France-Algérie : quel travail de reconnaissance après le rapport Stora ? (2)

Rapport B. Stora sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie/@AFP

Rapport B. Stora sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie/@AFP
 

Le rapport de Benjamin Stora suscite de nombreuses réactions. Comment s’en saisir pour avancer sur la voie de la vérité et de la réparation ?

Aux sociétés civiles des deux pays à s’emparer de l’ouverture qu’offre Stora

Yacine Teguia Producteur de cinéma et membre du bureau national du Mouvement démocratique et social (Algérie)

« Pour exorciser l’horreur qui a un nom et un visage, il faut lui donner un autre nom et un autre visage » Chris Marker, Sans soleil

Le rapport Stora sur les mémoires de la colonisation et la guerre d’Algérie suscite la controverse. En France, on soupçonne le président de gérer des questions de société ou de verser dans les calculs électoraux, en agitant la « nostalgérie ». En Algérie, le pouvoir invite à se désintéresser d’un débat franco-français tout en alimentant la polémique en sous-main. Dans les rangs du hirak, la contestation surgie en février 2019, les uns flairent une diversion vis-à-vis de la crise sanitaire, socio-économique et politique, tandis que d’autres exigent la réécriture du récit national autour de la guerre de libération, mais aussi des luttes démocratiques et pour la reconnaissance de l’amazighité. D’ailleurs, le 16 février, des milliers de citoyens réunis à Kherrata ont commémoré les premières manifestations du deuxième anniversaire du hirak ainsi que la lutte pour l’indépendance, sur un site des massacres du 8 mai 1945.

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Humanité, révélation. La fachosphère s’infiltre dans les bibliothèques

« Ces livres, achetés sur le budget de la mairie, échappent à notre politique d’acquisition et nous n’aurons aucun regard sur eux », explique une bibliothécaire.

Les brigands ne sont pas ceux que l’on croit!

Enquête. La ville du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint-Denis, annonce l’achat de 4 000 ouvrages référencés par l’association Alexandre et Aristote, créée par une proche d’Éric Zemmour et subventionnée par la mairie. Une intervention inquiétante dans la politique documentaire des médiathèques.

La photo de famille date du 29 janvier dernier : au centre, le maire ex-LR (1) du Blanc-Mesnil, Thierry Meignen, entouré de son directeur de cabinet, Vijay Monany, proche de l’extrême droite, de Sarah Knafo et Alexandre Galien, fondateurs d’Alexandre et Aristote. Devant des bibliothécaires médusés, se déroule à la médiathèque Édouard-Glissant une présentation de l’association à laquelle la mairie vient d’accorder une subvention de 20 000 euros. Quelques jours plus tard, c’est au tour des enseignants du lycée technique Aristide-Briand de rencontrer les créateurs de ce nouvel outil de promotion de la lecture. L’idée est simple : « Dis-nous qui tu es, nous te dirons quoi lire ! » clame la page d’accueil du site d’Alexandre et Aristote, qui renvoie vers des sites marchands (Fnac, la Procure et Amazon, remplacé par Place des libraires). Continuer la lecture de Humanité, révélation. La fachosphère s’infiltre dans les bibliothèques

Islamo-gauchisme: une étude du CNRS pointe un « piège » pour le gouvernement… in HuffPost

Après les déclarations de Frédérique Vidal, une enquête du CNRS montre comment l’exécutif a offert une “exposition inespérée” à un néologisme promu par l’extrême droite

AFP
Logo du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Illustration.

 Aussi préoccupée par cette question que demandeuse d’une enquête en la matière, la ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal devrait lire avec attention cette étude produite par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sur l’emploi de l’expression “islamo-gauchisme”. Elle y constaterait, éléments objectifs à l’appui, qu’en réclamant un “bilan” sur “l’islamo-gauchisme” à l’université, elle a surtout contribué à populariser un néologisme, surtout utilisé sur Internet comme un “instrument de lutte idéologique” par l’extrême droite. 

Côté méthode, cette étude menée par le Politoscope du CNRS et rendue publique ce dimanche 21 février, a utilisé un outil permettant d’analyser “plus de 290 millions de messages à connotation politique émis depuis 2016 entre plus de 11 millions de comptes Twitter”. Un système permettant de cartographier avec précision les tweets mentionnant cette expression et d’étudier les communautés militantes qui l’utilisent, et de quelle façon. Continuer la lecture de Islamo-gauchisme: une étude du CNRS pointe un « piège » pour le gouvernement… in HuffPost

À Paris, le baroud de déshonneur de Génération identitaire (Dossier complet d’analyses)

C’est la première fois que Génération identitaire organiseune manifestation en son nom propre dans la capitale. B. Guay/AFP

C’est la première fois que Génération identitaire organise une manifestation en son nom propre dans la capitale. B. Guay/AFP

Près de 1 000 militants se sont rassemblés, samedi, dans la capitale à l’appel du groupuscule Génération identitaire. Un dernier coup de communication avant leur dissolution définitive ?

