Si les chiffres officiels montrent une augmentation constante du niveau de vie des Français, les enquêtes d’opinion disent au contraire le sentiment de déclassement. La faute au coût croissant des dépenses contraintes, dont le poids, qui pèse surtout sur les ménages les plus pauvres, contribue à l’accroissement des inégalités.
« Pour 100 balles t’as plus rien », dit l’adage populaire. Après deux années d’inflation galopante en 2022 et 2023, la formule fait plus que jamais écho au quotidien des Français. Enquête après enquête s’exprime leur sentiment d’avoir perdu du pouvoir d’achat. Selon l’étude « Fractures françaises 2024 », quelque 70 % d’entre eux estiment que « les gens comme (eux) ont des conditions de vie de moins en moins bonnes ». Les statistiques économiques disent pourtant le contraire.
« Le pouvoir d’achat par unité de consommation (individus qui composent un ménage – NDLR) a crû en moyenne de 0,5 % par an sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, ce qui correspond à un gain annuel moyen de 170 euros. C’est plus que durant le quinquennat de François Hollande (+ 0,1 %) ou celui de Nicolas Sarkozy (+ 0,2 %), mais moins que durant les mandats précédant la crise de 2008 », écrivaient, en 2023, les économistes Pierre Madec, Mathieu Plane et Raul Sampognaro. Continuer la lecture de Pouvoir d’achat : comment le libéralisme nous fait les poches
Frédéric BOCCARA, économiste, membre du comité exécutif national du PCF
Thalia Denape, économiste, membre du conseil national du PCF
Denis Durand membre du conseil national du PCF, codirecteur d’Économie&Politique
Jean-Marc DURAND membre du conseil national – PCF
Yves DIMICOLI
Évelyne Ternant économiste, membre du comité exécutif national du PCF
Si Bayrou a pris le risque d’être renversé à l’Assemblée le 8 septembre, c’est que la colère populaire explose contre son gouvernement illégitime, qui se livre à une attaque sans précédent contre les personnes (salarié·e·s, retraité·e·s, bénéficiaires de prestations) et contre les biens communs que sont nos services publics.
Il tente de justifier cette amputation sans précédent de 44 milliards sur le budget (14 milliards d’euros de baisse des dépenses et 30 milliards d’euros parce qu’on ne suivrait pas l’inflation), déclarée « non négociable », en agitant la peur de la dette. Ce faisant, le Premier ministre, qui fait du chantage sur la dette pour imposer ses solutions et n’accepter aucune autre, nous met tous en danger.
Emmanuel Macron doit nommer un Premier ministre de gauche. Mais, contrairement aux excès de concessions et débuts de reniements du PS, ce doit être pour mettre en œuvre une politique en phase avec les engagements du NFP, tout particulièrement le socle de son programme économique. C’est aux « modérés » de prendre leurs responsabilités pour soutenir ce programme afin de sortir le pays des difficultés et de faire barrage à l’extrême droite.
Le péril, c’est la finance, pas la dette !
La dette n’est pas en soi le problème. Elle n’est que le symptôme des difficultés et la conséquence d’une politique de désindustrialisation et de destruction des services publics.
Le problème, c’est donc d’une part le niveau des taux d’intérêt, d’autre part l’utilisation de la dette. L’un et l’autre nourrissent la finance et mettent à bas le pays. Les banques, les fonds de pension et fonds d’investissement pompent chaque année des intérêts croissants avec la hausse des taux : 66 milliards en 2025, premier poste budgétaire devant la Défense et l’Éducation nationale, ce qui ampute notre capacité à nous financer ! Si la dette vampirise le pays aujourd’hui par les remboursements d’intérêts, c’est parce que les gouvernements la mettent dans les mains des marchés financiers.
Si la dette pose un problème, ce n’est pas parce qu’elle atteint 3 303 milliards ; c’est parce qu’elle est largement utilisée pour des dépenses inefficaces voire perverses, dont les 211 milliards d’aides à des entreprises qui n’hésitent pas à licencier et délocaliser, pratiquent des bas salaires et qui, en plus, dans le cas des réductions de cotisations sociales et fiscales, contraignent l’État à emprunter sur les marchés financiers pour compenser. Utilisées contre l’emploi et la transition écologique, pour gonfler les dividendes et accompagner les délocalisations, ces aides sapent les bases d’une croissance économique saine, fondée sur des activités réelles utiles. C’est pourquoi le poids de la dette s’accroît par rapport au PIB.
Au contraire, nous avons besoin d’avances monétaires à taux faible, nul ou négatif, pour développer le pays et son activité, donc pour des dépenses utiles à un développement qui réponde efficacement aux enjeux économiques, sociaux et écologiques de notre temps !Baisser les dépenses publiques, c’est affaiblir le pays et aggraver sa situation financière !C’est continuer les politiques qui nous ont conduit là. C’est accélérer la récession qui vient.
