Culture: le déni RN de Moissac

NDLR de MAC: nous publions avec plaisir la réaction de Chantal Fraisse, co-auteure d’un ouvrage de référence sur Le Cloitre et le Portail de l’abbatiale de Moissac à paraitre le 6 janvier et qui est ostracisée par la mairie RN de Moissac. C’est vrai que lorsque l’on parle culture, le RN parle traditionalisme!

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Ce que je vais vous narrer n’est pas un conte de Noël ni une… blague !

Depuis plusieurs années la boutique du cloître ne pouvait plus proposer aux visiteurs d’ouvrage de référence décrivant et expliquant tous les chapiteaux du cloître et toutes les sculptures du portail de l’église de l’abbaye célèbre, bien UNESCO. Un ancien ouvrage, de cet ordre, était épuisé.

Voilà 3 ans environ deux historiennes commencèrent donc à travailler pour pallier ce manque : la nouvelle somme devait renouveler la compréhension du monument tout en proposant les 400 nouvelles illustrations nécessaires. Le travail terminé il fallait trouver un éditeur qui veuille bien se lancer pour prendre le risque de fabriquer le « beau livre ». Ainsi l’éditeur pressenti demanda à la mairie de Moissac – qui gère la boutique-librairie du cloître – un pré-achat d’une centaine d’ouvrages à un tarif préférentiel (et non une subvention !!) : c’est ce qui se pratique dans tous les sites touristiques. Soyons clairs : l’éditeur vendait à la mairie 100 ouvrages à 30 € qui allait les revendre à 45€, bénéfice pour la commune : 1500 €. Précisons à ce stade que les auteurs touchent 8% sur la vente de leurs ouvrages : à 2 cela revient à 4% pour nos deux autrices (pour trois ans de travail).

« Et la réponse de la mairie tomba : refus !

Surprise : « pourquoi donc ce refus, monsieur le maire ? »

La vraie surprise fut en réalité la réponse : selon M. Romain Lopez le pré-achat se ferait à la condition que le nom d’une des autrices – la moissagaise 😊 – disparaisse de la couverture de l’ouvrage futur !

Diantre ! Vous m’en direz tant ! C’est une blague ? »

Quelques fous-rires plus tard on devait apprendre que l’autrice moissagaise avait déplu… (à la décharge de M. le maire elle n’a jamais fait mystère de son aversion pour les thèses frontistes).

L’historienne moissagaise en question ne témoigne pas pour faire pleurer sur son sort mais dans un seul objectif, celui de poser cette question : qui, à part un esprit pétri d’idéologie frontiste, peut penser à punir un historien – et en réalité un livre – pour divergence d’opinion ?

Ah ! J’oubliais : la même autrice a été évincée par la mairie actuelle du Comité scientifique qui conseille les architectes pour la restauration du monument historique moissagais (restauration déclenchée et préparée avec la DRAC par les municipalités précédentes car l’équipe actuelle a seulement la chance de voir se réaliser un projet qui n’est en rien de son fait) : au moins M. Lopez est cohérent !

Le happy end de cette histoire est un magnifique ouvrage qui sera en vente en librairie le 6 janvier 2022, paru grâce à une souscription qui fut un succès et à l’appui des Conseils départemental et régional. La communauté de communes « Terres de Confluences » a courageusement renoncé à répondre aux divers courriers de l’éditeur.

Bonne année à Moissac 2023,

Chantal Fraïsse (dont on ne peut pas écrire le nom 😊), conservateur, enseignante à l’université émérite.

 


Pour celles et ceux qui aiment profondément Moissac et son art roman, MAC vous invite à vous inscrire ci dessous avec vos coordonnées pour commander un ouvrage, coordonnées que nous transmettrons à Chantal Fraisse qui se fera un plaisir de vous le dédicacer comme sa co-autrice.

L’article de la DDM (Excellent C. Laguille) pour la présentation du livre

2023, une année d’engagements pour des jours heureux!

2023, une année d’engagements par Maximilien Reynès-Dupleix

Refuge pour êtres en déconstruction

Bande dessinée Poétesse des formes, Marion Fayolle croque des personnages, abrités provisoirement par sa Maison nue. Ses mots touchent. Ses images parlent.

