OXFAM: La richesse des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars en 2024, soit trois fois plus vite qu’en 2023

La fortune des milliardaires a augmenté de 2 000 milliards de dollars en 2024 au niveau mondial, soit l’équivalent d’environ 5,7 milliards de dollars par jour, à un rythme trois fois plus rapide que l’année précédente. En moyenne, près de quatre nouveaux milliardaires sont apparus chaque semaine. Pendant ce temps, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté n’a pratiquement pas changé depuis 1990, selon les données de la Banque mondiale. Oxfam publie « L’art de prendre sans entreprendre » aujourd’hui alors que les élites économiques se réunissent dans la station balnéaire suisse de Davos et que le milliardaire Donald Trump, largement soutenu par l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, est investi président des États-Unis.

Télécharger le rapport

Télécharger le focus France

Chiffres clefs du rapport

Dans le monde

  • Deuxième plus forte augmentation annuelle de la richesse des milliardaires depuis le début des relevés. Et ce alors que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté n’a pratiquement pas changé depuis 1990.
  • Oxfam prévoit qu’il y aura au moins cinq multimilliardaires dont la fortune dépassera les 1 000 milliards de dollars dans une décennie.
  • 204 nouveaux/elles milliardaires ont vu le jour en 2024, soit près de quatre par semaine.
  • En 2023, les 1 % les plus riches du Nord ont ponctionné 30 millions de dollars par heure aux pays du Sud.
  • Oxfam exhorte les gouvernements à taxer les plus riches pour réduire les inégalités,
    en finir avec l’extrême richesse et démanteler la nouvelle aristocratie. Les anciennes puissances coloniales doivent verser des réparations en dédommagement des préjudices qu’elles ont causés.

En France

  • Depuis 2019, la fortune des milliardaires français a augmenté de plus de 24 milliards d’euros au total, soit 13 millions d’euros par jour.
  • Une personne parmi les 1% les plus riches gagne en 6 jours ce qu’une personne parmi les 50% les plus pauvres gagne en 1 an.
  • Les 1 % des Français⸱es les plus riches ont ponctionné près de 20 milliards d’euros au pays du Sud en 2023 – soit près de 2,3 millions d’euros par heure – par l’intermédiaire d’un système financier largement plus favorable aux pays riches du Nord.

En 2024, le nombre de milliardaires est passé à 2 769, contre 2 565 en 2023. Leur richesse combinée est passée de 13 000 milliards de dollars à 15 000 milliards de dollars en seulement 12 mois. La fortune des dix hommes les plus riches du monde a augmenté en moyenne de près de 100 millions de dollars par jour.

L’année dernière, Oxfam avait estimé que nous verrions pour la première fois la fortune d’un multimilliardaire franchir le cap des 1 000 milliards de dollars dans dix ans. Toutefois, compte tenu de l’accélération de l’enrichissement des milliardaires, Oxfam a revu considérablement à la hausse ses prévisions : si la tendance actuelle se poursuit, le monde comptera non pas un, mais au moins cinq super-milliardaires dans dix ans.

Cette concentration croissante de la richesse s’accompagne d’une concentration monopolistique du pouvoir, les milliardaires exerçant une influence croissante sur les industries et l’opinion publique.

« La richesse des milliardaires n’a pas seulement augmenté en 2024, elle a littéralement explosé. Il s’agit de la deuxième plus forte augmentation annuelle de la fortune des milliardaires depuis que ces données sont enregistrées. Nous voyons se former à une vitesse grand V une nouvelle aristocratie mondiale. Aujourd’hui, si les dix personnes les plus riches du monde perdaient 99 % de leur fortune du jour au lendemain, elles demeureraient milliardaires. », affirme Layla Abdelké Yakoub, responsable de plaidoyer Justice fiscale et inégalités à Oxfam France.

« La publication de notre rapport coïncide avec l’investiture du président-milliardaire Trump, dont l’élection a été soutenue, voire achetée, par l’homme le plus riche de la planète, Elon Musk. Au moment où les yeux du monde entier sont tournés vers les Etats-Unis, nous souhaitons tirer la sonnette d’alarme et dénoncer les connivences entre le pouvoir économique des milliardaires et le pouvoir politique qui menacent nos démocraties. D’autant plus que les mêmes logiques sont à l’œuvre en France avec un milliardaire comme Vincent Bolloré qui met sa fortune personnelle au service d’un agenda politique d’extrême droite », poursuit Layla Abdelké Yakoub.