Vouloir réduire les déficits par la baisse des dépenses publiques relève non seulement d’une violence sociale inouïe, mais d’une hérésie économique. Dans le passé, c’est toujours par un développement du pays et un accroissement des dépenses, y compris par dette en mobilisant les banques publiques, que l’on s’est sorti des difficultés d’endettement. Ainsi a-t-on procédé après 1945. Les services publics apportent une contribution majeure à l’efficacité économique : détruire leurs emplois, saborder leurs missions, réduire leur qualité ne peut qu’affaiblir le potentiel de croissance et de développement, c’est-à-dire la base des recettes fiscales, ce qui aggravera les déficits budgétaires dans une spirale sans fin de régression. Le choix de l’économie de guerre et du doublement du budget militaire d’ici 2027 ne peut que renforcer ce cercle vicieux austérité-dette. Ne pas changer les critères d’affectation de ces aides publiques revient à laisser toute liberté aux grands actionnaires et ne peut que conforter les délocalisations et le cancer financier contre l’emploi et l’écologie.
Le RN est dans la même logique d’austérité que Bayrou. Il propose moins 25 milliards au lieu de 44, pour justifier son opposition, et dupe le monde en faisant croire, de façon cyniquement mensongère, que les « Français » n’en souffriront pas !
Les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux ultra-riches se combinent à la casse des services publics, de l’industrie et au cancer financier. La baisse des dépenses publiques est d’autant plus inadmissible qu’une partie de la dette vient des réductions de recettes sous forme de cadeaux aux grandes entreprises et aux ultra-riches, dont : la suppression de l’ISF, la réduction du taux de l’impôt sur les sociétés (IS), l’instauration de la flat tax qui plafonne le taux de prélèvement sur les revenus du capital, des facilités nouvelles sur la TVA déductible, la suppression de la taxe professionnelle puis de la CVAE, etc.
L’État au service d’un capital égoïste et qui brade le pays !
Le Medef soutient activement le budget Bayrou qu’il a fortement inspiré. Ce patronat des grandes entreprises, avec leur financiarisation, leurs restructurations et délocalisations, a détruit 2 millions d’emplois industriels en 20 ans et fait de la France l’un des pays les moins industrialisés d’Europe, dans son obsession de la baisse du coût du travail et un pays en difficulté sur les compétences et les qualifications. Par la voix de Patrick Martin, président du Medef, il justifie le choix de certaines entreprises d’investir aux États-Unis et la capitulation patronale dans la guerre économique de Trump, en arguant d’une insuffisance d’efforts financiers en direction du capital, dans un « toujours plus » décomplexé. Le capitalisme français entend aujourd’hui préserver ses profits dans une position de servitude volontaire à l’impérialisme américain et au cancer financier. Telle une bourgeoisie compradore, il ne s’intéresse au territoire français que pour en extraire des ressources pour ses profits, depuis les aides financières jusqu’à la recherche publique en passant par toutes les capacités technologiques et informationnelles, et en s’appuyant sur une intensification inouïe de l’exploitation des travailleurs, génératrice de souffrances extrêmes pour toutes les catégories du salariat.
À cette alliance État/capital contre la société tout entière, il faut opposer une riposte portant des réponses systémiques, une alliance État/société contre le capital.
Pour sortir des difficultés, il faut développer le pays : ses services publics, qui permettent une mieux-vie et appuient le potentiel d’efficacité ; sa production industrielle et de services efficace et écologique.
Pour cela,
il faut dépenser plus : accroître les dépenses publiques pour l’embauche et la formation dans les services publics ainsi que pour les revenus (salaires des agents publics et revenus sociaux).
Financer autrement les dépenses en libérant l’État de la tutelle des marchés financiers.
(1) Donc, créer un Fonds d’avances pour les services publics, financé à bas taux (zéro voire négatif) par le pôle public bancaire (BPI, Caisse des dépôts, Banque postale). Son refinancement à 0 % par la BCE est compatible avec les traités européens actuels, c’est la bataille politique à mener par les gauches en France et en Europe. Il ouvrira la voie à la création d’un fonds européen de développement économique, social et écologique pour les services publics.
(2) Dépenser autrement : pré-recruter et former massivement des agents publics (éducation, hôpital, recherche, transport ferroviaire, énergie, …) ; changer les critères des aides publiques aux entreprises : soumettre les aides publiques aux entreprises à des conditions sur l’emploi, la formation, l’environnement, sous contrôle et suivi par les salariés et leurs représentants.