La Maison nue, de Marion Fayolle, éd. Magnani, 236 pages, 35 euros

«Quand j’entends les mots, je vois des dessins. » Les images de Marion Fayolle nous parlent. Sa ligne est claire, ses métaphores limpides, sa poésie émouvante. Au cœur de sa Maison nue , trois personnages en déconstruction sont abrités, un temps, sous une habitation vouée à la démolition. Un premier colocataire retourne chaque jour vers celle qui le quitte chaque nuit. Un autre refuse de regarder à l’extérieur et se mure, « malade que le monde soit malade ». La troisième habitante est une cavalière farouche, qui aime les mauvais chevaux, et s’ennuie vite. Elle-même ne se laisse pas découvrir. Chaque nouvel amant échoue à la mettre à nu, tant elle est recouverte de mille couches protectrices. Continuer la lecture de Refuge pour êtres en déconstruction

Les Vieux Fourneaux, OK BOOMERS ? Où il est question de BD et de fracture générationnelle (Vidéo)

Les vieux sont-ils responsables de tous les malheurs du monde ou les jeunes sont-ils une génération d’ingrats ? Bolchegeek explore aujourd’hui la fracture générationnelle à travers la célèbre formule « OK boomer » et l’énorme succès de la BD « Les Vieux Fourneaux » !

Avec POPulaire, Benjamin Patinaud, alias Bolchegeek, revient tous les mois pour l’Humanité vous proposer une analyse de tout ce que la culture populaire révèle de notre monde. Ciné, BD, séries, bouquins ou jeux vidéo : sous des angles tant artistiques que sociaux et politiques, il décrypte depuis 7 ans sur sa chaîne Youtube la culture pop en convoquant Graeber, Lordon, Pif et Naruto. Il fait de cette culture son « point d’observation du monde et des époques, des imaginaires communs. Pour une analyse matérialiste, c’est foisonnant. » Et de fait, dans ses vidéos, ça foisonne, ça geeke, ça marxise, et ça disperse façon puzzle !

Rendez-vous le 2e dimanche du mois à midi.

Icon VideoUne émission écrite et présentée par Benjamin Patinaud et Kate
Image : Le Fils de Pub
Montage : Ace Modey
Musique : 2080
Générique : Copain du Web
Production : Kathleen Brun
Miniature : Boidin

Guillaume Meurice : « La gauche doit retrouver le goût du spectacle »

Il est de ces voix qui ont émergé de l’audiovisuel public. Guillaume Meurice, rigolo patenté à France Inter, fait rire et réfléchir le peuple de gauche. Quand il ne tend pas un micro goguenard aux réacs décomplexés, il filme, écrit et joue. Entretien avec un homme-orchestre qui n’aime pas qu’on le mène à la baguette.

 Guillaume Meurice : " La vie politique est facile à pasticher parce que la hiérarchie du pouvoir est ridicule : la promesse initiale du gugusse qui a toutes les réponses aux questions et aux problèmes des 67 millions d’autres, c’est à mon sens bête, drôle et déjà caricatural." © Mathieu Genon

Guillaume Meurice :  » La vie politique est facile à pasticher parce que la hiérarchie du pouvoir est ridicule : la promesse initiale du gugusse qui a toutes les réponses aux questions et aux problèmes des 67 millions d’autres, c’est à mon sens bête, drôle et déjà caricatural. » © Mathieu Genon

Le rendez-vous était pris au Village du livre, sur la Fête de l’Humanité, le 10 septembre. Et pour pouvoir mener l’interview, il a fallu, aux côtés de Guillaume Meurice, traverser les allées. Quelle aventure ! Les militants l’arrêtent, le félicitent, le remercient, se prennent en selfie avec lui. Et lui, bonhomme, de dégainer dans la foulée son enregistreur Nagra en vue de sa chronique, le lundi après-midi, dans « C’est encore nous », sur France Inter. Gentil, accessible et plein d’humour, le quadragénaire aux cheveux gris se livre sans détour sur ses livres, le service public audiovisuel, sa vision de la vie, son podcast et ses déboires avec Vincent Bolloré. Continuer la lecture de Guillaume Meurice : « La gauche doit retrouver le goût du spectacle »

Fête de l’Humanité : au fil des allées de ce «lieu idéal»

Sans frontières. Les averses n’ont pas douché l’enthousiasme des visiteurs. Jeunes plongés dans le grand bain de la fraternité, militants de la liberté au Village du monde… la Fête reste un irremplaçable carrefour des rencontres.

Lahcene ABIB

D’averses en arcs-en-ciel, le soleil a bien fini par percer, dimanche : la cité de toile émergeait du brouillard et, au fil des vastes allées, la boue laissait place à la terre battue. Mais dans l’alchimie de la Fête, la météorologie compte peu : lumière ou grisaille, il y avait la même joie de se retrouver, de débattre ou de danser, le même plaisir à être ensemble et à donner de la voix, la même quiétude, et cette inestimable et rare attention des uns aux autres.

Sur la Base 217, dans ses nouveaux quartiers de l’Essonne, loin de La Courneuve, la plus grande fête politique d’Europe s’est faite plus champêtre : son public a suivi ; les plus jeunes, les novices découvrent avec plaisir une façon d’être ensemble, un carrefour de rencontres auquel ils ne s’attendaient pas. Continuer la lecture de Fête de l’Humanité : au fil des allées de ce «lieu idéal»

Ceux qui font la Fête de l’Humanité avant les autres

Arrivés parfois deux ou trois semaines avant le commun des visiteurs, les « bâtisseurs » bénévoles et militants communistes sont les architectes indispensables de la Fête de l’Humanité. Entre débrouille et camaraderie.

