Les BRICS représentent désormais 40 % du PIB mondial en PPA, devançant largement les 29 % du G7.
Alors que les rapports de force économiques évoluent rapidement, le bloc des BRICS s’impose désormais comme le principal moteur de l’économie mondiale, en dépassant symboliquement le G7 sur un indicateur-clé : le PIB en parité de pouvoir d’achat (PPA).
Une bascule discrète mais déterminante
Selon les dernières données, la part des BRICS dans le PIB mondial en PPA est donc passée de 37 % à 40 %, tandis que celle du G7 stagne à 29 %. Ce différentiel de 11 points en faveur des BRICS marque un changement structurel dans l’économie globale, renforçant l’idée d’un monde multipolaire en gestation.
Des projets pour consolider la souveraineté financière du bloc
Lors du dernier sommet de Kazan, plusieurs propositions concrètes ont été déposées sur la table pour accentuer l’autonomie financière du bloc BRICS, et renforcer la coopération économique entre pays du « Sud global ».
Parmi ces pistes :
– Création d’une nouvelle infrastructure de règlement inter-États, indépendante des systèmes occidentaux.
– Mise en place d’une bourse propre au bloc, afin d’échanger devises et actifs dans un cadre déconnecté du système dollar.
– Lancement d’un mécanisme d’investissement commun pour faciliter les flux de capitaux intra-BRICS.
– Développement d’une banque de développement régionale, via l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), pour financer les projets stratégiques des pays membres.
Ces outils visent à protéger les économies des BRICS d’un environnement jugé instable, dominé par des mécanismes de concurrence défavorables aux pays émergents.
L’effet Trump : catalyseur d’un réalignement
L’accélération de cette dynamique découle en partie des tensions commerciales provoquées par les États-Unis. L’imposition brutale de droits de douane par l’administration Trump en avril dernier a incité plusieurs membres du bloc à rechercher des alternatives concrètes au dollar.
Ce réalignement financier, qui semblait encore théorique il y a quelques années, se concrétise désormais à travers des initiatives tangibles, orientées vers la dé-dollarisation partielle des échanges, la redéfinition des flux de capitaux et la maîtrise des leviers monétaires régionaux.
Une trajectoire qui pourrait redessiner la carte financière mondiale
Si ces projets se matérialisent à grande échelle, le poids des BRICS dans l’économie mondiale pourrait encore croître, renforçant une tendance de fond : la montée en puissance des économies dites émergentes au détriment des structures occidentales établies.
La décennie à venir pourrait ainsi voir émerger un nouvel ordre monétaire international, où plusieurs centres de gravité coexisteraient.
Enzo Becher, Analyste économique