(3) Engager une refonte de la fiscalité : faire cesser la dégressivité fiscale. Pour les ménages comme pour les entreprises, le taux de prélèvements des « gros » est plus faible que celui des « petits » : il faut au contraire reconstruire une équité fiscale fondée sur une fiscalité directe et progressive. Utiliser pénalisation et incitation sur les entreprises, en instaurant des taux d’impôt sur les bénéfices différents selon que l’entreprise a développé l’emploi et l’investissement écologique ou non.
(4) Renforcer et développer la cotisation sociale, pour financer une bonne retraite à 62 ans, puis à 60 ans (voire plus tôt, selon les cas), en instaurant une cotisation nouvelle sur les revenus financiers des entreprises, en renforçant la contribution des revenus financiers des ménages, et en instaurant une modulation du taux de cotisation à la hausse pour les entreprises qui taillent dans l’emploi ou la masse salariale.
Voilà un cahier de revendications immédiates pour le mouvement social !
Voilà un programme de travail pour se rencontrer entre partis de gauche, associations et organisations syndicales du nouveau Front populaire et au-delà !
Plus généralement,
Pour développer les activités nécessaires au bien-être social et au défi écologique, il faut commencer à agir tout de suite sur les choix de production, d’embauche, de recherche, de formation, d’investissement des entreprises en s’appuyant sur l’exercice de nouveaux pouvoirs par les salarié·e·s et leurs représentants, par les citoyen·ne·s et leurs élu·e·s.
Pour stopper l’hémorragie industrielle :instaurer un moratoire sur les licenciements,mettre en place des comités de sauvetage pour chaque site menacé de fermeture, constitués des syndicats, élus locaux, directions d’entreprise, services de l’État, pôle financier public, avec un droit de tirage sur le crédit bancaire pour financer des solutions alternatives, allant jusqu’à la nationalisation si besoin.
Pour faire reculer les logiques capitalistes des entreprises :mettre en place la sélectivité du crédit et une modulation fiscale incitative. En cas de création d’emplois, de décarbonation des processus, d’économies de capital et d’énergie, un accès à des crédits bancaires bonifiés pour réduire leur taux jusqu’à 0 % ou moins, un IS (impôt sur les sociétés) et des cotisations sociales au taux normal. En cas de destruction d’emplois, de délocalisations, d’investissements financiers, des surcoûts sur les taux d’intérêt, l’IS, et les cotisations sociales.
Pour le pouvoir d’achat :dégeler le point d’indice des fonctionnaires et les retraites ; SMIC à 2 000 euros bruts ; pour les entreprises, convoquer une conférence sociale « salaires, emplois, formation ».
Quel rassemblement pour des avancées significatives ? Les mobilisations qui s’annoncent peuvent changer la donne, si elles convergent sur des solutions progressistes et surmontent les divisions entretenues par les forces de droite et d’extrême droite avec leurs discours sur l’immigration, l’assistanat des fainéants, etc. Il faut donc en faire un intense moment politique, à la hauteur du caractère systémique de la crise actuelle et des solutions de progrès à lui apporter. Pour dégager le chemin de politiques alternatives, il ne suffira pas de soutenir les mots d’ordre et les agendas syndicaux, il faut créer les conditions du rassemblement de la gauche politique, sociale et associative en mettant entre les mains de notre peuple le débat sur les questions et les solutions. Un an après la signature du programme du NFP, qui, avec ses limites, pouvait fournir une base pour proposer des objectifs à viser en commun et des moyens pour les atteindre, nous appelons les forces de gauche à la responsabilité de remettre l’ouvrage sur le métier, au courage de confronter publiquement les points de vue sur les améliorations à y apporter, avec l’intervention des citoyennes et des citoyens mobilisés contre le budget Bayrou.
Nous sommes disponibles pour informer, éclairer la compréhension, l’intervention citoyenne sur ces enjeux économiques et politiques, pour des débats dans les localités comme dans les entreprises. La recherche d’une issue politicienne à la crise actuelle, qui pour les uns mise sur des élections rapprochées au temps de campagne raccourci, et pour les autres se projette à Matignon dans le cadre d’une alliance au centre, est une impasse pour la gauche, lourde de risques pour notre pays.
Nous appelons l’ensemble des forces syndicales, associatives et politiques progressistes qui s’étaient déjà entendues sur le programme du nouveau Front populaire, et au-delà, à reprendre le chemin d’un large rassemblement pour le redressement du pays, sans lequel la porte du pouvoir s’ouvrira toute grande à l’extrême droite.
Caroline, enseignante dans le Cantal, s’est suicidée lundi 1er septembre 2025. Caroline n’a pas pu faire sa rentrée en 2024 dans son école, elle n’a fait pas de rentrée en 2025 et elle n’en fera plus. C’est une immense tragédie pour l’Éducation nationale. Caroline a été victime d’insultes homophobes et de menaces de mort au sein de son école. Elle a souffert de ces actes mais aussi du manque de soutien de l’institution.
