Santé. Laurence Cohen : « La situation des hôpitaux doit être au cœur de la présidentielle »

Aux urgences de Laval, le personnel soignant a entamé un mouvement de grève depuis le 9 octobre. Thierry Pasquet/Signatures
Aux urgences de Laval, le personnel soignant a entamé un mouvement de grève depuis le 9 octobre. Thierry Pasquet/Signatures

L’état de notre système de santé publique continue de se détériorer. La sénatrice PCF l’a constaté récemment en Mayenne, où elle a également avancé les solutions portées par les communistes pour sortir de cette crise durable.

Le projet de loi de finances de la Sécurité sociale 2022 (PLFSS 2022), qui doit être tout prochainement adopté, est loin de répondre aux besoins de l’hôpital public, dont la crise ne fait que s’aggraver. C’est ce qu’a dénoncé au Sénat Laurence Cohen (PCF), qui s’est ensuite rendue auprès des personnels hospitaliers mobilisés. Pourtant, des solutions à court et long terme existent.

En début de semaine, vous vous êtes rendue en Mayenne rencontrer les soignants. Qu’avez-vous pu constater sur l’état de l’hôpital public ?

Laurence CohenSénatrice PCF

Laurence Cohen Ce territoire, le troisième désert médical de France, illustre ce qui se passe pour l’ensemble du système de santé français. Les deux hôpitaux publics de ce département sont en grande difficulté. Dans celui de la ville de Mayenne, l’agence régionale de santé (ARS) veut supprimer l’activité de chirurgie conventionnelle et continue à supprimer des lits de surveillance, ce qui par ricochet met en danger le service de cardiologie et la maternité. L’ARS souhaite transférer la chirurgie conventionnelle vers l’hôpital de Laval, sans savoir s’il peut absorber ce surplus d’activité. De toute évidence non, puisque, depuis le début du mois de novembre, les urgences ont dû fermer leurs portes plusieurs nuits. Et lorsqu’elles sont ouvertes, les conditions d’accueil et de soins sont terribles. Ces deux derniers week-ends, les personnels ont dû tenir les urgences alors qu’ils n’avaient aucun lit disponible… Caroline Brémaud, la cheffe des urgences, m’a dit que « le premier médicament indispensable, c’est l’humain », mais ce contact n’existe plus. C’est dû au manque de personnel mais aussi à une gestion extrêmement administrative de l’hôpital. Ils sont en train de dégoûter les professionnels.

Olivier Véran assure que le PLFSS 2022 sera « celui de la sortie de crise ». Le texte du gouvernement peut-il permettre d’améliorer la situation ?

Laurence Cohen Non seulement il ne l’améliorera pas, mais il la détériore encore. À aucun moment dans le PLFSS on ne prévoit une réouverture de lits, un changement du mode de gouvernance, une tentative d’améliorer les conditions de travail… La boussole reste la même : faire des économies au niveau de la santé et de l’hôpital. C’est extrêmement important de rendre compte de la situation des hôpitaux et de la mobilisation des personnels parce que ce débat doit être au cœur de l’élection présidentielle. Les gens que j’ai rencontrés ne me parlent pas de sécurité, ils me parlent de pouvoir d’achat et de santé. Il y a notamment besoin de nouveaux financements pour la Sécurité sociale, ce qu’ont refusé à la fois Olivier Véran et la droite sénatoriale. Il faut mettre fin aux nombreuses exonérations de cotisations patronales qui existent et mettre à contribution les revenus financiers.

Faire appliquer la loi de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ferait de plus augmenter les cotisations, ce qui permettrait donc de faire entrer plusieurs milliards d’euros de recettes pour la Sécurité sociale.

Ces moyens suffiraient-ils pour ouvrir rapidement des lits ? L’exécutif rétorque que pour cela il faut davantage de personnels et donc du temps pour les former…

Laurence Cohen D’une part, quand on est au gouvernement, il faut avoir une vue à long terme. C’est donc dès maintenant qu’il faut mettre des moyens pour ces formations, ce qu’il ne prévoit pas. Des moyens pour que le numerus clausus en faculté de médecine soit réellement supprimé, mais aussi pour que des formations internes puissent se faire sans attendre. Une aide-soignante de Laval m’expliquait que le centre hospitalier, faute de budget, lui a refusé une formation d’infirmière pourtant prévue par son contrat…

Pour le court terme également, il faut revoir totalement l’organisation de l’hôpital, améliorer les conditions de travail et rendre celui-ci plus attractif. Avant la pandémie et encore plus depuis, énormément de personnels ont quitté les hôpitaux. Mais beaucoup reviendraient rapidement si on changeait de logique, en arrêtant les économies et la tarification à l’acte, en changeant le mode de gouvernance, en retrouvant de l’humanité dans ces métiers. Mais le gouvernement ne le veut pas et continue de considérer que notre système de santé est un coût qu’il faut réduire.

