En débat: Le capitalisme, un horizon indépassable ?

Historienne
Jean-Marie Harribey Économiste et auteur

Le mode de production est au cœur de la crise environnementale, économique et sociale. À l’heure du numérique, sa transformation semble difficile. Des alternatives existent pourtant. Tour d’horizon avec l’historienne Sophie Wahnich et l’économiste Jean-Marie Harribey.

« Pour sortir du capitalisme, il faudra bien sûr s’emparer des terres arables, des réserves de matériaux à recycler et des moyens de production, pour certains encore à inventer, moins gourmands en énergie, pour d’autres à retrouver », explique l’historienne Sophie Wahnich. © John Angelillo/UPI /ABACAPRESS.COM

 

La lucidité oblige à rêver d’autres imaginaires politiques et sociaux

Sophie Wahnich, Historienne

 

 

Avant de faire un saut imaginatif, faisons d’abord quelques remarques sur le néocapitalisme contemporain. Il est à la fois encastré dans la plateforme numérique, y compris l’IA, et producteur de cette matrice. Cette double position rend plus difficile encore la sortie du capitalisme, car ces outils ont pris la main sur la structure administrative des États, des hôpitaux aux services de l’impôt en passant par l’armée, l’énergie, les ministères et services publics. Continuer la lecture de En débat: Le capitalisme, un horizon indépassable ?

Que faire ? Au coeur de l’empire… Une Analyse Marxiste

Le retour à Marx et au matérialisme historique même dialectique est manifeste. Visiblement on ne se contente plus de le citer à travers quelques vagues formules tronquées on le relit y compris aux USA. Et on peut conseiller ceux qui arrivent encore à dépasser trois lignes en matière de lecture de se replonger effectivement dans les luttes des classes en France, en se disant que la bouffonnerie sinistre que Marx voyait déjà dans Napoléon III a encore augmenté d’un cran. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsocieté)

Marv Waterstone

À mesure que nous progressons vers une gouvernance par la coercition, nous devons être prêts à retirer notre consentement à être gouvernés par ce régime. Image par Koshu Kunii.

Que reste-t-il à faire ?

Poussé par les exigences contradictoires de sa situation, et étant en même temps, tel un jongleur, sous la nécessité de garder le regard du public sur lui-même… en suscitant des surprises constantes – c’est-à-dire sous la nécessité d’organiser chaque jour un coup d’État en miniature – [il] jette l’ensemble… l’économie jusqu’à la confusion, viole tout ce qui semblait inviolable, rend les uns tolérants à la révolution et en fait désirer d’autres, et produit l’anarchie au nom de l’ordre, tout en dépouillant tout l’appareil d’État de son auréole, en le profanant et en le rendant à la fois répugnant et ridicule – Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, 1851

Ainsi se termine la chronique perspicace de Marx sur les événements en France de 1848 à 1851 qui ont abouti à l’écrasement brutal du prolétariat français, ainsi qu’à l’ascension de Napoléon III, d’abord en tant que président (très temporairement) et finalement en tant qu’empereur. Au milieu de notre consternation et de notre souci de comprendre notre propre glissade actuelle vers ces temps sombres, nous pourrions nous tourner vers l’analyse de Marx pour obtenir des conseils bien nécessaires. Comme Marx lui-même a décrit son objectif (dans une préface de 1869 à une deuxième édition) pour la série d’articles qui est devenue le pamphlet, il n’était pas intéressé à glorifier Bonaparte ou à raconter une histoire du genre « grand homme de l’histoire », mais plutôt il voulait « démontrer comment la lutte des classes en France a créé les circonstances et les relations qui ont permis à une médiocrité grotesque de jouer un rôle héroïque ». Cela ressemble à quelqu’un / quelque chose que nous connaissons ? Continuer la lecture de Que faire ? Au coeur de l’empire… Une Analyse Marxiste

La crise de la monnaie comme moment à potentialités « révolutionnaires », par Danielle Bleitrach

NDLR de MAC: article reprit du site Histoire et Société et à mettre en perspective avec à la fois l’actualité quotidienne et les fondements marxistes.
temps de lecture: 13 minutes.

 

La profondeur de la perspective historique est aussi essentielle que l’analyse des bouleversements économiques et sociaux, territoriaux dans une démarche « marxiste » d’élucidation des contradictions du présent. C’est la perspective adoptée dans notre livre Quand la France s’éveillera à la Chine, la longue marche vers un monde multipolaire. Un choix théorico-pratique intellectuel et militant.