Des menaces dans l’école
En 2023, Caroline Grandjean découvre l’inscription homophobe « sale gouine » sur le mur de l’école du village et dépose plainte. Elle enseigne depuis trois ans dans cette école. Trois mois plus tard, un autre tag apparaît sur le mur de l’école. Malgré la demande de son inspectrice et des réserves côté mairie, elle adresse aux familles un communiqué cosigné avec les parents d’élèves et le maire pour dénoncer l’insulte. Quand elle reçoit une menace de mort, elle porte plainte, soutenue par la directrice académique. Un troisième tag apparait « dégage la gouine ». Remedium relate que l’inspectrice demande alors à Caroline « ce qu’elle a pu faire pour qu’on s’en prenne à elle ». L’auteur de bandes dessinée et de livres pour enfants, a relaté dans Cas d’école l’histoire de Caroline en janvier 2025.
Quand la directrice académique lui propose de changer d’école pour la protéger, Caroline « refuse de plier face au corbeau ». L’administration lui propose un autre poste à la rentrée 2024, contre son gré mais pour son bien et sa protection. Mais pour elle, c’est une double sanction : victime de harcèlement et mutée loin de chez elle.
L’isolement d’une victime
Pour Caroline, garder son poste est ne pas faiblir dans la lutte contre les discriminations. Elle se sent seule et isolée dans sa circonscription. Quand elle n’a pas pu faire la rentrée en 2024 dans son école, dans un règne du #pas de vague, Caroline a des messages de la mairie du village, non de soutien mais de soulagement qu’elle ne soit pas dans son école à la rentrée, ce qui la mènera à une tentative de suicide. Le corbeau ne sera pas identifié malgré les 5 plaintes et l’enquête judiciaire.
Pour Remedium, « dernièrement il y a eu une accumulation de plusieurs événements qui ont renforcé son sentiment d’injustice. D’abord le classement sans suite de sa plainte, et puis la promotion de l’inspectrice de l’éducation nationale qui, selon elle, ne l’avait pas vraiment soutenue tout au long de cette affaire. Il y a un message dans le fait qu’elle ait choisi cette date de la rentrée pour se donner la mort. »
Son suicide révèle une nouvelle fois les manquements de l’Éducation nationale dans la gestion des violences et la protection de ses agents. Le FSU-SNuipp et le S2DE demandent l’ouverture d’une enquête administrative pour faire la lumière sur cette affaire. Pour le syndicat des directions, Caroline était « broyée par l’institution, par son village […], elle avait écrit sur un groupe de directeurs : « lundi… sera bien plus difficile pour moi que pour vous ».
Djéhanne Gani
*Au printemps, le Café pédagogique voulait échanger avec Caroline, mais sa santé ne le permettait pas. Le Café pédagogique adresse son soutien à ses proches, à la communauté éducative endeuillée.
J’ai été contacté hier par Marie-Claire Cailletaud, que je remercie, qui m’a informé d’un article dans le JDD du 31/08/2025 particulièrement malveillant envers Croizat et les communistes en général.
Cela mérite un droit de réponse que je m’octroie ici.
N’ayant pas de contact à la CFTC, j’espère que certains d’entre vous feront le nécessaire afin que ma réponse leur parvienne et puisse être remise à l’auteur de l’article, M. Thouvenel, ancien vice-président de la CFTC.
Merci d’avance.
Après avoir pris connaissance de cet article dans le JDD du 31 août 2025, je me sens obligé d’apporter quelques précisions sur mon point de vue à M. Thouvenel, ancien vice-président de la CFTC.
Evoquant Ambroise Croizat, M. Thouvenel explique qu’il n’a pas désavoué le pacte germano-soviétique.
C’est effectivement le cas de la grande majorité des communistes à cette période.
Et c’est facile à comprendre quand on connait les raisons profondes qui ont amené Staline à conclure ce pacte. Entre autre les atermoiements et tergiversations diplomatiques des gouvernements anglais et français pour conclure des alliances de défense mutuelle avec l’Union soviétique, et la signature des accords de Munich par les mêmes.
Quelque temps après, Croizat est arrêté avec d’autres députés communistes par les autorités de la IIIè république et embastillé pour une durée qui s’étendra d’octobre 1939 à février 1943, soit quasiment 3 ans et demi dont presque deux au bagne.
