La seconde mort de Pablo Neruda

Photographie de Sergio Larrain / Magnum

Réveillez-vous ! Pourquoi tout ce qui concerne le poète national du Chili a été remis en question, ou comment le wokisme chilien qui au départ a été plus que d’autres mouvements du même type dans le monde un des plus progressistes, le plus lié à la lutte des classes, aux droits de la jeunesse et à la résistance à Pinochet est devenu comme partout le vecteur de l’anticommunisme et de ses créateurs, une sorte de social démocratisation destructrice au nom du “féminisme” à la recherche de tout ce qui peut nuire et donner lieu à un procès créant le vide dans l’art chilien. Une tendance que l’on retrouve à l’œuvre en France et qui est proprement insupportable par son côté étroit, tartuffe, et qui aboutit à bloquer le mouvement populaire. Comment hystériser par le petit bout de la lorgnette à la fois pour l’Histoire, la culture et le féminisme, une véritable caricature de la tartufferie et bigoterie ordinaire. En général ce genre “d’inventaire” ne touche pas à Céline, Orwell, et ça se donne comme emblème cette réactionnaire d’Olympe de Gouges, mais ça fait le procès de Picasso. Et comme on est en train de découvrir la vraie vie de Frida Kahlo, on commence discrètement le procès de “l’idole” d’hier. Nul ne peut et ne doit exiger un pareil index Vatican pour la poésie, l’expression de la vie et des contradictions des passions humaines dans l’art, qu’est-ce que l’on va exiger d’expurger ? Parce que la vraie nature d’un tel mouvement est comme les ambiguïtés de Weimar la préparation du nazisme et un vrai anticommunisme. Un nouveau procès fait au “stalinisme” pour donner souffle à la réaction. Quand on voit que cela débouche sur un gouvernement français dont le “jeune” chef Attal met en avant son homosexualité pour nous conduire à la guerre et donner le pouvoir à ceux qui sont prêts à mettre l’étoile rose à l’homosexuel réel et non à celui qui sert de “marque” de vente du fascisme. Ici aux Etats-Unis on salue une telle opération pour mieux cacher l’assassinat de Neruda. Je pense avec beaucoup de nostalgie à mon compagnon Pascal Fieschi, torturé par la Gestapo sans avoir parlé mais affirmant que c’était le hasard, et révolté de la centrale d’Eysse, déporté à Dachau qui citait Tolstoï en disant “je connais la conscience d’un honnête homme, c’est un abyme”. Refuser à la littérature le droit à cette plongée pour mieux réhabiliter toutes les collaborations voilà le travail… (note et traduction de Danielle Bleitrach)


Par Graciela Mochkofsky 

Il n’est peut-être pas surprenant qu’un pays aussi profondément polarisé par son histoire récente que le Chili soit également en guerre sur la pertinence de son poète prééminent, Pablo Neruda. En décembre, cinquante ans après le coup d’État qui a porté au pouvoir le général Augusto Pinochet, les Chiliens ont rejeté une tentative de rédaction d’une nouvelle constitution pour remplacer celle fortement amendée adoptée par le régime du dictateur. Il s’agissait du deuxième plébiscite en deux ans. La première fois, en septembre 2022, les électeurs ont rejeté une réforme de gauche de manière écrasante. En décembre, une alternative de droite a également été rejetée de manière catégorique, soulignant à quel point, comme me l’a dit l’écrivain et commentateur politique Patricio Fernández, « construire des accords » est devenu « extrêmement difficile » au Chili. Continuer la lecture de La seconde mort de Pablo Neruda

Beaumont de Lomagne : La haine plein les murs

Stupeur et indignation à Beaumont, ce matin en arrivant au collège Despeyroux comme à l’établissement privé de Lestonnac, en voyant les tags odieux emplis de haine contre les migrants et « pour la France aux Français » dans un charabia propre aux émules de Zemmour et consorts, fautes de français comprises. Les chefs d’établissement ont déposé plainte dans la matinée à la gendarmerie.

