L’électorat enseignant, convoité par les Le Pen par C. Lelièvre

Quelques piétons passent une affiche officielle de campagne de la candidate d'extrême-droite Marine Le Pen (Rassemblement National), sur un panneau d'affichage électoral (enseigne), le 5 avril 2022 à Paris.
Avril 2022, panneau d’affichage lors de la campagne présidentielle. Shutterstock

Le monde enseignant a longtemps été considéré comme foncièrement réfractaire au vote en faveur des partis d’extrême droite. Mais, désormais, on n’en est plus assuré, tant s’en faut.

C’est ce qu’avait d’ailleurs pointé à sa façon Marine Le Pen lorsqu’elle a salué la création du collectif Racine rassemblant des enseignants « bleu marine » en déclarant à la fin de son colloque du 12 octobre 2013 qu’une telle initiative « était inimaginable il y a quelques années ».

En réalité, la démarche délibérée des Le Pen vers les enseignants vient de loin, même si le succès n’a pas été au rendez-vous immédiatement.

Les messages des Le Pen adressés aux enseignants

Marine Le Pen s’était déjà adressée aux enseignants lors du colloque du Front national sur l’école de septembre 2011 en leur disant on ne peut plus nettement :

« Nous n’avons pas su vous parler. Longtemps nous avons commis l’erreur de croire que vous étiez complices de la destruction de l’école. Pour l’immense majorité d’entre vous, c’était une erreur et cette époque est révolue. »

Jean-Marie Le Pen lui-même était allé dans le même sens, cinq ans plus tôt, le 12 novembre 2006, lors de son discours au Bourget sur son « projet présidentiel » pour 2007, en se présentant comme « l’espoir de renouveau et la conscience progressiste du pays ». Il avait alors fustigé « le mépris des fonctionnaires, forcément absentéistes, qu’on veut rendre responsables de la destruction des services publics, alors que le plus souvent, fidèles à leur mission, ils en sont les premières victimes ».

Et pour ce qui concerne plus spécifiquement l’école et ses enseignants, Jean-Marie Le Pen avait mis en avant des préoccupations qui peuvent être partagées par nombre d’enseignants sans qu’elles soient des singularités propres au Front national :

« L’école est le véritable et premier lieu où se forge l’égalité, celle des chances. Or la véritable sélection, j’ose le dire, est source de l’égalité véritable […]. Lire, écrire, compter, connaître l’histoire et la géographie de son pays sont des bases essentielles qui aujourd’hui manquent à un élève sur quatre en sortie du primaire. L’école publique doit aussi respecter scrupuleusement la neutralité religieuse, politique et philosophique »

L’aggiornamento des Le Pen ne semble pourtant pas avoir eu un effet sensible immédiat. Quelques mois après son intervention au Bourget d’octobre 2006, Jean-Marie Le Pen n’obtient que 3 % des intentions de vote exprimées chez les enseignants pour le premier tour de la présidentielle de 2007 selon un sondage effectué en février 2007 par l’IFOP pour Le Monde de l’éducation.

Et quelques mois après son intervention de septembre 2011, Marine Le Pen n’atteint que 5 % des intentions de vote exprimées dans le sondage effectué par l’IFOP pour Le Monde de l’Éducation en février 2012. Marine Le Pen reste à l’étiage de ces 5 % selon le sondage effectué par l’IFOP à la mi-avril 2017.

Un vote enseignant en faveur du Rassemblement national minoritaire mais qui s’installe

Si on suit les indications du tableau 5 établi par Luc Rouban dans sa Note de recherche pour l’élection présidentielle 2022 à partir des données de l’enquête présidentielle 2022 par Cevipof et Ipsos, vague 24, d’avril 2021, on aurait eu 10 % de déclarations d’intentions de vote parmi les suffrages exprimés des enseignants, contre 8 % en mars 2017 est-il mentionné.

Luc Rouban. Les fonctionnaires face à l’élection présidentielle de 2022 (en avril 2021). [Rapport de recherche] CEVIPOF. 2021, pp.12. ffhal-03613479

Il semble bien qu’il y a eu un décollage progressif et continu (avec « effet retard ») du taux de déclarations d’intention de votes exprimées par les enseignants en faveur de Marine Le Pen passant de 5 % en février 2012 à 8 % en mars 2017 puis 10 % en avril 2021. Et cela va dans le sens d’un vote Le Pen qui s’installe dans le paysage enseignant durant ces dernières années, après bien des efforts de leur part.