La première chose que je voudrais rappeler à M. Thouvenel, c’est que les députés communistes ont été destitués, condamnés et emprisonnés par ceux qui avaient en 1936 refusé le soutien à l’Espagne républicaine, les mêmes qui ont signé avec Hitler les Accords de Munich, qui ont permis à l’Allemagne nazi de dépecer et occuper la Tchécoslovaquie avec qui nous avions des accords de défense militaire réciproque, et qui permettaient à l’occupant d’utiliser l’industrie de ce pays pour réaliser ses ambitions d’expansion territoriale, et toujours les mêmes qui s’apprêtaient à se vautrer dans la collaboration en confiant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Seuls 80 d’entre eux ont refusé de les voter.
Et quand M. Thouvenel évoque avec beaucoup de légèreté cette période de détention, il ne semble pas apprécier pleinement les conditions dans lesquelles les députés ont été détenus.
Ils vont séjourner dans plusieurs prisons d’abord en France métropolitaine. Dans les courriers qu’il envoie à son épouse, Croizat décrit l’extrême précarité des conditions de détentions. Les députés sont privés d’accès aux journaux, l’hygiène est déplorable, les cellules sont glacées l’hiver et étouffantes en été, la ration alimentaire est limitée à sa portion congrue.
Ils ont faim.
Début avril 1941, ils vont être transférés par bateau, à fond de cale et boulets aux pieds, de Marseille en Algérie. On les envoie au bagne de Maison-Carrée dans la banlieue d’Alger.
Leur situation va encore se dégrader au point qu’ils tombent malades les uns après les autres, atteint par la malnutrition, le typhus, la dysenterie, attaqués de toutes parts par les vermines en tous genres et pourchassant les rats qui viennent leur courir dessus pendant leur sommeil.
L’objectif recherché est clairement de les faire mourir d’épuisement à petit feu.
Quand Croizat sortira du bagne en février 1943, 3 mois après le débarquement allié, il sera comme tous ses camarades terriblement affaibli physiquement et aura perdu 30 kilos.
Et quand M. Thouvenel se permet de dire que « comme déporté et résistant, on a connu mieux », je pense qu’il ne mesure pas la dureté du calvaire qu’on a fait subir à ces élus du peuple déchus arbitrairement par ceux qui sont devenus des collabos. Ce commentaire méprisant est une honte absolue et digne d’une bouche d’égout.
J’ai été aussi particulièrement accablé par la manière dont M. Thouvenel évoque la création et la mise en place de la sécurité sociale. Il explique que Croizat n’est pas ministre quand les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 font leur apparition et que cela valide une participation minimale de celui-ci.
Mais quand on relate des faits historiques, la moindre des choses conduisant à l’honnêteté consiste à prendre connaissance du rôle qu’ont tenu les uns et les autres dans l’élaboration de ces ordonnances. Le texte qui leur donnera naissance a été discuté à l’Assemblée consultative provisoire.
Et dans celle-ci, la commission du Travail et des Affaires sociales, dont Croizat était le président, a pesé de tout son poids pour que ces ordonnances soient conformes à ses orientations.
Je ne puis m’empêcher de vous faire prendre connaissance de ce que le ministre Croizat en avait dit lui-même dans un discours à L’Assemblée prononcé le 8 août 1946 :
« L’ordonnance du 4 octobre 1945, à laquelle est à juste titre attaché le nom d’un ami qui nous est commun à tous, M. Alexandre Parodi, a été le produit d’une année de travail au cours de laquelle des fonctionnaires, des représentants de tous les groupements et de toutes les organisations intéressées, des membres de L’Assemblée consultative provisoire, dont certains font partie de la présente Assemblée, ont associé leurs efforts pour élaborer un texte que le gouvernement de l’époque a en définitive consacré conformément à l’avis exprimé par 194 voix contre 1 à l’Assemblée consultative. »
Je conseille également à M. Thouvenel la lecture du livre d’Emmanuel Defouloy (Ambroise Croizat, justice sociale et humanisme en héritage, paru aux éditions du Geai Bleu le 14 mai 2025) qui relate avec maintes précisions et documents à l’appui l’influence de Croizat et de la commission du Travail et des Affaires sociales sur le contenu de ces ordonnances et l’éclairera dans ses connaissances de l’histoire sociale de notre pays.
Quant au rôle central qu’a tenu M. Pierre Laroque, personne n’en disconvient. Mais je dois rappeler à M. Thouvenel qu’un haut fonctionnaire est au service d’un ministre, que ce soit Alexandre Parodi ou Ambroise Croizat, qu’ils ont agi de concert dans cette construction avec bien d’autres (je pense notamment aux conseillers qui entouraient Croizat comme Henri Raynaud, Henri Jourdain, maître Marcel Willard…), et que la mobilisation des militants de la CGT a été déterminante pour donner une réalité concrète et physique à cette œuvre civilisatrice qu’est la sécurité sociale.