Le rapport met également en lumière le fait que, contrairement à la perception populaire, la richesse des milliardaires est en grande partie imméritée. Aujourd’hui, 60 % de la richesse des milliardaires provient au départ d’un héritage, de situations de monopole ou de relations de connivence. La richesse non méritée et le colonialisme – considéré non seulement comme une histoire d’extraction brutale de richesses, mais aussi comme une force puissante à l’origine des niveaux extrêmes d’inégalité d’aujourd’hui – sont les deux principaux moteurs de l’accumulation de richesses par les milliardaires.

Selon les calculs d’Oxfam, 36 % des richesses des milliardaires provient à l’origine d’un héritage. Une étude menée par Forbes a révélé que tous les milliardaires de moins de 30 ans ont hérité de leur fortune, tandis qu’UBS estime que plus de 1 000 des milliardaires actuels transmettront plus de 5 200 milliards de dollars à leurs héritiers au cours des deux ou trois prochaines décennies.

« Nous sommes sur le point d’assister à la plus grande transmission de la plus grande richesse générationnelle de l’histoire de l’humanité, à peine gagnée, à peine taxée. Il faut agir urgemment pour que ces richesses imméritées soient taxées de manière juste, sans quoi elles ne feront qu’accroitre les inégalités dans un futur très proche », poursuit Layla Abdelké Yakoub.


Le colonialisme à l’origine de nombreuses fortunes

De nombreux super-riches doivent une partie de leur richesse au colonialisme historique et à l’exploitation des pays plus pauvres. La dynamique d’extraction des richesses persiste aujourd’hui : de vastes sommes d’argent continuent d’affluer des pays du Sud vers les pays du Nord et leurs citoyens les plus riches, dans ce que le rapport d’Oxfam décrit comme un colonialisme des temps modernes.

  • Les 1 % les plus riches des pays du Nord, comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, ont ponctionné 30 millions de dollars par heure aux pays du Sud Global via le système financier en 2023.
  • Les pays du Nord contrôlent 69 % de la richesse mondiale, 77 % de la richesse des milliardaires et abritent 68 % des milliardaires, alors qu’ils ne représentent que 21 % de la population mondiale.
  • Le Belge moyen dispose d’environ 180 fois plus de droits de vote au sein de la plus grande institution de la Banque mondiale que l’Éthiopien moyen.

Les pays à revenu faible et intermédiaire consacrent en moyenne presque la moitié de leur budget national au remboursement de la dette, souvent à de riches créanciers de New York et de Londres. Ainsi, les sommes allouées au service de la dette dépassent largement les dépenses conjointes consacrées à l’éducation et à la santé. Entre 1970 et 2023, les gouvernements des pays du Sud ont dû payer 3 300 milliards de dollars d’intérêts à leurs créanciers occidentaux.

L’histoire de l’empire colonial, du racisme et de l’exploitation a laissé un héritage durable en matière d’inégalités. Aujourd’hui, l’espérance de vie moyenne des Africains est encore inférieure de plus de 15 ans à celle des Européens. Les recherches montrent que les salaires dans les pays du Sud sont de 87 à 95 % inférieurs à ceux des pays du Nord, à compétences égales. Bien qu’ils fournissent 90 % de la main-d’œuvre qui fait tourner l’économie mondiale, les travailleurs des pays à revenu faible ou intermédiaire ne perçoivent que 21 % du revenu mondial.
À l’échelle mondiale, les femmes occupent plus souvent que les hommes les emplois les plus précaires du secteur informel, comme le travail domestique. Dans les pays à revenu élevé, les travailleurs et travailleuses migrant·es gagnent en moyenne environ 13 % moins que les travailleurs et travailleuses ressortissant·es du pays en question. Cet écart atteint même 21 % pour les travailleuses migrantes.

« Les dés sont pipés du moment où les soi-disant self made men héritent de sommes colossales et s’enrichissent grâce à un système financier forgé à la fin de l’époque coloniale et infiniment plus favorable aux pays riches du Nord. Nous ferions mieux de revoir ce logiciel et d’instaurer une taxation plus forte de richesses héritées ou injustement gagnées si nous ne voulons pas que le pouvoir économique de quelques-uns façonne notre avenir à toutes et tous. », ajoute Layla Abdelké Yakoub.