Métallurgie. L’État regarde la filière automobile partir en morceaux

Les salariés de la SAM étaient réunis en assemblée générale, hier à Viviez, après l’annonce de l’abandon du site par Renault. Valentine Chapuis/AFP

L’abandon par Renault de la fonderie SAM illustre le laisser-faire du gouvernement en matière de politique industrielle, à mille lieues des déclarations volontaristes d’Emmanuel Macron.

Il aura suffi d’un communiqué de presse lapidaire, envoyé dans la soirée, pour enterrer un projet de reprise concernant 350 salariés. Et semer la consternation sur tout un territoire. La direction de Renault a annoncé son intention, ce mardi, de ne pas soutenir le plan de sauvetage de la SAM (Société aveyronnaise de métallurgie), fonderie automobile, située dans l’Aveyron, en recherche désespérée d’un repreneur depuis des mois. Une offre de rachat avait bien été mise sur la table par un ancien dirigeant de la fonderie, mais elle supposait que le constructeur tricolore, principal donneur d’ordres, s’engage sur un volume de production. Ce qu’il n’a pas fait, arguant de la fragilité – bien réelle – de la proposition de reprise. Continuer la lecture de Métallurgie. L’État regarde la filière automobile partir en morceaux

Le réquisitoire du Sénat sur la dégradation du métier enseignant  

« En euros constants, les enseignants français ont perdu entre 15 et 25 % de rémunération au cours des 20 dernières années ». Des salaires en chute de près de 20% en 20 ans, devenus nettement plus faibles que les salaires du privé. Un temps d’enseignement nettement supérieur à celui des pays voisins pour des salaires nettement plus bas. Des conditions de travail parmi les plus dégradées de tous les pays de l’OCDE. Tout cela est connu. Mais ce réquisitoire sans appel ne vient pas d’un syndicat enseignant. Il est tiré du rapport du Sénat sur le budget de l’Education nationale. Budget malgré tout adopté sans modification par la commission des Finances du Sénat…

20% de perte de pouvoir d’achat en 20 ans

Il est rare de voir le Sénat, majoritairement à droite, aller dans un sens favorable aux enseignants. On se rappelle du rapport Longuet (2016) qui avait calculé au plus mesquin les économies qu’on pouvait faire sur le dos des professeurs. Mais le rapport de Jean-François Husson (LR) sur le budget 2022 de l’Education nationale apporte un éclairage particulièrement net sur ce qu’il faut bien nommer la dévalorisation matérielle mais aussi morale du métier enseignant. Continuer la lecture de Le réquisitoire du Sénat sur la dégradation du métier enseignant  

Présidentielle. Avec Fabien Roussel, pleins feux sur l’emploi et les salaires + Soutien

«  Macron a été le serviteur le plus zélé de la finance. Le président des riches, nous n’en voulons plus   », a déclaré le candidat communiste, dimanche, à Paris. N. Cleuet/Hans Lucas

Le candidat communiste à la présidentielle a tenu son premier grand meeting dimanche, place Stalingrad, à Paris. En écho aux préoccupations des 3 à 4 000 participants, il a multiplié les propositions pour le pouvoir d’achat et une juste répartition des richesses, à commencer par une augmentation du Smic de 20 % et le triplement de l’ISF.

Disparus de nombreux radars médiatiques à cinq mois de l’élection présidentielle, les salaires, les conditions de travail ou encore l’emploi ont été à l’honneur dimanche sur la place Stalingrad, à Paris, où le candidat communiste à l’Élysée, Fabien Roussel, a tenu son premier grand meeting devant 3 000 personnes. Un rendez-vous démarré littéralement en fanfare avec une troupe de batucada. Dès 11 h 30, alors que la musique bat son plein, Jean-Philippe Juin, chasuble CGT sur le dos, est là avec quelques-uns de ses collègues de la Fonderie du Poitou. « On veut liquider nos emplois, nous, on se bat pour les préserver, on est en dedans », explique le délégué syndical dont le combat porte aussi sur les salaires. « On est payés 1 800 euros net, à la fin du mois c’est de plus en plus difficile. On a demandé une augmentation de 150 euros qu’on n’a pas obtenue mais on estime qu’il faudrait au moins 300 euros par mois supplémentaires pour vivre décemment », poursuit-il. Continuer la lecture de Présidentielle. Avec Fabien Roussel, pleins feux sur l’emploi et les salaires + Soutien

Comment la réforme du lycée a aggravé les conditions de travail des enseignants in Caf. Péda.

