Décidément, avec cette élection présidentielle, tout est fait pour empêcher les électrices et les électeurs de choisir en connaissance de cause, à partir de leurs préoccupations immédiates, les contours d’un projet de société à porter.
C’est tout le sens de la stratégie du Président de la République sortant, à déclarer sa candidature. Il empêche ainsi toute confrontation alors que micros et caméras lui sont ouverts pour dérouler ses idées et promesses.
Ajoutons que ses moindres gestes et déclarations sont rapportés dans tous les médias. L’égalité de traitement des candidats qui devrait être la règle en démocratie est allègrement bafouée.
Pendant ce temps, on aura amusé cette semaine la galerie avec le grand mercato où de petites mouches quittent leurs ânes pour rejoindre l’écurie du voisin qu’ils critiquent encore la veille.
Rien de tel pour montrer la force de ses convictions qui s’arrêtent là où commencent la promesse d’un strapontin. Rien de tel pour dégouter toujours plus de la chose publique et de la politique. Et, que dire de ce grand suspense organisé autour du non-engagement de l’ancien Président de la République en faveur de la candidate du parti qu’il a créé.
Et voici qu’à quelques semaines des élections présidentielles, il parait qu’on va pouvoir délaisser le masque et le virus s’en ira. Mieux, le pouvoir aura mobilisé en urgence le parlement pour faire voter un passe vaccinal dont on dit aujourd’hui qu’il ne sera plus exigé.
Peut-être que ceci évitera de mettre au centre de la campagne les enjeux de la santé pour toutes et tous. Quelle farce ! Il y a bien urgence à travailler à subvertir cette élection.
Pouvoir d’achat ou augmentation de la rémunération du travail et des retraites
Fabien Roussel aura fait surgir avec énergie et beaucoup de vitalité, les grandes urgences sociales sur le devant de la scène, de la rémunération du travail, de la santé, de la garantie d’un travail et d’une bonne formation pour chacune et chacun.
Pas seulement comme on dit désormais généralement, l’enjeu du pouvoir d’achat, mais celui de l’augmentation du smic, et de tous les petits et moyens salaires, de l’indice de rémunération des agents de la fonction publique et d’un blocage des prix.
Il propose une autre cohérence combinant dans un processus de transformation efficacité économique, efficacité sociale et efficacité écologique.
Trop souvent, les mots « pouvoir d’achat » restent dans le vague pour ne pas affronter les questions cruciales de l’augmentation des salaires et du blocage des prix.
Tout est fait pour masquer que les plus grandes entreprises qui exploitent le travail salarié et celui des salariés des entreprises sous-traitantes battent des records de profits et de distribution de dividendes à leurs actionnaires-propriétaires.
De même, au lieu de réduire la participation de ces mêmes entreprises au bien commun, sous forme d’exonérations fiscales et sociales, les rentrées d’argent issues de la trop lourde fiscalité indirecte devraient servir à améliorer le sort des agents de la fonction publique, à moderniser et développer les services publics.
Mais plus fondamentalement, c’est la question d’une révolution fiscale qui pointe à la porte. Rien de tout cela n’est en débat. Celui-ci est détourné de diverses manières.
Le blocage des prix reste possible
Rappelons d’abord, qu’il y a une quarantaine d’années, il existait une échelle mobile des salaires qui permettait d’indexer automatiquement les rémunérations sur l’évolution des prix.
C’est à la fin de l’année 1982 que les ministres socialistes décrétèrent dans un premier temps un blocage des prix et des salaires. Mais très vite, seuls les salaires ont été bloqués.
Ceci a été revendiqué puisque M. Pascal Lamy, responsable socialiste, commissaire européen, puis directeur général de l’organisation mondiale du commerce (autrement dit un cadre socialiste qui a participé au gouvernement du monde) a expliqué que « la désindexation des salaires a été la grande contribution de la gauche à la modernisation de l’économie française, et ça c’est Jacques Delors qui l’a fait ». Elle a surtout été une grande ponction imposée au monde du travail et aux familles !
De tels exploits se paient au prix fort aujourd’hui par la candidate héritière de cette « contribution ». Et le dire n’est pas s’en réjouir ! Pour éviter les augmentations des salaires réels (c’est à dire les salaires bruts), on assiste au grand festival des bonimenteurs.
L’escroquerie des droites
Ainsi des cercles du Président de la République, de Mmes Pécresse, Le Pen et de M. Zemmour vendent une chimère dont les travailleurs doivent être informés.
Leur opération consiste à décider vraisemblablement au début de l’été d’augmenter artificiellement la rémunération immédiate en abaissant encore la part des cotisations employeurs et en transférant une partie des cotisations salariales vers le salaire net.
Un tour de passe-passe que permettra l’annulation de la différence entre le salaire brut et le salaire net (le salaire différé) « généreusement » offerte en guise d’augmentation ! A terme, la sécurité sociale ne serait plus financée, le rêve de toujours des assurances privées.
Et ainsi disparaitrait une des exceptions françaises conquise de hautes luttes par les générations qui nous ont précédé, qui avait réussi qu’échappe à la domination du capital privé, une partie de la richesse produite par le travail salarié.
S’abstenir le 10 avril reviendrait à laisser les mains libres aux candidats qui portent ce projet néfaste. Augmenter les rémunérations du travail, bloquer les prix dont l’augmentation n’est que l’envers d’un transfert accru de ces rémunérations vers la valorisation du capital, comme on le voit pour l’industrie pétrolière ou la distribution alimentaire, est en soi un coup porté à l’accumulation incessante de la finance à un pôle de la société.
