Alors que le panorama s’assombrit sur fond d’accélération des difficultés des travailleurs et des familles populaires, la question sociale est évacuée tandis que la France est entraînée dans une inquiétante dérive politique avec la normalisation des discours d’extrême droite.
Je souhaite pouvoir m’arrêter sur la séquence xénophobe de ces derniers jours tant elle mérite d’être méditée, étudiée. Elle doit surtout faire l’objet d’une réplique unitaire de tous les progressistes, de tous les démocrates.
Inquiétante et significative est la dérive politique dans laquelle la France est entraînée, sur fond d’accélération des difficultés des travailleurs et des familles populaires, et alors que le ciel s’assombrit sur le front social. Elle l’est pour tous les progressistes qui assistent effarés à une succession d’outrances sur l’islam et les musulmans. Elle est encore plus pour nos concitoyens de confession musulmane dont la religion fait l’objet de sordides manœuvres orchestrées par le pouvoir qui use de subterfuges pour détourner l’attention de la profondeur de la crise. L’extrême droite n’a plus à parler, à provoquer. Seul compte désormais pour elle de travailler sa respectabilité dans la perspective d’une prise de pouvoir.
Par Manel Djadoun, Secrétaire à l’organisation de l’UEC et étudiante en Master 2 de recherche en sociologie politique à Nanterre.
Depuis une semaine, notre pays est secoué par une vague de débats sur la présence d’un soi-disant « islamo-gauchisme » à l’université. Sur CNews, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait ainsi annoncé vouloir demander au CNRS de réaliser une enquête sur l’ensemble des courants de recherche afin de « distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme et de l’opinion ». Dans le même registre, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, défendait l’idée selon laquelle il existerait « une matrice intellectuelle venue des universités américaines et des thèses intersectionnelles » qui « converge avec les intérêts des islamistes ». Ces déclarations constituent une atteinte extrêmement grave à l’autonomie universitaire, aux libertés académiques, bref à la démocratie. En faisant porter la responsabilité de l’islamisme sur les chercheurs de notre pays, le gouvernement cherche en réalité à discréditer des pans entiers de la recherche qu’il considère comme dangereux : postcolonialisme, gender studies, intersectionnalité, recherches sur la « race ». Si les débats vifs et contradictoires autours de ces travaux sont essentiels au progrès des connaissances- d’ailleurs l’ensemble de ces concepts font l’objet de discussions et critiques dans le champs académique- les instrumentalisations politiques qui en sont faites sont contraires à la démarche scientifique et au progrès des savoirs. Nous pourrions aussi simplement rire devant la déliquescence intellectuelle du gouvernement et l’utilisation ridicule du terme « d’islamo-gauchisme ». Mais nous aurions sans nul doute tort car ce n’est surement pas un hasard si les forces réactionnaires du pays en font un usage aussi virulent. D’abord ce terme recèle une véritable force sémantique. Il permet à lui seul de rapprocher les universitaires travaillant sur les questions de race, de terrorisme ou d’islam avec les milieux de gauche et les idéologies extrémistes. L’ensemble des intellectuels engagés, des syndicalistes, des personnalités mobilisées contre le racisme se voient ainsi associé·e·s , sans preuve aucune, à l’idéologie terroriste. Même si le terme émerge sous une certaine forme dans les textes de Chris Harman, dirigeant trotskiste du Parti travailliste anglais,l’histoire du terme en France est éminemment liée aux réseaux d’extrême droite qui vont largement le populariser après la guerre d’Irak pour s’opposer à la gauche.
Petit détour historique
Le terme d’islamogauchisme nous amène aussi presque inéluctablement à faire le rapprochement avec celui de « judéo-bolchévisme » puisqu’ils possèdent la même structure sémantique mais aussi parce que cela nous permet, dans une certaine mesure, de comprendre les dynamiques racistes à l’œuvre dans nos sociétés occidentales. Le judéo-bolchévisme est un terme qui se développe au XXe siècle, en Russie notamment. A cette époque, il permettait d’accuser les partis communistes d’être contrôlés par les Juif·ves . L’émergence de ce concept reposait tout de même sur une certaine forme de réalité : Les Juif-ves russes s’étaient largement engagé·e·s au sein du parti bolchévique puisque que, comme tous les prolétaires, de toutes confessions et de toutes origines, ils subissaient en Europe et aux Etats-Unis l’exploitation capitaliste mais aussi un racisme violent et légalisé comme en Russie. Pour faire plier le mouvement révolutionnaire, les tsaristes et les contre-révolutionnaires mèneront une offensive idéologique contre le parti bolchévique en faisant largement usage du terme « judéo-bolchevique » et en cherchant à unir stratégiquement les antisémites et les anticommunistes. C’est donc par l’antisémitisme que l’on devenait anticommuniste. Ce n’est qu’un peu plus tard que le terme arrive dans les mouvements d’extrême-droite européens, notamment le nazisme : à nouveau les antisémites et les anticommunistes formaient une alliance qui conduira aux conséquences tragiques que nous connaissons.