En cassant les classes avec la mise en place des spécialités, la réforme du lycée a fait gagner plus de 2500 emplois au ministère pour les seuls niveaux de 1ère et terminale. Mais elle a surtout considérablement aggravé les conditions de travail des professeurs et des élèves. C’est ce que révèle une nouvelle Note de la Depp. Ainsi un professeur de SES a maintenant des élèves venant de 12 classes. En maths c’est 8 classes. Certaines disciplines ont été décimées par la réforme : en maths on compte 18% d’heures d’enseignement en moins, en technologie 27%, en SE 14%, en lettres 6%.

2500 postes économisés par la réduction de l’offre d’enseignement

On ne pourra pas dire que la réforme du lycée s’est faite à coût constant. Selon une nouvelle Note de la Depp (n°21.37), le nombre d’heures d’enseignement pour les seuls niveaux de terminale et première des lycées généraux et technologiques a diminué de 3% entre 2018 et 2020. Cela représente 2457 postes économisés. Un nombre minimum car on verra que la réforme permet d’autres économies. A noter que le nombre d’heures supplémentaires est globalement resté stable : le discours sur les heures supplémentaires compensant les postes supprimés est faux pour le lycée. Continuer la lecture de Comment la réforme du lycée a aggravé les conditions de travail des enseignants in Caf. Péda.

#NousToutes. Forte mobilisation pour dire STOP aux violences sexistes et sexuelles (video)

 

« Les violences ne sont pas une fatalité » : les défenseurs des droits des femmes se sont mobilisés samedi, en particulier lors d’une manifestation à Paris, pour dire « stop » aux violences sexistes et sexuelles et « exiger des politiques publiques à la hauteur » contre ce fléau.

La manifestation parisienne, partie de la place de la République vers Nation derrière une banderole #NousToutes proclamant « stop aux violences sexistes et sexuelles »,  a rassemblé 50.000 personnes selon les organisateurs.

D’autres rassemblements sont programmés partout en France entre ce samedi 20 et le 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes. A Rouen, une centaine de personnes ont ainsi défilé, en attendant une marche nocturne, jeudi, sur le thème « reprenons la rue, la nuit! ». Continuer la lecture de #NousToutes. Forte mobilisation pour dire STOP aux violences sexistes et sexuelles (video)

Économie. Pouvoir d’achat, chômage… foire aux intox en Macronie

Pour préparer la campagne présidentielle, Emmanuel Macron et ses lieutenants vantent leur bilan économique et social, quitte à faire mentir les chiffres et à travestir les faits.

Assurer le service après-vente du quinquennat. Telle est désormais la priorité des marcheurs, à moins de six mois du premier tour de la présidentielle. Avec plusieurs mots d’ordre à imprimer dans tous les esprits qu’Emmanuel Macron lui-même a commencé à marteler lors de son allocution du 9 novembre  : « Depuis quatre ans, le travail paie mieux. » Le président aurait également fait reculer le chômage dans des proportions inégalées depuis quinze ans et relancé la machine économique grâce à son plan de relance, malgré la pandémie mondiale. Désintox.

1. Macron, « champion » du pouvoir d’achat ? Continuer la lecture de Économie. Pouvoir d’achat, chômage… foire aux intox en Macronie

Hôpitaux en Tarn-et-Garonne : « La population est en danger » in DDM + appel

Les syndicats manifestaient hier midi devant la préfecture. DDMW.B.
Les syndicats manifestaient hier midi devant la préfecture. DDMW.B.

l’essentiel Une manifestation était organisée hier devant la préfecture suite à la décision de fermer les urgences de Moissac la nuit.

Pour le personnel hospitalier, la pilule n’est toujours pas passée. Mardi dernier, l’ARS a décidé de la fermeture des urgences de l’hôpital de Moissac, la nuit (20 h-8 h), à compter du 1er décembre. Une des deux équipes du Smur (Service mobile d’urgence et de réanimation) de Montauban sera donc affectée au secteur pour transiter les patients entre les hôpitaux de Montauban ou d’Agen.