« Français, défends-toi, tu es ici chez toi », « Migrants partout, frontière nulle part », « Europe, jeunesse, reconquête ». Phobie de ­l’invasion et fantasme d’une civilisation blanche en péril ont pris rendez-vous, samedi, place Denfert-Rochereau à ­Paris : près de 1 000 militants d’extrême droite ont ­répondu à l’appel de Génération identitaire à manifester contre la procédure de dissolution engagée à son encontre par le ministère de l’Intérieur, le 13 février.

Gérald Darmanin a d’ailleurs été copieusement insulté et invectivé par les manifestants, qui ont qualifié le ministre de « complice » de « l’invasion migratoire ». « Lui aussi, vous  l’avez dissous ? »  ont ­également interrogé des pancartes à l’effigie de figures ­historiques qui se sont opposées, en leur temps, à « ­l’envahisseur » : Vercingétorix, un soldat de 14-18 ou encore Jeanne d’Arc.

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À Montauban, le Planning familial fait face à la crise

Chantal Teyssedre est animatrice de prévention. Elle conduit le bus du Planning familial dans tout le département.DDM.B.G.
Chantal Teyssedre est animatrice de prévention. Elle conduit le bus du Planning familial dans tout le département.DDM.B.G.

Entre port du masque, gestes barrières et fermeture de son accueil de jour pour les femmes victimes de violences, le Planning familial a dû s’adapter à la crise pour poursuivre ses missions.

« Le Covid a modifié une grande partie de notre travail », déclare Monique Monribot, coordinatrice du Planning familial du Tarn-et-Garonne. Au cours de ces derniers mois de crise sanitaire, les cinq salariées de l’association ont dû s’adapter, trouver de nouvelles façons de communiquer avec leurs bénéficiaires, revoir le contenu de leurs interventions, aller à la rencontre de nouveaux publics jusqu’alors sans problème…

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École inclusive : « Il y a des situations terribles de souffrance »

Anne Falciola estime "que l'accompagnement au plus tôt, dès le premier degré, conditionne la suite et la possibilité de poursuivre sa scolarité". © R. Quadrini

Anne Falciola estime « que l’accompagnement au plus tôt, dès le premier degré, conditionne la suite et la possibilité de poursuivre sa scolarité ». © R. Quadrini

Anne Falciola accompagne des élèves en situation de handicap depuis plus de douze ans. Dans la rue avec ses collègues le 11 février, cette AESH raconte le quotidien de sa profession.

« On a ce cliché qui dit que nous sommes forcément des chômeurs de longue durée en réinsertion… Je l’ai en horreur, parce qu’il nous enferme dans une vision négative, péjorative. C’est la treizième année que je fais ce métier : je sais par expérience qu’on ne reste pas longtemps si on n’a pas vraiment envie. Nous sommes nombreux à exercer ce métier par choix, alors qu’on sait que les conditions ne sont pas géniales, pour permettre à tous les enfants d’avoir accès à l’école et les aider à avancer. » Anne Falciola est AESH (accompagnante d’élèves en situation de handicap) à Lagneux, dans l’Ain. Elle est aussi membre du collectif national AESH de la CGT Éduc’action : à ce titre elle a, bien sûr, pris part à la journée nationale de mobilisation de ces précaires de l’éducation nationale, le 11 février, à l’occasion du 16e anniversaire de la loi de 2005 sur le handicap. Alors elle ne tient pas trop à se mettre en avant et pense surtout à expliquer leurs revendications.

Mais elle a plus, bien plus à dire.

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Crise sanitaire. En quoi les droits des personnes en situation de handicap sont-ils menacés ?

Après une année marquée par deux périodes de confinement, la situation des plus fragilisés doit être regardée avec la plus grande attention, car les risques d’isolement sont grands.

Oubliées d’une crise ou d’un système ?

Luc Gateau Président de l’Unapei

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Si les personnes en situation de handicap et leurs familles sont exposées comme le reste de la population au Covid-19, il faut d’ores et déjà souligner que l’impact des mesures liées à la pandémie a accentué leur situation d’isolement social et a fragilisé l’effectivité de leurs droits. L’Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), réseau associatif présent sur l’ensemble du territoire, constate, jour après jour, des situations qui traduisent des manquements dans la gestion de la crise envers des millions de citoyens français, dont un million de personnes en situation de handicap intellectuel et 900 000 personnes sous protection juridique.

Pour les personnes en situation de handicap intellectuel accompagnées ou non par des professionnels médico-sociaux, ainsi que pour les personnes sous protection juridique, les mesures de restrictions publiques qui se sont imposées pendant le confinement ont généré de nouveaux obstacles. Continuer la lecture de Crise sanitaire. En quoi les droits des personnes en situation de handicap sont-ils menacés ?