Au feutre avec les slogans habituels contre les « gauchiste(s) » et la référence porcine en exergue, le ou les auteurs n’ont pas fait dans la finesse et dans l’argumentation intelligente, si tant soit peu en la matière, cela soit du domaine du possible. Théodore Despeyroux, mathématicien et humaniste doit se retourner dans sa tombe. Continuer la lecture de Beaumont de Lomagne : La haine plein les murs

Journée des dupes pour l’éducation

Vers un « Schengen militaire » pour préparer un conflit avec la Russie ?

L’Allemagne, la Pologne et les Pays-Bas ont acté la création d’un « corridor de transport militaire ». Moscou envisage des « mesures de rétorsion ».

Des trains transportant des véhicules blindés de combat français et des chars Leclerc à Voila, dans le centre de la Roumanie, mercredi 16 novembre 2022.
Jerome Salles/AP/SIPA

 

D’un côté, le rétablissement des contrôles aux frontières, soit des États européens qui se replient sur eux-mêmes et ébranlent l’espace Schengen pour contrôler les flux de migrants. De l’autre, un espace qui s’ouvre à la libre circulation des armes. Le 31 janvier, la Pologne, l’Allemagne et les Pays-Bas ont entériné à Bruxelles, en marge d’une réunion des ministres européens de la Défense, la création d’un « corridor de transport militaire », première étape vers un « Schengen militaire ».

Le projet, qui vise à s’affranchir des barrières administratives pour le déplacement de troupes, de matériel et de fournitures depuis les ports en eau profonde de la mer du Nord, n’est pas une idée neuve. Élaboré en concertation entre l’Otan et la Commission européenne pour renforcer l’Alliance sur son flanc est face à la Russie, cet espace affranchi de contrôles pourrait s’étendre à d’autres pays du bloc communautaire. Continuer la lecture de Vers un « Schengen militaire » pour préparer un conflit avec la Russie ?

Amélie, merci ! In Caf. Péda.

Alexandra Kollontaï, la révolutionnaire qui faisait rougir Lénine

Née aristocrate, elle a tout quitté pour la révolution totale, aussi bien politique que morale et sexuelle. Un combat par la plume, la parole et l’action souvent clandestine. La modernité d’Alexandra Kollontaï, féminisme socialiste, nommée ministre par Lénine avant de s’affronter à lui, saute aux yeux. Son itinéraire singulier ne s’arrête pas là. En 1924, elle devient la première ambassadrice de l’histoire, représentant l’URSS en Norvège. Lumière sur un exceptionnel parcours de pionnière.

Rompant avec la vie de couple, Kollontaï (au centre) parcourt l’Europe. Marxiste, elle se lie à des féministes dont Clara Zetkin. Polyglotte, elle court les congrès où elle parle État, famille, sexualité… Notamment ici à la conférence des femmes d’Orient, à Moscou, en 1921. © RIA Novosti/SPUTNIK/SIPA

Le 2 décembre 1975, André Benedetto et sa Nouvelle Compagnie d’Avignon, installée depuis 1963 au Théâtre des Carmes, présentent à Paris une toute nouvelle pièce : « Alexandra K. Scènes et images tirées de la vie et des écrits d’Alexandra Kollontaï, révolutionnaire russe ».

Peu de monde, en France, connaît alors ce personnage bien réel. En URSS même, on a quelque peu oublié cette révolutionnaire, cette communiste, ralliée aux bolcheviks en 1915, commissaire du peuple à la Santé dans le gouvernement de Lénine en 1917, soit la première femme ministre, ainsi que la première ambassadrice lorsque, il y a cent ans, en 1924, elle est nommée ministre plénipotentiaire de l’Union soviétique en Norvège.