À l’ombre d’une impressionnante collection de fûts de bière et de provisions en tous genres, une femelle boxer se prélasse, étirant négligemment une patte. Elle s’appelle Luma, « presque comme le journal ». « Y a qu’elle qui ne bosse pas », rigole Didier. Marcel, moustache en bataille, le chef de troupe des militants PCF de la fédération de la Charente, 62 ans et retraité de l’éducation nationale, nous invite à faire le tour de son stand.

Découvrez le montage titanesque de cette ville éphémère.

Il faut en effet tout le détachement dont peuvent faire preuve les chiens pour ignorer le branle-bas de combat qui anime la Base 217, au cœur de l’Essonne, en vue de la Fête de l’Humanité de ce week-end. Au stand charentais, il y a ce qui est prêt (la cuisine « garantie sans ouvre-boîte ni conserve », le bar). Et ce qui demande encore à l’être ( « les douches, c’est pas encore ça, on n’a pas encore l’arrivée d’eau »). « C’est immense, il y a beaucoup de travail, des difficultés, mais ce changement de site nous fait du bien. Haut les cœurs, serrons-nous les coudes ! Soyons fiers de cette Fête ! »

Petite ville éphémère

En se promenant dans les allées désertes de la Base, on mesure le travail de titan requis pour que cette petite ville éphémère sorte de terre. Dans quelques jours, des centaines de milliers de visiteurs écriront une nouvelle page de l’histoire de la Fête de l’Humanité. Les monteurs bénévoles, eux, en ont largement entamé la préface. Comme chaque année, ils sont arrivés depuis une semaine, parfois deux ou trois. De la Charente, des Hauts-de-Seine, de la Côte-d’Or… Après l’incendie de Notre-Dame, Macron louait les Français, « peuple de bâtisseurs ». Ceux de l’Huma ont leurs propres cathédrales, la grand-messe est populaire, solidaire et festive.

Sans cette armée de bénévoles, pas de Fête. Car si les chapiteaux sont déjà plantés, il reste à installer les équipements, brancher les groupes électriques, assurer l’approvisionnement en eau, monter les banderoles et les pancartes, creuser les tranchées pour l’évacuation des sanitaires… Au Village du monde, qui accueillera militants et personnalités venus de tous les continents, les ouvriers du Livre montent 90 stands. « Les festivaliers ont trois jours de fête, nous deux semaines, c’est le pied », sourit Thierry. Le jeu en vaut la peine : « Quand, quelques mois après la Fête, vous apercevez un des responsables de stand kurde à la télévision, en train de combattre les forces islamistes à Kobané, c’est incroyable », se rappelle Xavier.

Côté charentais, on plastronne : « On dit que c’est quand la Charente arrive que la Fête de l’Huma commence ». En sa qualité de « stand pionnier », la fédération a, comme d’autres, la responsabilité d’assurer la restauration des autres bâtisseurs qui arrivent au fur et à mesure. Et il y a intérêt à avoir du stock. L’anecdote se refile entre bénévoles. Plus de vingt ans auparavant, un stand parisien aurait tellement bien fonctionné en amont, jour comme nuit, qu’il est resté fermé les trois jours de Fête, faute d’une goutte de vin ou d’une miche de pain à offrir au public. « C’est bon, on a de quoi voir venir », rassure Denis.

Ici, l’entraide prévaut

Les bâtisseurs de la Côte-d’Or passent régulièrement y faire un tour. Eux sont arrivés la veille. Jean-Marie, nuque longue et barbe grise, et Brice, pin’s Lénine épinglé sur sa casquette, bataillent avec une tractopelle pilotée par Julien, du staff de la Fête. Le sol du stand doit être aplani pour y poser le plancher, au risque d’avoir un curieux décor penché. « Ce n’était pas prévu mais une Fête de l’Huma sans galère n’en est pas vraiment une », s’amuse Jean-Marc. Électricien de profession, ce communiste dijonnais gère l’installation électrique et les éclairages du stand. Puis, sa tâche accomplie, il ira aider les camarades des allées d’à côté. Ici, l’entraide prévaut. La mécanique est bien rodée : les premiers installés aident les suivants dans leurs préparatifs et ainsi de suite. La solidarité en cascade. Le ruissellement pour de vrai. « C’est ce qui différencie la Fête des autres festivals, cet esprit d’équipe, où tout le monde met la main à la pâte, travaille ensemble, déconne, échange, débat », se réjouit Yann.