Fortunes hexagonales : entre inégalités sociales et dettes coloniales

En France, si la fortune cumulée des milliardaires n’a pas augmenté en 2024, elle a grossi de plus de 24 milliards d’euros depuis 2019, soit de 13 millions d’euros par jour. Aujourd’hui, une personne parmi les 1% des Français⸱es les plus riches gagnent en à peine six jours ce qu’une personne parmi les 50% les plus pauvres gagne en un an.

« En pleine crise sociale et politique, le nouveau gouvernement ferait bien de se saisir sérieusement de l’urgente question de la justice fiscale. » selon Layla Abdelké Yakoub. « Le nouveau ministre de l’économie Eric Lombard s’est dit favorable à ce que chacun paie sa part juste d’impôt. Pour y parvenir, il va falloir donc joindre la parole aux actes et oser s’attaquer sérieusement à la taxation des plus hauts patrimoines et des super-héritages dès le budget pour 2025. Oxfam rappelle que dans les 30 prochaines années, 25 milliardaires français transmettront à leurs héritier∙es plus de 460 milliards d’euros de super-héritages sur lesquels l’Etat risque de perdre 160 milliards en raison des niches fiscales existantes si rien n’est fait. »

L’opinion publique française s’exprime majoritairement en faveur d’une plus grande justice fiscale. Selon un sondage réalisé par l’institut Vérian et publié en septembre 2024 par Oxfam France, 78% des Français⸱es sont en faveur d’une taxation plus importante des personnes les plus fortunées.

Par ailleurs, 10% de la fortune cumulée des milliardaires français suffirait pour atteindre l’objectif de 50 milliards d’économies recherché actuellement par le gouvernement pour le budget 2025.
L’enrichissement des plus riches se fait sur le dos des pays du Sud global. Selon les calculs d’Oxfam, en France, les 1 % les plus riches ont perçu près de 20 milliards d’euros (2,3 millions d’euros par heure) du Sud par l’intermédiaire d’un système financier international de caractère postcolonial favorable aux pays riches du nord.

« A cause de ce système financier injuste, la totalité des anciennes colonies françaises de l’Afrique subsaharienne sont aujourd’hui en situation de surendettement et dépensent en moyenne 3,4 fois plus pour rembourser leur dette que pour investir dans la santé. La France en profite d’ailleurs largement en détenant plus de 18 milliards d’euros de dette des pays Africains. L’heure est venue de réformer les institutions financières mondiales qui condamnent les pays du Sud artificiellement à un sous-développement », poursuit Layla Abdelké Yakoub.

Parmi les milliardaires français⸱es, Vincent Bolloré constitue un exemple emblématique d’enrichissement via l’exploitation de ressources et infrastructures du Sud Global. La cession de sa filiale logistique africaine en 2022 a permis au groupe Bolloré de faire plus de 3,15 milliards de plus-value, l’équivalent d’un an de salaire moyen pour 1,6 millions de salarié⸱e⸱s africain⸱e⸱s. Dans les pays africains dont il a exploité les ressources, Vincent Bolloré pourrait, avec sa fortune, financer la moitié de l’aide humanitaire nécessaire en 2025, et ainsi sauver 40 millions de vies.

« La fortune de Vincent Bolloré, issue en partie d’entreprises coloniales en Afrique, sert pourtant désormais à financer un empire médiatique tentaculaire au service de l’extrême droite. Aujourd’hui, rien n’empêche un milliardaire comme lui d’acheter du pouvoir et de l’influence, au risque de mettre à mal notre démocratie. », conclut Layla Abdelké Yakoub.