Mais pourquoi donc attaquer l’université pour lutter contre le terrorisme ?
Dans les pays où s’opère une résurgence des mouvements réactionnaires il n’est pas rare que les sciences sociales fassent l’objet d’attaques particulièrement violentes. L’arrivée de Jair Bolsonaro au pouvoir à la tête du Brésil en est l’illustration parfaite puisqu’il s’en est pris, dès son arrivée, aux universités de sciences sociales car elles sont de hauts lieux de contestation du pouvoir. La tendance autoritaire du gouvernement français répond à des logiques quelques peu similaires : celles qui visent à contrôler les espaces où s’organisent les mouvements contestataires, l’université en premier lieu. Dès lors, parler d’islamo-gauchisme à l’université c’est d’abord prendre appui sur le racisme, en tant que système de domination et d’exploitation, pour ranger largement des franges de la population du côté de la réaction dans le but d’affaiblir le mouvement révolutionnaire – antiraciste, féministe, syndical et ouvrier. En ce sens, les réactionnaires ne visent pas simplement les musulman·e·s engagés mais aussi les non-musulman·e·s engagé·e·s à gauche qui deviennent complices d’une manière ou d’une autre des islamistes.
Ensuite cela permet d’attaquer directement les savoirs critiques, c’est-à-dire les savoirs qui remettent en cause l’ordre social et son fonctionnement. En posant les chercheurs et chercheuses engagé·e·s à gauche comme les traitres à la nation et aux sciences « véritables », le gouvernement cherche à disqualifier toute une frange de scientifiques opposé·e·s à ses politiques et à ses projets de société. Cela permet aussi de faire la promotion de politiciens, éditorialistes, publicistes, intellectuels réactionnaires comme Zemmour, Finkielkraut pour leur donner de la crédibilité… Enfin cela permet de mener une offensive brutale contre l’université, son autonomie et son indépendance en orientant notamment les sources de financement.
Conclusion
Défendre l’idée d’une présence de l’ « islamo-gauchisme » permet en réalité de créer une alliance objective entre les racistes (islamophobes notamment), les anti-intellectuels (notamment ceux opposés aux sciences sociales) et ceux qui s’opposent à la gauche, partagent les mêmes idées réactionnaires pour faire plier les mouvements antiraciste, féministe, écologiste et syndical qui mettent à mal le gouvernement actuel. Nous n’avons nul autre choix que celui de s’opposer pied à pied à toutes celles et ceux qui font la promotion de « l’islamogauchisme » et qui précipitent notre pays dans la division et la régression. Pour combattre toutes les formes d’obscurantismes, nos universités doivent être des lieux de progrès des savoirs et des connaissances mais aussi de liberté, d’indépendance et d’affranchissement. À rebours de leur projet destructeur pour l’université, nous voulons bâtir une université émancipatrice ouverte à tous·tes, notamment aux classes populaires parmi lesquelles se trouvent les musulman·e·s de notre pays.
NDLR de MAC: Un ouvrage rafraichissant des éditions AUBERBABEL à lire de toute urgence…
Le regretté1 Desproges avait eu l’idée à la fois géniale et farfelue d’écrire un « dictionnaire superflu » avec un seul mot par lettre dont un des charmes était que chaque article était agrémenté de la même illustration, avec une légende adaptée et toujours étonnamment pertinente, l’une d’entre elles étant le véritable titre du tableau utilisé.
Une de ces légendes était : « le pangolin s’est échappé ».
Je n’aurais pas le mauvais goût de faire remarquer, plus de trente ans après sa disparition, que non, malheureusement, le pangolin ne s’est pas échappé, du moins si on en croit les récits de source officielle. S’il s’était effectivement échappé, il n’aurait pas reçu la fiente de la chauve-souris enfermée à l’étage au dessus, ni fourni bien involontairement ses écailles souillées pour la confection d’une poudre de perlimpinpin, dont les vertus aphrodisiaques ne sont pas plus grandes que si on l’avait fabriquée avec des rognures d’ongle (fabrication bien inutile d’ailleurs puisqu’il suffit de se ronger les ongles pour absorber de la kératine), laissant ainsi les pangolins en paix et nous épargnant une pandémie.