Née le 19 mars 1872, à Saint-Pétersbourg, Alexandra Domontovitch, que toute sa famille surnomme Choura, est la fille unique de Mikhaïl Domontovitch, général de l’armée tsariste que sa mère a épousé en secondes noces. Issue de la vieille aristocratie russe, polyglotte, elle a des origines finnoises par sa mère – la Finlande fait alors partie de l’Empire russe. Continuer la lecture de Alexandra Kollontaï, la révolutionnaire qui faisait rougir Lénine

Opération vérité sur les salaires (PCF)

Une délégation menée par Fabien Roussel et composée de travailleurs a été reçue, samedi, par le cabinet de Gabriel Attal. Le secrétaire national du PCF était porteur de témoignages de personnes frappées par la vie chère.

Samedi 3 février en début d’après-midi, Fabien Roussel et la délégation qui l’accompagnait sortent de l’Hôtel de Matignon. Avec une annonce : le cabinet du premier ministre les a informés qu’un rapport rédigé par des économistes concernant le niveau des salaires en France serait remis d’ici l’été.

Un peu plus tôt, le secrétaire national du PCF, accompagné d’une délégation de salariés, de la tête de liste communiste aux élections européennes, Léon Deffontaines, et de deux sénateurs de son parti, Ian Brossat et Silvana Silvani, était reçu à Matignon afin de remettre une pétition contre la vie chère, et des milliers de fiches de paye reçues dans le cadre de l’opération « vérité sur les salaires ».

« Nous avons le sentiment que le gouvernement n’entend que de son oreille droite » dénonçait Fabien Roussel devant 200 personnes rassemblées à quelques pas du siège du gouvernement. « Nous voulons donc lui montrer la vraie vie » en lui présentant les fiches de paye recueillie par les communistes.

À ses côtés, Claudine, agente hospitalière, Alix, cuisinier dans la restauration collective, Lamia, salariée à Monoprix. Le dirigeant communiste évoque la retraite de Claudine. « Elle a attendu ses 67 ans pour partir, et bénéficier d’une pension à 1 400 euros. Si elle avait fait valoir ses droits à 62 ans, elle n’aurait perçu que 960 euros par mois… ».

Alix lui, travaille depuis 16 ans en tant que « chef de partie », cuisinier confirmé. Son salaire s’élève en moyenne à 1 600 euros par mois. « Je me fais rattraper petit à petit par le SMIC » explique le jeune homme. « Je travaille dans un métier en tension. Du coup, les patrons proposent des salaires attractifs pour embaucher du personnel. Et je me retrouve moins payé que des nouveaux qui viennent d’être embauchés ».

Des mots sévères à la sortie de la réunion

Ce phénomène de « Smicardisation » devient de plus en plus problématique avec l’inflation. Le salaire minimum, ainsi que le rappelle Fabien Roussel, a augmenté de 12 % en deux ans grâce à la loi. Ce n’est pas le cas des revenus supérieurs. « Nous allons demander une conférence sociale au premier ministre », annonce-t-il avant de se diriger à Matignon. « Il faut que l’ensemble des salaires soient indexés sur l’inflation, et augmentent de 12 % ».

D’autres salariés sont encore plus pénalisés dans leur évolution de carrière. En charge de la commission du PCF sur les droits des personnes handicapées, Fatima Khallouk explique que les salariés en situation de handicap et bénéficiaires de l’AAH ne peuvent cumuler cette ressource au-delà d’un travail à mi-temps. « L’ancienneté et le handicap sont les premiers motifs de discrimination » dénonce-t-elle. Candidate sur la liste conduite par Léon Deffontaines, Sigrid Gérardin met l’accent sur les inégalités salariales entre hommes et femmes, et donne rendez-vous dans la rue le 8 mars prochain.

Si la délégation ne se faisait guère d’illusion sur la réponse du gouvernement, Fabien Roussel avait des mots sévères à la sortie de la réunion, malgré l’annonce d’un rapport pour cet été. « Ça veut dire que dans les 6 à 8 mois qui viennent, il ne se passera rien. C’est ce que je retiens de ce rendez-vous, et je le regrette ».

« Qu’il agisse au moins sur les factures ! » lance à ses côtés Léon Deffontaines, en faisant allusion à la hausse des factures d’électricité décidée par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire. « Nous écrirons des propositions que nous remettrons à nouveau à Matignon », promet Fabien Roussel, qui entend « démontrer que c’est le capital qui coûte cher et empêche d’augmenter les salaires ».