Les préconisations d’Oxfam

Oxfam appelle les États à agir sans tarder pour réduire les inégalités et mettre un terme à l’extrême richesse en adoptant les mesures suivantes :

  • Réduire radicalement les inégalités. Les gouvernements doivent s’engager à ce qu’à l’échelle internationale comme au sein des pays, les revenus des 10 % les plus riches n’excèdent pas ceux des 40 % les plus pauvres. D’après les données de la Banque mondiale, si nous réduisions les inégalités, nous pourrions mettre fin à la pauvreté trois fois plus vite. Les gouvernements doivent aussi mettre fin au racisme, au sexisme et à la division sur lesquels se fonde l’exploitation économique actuelle.
  • Taxer les plus riches pour mettre un terme à l’extrême richesse. La politique fiscale mondiale doit être encadrée par une nouvelle convention fiscale régie par les Nations Unies et veiller à ce que les personnes et les entreprises les plus riches paient leur juste part d’impôt. Les paradis fiscaux doivent être abolis. D’après l’étude d’Oxfam, la moitié des milliardaires du monde vivent dans des pays qui n’appliquent pas de droits de succession sur l’argent et le patrimoine que recevront leurs enfants à leur décès. Il faut taxer les héritages pour démanteler la nouvelle aristocratie.
  • Mettre fin au transfert de richesses des pays du Sud vers ceux du Nord Il est urgent d’annuler les dettes des pays du Sud et de mettre un terme à la domination des pays riches et des multinationales sur les marchés financiers et les règles commerciales. Cela passe notamment par le démantèlement des monopoles, la démocratisation du commerce et l’assouplissement des règles sur les brevets, et la régulation des entreprises pour veiller à ce qu’elles paient un salaire décent à leur personnel et plafonnent les rémunérations des PDG. Il est également important de revoir le mode électoral au sein de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et du Conseil de sécurité de l’ONU afin de garantir la représentation équitable des pays du Sud. Les anciennes puissances coloniales doivent aussi reconnaître les séquelles durables du colonialisme, présenter des excuses officielles et verser des réparations aux communautés touchées.

Notes aux rédactions

Télécharger le rapport d’Oxfam « L’art de prendre sans entreprendre », le résumé exécutif, le focus France et la note méthodologique.

Selon la Banque mondiale, le nombre réel de personnes vivant avec moins de 6,85 dollars par jour n’a pratiquement pas changé depuis 1990.

Les données de Forbes indiquent que la plus forte augmentation annuelle de la richesse des milliardaires (5,8 billions de dollars) s’est produite en 2021, pendant la pandémie de COVID-19. Elle a été largement alimentée par les gouvernements qui ont injecté des milliers de milliards de dollars dans l’économie.

Selon les calculs d’Oxfam, 60 % des richesses des milliardaires proviennent de sources monopolistiques ou de copinage, ou sont héritées. Plus précisément, 36 % sont hérités, 18 % proviennent d’un pouvoir monopolistique et 6 % de relations de copinage.

Une étude menée par Forbes a révélé que, pour la première fois depuis 2009, tous les milliardaires de moins de 30 ans ont hérité de leur fortune, « signe que le “grand transfert de richesse” a commencé ».

Selon UBS, plus de 1 000 milliardaires devraient transmettre 5 200 milliards de dollars à leurs héritiers au cours des 20 à 30 prochaines années.

Les recherches d’Amin Mohseni-Cheraghlou montrent qu’un Belge moyen dispose d’environ 180 fois plus de droits de vote à la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), le FMI et la Banque mondiale.
En moyenne, les pays à revenu faible ou intermédiaire consacrent 48 % de leur budget national au remboursement de la dette.

En 2023, l’espérance de vie moyenne en Afrique a été de 63,8 ans, contre 79,1 ans en Europe.

Jason Hickel, Morena Hanbury Lemos et Felix Barbour ont constaté que « les salaires du Sud sont de 87 à 95 % inférieurs à ceux du Nord pour un travail de compétence égale. Alors que les travailleurs du Sud fournissent 90 % de la main-d’œuvre qui alimente l’économie mondiale, ils ne perçoivent que 21 % du revenu mondial ».
Selon l’OIT, les femmes qui travaillent dans l’économie informelle se trouvent plus souvent que leurs homologues masculins dans les situations les plus vulnérables, par exemple en tant que travailleuses domestiques, travailleuses à domicile ou travailleuses familiales.

Les données de l’OIT montrent également que les travailleurs migrants dans les pays à revenu élevé gagnent environ 12,6 % de moins que les nationaux, en moyenne. L’écart de rémunération entre les hommes nationaux et les femmes migrantes dans les pays à revenu élevé est estimé à 20,9 %, ce qui est beaucoup plus important que l’écart de rémunération global entre les hommes et les femmes dans les pays à revenu élevé (16,2 %).