Ce dictionnaire arbitraire ne prétend même pas à cette rigueur : les illustrations sont parcimonieuses et aléatoires, les articles sont disparates, la seule règle étant d’avoir au minimum un mot par lettre de l’alphabet. Travail beaucoup moins ambitieux, donc, qu’un dictionnaire tentant de recenser tout ce que l’honnête homme doit savoir, telle cette Encyclopédie des connaissances utiles parue en 1836, dont le tome seizième, d’un format à peu près analogue à celui-ci, nous mène seulement de Civilisation (suite – il faut dire que le programme est ambitieux) à Comestible, article qui renvoie lui-même aux articles aliment, farine, pain, pâte, salaison, etc., dont nous ne pourrons donc pas profiter si nous ne possédons que ce tome seizième.
Sans prétendre à l’exhaustivité ni même à la cohérence, notre système a cependant l’avantage de nous permettre de faire état de quelques questionnements, marottes, obsessions ou rancœurs, selon le système employé en 1940 par Godfrey Elton dans ses émissions radio, intitulées It occurs to me : c’est ce qui me passe par la tête et je vais donc vous en parler.
Mais sont-ce simplement des marottes ou des obsessions ?
Les définitions des mots choisis arbitrairement ne relèvent elles pas plutôt d’une « vision du monde », mélange d’objectivité et de subjectivité, même si elle reste parcellaire étant donné le procédé choisi ?
1 C’est vraiment une façon de parler, parce que je ne l’ai découvert qu’après sa mort. C’est pourquoi il ne m’a jamais déçu. Qui sait, il serait peut-être devenu gâteux, ou pire, réac et sentencieux.
Quatrième de couverture
Sans prétendre à l’exhaustivité, ce petit livre, n’a de dictionnaire que l’ordre alphabétique de ses articles, choisis par ses différents contributeurs en fonction des idées qui leur sont passées par la tête à un moment quelconque, ce qui n’enlève à priori rien à leur pertinence éventuelle. Les rubriques ayant été collectées juste avant la crise du « gros vide », il est temps de s’attaquer dès aujourd’hui au tome deux afin d’y disséquer les nouveaux barbarismes apparus depuis. Ces nouveaux maux sont à définir d’urgence si nous ne voulons pas devenir leurs esclaves. A vos plumes !
En vente pour 10 € ou 12€ avec envoi. S’adresser à Alexandra Tricottet <alexandra.tr@laposte.net>
Aux sociétés civiles des deux pays à s’emparer de l’ouverture qu’offre Stora
Yacine TeguiaProducteur de cinéma et membre du bureau national du Mouvement démocratique et social (Algérie)
« Pour exorciser l’horreur qui a un nom et un visage, il faut lui donner un autre nom et un autre visage » Chris Marker, Sans soleil
Le rapport Stora sur les mémoires de la colonisation et la guerre d’Algérie suscite la controverse. En France, on soupçonne le président de gérer des questions de société ou de verser dans les calculs électoraux, en agitant la « nostalgérie ». En Algérie, le pouvoir invite à se désintéresser d’un débat franco-français tout en alimentant la polémique en sous-main. Dans les rangs du hirak, la contestation surgie en février 2019, les uns flairent une diversion vis-à-vis de la crise sanitaire, socio-économique et politique, tandis que d’autres exigent la réécriture du récit national autour de la guerre de libération, mais aussi des luttes démocratiques et pour la reconnaissance de l’amazighité. D’ailleurs, le 16 février, des milliers de citoyens réunis à Kherrata ont commémoré les premières manifestations du deuxième anniversaire du hirak ainsi que la lutte pour l’indépendance, sur un site des massacres du 8 mai 1945.
« Ces livres, achetés sur le budget de la mairie, échappent à notre politique d’acquisition et nous n’aurons aucun regard sur eux », explique une bibliothécaire.
Enquête. La ville du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, annonce l’achat de 4 000 ouvrages référencés par l’association Alexandre et Aristote, créée par une proche d’Éric Zemmour et subventionnée par la mairie. Une intervention inquiétante dans la politique documentaire des médiathèques.