Certaines questions envisagées dans ces dimensions spatio-temporelles aboutissent parfois à des convictions : l’une d’entre elles commence à faire des adeptes, l’idée que nous n’allons pas vers des changements profonds, irréversibles mais que nous y sommes déjà et qu’il s’agit d’un monde multipolaire. Continuer la lecture de La crise de la monnaie comme moment à potentialités « révolutionnaires », par Danielle Bleitrach

Fulgurante transformation du monde et conscience de classe par Jean Paul Legrand

Illustration : fiction d’une salle de commandes de machines productrices des marchandises et services satisfaisant les besoins de l’humanité.
Les transformations du monde et la question de la démocratie: vers une nouvelle conscience politique du prolétariat ?
Le monde est en pleine mutation sous l’effet de dynamiques économiques, géopolitiques et technologiques qui redessinent les rapports de force internationaux et internes aux sociétés.
Plusieurs événements récents témoignent de cette recomposition et doivent être analysés dans une perspective critique afin d’en comprendre les implications pour la démocratie et la lutte des classes. Continuer la lecture de Fulgurante transformation du monde et conscience de classe par Jean Paul Legrand

DE QUOI LA DÉMOCRATIE EST-ELLE LE NOM : CENSURE OU PAS CENSURE ? par Jean Paul Legrand

 

Pour une analyse de classe afin de rompre avec l’illusion institutionnelle et la dépasser pour construire une vision cohérente de la lutte pour le socialisme, nous dit Jean paul Legrand. Il y a dans cette terrible période des gens entre qui s’est construit une confiance (c’est comme les allumettes ça ne sert qu’une fois) parce qu’ils sont simplement prêts à agir au-delà de leur nombril, de leurs médiocres intérêts. Ils tiennent bon au-delà de toute raison et là où ils sont font ce qu’ils peuvent. Ils sont isolés encore mais partout en France présents, ce sont les communistes. Merci Jean Paul, merci à tous ceux qui tiennent bon et refusent l’autodestruction. Comparez ce discours avec celui de ceux qui vous vantent l’oportunité boursière de la mise à sac de l’industrie française, de quel côté ave-vous envie de vous battre ? (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Jean-Paul LEGRAND à BLEITRACH Danielle,  

DE QUOI LA DÉMOCRATIE EST-ELLE LE NOM : CENSURE OU PAS CENSURE ?

Pour une analyse de classe afin de rompre avec  l’illusion institutionnelle et la dépasser pour construire une vision cohérente de la lutte pour le socialisme.

La question de la censure du gouvernement, bien que symboliquement importante, ne saurait constituer l’alpha et l’oméga du combat politique. Pour saisir les limites de ce débat parlementaire, il faut le replacer dans le cadre plus large de la «  lutte des classes » et de la nature de l’État capitaliste. Continuer la lecture de DE QUOI LA DÉMOCRATIE EST-ELLE LE NOM : CENSURE OU PAS CENSURE ? par Jean Paul Legrand

Comment construire une nouvelle conscience de classe ?

En débat

Le développement de la sous-traitance, la remise en cause des statuts des salariés, la désindustrialisation ont déstabilisé les collectifs de salariés et les organisations syndicales. La question est de savoir comment rassembler les salariés à partir des nouvelles réalités du salariat.

 

Le 9 novembre 2024, à l’occasion de ses 20 ans, la Fondation Gabriel-Péri a organisé au siège du PCF un colloque sur les effets des transformations du capitalisme sur le monde du travail. À cette occasion, syndicalistes et militants communistes se sont interrogés sur comment construire une nouvelle conscience de classe. Cette rencontre était animée par Stéphane Bonnéry, directeur de la revue la Pensée.

Quels obstacles les salariés rencontrent-ils pour se mobiliser en tant que classe ?

Marie-Claire Cailletaud, Syndicaliste et membre honoraire du Conseil économique, social et environnemental (Cese)

L’idéologie du management théorise la mise en concurrence permanente des salariés entre eux. La désintégration des entreprises, le développement de la sous-traitance, la remise en cause des statuts des salariés ou la précarité déstabilisent les collectifs de travailleurs. Si on entend, comme le sociologue Olivier Schwartz, par classe ouvrière un groupe cohérent d’ouvriers mobilisés ayant ce qu’on appelait autrefois une certaine conscience de classe, revendiquant une certaine identité ouvrière et dotés d’organisations qui les représentent, alors il faut constater que, depuis quinze ou vingt ans, on assiste à sa déconstruction. Continuer la lecture de Comment construire une nouvelle conscience de classe ?

La DETTE publique : un instrument de chantage, de prédation et de coercition contre le peuple

C’est un texte intéressant que propose Gilbert Rodrigue dans son blog Front syndical de classe.. Effectivement le retour à Marx s’impose mais pas seulement pour démontrer le caractère illusoire de la dette publique mais c’est toute la « comptabilité » du capital, y compris le rôle que joue l’endettement monstrueux des Etats-Unis et l’inflation qu’elle génère avec au coeur les dépenses d’armement. La baisse de fait de la prouctivité des « services » que le citoyen peut attendre de l’élévation des coûts liés à cette inflation qui pèse sur le niveau de vie entraine un mécontentement populaire, mais aussi le choix fasciste qui couvre avec un Etat toujours plus autoritaire le recours à la seule « propriété privée » sous sa forme financiarisée la gestion d’une « division du travail » de plus en plus destructrice des emplois et des qualifications. (note de danielle Bleitrach histoireetsociete)

Nos médias et ses chiens de garde se déchaînent en ce moment afin de culpabiliser le bon peuple qui, s’il n’acceptait pas les sacrifices et les remises en cause exigées par l’extrême centre serait hautement fautif au regard des générations à venir.