En France, les inégalités économiques actuelles sont en partie dues au passé colonial. Les disparités persistantes entre la France hexagonale et les territoires ultramarins en témoignent : le taux de pauvreté dans les DROM est au moins 2 fois plus élevé que dans l’hexagone, allant jusqu’à 4 fois plus en Guyane et 5 fois plus à Mayotte, avec des taux de respectivement 53% et 77%. Source : INSEE (2024). “France, portrait social” édition 2024. Insee. https://www.insee.fr/fr/statistiques/8242357?sommaire=8242421#tableau-figure4

Le système financier actuel, plus avantageux pour les pays riches, est marqué par des cycles de dette dans lesquels sont piégés de nombreux pays en développement. Les données de la Banque Mondiale (International Debt Statistics et World Development Indicators) permettent notamment d’établir qu’en Afrique subsaharienne, la totalité des anciennes colonies françaises sont en situation de surendettement, et dépensent en moyenne 3,4 fois plus pour rembourser leur dette que pour investir dans la santé.

Les populations du Sud global subissent encore aujourd’hui les conséquences du projet colonial français. Le cas d’Haïti est le plus emblématique. Haïti a souffert d’une “double dette” coloniale : le pays a mis 122 ans à rembourser à la France un total de plus de 19 milliards de dollars de dette coloniale, avec des conséquences évidentes sur les finances du pays. L’introduction de monnaies coloniales a également été un outil central de mise en œuvre du projet colonial. A ce titre, le franc CFA est un exemple criant des conséquences du passé colonial de la France toujours visibles aujourd’hui.

Vincent Bolloré a racheté plusieurs anciennes entreprises coloniales en Afrique, profitant de la vague de privatisations provoquée par les programmes d’ajustement structurel imposés par le FMI et la Banque mondiale dans les années 1990. Cette stratégie a permis à Vincent Bolloré de construire un vaste réseau de transport et de logistique en Afrique, opérant dans 42 ports à travers le continent.

En septembre 2024, Oxfam France a publié les résultats d’un sondage réalisé par l’institut Vérian. Selon ce sondage :
– 78% des Français⸱es pensent qu’une taxation plus importante des personnes les plus fortunées est nécessaire dans le contexte actuel de déficit budgétaire
– ¾ des Français⸱es estiment aussi que cette plus forte imposition des plus fortuné⸱es est juste
– 59% sont pour une taxation des héritages les plus élevés
– 80% soutiennent l’idée de supprimer les niches fiscales
– 76% sont pour le rétablissement de l’ISF
– 84% sont en faveur de la taxation des superprofits
– 71% souhaiteraient que l’imposition sur les dividendes soit revue à la hausse
Plus d’information sur https://www.oxfamfrance.org/inegalites-et-justice-fiscale/les-francais%E2%B8%B1es-favorables-a-une-taxation-plus-importante-des-plus-riches

La DETTE publique : un instrument de chantage, de prédation et de coercition contre le peuple

C’est un texte intéressant que propose Gilbert Rodrigue dans son blog Front syndical de classe.. Effectivement le retour à Marx s’impose mais pas seulement pour démontrer le caractère illusoire de la dette publique mais c’est toute la « comptabilité » du capital, y compris le rôle que joue l’endettement monstrueux des Etats-Unis et l’inflation qu’elle génère avec au coeur les dépenses d’armement. La baisse de fait de la prouctivité des « services » que le citoyen peut attendre de l’élévation des coûts liés à cette inflation qui pèse sur le niveau de vie entraine un mécontentement populaire, mais aussi le choix fasciste qui couvre avec un Etat toujours plus autoritaire le recours à la seule « propriété privée » sous sa forme financiarisée la gestion d’une « division du travail » de plus en plus destructrice des emplois et des qualifications. (note de danielle Bleitrach histoireetsociete)

Nos médias et ses chiens de garde se déchaînent en ce moment afin de culpabiliser le bon peuple qui, s’il n’acceptait pas les sacrifices et les remises en cause exigées par l’extrême centre serait hautement fautif au regard des générations à venir.