Toujours dans ce discours à L’Assemblée du 8 août 1946 :
« Le plan de sécurité sociale est une réforme d’une trop grande ampleur, d’une trop grande importance pour la population de notre pays pour que quiconque puisse en réclamer la paternité exclusive.
Cette sécurité sociale, née de la terrible épreuve que nous venons de traverser appartient et doit appartenir à tous les français et toutes les françaises sans considérations politiques, philosophiques ou religieuses. C’est la terrible crise que notre pays subit depuis plusieurs générations qui lui impose ce plan national et cohérent de sécurité. »
M. Thouvenel pourra constater que Croizat sait prendre de la hauteur et mettre en valeur l’importance du collectif, ce dont il ferait bien de s’inspirer tant il semblerait que cette qualité lui soit étrangère. En être dépourvu en matière de syndicalisme confère à une usurpation de la fonction.
A la fin de votre article, vous attribuez à George Bidault un rôle d’inspirateur du programme du CNR « les jours heureux » qui a préconisé la création de la sécu. Je veux bien vous croire sur parole, bien qu’en matière d’inspiration, ma référence se porte plutôt sur Pierre Villon.
Mais en aucun cas cela n’a été suivi d’effet par la CFTC, qui au contraire s’est opposée vigoureusement à ce que le ministre Croizat mettait en œuvre avec son équipe.
Certainement plus préoccupée par la disparition des caisses confessionnelles d’avant-guerre que par l’intérêt général, elle est allée jusqu’à refuser par dépit, de présenter des candidats aux premières élections des administrateurs de la sécurité sociale.
Et cela M. Thouvenel, ce sont des faits historiques, loin de vos élucubrations partisanes et malsaines fortement teintées d’anticommunisme et desquelles suinte cet insipide salmigondis dont vous nous avez grassement abreuvé et saturé jusqu’au dégoût. La citation de Staline à laquelle vous avez fait référence vous sied à ravir.
Le marigot bolchevique ne vous adresse pas ses salutations et pense que vous êtes mûr pour passer vos vacances à Saint Raphaël dans le Var, ville dans laquelle le maire LR à porosité RN vient d’ériger une stèle en mémoire des victimes du communisme. Montrez lui votre article, il vous accueillera les bras ouverts et votre succès contribuera à flatter vos petites ambitions de rayonnement médiatique.
Pierre Caillaud-Croizat, petit fils du ministre Croizat
En grève à partir de ce 2 septembre à l’appel de la FNME-CGT, les agents du secteur de l’énergie dénoncent leur grille salariale – dont trois échelons sous le SMIC – et la hausse des factures pour les entreprises et les ménages.
Le grand coup d’envoi de la rentrée sociale sera cette année donné par les énergéticiens. À partir de ce mardi 2 septembre, les agents d’EDF, d’Engie, d’Enedis et de toutes les industries électriques et gazières sont appelés à la grève et à la mobilisation par la FNME-CGT. Plus de 180 lieux de mobilisation et piquets de grève ont été décomptés par la fédération syndicale, annonçant un mouvement suivi sur tout le territoire (NDLR de MAC: Solidarité avec les agents dés demain matin devant le CRPE de Golfech!)Continuer la lecture de Plus de 180 lieux de mobilisation : dans l’énergie, les agents font grève pour des salaires et des prix justes
Sur fond de coupes budgétaires massives, les nouveautés de cette année (éducation à la sexualité, tests de forme physique, mathématiques) ne semblent pas estomper le malaise enseignant.
Recruter des enseignants est aujourd’hui difficile. Il faut en finir avec la dégradation des conditions de travail et redonner du sens au métier.
Igor Martinache, Sociologue et auteur
C’est un fait bien connu : le nombre de candidat.es aux concours de recrutement de professeur.es de collège et lycée ne cesse de diminuer, tandis qu’augmente, quoique dans des proportions bien plus restreintes, le nombre de démissions dans leurs rangs. En découlent des difficultés à pourvoir les postes disponibles qui se font au détriment des élèves, à commencer par les plus défavorisés. Continuer la lecture de Rentrée scolaire : où en est l’Éducation nationale ?
Pour tenter d’expliquer sa décision de demander un vote de confiance, François Bayrou dramatise à souhait la situation de la France, n’hésitant pas à la comparer comme son prédécesseur, à celle de la Grèce.
Le cœur du service après vente entérine cette situation comme incontestable et qui ne mérite pas qu’on en débatte tellement c’est « évident ».
Pourtant, Frédéric Boccara a bien argumenté il y à un an en expliquant que « le péril c’est la finance, pas la dette ! »
SON ANALYSE CI-DESSOUS CENSURÉE BIEN SÛR PAR LES MÉDIAS DE MASSE.