À cela s’ajoute le taux d’intentions de vote exprimées en faveur de Marine Le Pen par les enseignants au second tour des élections présidentielles de 2022 qui attire l’attention et qui continue à être de nature à frapper les esprits.

Dès le 19 avril 2022, il a été indiqué dans le journal 20 minutes que « selon une enquête du Cevipof pour le second tour, 48 % des enseignants seraient prêts à voter pour Emmanuel Macron et 22 % pour Marine Le Pen ». Puis le 25 avril, sur RTL, il a été mis en avant qu’« un quart des professeurs a voté pour Marine Le Pen au second tour des présidentielles selon une étude du Cevipof ». Même s’il convient sans doute de relativiser (car au premier tour on choisit et au second tour on élimine, ce qui n’a pas le même sens), cela donne quand même à réfléchir.

S’il ne s’agit certes pas d’une vague susceptible d’emporter vraiment le monde enseignant, il n’en reste pas moins que l’on a quitté la place d’un vote dans les marges pour un vote certes foncièrement minoritaire chez les enseignants, mais qui s’installe et fait désormais partie du paysage.

 


Déclaration d’intérêts

Claude Lelièvre ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche

Victime d’un attentat d’extrême droite, abandonné par l’État, le maire de Saint-Brévin démissionne

NDLR de MAC: communiqué du PCF Saint-Brévin : Nous demandons en conséquence la dissolution immédiate de tous ces groupes d’extrême-droite violents

Après l’incendie criminel de sa maison en mars, par des militants fascistes mobilisés contre un projet de déplacement d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, Yannick Morez a décidé de démissionner de son mandat de maire et de quitter la ville, mercredi. Il n’a jamais reçu de protection policière ni le moindre soutien du ministre de l’Intérieur depuis cet attentat.

Dans une lettre postée sur les réseaux sociaux, le maire de Saint-Brévin dénonce l’inaction de l’Etat après l’incendie de sa maison.

Un stigmate effrayant du risque terroriste de l’extrême droite et du refus du gouvernement à le combattre. Yannick Morez est contraint de fuir la ville dont il est maire depuis 2017, un mois et demi après l’attentat dont il a été victime dans sa maison. À Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) le projet de déplacement d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada) près d’une école a suscité plusieurs manifestations de militants d’extrême droite s’y opposant, encore le 29 avril dernier. Des mobilisations peu suivies mais violentes. Le maire a ainsi été menacé de mort et, le 22 mars au matin, un cocktail molotov a été jeté devant sa maison, brûlant deux voitures et une partie de la bâtisse. Continuer la lecture de Victime d’un attentat d’extrême droite, abandonné par l’État, le maire de Saint-Brévin démissionne

Loi Rist : « Ils sont en train de flinguer l’hôpital public »

À la suite du plafonnement des tarifs de l’intérim médical, de nombreux services hospitaliers ont vu leurs difficultés accrues par le départ de ces blouses blanches.

AFP

L’effondrement continue. Un mois après le décret d’application de l’article 33 de la loi Rist, le 3 avril, plafonnant le tarif de l’intérim médical à 1 390 euros pour 24 heures, les alarmes se multiplient.

Selon le Syndicat national des médecins hospitaliers remplaçants (SNMHR), au 23 avril, 214 structures de soins et plus de 365 services étaient concernés par de grandes difficultés, des perturbations de fonctionnement ou des fermetures.

« C’est dramatique ! » lance Éric Réboli, urgentiste et président du SNMHR, précisant que « de nombreux intérimaires refusent toujours de travailler à ces conditions tarifaires ».

« On en bave comme des chiens »

Robert (1), anesthésiste intérimaire, après une longue carrière de praticien à l’hôpital public, ne compte effectivement pas ressortir la blouse du placard : « Si j’avais vraiment voulu faire de l’argent, je serais allé dans le privé. L’intérim ne devrait pas exister, mais si ce phénomène a augmenté depuis dix ans, c’est bien à cause des conditions de travail dégradées. On en bave comme des chiens. »

Si des dérives salariales minoritaires ont existé, Robert assure ne jamais avoir vu les prix prohibitifs brandis par le ministre de la santé, François Braun, stigmatisant des « mercenaires » touchant 4 000 euros pour 24 heures de garde. Continuer la lecture de Loi Rist : « Ils sont en train de flinguer l’hôpital public »

Les députés communistes protègent EDF du démantèlement

BIEN COMMUN Contre l’avis du gouvernement, l’Assemblée nationale a adopté jeudi en deuxième lecture un texte, porté par la gauche, pour « protéger EDF d’un démembrement », qui entend aussi élargir le nombre d’entreprises et collectivités bénéficiaires de tarifs réglementés de l’électricité.