La photo de famille date du 29 janvier dernier : au centre, le maire ex-LR (1) du Blanc-Mesnil, Thierry Meignen, entouré de son directeur de cabinet, Vijay Monany, proche de l’extrême droite, de Sarah Knafo et Alexandre Galien, fondateurs d’Alexandre et Aristote. Devant des bibliothécaires médusés, se déroule à la médiathèque Édouard-Glissant une présentation de l’association à laquelle la mairie vient d’accorder une subvention de 20 000 euros. Quelques jours plus tard, c’est au tour des enseignants du lycée technique Aristide-Briand de rencontrer les créateurs de ce nouvel outil de promotion de la lecture. L’idée est simple : « Dis-nous qui tu es, nous te dirons quoi lire ! » clame la page d’accueil du site d’Alexandre et Aristote, qui renvoie vers des sites marchands (Fnac, la Procure et Amazon, remplacé par Place des libraires). Continuer la lecture de Humanité, révélation. La fachosphère s’infiltre dans les bibliothèques
Après les déclarations de Frédérique Vidal, une enquête du CNRS montre comment l’exécutif a offert une “exposition inespérée” à un néologisme promu par l’extrême droite
Aussi préoccupée par cette question que demandeuse d’une enquête en la matière, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal devrait lire avec attention cette étude produite par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sur l’emploi de l’expression “islamo-gauchisme”. Elle y constaterait, éléments objectifs à l’appui, qu’en réclamant un “bilan” sur “l’islamo-gauchisme” à l’université, elle a surtout contribué à populariser un néologisme, surtout utilisé sur Internet comme un “instrument de lutte idéologique” par l’extrême droite.
Côté méthode, cette étude menée par le Politoscope du CNRS et rendue publique ce dimanche 21 février, a utilisé un outil permettant d’analyser “plus de 290 millions de messages à connotation politique émis depuis 2016 entre plus de 11 millions de comptes Twitter”. Un système permettant de cartographier avec précision les tweets mentionnant cette expression et d’étudier les communautés militantes qui l’utilisent, et de quelle façon. Continuer la lecture de Islamo-gauchisme: une étude du CNRS pointe un « piège » pour le gouvernement… in HuffPost
Près de 1 000 militants se sont rassemblés, samedi, dans la capitale à l’appel du groupuscule Génération identitaire. Un dernier coup de communication avant leur dissolution définitive ?
«Français, défends-toi, tu es ici chez toi », « Migrants partout, frontière nulle part », « Europe, jeunesse, reconquête ». Phobie de l’invasion et fantasme d’une civilisation blanche en péril ont pris rendez-vous, samedi, place Denfert-Rochereau à Paris : près de 1 000 militants d’extrême droite ont répondu à l’appel de Génération identitaire à manifester contre la procédure de dissolution engagée à son encontre par le ministère de l’Intérieur, le 13 février.
Gérald Darmanin a d’ailleurs été copieusement insulté et invectivé par les manifestants, qui ont qualifié le ministre de « complice » de « l’invasion migratoire ». « Lui aussi, vous l’avez dissous ? » ont également interrogé des pancartes à l’effigie de figures historiques qui se sont opposées, en leur temps, à « l’envahisseur » : Vercingétorix, un soldat de 14-18 ou encore Jeanne d’Arc.
La ministre de l’Enseignement supérieur confirme au JDD la tenue d’une enquête sur « l’islamo-gauchisme » dans les facultés. Le RN et la droite applaudissent. Dans une tribune collective, 600 universitaires demandent sa démission.
Frédérique Vidal persiste et signe. Dans les colonnes du JDD, la ministre de l’Enseignement supérieur confirme qu’elle diligentera bien une enquête sur « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène », selon elle, les universités. Le membre du gouvernement, tout en considérant que « l’islamo-gauchisme n’a pas de définition scientifique », le jette de plus belle à la face des universitaires et entend faire la lumière sur les « atteintes à la laïcité » de chercheurs qui « nourrissent l’activisme ».
« Une sorte d’alliance entre Mao Zedong et Khomeyni »
Vous n’avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L’affiche qui semblait une tache de sang Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c’est alors que l’un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erevan
Un grand soleil d’hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant
Anne Falciola accompagne des élèves en situation de handicap depuis plus de douze ans. Dans la rue avec ses collègues le 11 février, cette AESH raconte le quotidien de sa profession.
«On a ce cliché qui dit que nous sommes forcément des chômeurs de longue durée en réinsertion… Je l’ai en horreur, parce qu’il nous enferme dans une vision négative, péjorative. C’est la treizième année que je fais ce métier : je sais par expérience qu’on ne reste pas longtemps si on n’a pas vraiment envie. Nous sommes nombreux à exercer ce métier par choix, alors qu’on sait que les conditions ne sont pas géniales, pour permettre à tous les enfants d’avoir accès à l’école et les aider à avancer. » Anne Falciola est AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap) à Lagneux, dans l’Ain. Elle est aussi membre du collectif national AESH de la CGT Éduc’action : à ce titre elle a, bien sûr, pris part à la journée nationale de mobilisation de ces précaires de l’éducation nationale, le 11 février, à l’occasion du 16e anniversaire de la loi de 2005 sur le handicap. Alors elle ne tient pas trop à se mettre en avant et pense surtout à expliquer leurs revendications.