1. On répète en boucle qu’il faut absolument tailler dans nos dépenses publiques pour rembourser « la » dette publique.
Mais c’est la hausse des taux d’intérêt par la BCE qui vient de mettre à mal les finances publiques, pas la dette.
NDLR de MAC: mosaïque d’informations et de textes pour mieux appréhender la réalité d’aujourd’hui. Attention, temps de lecture long!
Nous poursuivons sur la thématique du renversement dialectique avec cette dernière mosaïque, qui nous montre par plusieurs angles complémentaires la réalité de la situation. Pendant que Mélenchon appelait sur France Inter à « remplacer la 5ème république par une 6ème qui corrige ses défauts comme la 5ème à corrigé les défauts de la 4ème » et à ce que « les syndicats se rangent derrière le mouvement spontanéiste du 10 septembre », une toute autre réalité se présente : celle du prolétariat qui cherche son organisation, tant sur le terrain syndical que sur le terrain politique. Sur le terrain syndical, chacun, sur les lieux de travail fait aujourd’hui l’expérience concrète que la grève est nécessaire pour obtenir un rapport de force, que la grève nécessite une organisation et que la première chose à faire pour améliorer l’organisation, c’est de renforcer le syndicalisme, de se syndiquer, de créer des sections syndicales (chacun peut le faire dans son entreprise si elle n’existe pas encore, il faut le dire et le marteler), en particulier à la CGT qui comme toujours, sera la cheville ouvrière des principales batailles. Cette réalité vécue ne peut être occultée par une projection de Mercator médiatique qui ne parle pas des mobilisations qui s’amorcent, du mouvement qui monte. Sur le terrain politique, il en est de même. Le renouveau des tentatives de criminalisation du communisme n’est pas anecdotique. L’article que relaie Danielle ci-après, dénonçant le « pacte avec le diable du socialisme » de Fabien Roussel et du PCF avec « en toile de fond la Chine et le monde multipolaire » le confirme : des questions fondamentales sur l’organisation du monde et sur l’organisation sociale de notre pays sont posées et le PCF tient le fil que craint la bourgeoisie française, non pas la 6ème république « qui corrigerait les défauts de la 5ème », mais une autre trajectoire, celle de la paix, du monde multipolaire, de la modernisation de la France par la coopération et sans abandon de souveraineté. Cette trajectoire ferait sortir la bourgeoisie réactionnaire de la protection de ses puissants amis états-uniens et la confronterait seule à son propre peuple, dans la continuité de la Commune de Paris et de la Libération de 1945, c’est pour cela qu’elle la craint. Alors, comme un canard sans tête, comme le Roi de Bohême à Crécy nous dit Danielle, les bourgeoisies européennes, la française en tête, continuent à tout sacrifier à la guerre contre la Russie : les 1350 milliards pour contenter Trump et obtenir le droit de poursuivre l’agonie de l’Ukraine et les dépenses folles d’armement (US) alors que partout les Ukrainiens désertent refusant cette guerre qu’on leur impose. Il faudra donc beaucoup plus d’argent que le budget Bayrou. Ce n’est qu’un début. Préparons et organisons. (note de Franck Marsal pour Histoireetsociété)
La semaine du 18 août 2025, l’Union africaine a officiellement approuvé la modification de la carte de l’Afrique, qui, depuis le XVIe siècle, est représentée selon la projection de Mercator. Cette projection augmente artificiellement la taille de l’Europe et de l’Amérique du Nord, et réduit celle du continent africain à environ la moitié de sa taille réelle.
Où sont donc passés les prétendus défenseurs des paysans, ceux qui occupent tout le côté droit de l’hémicycle nous faisant croire qu’il fallait d’urgence « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ».
Les agriculteurs sont en ce moment en train de subir au moins trois événements qui montrent que ce n’est pas le manque de pesticides qui les plombe, mais le trop de capitalisme.
Parlons d’abord des betteraves. Le premier groupe sucrier, Téréos, ferme trois sucreries. Une à Abbeville (Somme), une autre à Vic (Aisne) et la troisième à Marconnelle (Pas-de-Calais). Au bout, près de 240 salariés vont perdre leur emploi et des dizaines de paysans vont arrêter la production de betterave à sucre.
Pourquoi ? Non pas pour les raisons que prétendait réparer la fameuse loi Duplomb mais en raison d’un règlement européen de 2005 que j’avais durement combattu au Parlement européen. Celui-ci oblige la France à réduire sa production de sucre d’au moins 6 millions de tonnes. La France n’ayant réduit sa production que de 2,1 millions de tonnes, une réunion du Conseil des ministres de l’Union européenne en 2007 enjoint à notre pays d’appliquer la directive afin de permettre à des pays tiers d’exporter leur production sucrière vers l’Union européenne sans aucun droit de douane. À ceci s’ajoute une délibération de l’Organisation mondiale du commerce au profit du Brésil, de la Thaïlande et de l’Australie demandant à l’Union européenne de ne plus soutenir sa production sucrière.