AFP

« Victoire. Quand il n’y a pas 49.3 et qu’on vote, on fait avancer les sujets concrets contre les macronistes», s’est félicité le député communiste Sébastien Jumel jeudi soir. Sa proposition de loi contre le démembrement d’EDF et pour les tarifs réglementés d’électricité pour les artisans vient alors d’être adoptée, par 127 voix pour, 89 contre.

Déjà voté en première lecture par les députés lors de la niche socialiste en février, puis accepté dans une version amendée au Sénat, ce texte « visant à protéger le groupe EDF d’un démembrement » a connu ce jeudi une étape décisive. Pour cela, la navette parlementaire doit désormais retourner au Sénat, où la gauche a bon espoir de le voir définitivement adopté. Continuer la lecture de Les députés communistes protègent EDF du démantèlement

Sigrid Gérardin, du Snuep-FSU : « La réforme du lycée professionnel renforce le séparatisme social » (Dossier)

À la suite des annonces d’Emmanuel Macron, la secrétaire générale du Snuep-FSU, Sigrid Gérardin, déplore un texte uniquement au bénéfice des entreprises.

Mathilde MAZARS/REA

Au cours d’un déplacement à Saintes  (Charente-Maritime), Emmanuel Macron a confirmé, ce jeudi 4 mai, les principales mesures de sa réforme des lycées professionnels : gratification des stages, différenciation des filières en fonction des besoins des entreprises de chaque territoire, avec l’objectif d’ « aller vers 100 % d’insertion professionnelle », en faisant de ces lycées une « voie par choix ». Sigrid Gérardin y voit de nouveaux cadeaux aux patrons au détriment de la scolarité des élèves.

Quel regard portez-vous sur cette réforme qui se prétend bénéfique à la fois pour les jeunes et pour l’économie ? Continuer la lecture de Sigrid Gérardin, du Snuep-FSU : « La réforme du lycée professionnel renforce le séparatisme social » (Dossier)

Contre le mouvement social, des gardes à vue utilisées à des « fins répressives »

Dans un document publié mercredi 3 mai, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté dénonce les arrestations arbitraires lors des mobilisations contre la réforme des retraites.

Ils se sont rendus dans neuf commissariats parisiens, les 24 et 25 mars. À chaque fois, les équipes de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) se sont entretenues avec des personnes interpellées à Paris dans le cadre ou en marge des manifestations du 23 mars. Et leurs conclusions sont sans appel.

Dans un rapport d’enquête publié mercredi 3 mai et un courrier adressé à Gérald Darmanin le 17 avril, Dominique Simonnot, la contrôleure générale, dénonce des « atteintes graves aux droits fondamentaux des personnes enfermées ». D’une part, en raison des conditions matérielles de prise en charge dans certains locaux. Et, d’autre part, du fait du nombre important de procédures conduites « en méconnaissance des normes et principes qui régissent la procédure de garde à vue, voire, dans certaines situations, en violation des textes applicables ». Continuer la lecture de Contre le mouvement social, des gardes à vue utilisées à des « fins répressives »

L’intersyndicale annonce une quatorzième journée de mobilisation le 6 juin

Après un 1er mai réussi, les syndicats « toujours unis » appellent à une quatorzième journée d’action le 6 juin pour « se faire entendre » des députés qui examineront une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites.

Les représentants de l'intersyndicale lors de la manifestation du 1er mai.

Les représentants de l’intersyndicale lors de la manifestation du 1er mai.
Benoit Tessier / Reuters

« Nous appelons unitairement nos organisations à aller rencontrer les députés partout pour les appeler à voter cette proposition de loi », indique un communiqué de l’intersyndicale  au lendemain du 1 er mai qui a rassemblé près de 2,3 millions de manifestants à travers la France , selon la CGT (800 000 selon la police). Dans cette proposition de loi déposée par le petit groupe centriste Liot jeudi 20 avril, l’objectif est clair : détricoter les mesures d’âge et renvoyer les autres dispositions à une « conférence sociale ».

