils sont là, c’est parce qu’ils ont tous la même condamnation, qu’ils sont ex æquo sur les faits.

Ces expérimentations ont-elles un réel impact ?

Laurène Daycard : Les professionnels estiment qu’elles peuvent faire tomber le risque de récidive de 40 à 50 %, voire jusqu’à 90 %, selon les données statistiques du parquet. Mais ce n’est pas une solution miracle.

Ce processus de responsabilisation n’est que l’amorce d’une réflexion introspective qui va durer sur des années, si possible avec un accompagnement thérapeutique. Mais il faut continuer à essayer, car pour le moment, des femmes sont victimes, certaines sont tuées, et des enfants grandissent dans ce contexte de violence. Perdre espoir est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre. L’espoir c’est politique.

Mathieu Palain : Il est évident que corriger le tir va prendre très longtemps, puisqu’on a derrière nous des siècles de domination masculine totale. Il y a peu (2), l’homme était dans la loi le chef de la famille. Il avait quasiment droit de vie et de mort sur tous ses membres. Mais notre société est en mouvement. La norme évolue.

Les féminicides sont médiatisés, il y a des collages sur les murs, des manifestations, des mouvements militants féministes radicaux qui se mobilisent justement pour que les hommes ne puissent plus exercer leur domination en toute tranquillité. C’est cette addition de pressions qui fait bouger la société. Ce mouvement est encore trop lent, mais nous partons de loin.

(1) La dernière « Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple » date du 26 août 2022. (2) C’est la loi du 4 juin 1970 qui supprime le statut de « chef de famille » du Code civil.

À un mois de la Fête, l’Humanité cambriolée a besoin de votre soutien

Fabien Gay, le directeur du journal L'Humanité, Le 31 juillet,  lors de l'hommage à Jean Jaurès, assassiné 109 ans plus tôt © Demian Letinois Taillant

Fabien Gay, le directeur du journal L’Humanité, Le 31 juillet, lors de l’hommage à Jean Jaurès, assassiné 109 ans plus tôt
© Demian Letinois Taillant

Chers lectrices et lecteurs, Alors que l’été n’est pas encore achevé et que notre rédaction est mobilisée pour continuer de décrypter l’actualité, un mauvais coup est venu frapper le groupe l’Humanité. Dans la nuit du mercredi 16 août au jeudi 17 août, le bâtiment où nous avons nos bureaux a été cambriolé. Quasiment toutes les entreprises de l’immeuble ont également été visitées et je veux leur apporter notre plein soutien. En ce qui nous concerne, ce sont une cinquantaine d’ordinateurs qui ont été dérobés avec d’autres outils informatiques, comme le matériel vidéo, auxquels s’ajoutent des dégradations importantes qui occasionnent des désagréments importants pour notre vie commune.

C’est d’autant plus un mauvais coup qu’il se produit dans une période charnière pour toutes nos équipes. Nous avions récemment renouvelé l’ensemble de nos outils informatiques pour assurer dans les meilleures conditions le changement d’outil éditorial le 4 septembre et le lancement de notre nouvelle plateforme numérique, de notre nouvelle liseuse et la création de notre application numérique pour le 15 septembre prochain. De plus, tout le service de la Fête de l’Humanité qui devait emménager ce jeudi 17 août sur le terrain pour assurer le montage, l’accueil des militants et des prestataires se retrouve sans outils informatiques. Continuer la lecture de À un mois de la Fête, l’Humanité cambriolée a besoin de votre soutien

Dissolutions administratives, la longue dérive du pouvoir

Depuis l’arrivée à l’Élysée d’Emmanuel Macron, en 2017, le gouvernement a interdit 33 associations ou groupements de fait, dont certains pour des raisons politiques. Une façon de mettre sur un pied d’égalité l’extrême droite et ce qu’il juge d’extrême gauche.

En avril, à Paris, place Stalingrad, en soutien aux Soulèvements de la Terre. © Valérie Dubois

En avril, à Paris, place Stalingrad, en soutien aux Soulèvements de la Terre. © Valérie Dubois

Un coup à l’« extrême gauche », un coup à l’extrême droite. Un coup la dissolution des Soulèvements de la Terre (SLT) ; un coup celle de Civitas. Un coup un collectif écologiste ; un coup un parti d’extrême droite catholique intégriste. Y compris dans le choix des associations et « groupements de fait » qu’il veut dissoudre par voie administrative, le gouvernement donne du « en même temps », locution devenue mantra de la Macronie.

Une façon de faire advenir la fumeuse théorie du fer à cheval qui veut que « les extrêmes se rejoignent » et de se poser ainsi en seul garant de « l’ordre républicain ». L’actualité récente éclaire d’ailleurs l’usage cynique et très politique que l’exécutif, par le biais de Gérald Darmanin, fait de la dissolution. Continuer la lecture de Dissolutions administratives, la longue dérive du pouvoir

Castelsarrasin: incendie chez Intersport

Castelsarrasin le 16 Aout 2023

Ce matin de bonne heure un incendie a détruit partiellement le magasin Intersport de Castelsarrasin, et endommagé la structure accueillant GIFI, GEMO, Picard. A quelques semaines de la rentrée scolaire c’est un mauvais coup porté à l’économie locale.

Les communistes de la section de Castelsarrasin/Moissac expriment leur solidarité à l’ensemble des salariés-es, à tous les personnels et dirigeants de ces entreprises. Ils souhaitent après enquête sur les causes, la mise en place d’une solution technique à court terme pour que le retour à la normale soit le plus rapide possible.

Ils saluent aussi l’engagement des pompiers venus de plusieurs casernes, leur professionnalisme ainsi que l’ensemble des élus, services municipaux et autorités qui ont été présents pour sécuriser les lieux. Le service public est une fois de plus sollicité et fait montre de son efficacité.

Maximilien Reynès-Dupleix, secrétaire PCF de la section

 

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