Pour retrouver toute la programmation de la Fête de l’Humanité 2022 : les concerts, les débats, les expositions… et toutes les informations utiles, c’est par ici !

Lui est retraité, mais énormément de bénévoles dépensent une partie de leurs congés pour bâtir la Fête de l’Humanité. Comme Romain, la trentaine : « Ça n’a pas de prix, je m’éclate. L’ambiance, l’atmosphère, la camaraderie, vous n’avez ça nulle part ailleurs ». Le Charentais fait partie des « bérégeots », une « confrérie » qui remet chaque année, la veille de la Fête, trois nouveaux bérets aux monteurs de stand qui ont « versé le plus leur sueur », et rejoindront à leurs tours les rangs de l’association. Vu le travail abattu, les aspirants ne manqueront pas.

La mort de Sempé, dessinateur du « Petit Nicolas »

Après René Goscinny, le « Petit Nicolas » perd son deuxième papa: le dessinateur français Jean-Jacques Sempé, connu également pour ses dessins de presse humoristiques, notamment dans le prestigieux magazine New Yorker, est décédé jeudi à l’âge de 89 ans.

 

Grand maître français de l’humour et de la poésie, mélange de dérision et de modestie, Sempé a tracé depuis les années 1950 jusqu’à aujourd’hui une oeuvre pleine de bonhomie: des dessins pour le New Yorker, Paris Match ou L’Express aux albums du « Petit Nicolas ».

Sempé a été l’un des artistes les plus sollicités par le New Yorker avec une centaine de couvertures dessinées de sa main. Débutée en 1978, sa collaboration avec le célèbre magazine américain s’est poursuivie jusqu’en 2019.

L’annonce de sa disparition a provoqué de nombreux hommages et réactions, dans les sphères politiques, économiques, médiatiques et artistiques, aussi bien en France qu’à l’étranger.

« La tendre ironie, la délicatesse de l’intelligence, le jazz: nous ne pourrons pas oublier Jean-Jacques Sempé. Son regard et son crayon vont cruellement nous manquer. Du Petit Nicolas en passant par Monsieur Lambert, jusqu’aux promeneurs de Saint-Germain-des-Prés, il avait l’élégance de toujours rester léger sans que rien ne lui échappe », a écrit le président Emmanuel Macron dans un message sur Instagram, accompagné du dernier dessin publié de l’artiste. Continuer la lecture de La mort de Sempé, dessinateur du « Petit Nicolas »

Disparition. Miss.Tic, la sorcière du street art

L’artiste de 66 ans est morte dimanche des suites d’une maladie. Commencée sur les murs de Paris, son œuvre au pochoir qui alliait graphisme et poésie était entrée dans les galeries.

Miss. Tic était connue pour ses silhouettes de femmes poétiques et ultra sexy graffées au pochoir sur les murs de Paris. Ici, dans son studio, le 31 janvier 2006. © Bertrand Guay / AFP

Miss. Tic était connue pour ses silhouettes de femmes poétiques et ultra sexy graffées au pochoir sur les murs de Paris. Ici, dans son studio, le 31 janvier 2006. © Bertrand Guay / AFP

Elle s’était choisi un pseudonyme de sorcière sexy, inspiré de Miss Tick, la maléfique créature aux cheveux de jais de la Bande à Picsou. Depuis le milieu des années 1980, l’artiste recouvrait les murs et les palissades parisiens de ses oeuvres au pochoir mêlant texte et images qui diffusaient dans la ville des messages poétiques, souvent féministes : « En péril une grande éraflure dans le ventre je rêve à des corps sans mémoire »« Exilée volontaire d’un continent sans nom j’écris dans la marge des non dits »« Dans le parfum indécent d’un rythme nos fantasmes urbains submergent les façades figées du quotidien… » Continuer la lecture de Disparition. Miss.Tic, la sorcière du street art

« Z » & Lopez : œuf, baudruche, mensonges et forfaitures…

La séquence que nous venons de vivre est édifiante et montre la duplicité de M. Lopez et de son désormais mentor « Z » qu’il soutient comme nous nous y attendions depuis plusieurs mois.

Photo @Totem

D’une part, ce soutien rendu officiel par la visite de « Z » dans la ville des justes démontre si il le fallait combien les électeurs-trices de Moissac ont été trompés-es depuis des mois par un maire plus soucieux de son image nationale (nationaliste) que des besoins exprimés par celles et ceux qui ont cru à sa (pseudo) sincérité électorale. Vilipender les Bulgares et faire de la propreté dans la ville (même au sens figuré), ne pouvait être une finalité en soi et l’image de ce maire aux côtés de Marion Maréchal et d’Eric Zemmour dans les salons de l’hôtel de ville est révélatrice des mensonges proférés par cette personne peu scrupuleuse. Continuer la lecture de « Z » & Lopez : œuf, baudruche, mensonges et forfaitures…