Le communiqué se poursuit par « l’appel à multiplier les initiatives avec notamment une nouvelle journée d’action commune, de grèves et de manifestations le 6 juin  ». Continuer la lecture de L’intersyndicale annonce une quatorzième journée de mobilisation le 6 juin

Manifestations du 1er-Mai : plus de 2 millions annonce la CGT In DDM

Depuis le pont des Catalans, la foule semble massive à Toulouse
Depuis le pont des Catalans, la foule semble massive à Toulouse VALENTINE CHAPUIS
Publié le , mis à jour

Les syndicats espèrent une mobilisation sans précédent pour s’opposer à la politique gouvernementale et exiger le retrait de la réforme des retraites.

Ce lundi 1er mai, des millions de Français sont attendus dans les rues des villes du pays. La mobilisation s’annonce fournie, voire historique, tant le niveau de mécontentement est fort chez certains. La réforme des retraites, théâtre d’affrontements politiques et sociaux houleux, a laissé des traces. Les organisations syndicales affirment que le « combat n’est pas fini ».

De son côté, le gouvernement souhaite rapidement passer à autre chose et s’est doté d’une feuille de route pour accélérer sur d’autres sujets.

Suivez les différentes mobilisations et les déclarations des acteurs de cette journée internationale du Travail dans notre direct.

  • Le retrait de la réforme des retraites devrait être la principale revendication de cette journée.
  • Les renseignements attendent entre 80 000 et 100 000 manifestants à Paris, une mobilisation qualifiée d »historique ».
  • Avec 25 à 33% des vols annulés dans les plus grands aéroports français, le trafic aérien est très perturbé.

Les images de la mobilisation à Foix

Pour les communistes, « les jours heureux sont devant nous » !

A l’occasion de la sortie du livre de Fabien Roussel, intitulé « Les jours heureux sont devant nous », les militants communistes de Castelsarrasin ont animé un stand sur le marché jeudi dernier. L’occasion de présenter aux castelsarrasinois les grandes lignes du programme porté par le PCF.

credit photo J.S.

« Lorsqu’on discute avec les gens sur le marché, beaucoup nous expliquent qu’ils sont en colère car malgré le fait qu’ils ou elles travaillent, les fins de mois sont de plus en plus difficiles. Une situation qui peut les pousser vers l’abstention lors de périodes électorales, ou pire, vers un vote pour l’extrême-droite », analyse Julien Sueres, militant au sein de la section castelsarrasinoise du PCF.

En ce jour de marché, les communistes sont à pied d’œuvre pour aborder cette question du travail et du pouvoir d’achat. Dans son programme lors des élections présidentielles, le candidat Fabien Roussel s’était fait remarqué en abordant la question du travail d’une voix singulière et dissonante au sein de la gauche. Continuer la lecture de Pour les communistes, « les jours heureux sont devant nous » !

Un 1er Mai déjà historique

NDLR de MAC: Montauban, rendez-vous à 10h00 place des Fontaines lundi 1er mai

En pleine bataille des retraites, la réussite de cette Journée internationale des travailleurs, où défilera l’intersyndicale, peut ouvrir des opportunités nouvelles au mouvement social, alors que le Conseil constitutionnel se prononce le 3 mai sur la seconde demande de RIP.

Dans toute la France, l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, le 17 avril, a été accueillie par un concert de casseroles. Geoffroy Van der Hasselt/AFP

Dans toute la France, l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, le 17 avril, a été accueillie par un concert de casseroles. Geoffroy Van der Hasselt/AFP

Ce 1er mai 2023, Journée internationale des travailleurs, s’annonce d’ores et déjà historique. Par sa dimension rassembleuse d’abord, avec un appel commun des huit organisations syndicales du pays à ­rejoindre les cortèges. Ce cadre unitaire est rarissime : en 2012, par exemple, une intersyndicale appelait également à la mobilisation, mais sans Force ouvrière, ni la CFTC.

Pour 64% des Français, la contestation sociale doit se poursuivre

Cette nouvelle manifestation intervient dans un contexte social explosif, après le passage en force d’Emmanuel Macron au Parlement sur la réforme des retraites et la présentation, mercredi 26 avril, de la nouvelle feuille de route gouvernementale. Continuer la lecture de Un 1er Mai déjà historique