Cette splendeur du capitalisme et ses joies du « marché ouvert où la concurrence est libre » a conduit le même groupe Téréos qui licencie en France à s’implanter au Brésil où il fabrique du sucre de canne qu’il exporte en Europe. Mais où est passé le sieur Duplomb qui n’y trouve rien à redire…
Prenons un second exemple : Le groupe laitier Lactalis qui bénéficie de 18,6 millions d’euros d’aides publiques selon le rapport de la commission d’enquête sénatoriale rédigé par Fabien Gay, mais compresse les prix du lait à la production, éjecte des producteurs de nos régions de sa collecte. Après s’être implanté au Brésil au printemps, ce groupe a acquis au mois de juin, le groupe laitier américain Général Mills. Et, il vient d’acquérir la semaine dernière une entreprise laitière en Nouvelle-Zélande pour une valeur de deux milliards d’euros. Autrement dit, Lactalis, comme Téréos, veulent profiter à plein des traités de libre-échange pour grossir leurs profits tout en étouffant nos producteurs, avec le projet d’importer du lait et des produits laitiers, du sucre, des biocarburants fabriqués à partir des grandes fermes-usines dans les pays du Pacifique.
On cherche en vain, à ce propos, les protestations indignées de Monsieur Duplomb et ses amis qui veulent « lever les contraintes au métier d’agriculteur ».
La pire des « contraintes au métier d’agriculteurs » est bien l’insertion de l’agriculture dans l’économie capitaliste mondialisée.
Prenons un dernier exemple : Le prix du blé acheté à la ferme frôlait les 300 euros la tonne en 2022. Il n’est plus aujourd’hui qu’à 180 euros la tonne. Le coût de production moyen d’une tonne est estimé selon les exploitations aux alentours de 220 euros. Le producteur de blé perd donc de l’argent en travaillant.
Que disent, ici encore, Monsieur Duplomb et sa clique protégeant les parasites lovés au cœur du système. Rien. Silence.
Et par ailleurs, continuer à attiser le conflit avec le gouvernement algérien, comme le fait M. Retailleau, va faire de nombreuses victimes parmi nos producteurs de blé car l’Algérie achetait jusque-là, la moitié de notre production. Voilà qui coûte si cher aux paysans, sans que, Boualem Sansal ne voit s’entrouvrir la porte de sa geôle ?
Paysans, les gouvernants mentent. Votre ennemi ce ne sont pas les normes, mais la voracité des prédateurs capitalistes.
En affirmant que le Parti communiste français serait « entré en collaboration » le 23 août 1939, il se rend coupable d’un grave révisionnisme historique. La réalité est connue et documentée : le PCF a dès le début des années 30 appelé à lutter contre le fascisme.
Stratégie du Front Populaire, aide matérielle et militaire aux républicains espagnols, appels à la mobilisation militaire lorsque la menace allemande se fit sentir, tandis que le gouvernement capitulard en place, composé de personnalités d’extrême droite, laissait les nazis envahir la Tchécoslovaquie et ne cherchait qu’un prétexte pour interdire le PCF en août 1939.
C’est le PCF alors dans la clandestinité, qui dès l’occupation nazie a organisé la résistance armée, dans les usines, dans les campagnes et dans les maquis, au prix de milliers de vies de militants et de dirigeants fusillés, déportés, exécutés. Le Parti communiste a été, avec ses militants, l’organisateur de la colonne vertébrale de la Résistance intérieure, ce qui lui valut à la Libération le titre de « Parti des 75 000 fusillés ».
Opposer ce mensonge grossier à la mémoire de celles et ceux qui ont donné leur vie pour la liberté, c’est insulter leur sacrifice et piétiner la vérité historique.
Que le Rassemblement National, héritier des courants politiques qui collaborèrent avec Vichy et les nazis, ose aujourd’hui accuser le PCF de collaboration relève d’un cynisme sans bornes.
La droite à Saint Raphaël enlève la stèle du résistant FTP-MOI communiste Léon Landini. L’extrême droite de Moissac, qui ose tout, va t-elle maintenant faire de même avec la stèle hommage à Jean Louis Demeurs, membre de la section PCF de Moissac, sous lieutenant commandant de la 8eme compagnie de l’AS, combattant de la Libération de Moissac (NDLR de MAC: et adjoint communiste dés 1971) ?
Nous appelons l’ensemble des républicains à dénoncer cette falsification de l’histoire. Face à l’extrême droite, nous continuerons d’honorer la mémoire des résistants et de défendre les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.