« Dépêche du Midi »: Arrangements… Par Alain Raynal in Les nouvelles 82 N°605

La liberté de la presse est un bien trop précieux pour ne pas veiller sur elle et garantir ainsi à chaque journaliste le droit d’écrire ce qu’il estime nécessaire. Ce droit fondamental va de pair avec celui du lecteur de s’interroger, de critiquer et d’alerter s’il le juge utile.

La lecture du billet « Les juges contre le peuple » rédigé par Laurent Benayoun, rédacteur en chef de l’édition Tarn-et-Garonnaise de « La Dépêche-du-midi » laisse un goût amer et c’est peu dire. Brigitte Barèges serait victime « d’une exécution provisoire qui a le goût du sang, d’une guillotine qui ne dit pas son nom ». Après six années d’enquêtes approfondies, Brigitte Barèges est condamnée, entre autres, à abandonner ses mandats. Elle peut faire appel. La justice suivra son cours.

Ne tournons pas autour du pot.

Bien au-delà des mots écrits dans le quotidien régional politiquement lié à la famille radicale du PRG, – et en soi ce n’est pas un problème – le malaise résulte de ce qui se raconte ouvertement à Montauban et ailleurs depuis de nombreux mois. A savoir : ces « petits arrangements » entre la droite LR et le PRG dans le Tarn-et-Garonne pour se répartir les manettes du pouvoir local. A moi le Département, à toi la Ville, à l’autre l’Agglomération…

Il est devenu malsain et dangereux de taire le malaise grandissant créé parmi les gens sincèrement de gauche dans la ville et le département.

A tous ces tripatouillages qui ne peuvent qu’accentuer le rejet de la politique parmi les électeurs viennent se greffer les rapports nauséabonds qu’entretient Brigitte Barèges avec le lepéniste Ménard.

« Y’a pas d’arrangement, pas de grimace.

« Juste le lendemain se regarder dans une glace… » Chantait le groupe Zebda.

Il n’y a pas d’arrangements sauf à y laisser son âme, ou son honneur, selon…

Alain Raynal


 

France-Algérie : quel travail de reconnaissance et de vérité ? (1)

Ramassage de pommes de terre en Algérie, sous la férule d’un colon à cheval. Roger-Viollet

Ramassage de pommes de terre en Algérie, sous la férule d’un colon à cheval. Roger-Viollet

Histoire et mémoire de la colonisation. Le rapport rendu par Benjamin Stora suscite de nombreuses réactions. Comment s’en saisir pour avancer sur la voie de la réparation ?

La repentance est un mot écran

Gilles Manceron Historien, membre de la Ligue des droits de l’homme

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La vérité doit être dite sur la colonisation et la guerre d’Algérie, mais le terrain est miné et les mots sont piégés. Un travail est nécessaire pour que les deux sociétés aient une connaissance des réalités et de la complexité de cette histoire, mais il faut se méfier de la tendance des États à instrumentaliser l’histoire.

La République doit reconnaître que la colonisation contredisait le principe de l’égalité de tous les êtres humains proclamé lors de la Révolution française. La repentance est un mot écran destiné à faire obstacle à cette reconnaissance. Il a été inventé par des nostalgiques de la colonisation pour discréditer la demande de désigner pour ce qu’elles sont les injustices et les violences coloniales ponctuées de crimes contre l’humanité. Continuer la lecture de France-Algérie : quel travail de reconnaissance et de vérité ? (1)

Vaccins. Décryptage des contrats signés entre les laboratoires et l’Union européenne

Les contrats signés par la Commission européenne, que nous publions, montrent comment cette dernière s’est pliée aux demandes des firmes pharmaceutiques. Dans les trois contrats rendus publics, tous les passages cruciaux pour les bénéfices et la protection du monopole des laboratoires ont été censurés. Une clause est très claire en revanche : tout effet indésirable des vaccins relève de la seule responsabilité des Etats membres… 

Dans toute sa carrière, lui, il en a vu des vertes et des pas mûres. Cette fois, pourtant, il n’en revient pas. « Plus j’avance dans ma lecture des contrats entre les industries pharmaceutiques et la Commission européenne, plus je comprends pourquoi les entreprises se sont senties très à l’aise au moment de les signer», confie ce bon connaisseur du secteur à Bruxelles, bien introduit également à l’Agence européenne du médicament (AEM). À l’examen, c’est évident, et le caviardage vient souligner encore le parfum global, entremêlant la privatisation des profits, camouflée sous les traits noirs, et la socialisation des pertes qui, elle, apparaît en clair (voir en fac-similé le contrat signé entre Sanofi-GSK et l’UE). Continuer la lecture de Vaccins. Décryptage des contrats signés entre les laboratoires et l’Union européenne