« Le Gouvernement s’était engagé à ce qu’en France, les urgences vitales soient accessibles en 30 minutes. Ce ne sera plus le cas ici », interpelle Agnès Seguela, déléguée et secrétaire départementale FO. Elle participait, avec une trentaine d’autres manifestants, à une mobilisation devant la préfecture, hier midi. « Cela met en danger la population. Et cela va augmenter la pression au service des urgences de Montauban, déjà en tension : 130 patients par jour et des temps d’attente qui peuvent atteindre 7 ou 8 heures », avertit-elle.

Lutte contre la désertification

Au cœur du problème, un manque d’effectifs flagrant. « On a des infirmières qui enchaînent 12 heures de garde de jour, puis travaillent de nuit le lendemain. Il faut stabiliser les contractuels, les plannings et les conditions de travail », revendique Agnès Seguela.

« On se retrouve seules avec un interne, sans infirmier, on n’a pas les qualifications pour s’occuper au mieux des patients », témoigne une aide-soignante qui travaille à l’hôpital de Montauban depuis 8 ans. « On le vit mal, on est épuisés, on enchaîne les heures supplémentaires. C’est encore plus dur pour les infirmiers. Il y a beaucoup de départs, ils ne restent que quelques mois. Les postes ne sont pas assez attractifs. Depuis 8 ans je constate une différence énorme », conclut la soignante.

William Bernecker
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« La fermeture des urgences de nuit, c’est la mort de l’hôpital », clament 150 manifestants à Moissac in DDM + le Mot du Président du Comité de Défense

Près de 150 personnes ont défilé contre la fermeture des urgences de nuit à Moissac, avant de se rendre à Montauban pour réclamer une audience à la préfecture.

Banderole sur le rond-point, drapeaux syndicalistes aux vents, musique militante… un tableau peu habituel à Moissac. Une semaine après l’annonce par l’Agence régionale de santé, de la fermeture dès Urgences la nuit dès le 1er décembre, et la manifestation qui s’est ensuivie à Castelsarrasin, les opposants restent mobilisés. Cette fois, c’est à Moissac que près de 150 personnes ont répondu présent devant l’hôpital intercommunal où un préavis de grève intersyndicale avait été déposé pour la journée d’hier.

Moins nombreux en ce lundi matin, élus, soignants, habitants… n’en restent pas moins déterminés. « Nous reviendrons chaque semaine, plusieurs fois par semaine si nécessaire car ce qui se passe est très grave », assure le comité de défense de l’hôpital, co-organisateur du rassemblement. Continuer la lecture de « La fermeture des urgences de nuit, c’est la mort de l’hôpital », clament 150 manifestants à Moissac in DDM + le Mot du Président du Comité de Défense

Hôpital, retraites, santé de proximité… une sécurité sociale du XXIe siècle

La proposition du PCF pour une Sécurité sociale adaptée aux besoins actuels des populations est un projet de société. Elle repose sur l’idée fondamentale qu’il est possible de répondre aux besoins humains de protection de la naissance à la mort dans un cadre non marchand basé sur la solidarité, et que cette réponse de protection sociale est un facteur essentiel du développement économique autant que social. La Sécurité sociale, protégeant des aléas de la vie, contribue au développement humain, au cœur de devenir de la société.

Prise sur les profits, la cotisation sociale est un outil de la solidarité, qui met au service de la collectivité humaine une part des richesses créées en les mutualisant.

Aussi les premières réformes à mettre en œuvre sont d’ordre économique : hausse des salaires, réduction du coût  du capital, orientation de la production vers la satisfaction des besoins humains, arrêt des politiques d’austérité. C’est sur cette base qu’on pourra réformer le financement de la Sécurité sociale : retour au financement par la cotisation sociale et abandon de la fiscalisation, modulation des cotisations pour développer l’emploi et la formation, taxation des profits financiers,, gestion démocratique.

Ceci permettra de dégager les moyens nécessaires pour financer les mesures indispensables de modernisation et d’adaptation aux besoins et aux nouvelles possibilités offertes par le progrès des sciences et techniques.

Il est possible de répondre aux besoins humains de protection dans un cadre non marchand basé sur la solidarité

Concernant le secteur santé, nous voulons : Continuer la lecture de Hôpital, retraites, santé de proximité… une sécurité sociale du XXIe siècle