En tant que plus grand courtier de l’industrie américaine de l’armement, Washington profite grandement du conflit entre la Russie et l’Ukraine, par Global Times

De temps en temps quand certains entretiennent volontairement la confusion il est bon comme le fait la Chine ici de retourner aux vérités premières ; qui profite de la guerre, qui en fait les frais… Voilà une base simple sur laquelle juger comme toujours des invites à tous les modes d’armement… (note et traduction de Danielle Bleitrach in Histoire et société)

Profiter de la guerre. Illustration : Liu Rui/GT

Profiter de la guerre. Illustration : Liu Rui/GT

En 2023, le monde était dans la tourmente, avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui s’éternisait et le conflit dans la bande de Gaza qui se reproduisait. Alors que la demande d’armes augmentait de façon spectaculaire dans de nombreuses régions du monde, les États-Unis, connus comme une machine de guerre non-stop, ont livré un autre examen « exceptionnel » de la performance de fin d’année des ventes militaires à l’étranger : un record de 238 milliards de dollars. Continuer la lecture de En tant que plus grand courtier de l’industrie américaine de l’armement, Washington profite grandement du conflit entre la Russie et l’Ukraine, par Global Times

Quelles sont les causes du mal-être agricole ?

À l’appel des organisations syndicales, les agriculteurs poursuivent leur mobilisation cette semaine. Ils revendiquent de pouvoir vivre décemment de leur travail.

Un revenu décent pour les agriculteurs ne pourra passer que par la fixation de prix planchers rémunérateurs garantis par l’État et non par la loi du marché, revendique le Modef ( mouvement pour la défense des exploitants familiaux ).
© Sameer Al-Doumy / AFP

 

Les agriculteurs se sentent abandonnés et estiment que leur dignité est bafouée. Ils exigent une meilleure rémunération.

Arnaud Gaillot

Président des Jeunes Agriculteurs

Depuis des années, nous n’avons cessé d’alerter sur la colère grandissante du monde agricole. Nous avons besoin d’un cap. Grâce à la mobilisation, fin 2023, de tous nos départements qui dénonçait les incohérences de nos politiques, nous avons pu obtenir de premières avancées. Mais trop de sujets demeurent en suspens et la colère persiste. Un mouvement inédit s’est amorcé pour faire entendre notre voix encore plus fort. Continuer la lecture de Quelles sont les causes du mal-être agricole ?

Fabien Roussel : « Que toute la nation républicaine se lève »

« Soucieux de rassemblement et de solidarité, plutôt que de division sans fin de notre société, nous demandons au Président de la République de ne pas promulguer cette loi. » Suite à l’appel de 201 personnalités à manifester le 21 janvier contre la loi immigration, retrouvez chaque jour des voix qui s’unissent à l’initiative.

Fabien Roussel sera à la manifestation contre la loi Darmanin, le 21 janvier 2024.
© AFP / EMMANUEL DUNAND

« J’appelle nos concitoyens et concitoyennes à investir massivement les marches, les rassemblements, les défilés du 21 janvier pour faire résonner dans nos rues les valeurs républicaines – la liberté, l’égalité, la fraternité – contre la loi dit asile immigration.

À l’heure où Emmanuel Macron et son gouvernement veulent nous diviser, nous devons, au contraire, nous unir largement et ne pas laisser s’installer, se développer le venin de la division.

Aussi, à la veille de ces marches, je veux partager deux convictions.

La première, c’est qu’avec le vote de cette loi dit asile-immigration, une digue a lâché.

Ce texte consacre les thèses les plus dangereuses et nauséabondes de l’extrême droite.

La remise en cause du droit du sol, les nombreuses mesures s’inspirant de la « préférence nationale », chère au Rassemblement national, non seulement stigmatisent et discriminent, mais visent à changer la conception même de notre nation. Continuer la lecture de Fabien Roussel : « Que toute la nation républicaine se lève »