N’est-ce pas monsieur le premier ministre en sursis Monsieur François  Bayrou? Continuer la lecture de La DETTE publique : un instrument de chantage, de prédation et de coercition contre le peuple

Franck Marsal ou pourquoi le marché n’est pas le même sous la dictature du capital ou sur celle du prolétariat..

Oui nous en sommes toujours au problème soulevé par Marx pas seulement en « économie » mais en tant que matérialiste historique. Les obscurités et les contradictions des économistes tiennent toujours à leur négation des hommes concrets au profit de l’appropriation privée (privée de quoi disait déjà Henri Lefebvre), de ce qu’il appelle l’individu générique et identifie au « prolétaire »qui est la classe ouvrière mais plus que celle-ci, l’homme marchant dans l’histoire de son émancipation. Continuer la lecture de Franck Marsal ou pourquoi le marché n’est pas le même sous la dictature du capital ou sur celle du prolétariat..

En débat: Assiste-t-on à un renouveau de la pensée matérialiste ?

Contestée dès la mort de Marx et d’Engels, la philosophie matérialiste a été considérée comme dépassée au tournant des années 1970-1980. Elle détient pourtant des clés essentielles à la compréhension du monde et des sociétés humaines.

 

Contesté, dépassé, le matérialisme redevient-il un mode de pensée permettant d’expliquer le monde ? La directrice de la Fondation Gabriel-Péri, Louise Gaxie, interrogeait le philosophe Florian Gulli et le politologue Guilhem Mevel au Village du livre de la Fête de l’Humanité. Le premier signe un article dans la revue la Pensée, dans le dossier de son numéro 419 consacré au matérialisme de Marx et Engels, tandis que le second prépare une thèse sur le jacobinisme et le marxisme.

Pourquoi les analyses du matérialisme historique ont-elles pu être contestées ou considérées par certains comme dépassées ? Continuer la lecture de En débat: Assiste-t-on à un renouveau de la pensée matérialiste ?

FABIEN ROUSSEL, CE “RETOUR A MARX” N’EST PAS UN GADGET MAIS LA NÉCESSITÉ POUR L’UNITÉ D’ACTION

Un certain nombre de camarades, comme dans le texte de Robert Martin reproduit ci-dessous, l’ont perçu : Le discours de Fabien Roussel prononcé le 26 novembre 2024 à Fontaine en Isère ferait date avec ce retour aux fondamentaux de l’analyse marxiste. Nous sommes totalement d’accord mais tout autant que l’on comprend que ce retour à Marx est tout sauf un gadget intellectuel, il est au cœur de l’utilité d’un parti communiste et c’est parce qu’il en revient à ce fondamental qu’il est facteur d’unité dans le parti, dans la gauche, dans notre pays et au niveau international, d’une unité d’action et c’est là que tout reste à faire. (note de Danielle Bleitrach pour Histoireetsociete)


Le Secrétaire National du Parti Communiste aura su rappeler ce que sont les bases du matérialisme historique et pourquoi la lutte des classes est une conception très actuelle dans une période où les représentants du capital s’opposent fortement, voire violemment à la classe ouvrière au travers du tsunami que représentent tous les plans de licenciements actuels ou annoncés.
En reprenant avec force détails l’analyse du capitalisme comme étant un système dont la finalité est l’accumulation du capital par le biais des profits (ou plus-values) Fabien Roussel a positionné le Parti Communiste Français dans une trajectoire d’avenir devant aboutir inéluctablement à une nouvelle forme de société, le communisme.
En rappelant l’impasse économique et sociale dans laquelle nous nous trouvons, il a démontré le besoin de réindustrialisation qui s’impose à notre société aujourd’hui pour sauver l’emploi, préserver les savoir-faire et augmenter les salaires.
L’ancien député sera resté au cours de toute la journée et en permanence dans son rôle de Responsable communiste en n’hésitant pas à demander des nationalisations comme celle de Vencorex qui devrait s’imposer rapidement et la mise en place d’une économie administrée comme possible alternative au libéralisme débridé.
Ce discours théorique et pratique sur des bases marxistes aura fait circuler un air vivifiant bien au-delà des limites de l’Isère et loin, très loin des gesticulations populistes ou pas de la social-démocratie.

Robert Martin texte diffusé sur Facebook.

Tout à fait d’accord avec cette analyse et elle doit permettre d’aller plus loin dans les exigences de l’heure en ne se bornant pas à l’opposer au populisme d’un Mélenchon mais aussi au Rassemblement National qui s’avère encore plus conquérant, ni à la social-démocratie ! Continuer la lecture de FABIEN ROUSSEL, CE “RETOUR A MARX” N’EST PAS UN GADGET MAIS LA NÉCESSITÉ POUR L’UNITÉ D’ACTION