Elle est mise en évidence par les résultats financiers records des entreprises cotées en bourse. L’amorce d’une autre répartition des richesses, même s’il faut dans le même temps transformer les modes de production de ces richesses.
On comprend dès lors que ces candidats et surtout le Président de la République ne veuillent pas en débattre.
Ceci mettrait en cause les théories fondamentales qu’ils veulent faire partager par les exploités eux-mêmes, cette autre fumisterie selon laquelle beaucoup d’argent accumulé en haut permet de mieux vivre en bas.
Il fut un temps, le Premier ministre, Barre, leur avait fait croire à la sortie de crise car il fallait entrevoir « le bout du tunnel ». Depuis nous avons eu droit aux « profits d’aujourd’hui seront les emplois de demain ». Autant de balivernes, partie intégrante de la guerre sociale et idéologique.
Attention, ils veulent prendre le pays par surprise
M. Macron veut donc être réélu sans discussions sur son bilan et ses orientations futures. Il veut prendre le pays par surprise. En coulisse, il débauche cadres et élus de droite et élus et cadres socialistes pour poursuivre son œuvre dès l’été prochain.
Sa feuille de route pèse lourd. Elle vise à parachever ce qui a été détruit au cours du premier quinquennat. Jugez-en : la contre-réforme des retraites, l’assaut contre la sécurité sociale et le statut de la fonction publique, l’augmentation de la TVA et le remboursement de la dette par les salariés et les retraités, la privatisation plus grande de secteurs publics importants.
En ne déclarant pas sa candidature, M. Macron mène campagne avec tous les moyens de l’Etat et empêche la campagne électorale elle-même de prendre son envol, tout en ligotant la candidate des « Républicains » et les candidats de gauche.
Les médias, de leur côté, les poussent à s’écharper et à se faire Hara-Kiri en place publique.
Le Capital a besoin de la fracture civique et du déport vers l’abject
Il n’est nullement gêné par la fracture civique qui ainsi est en train de s’installer puisque le tiers du corps électoral déclare ne pas souhaiter voter.
Seuls 52% des citoyens en âge de le faire déclarent avoir déjà parlé des élections avec leurs proches. Parmi eux, seulement 39 % des ouvriers, tandis que ce chiffre monte à 64% chez les cadres et professions intellectuelles.
Pendant ce temps, les thèmes de l’extrême-droite infusent partout, parfois bruyamment, parfois aussi dans les interstices de la banalité d’exposés falsifiant les faits et l’histoire. Ainsi Zemmour peut raconter sur une radio publique sans être repris que les HLM « sont des terres d’islamisation « et que les policiers y menaient une guerre de civilisation ». « Il ne peut y avoir deux civilisations sur un même territoire », a-t-il pu tranquillement déblatérer. Dans cette même matinale, il a pu expliquer comme Le Pen, qu’il voulait privatiser « l’audio-visuel public » sans que personne ne lui fasse remarquer qu’une telle privatisation reviendrait aujourd’hui à offrir les fleurons de notre pôle public des médias et de la culture aux grands majors nord-américains.
De son côté, dans une autre émission, le chroniqueur du Figaro, M. Rioufol, a fait en toute tranquillité un parallèle entre le sort des « non-vaccinés » et celui des juifs enfermés dans le ghetto de Varsovie. Oui, nous en sommes là. De jour en jour, l’abject monte sournoisement les escaliers du vide de la pensée.
Et je ne relève pas ici les interventions du même calibre durant la semaine qui ne font l’objet d’aucune réplique. Tout ceci sert le dessein du Président et des forces du capital. Car, ce qui se joue dans ces cercles, ce n’est point le sort des hommes et des femmes, celui de l’avenir du climat ou de la biodiversité, celui de services publics modernisés et démocratisés, celui de la rémunération du travail et de la justice sociale, celui de la paix et du désarmement ou encore d’un plan de co-développement avec les pays du Sud.
Non, ce qui se joue, c’est l’après-présidentielle et la poursuite du processus de décomposition/recomposition. Les puissances d’argent souhaitent aboutir à deux pôles comme aux Etats-Unis. Un pôle de centre droit (avec l’apport de cadres socialistes et de cadres du parti « les Républicains ») avec l’actuel président et un pôle de droite intégrant les deux candidats d’extrême-droite et une partie de la droite actuelle.
Autrement dit, le projet de Zemmour et de Maréchal-le Pen, d’union des droites, travaille violemment les poutres de la droite. Ce scénario enfermerait pour longtemps les classes populaires dans une tenaille qui les broierait.
A cette étape de son développement, après la pandémie, mais aussi face aux enjeux climatiques et sociaux, à ceux de la compétition internationale qui pousseront à plus de tensions guerrières, le capitalisme a besoin de cette étape.
Y parvenir en France, serait pour lui une grande victoire. Raison de plus pour susciter rencontres et débats, sur la question qui doit être mis à l’ordre du jour de toutes celles et ceux qui souhaitent la justice, la liberté, la paix, le respect de l’autre et de la nature, un monde commun et non de guerre.
Bref, un projet de civilisation qui porte en lui une émancipation humaine que permet d’atteindre le niveau de développement actuel du capitalisme.
L’élection présidentielle, les élections législatives permettent de s’inscrire dans ce processus démocratique avec le vote communiste en faveur de Fabien Roussel.
Son début encourageant de progression dans les enquêtes de notoriété et de vote doit nous inciter à pousser plus loin encore le mouvement et créer les conditions de l’élection de nombreux députés communistes. Rien n’est joué.