N’est-ce pas monsieur le premier ministre en sursis Monsieur François  Bayrou? Continuer la lecture de La DETTE publique : un instrument de chantage, de prédation et de coercition contre le peuple

L’avènement des cryptomonnaies va-t-il avoir lieu ?

L’élection de Trump a donné un coup d’accélérateur au cours du bitcoin, qui est passé de 60 000 à 100 000 dollars en quelques jours. Pour autant, si sa valeur spéculative augmente, comme monnaie, il ne sert toujours à rien.

 

Il serait juste d’arrêter de parler de cryptomonnaie dans le cas du bitcoin, puisqu’il n’a rien d’une monnaie : il ne sert pas d’unité de compte et n’a que très marginalement servi à des échanges marchands. La première transaction, il y a bientôt quinze ans, 2 pizzas en échange de 10 000 bitcoins (soit un peu plus de 900 millions d’euros au cours de la mi-décembre) n’a pas fait d’émules du fait de sa volatilité extrême. Le qualifier de cryptoactif paraît plus juste : ce n’est qu’un produit spéculatif dont la valeur dépend de la confiance qui lui est accordée. Et celle-ci a fait un bond à la suite de l’élection de Donald Trump, dépassant pour la première fois les 100 000 dollars. Continuer la lecture de L’avènement des cryptomonnaies va-t-il avoir lieu ?

Activité obligatoire, sanctions, absence de moyens… la réforme du RSA entre en vigueur et inquiète les syndicats et associations

Inscription d’office à France Travail, activité obligatoire, sanctions… un bouleversement est en cours pour les allocataires du revenu de solidarité active, avec la mise en œuvre à compter du 1er janvier de la loi plein emploi. Syndicats et associations dénoncent un risque de travail gratuit et une atteinte aux droits humains.

 

Jamais à court de jargon technocratique, l’exécutif appelle ça un « accompagnement rénové ». Concrètement, les 1,8 million d’allocataires du revenu de solidarité active (RSA) sont désormais, depuis le 1er janvier 2025, inscrits d’office à France Travail et tenus, pour une large partie d’entre eux, de s’acquitter d’au moins 15 heures d’activité hebdomadaire, via « un contrat d’engagement ».

La réforme, inscrite dans la loi plein emploi de décembre 2023, expérimentée depuis près de deux ans dans 18 territoires et étendue à 47 nouveaux bassins d’emploi en mars 2024, imposerait en outre, d’ici le mois de juin, selon des modalités qui restent à fixer par décret, la création d’une nouvelle sanction, dite « suspension-remobilisation ». En d’autres termes, les allocataires pourraient se voir couper les vivres, s’ils ne se plient pas à l’obligation de ces quinze heures d’activité. Continuer la lecture de Activité obligatoire, sanctions, absence de moyens… la réforme du RSA entre en vigueur et inquiète les syndicats et associations

Arnault, Bettencourt, Pinault, Musk : qui a gagné des milliards cette année ?

Tandis que la fortune d’Elon Musk, poussée par sa proximité avec le prochain président des États-Unis et la flambée de l’IA, bat des records, celles des richissimes Français du luxe battent de l’aile.

 

Il a dégringolé à la cinquième place du classement des hommes les plus riches du monde, le Bernard Arnault national, alors qu’il avait débuté l’année premier. Elon Musk, lui, a accumulé une fortune encore jamais atteinte dans l’histoire : 436 milliards de dollars, selon la dernière mise à jour de Forbes, l’équivalent du PIB du Danemark. Son patrimoine a doublé cette année. Continuer la lecture de Arnault, Bettencourt, Pinault, Musk : qui a gagné des milliards cette année ?

Plus de 5 millions de chômeurs : le plein-emploi ne sera pas pour 2025

En novembre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail en catégories A, B, C en France (hors Mayotte) a augmenté de 0,43 % et s’établit à 5,487 millions selon les travaux de direction des statistiques du ministère du Travail (Dares). Alors que s’apprête à débuter la nouvelle année, rien ne garantit que la situation va s’arranger pour les allocataires.

 

Cela faisait fort longtemps que l’on n’avait pas entendu parler du plein-emploi. Il fut un temps où cet idéal était la marotte d’Emmanuel Macron et de l’exécutif. Un taux de chômage à 5 %, d’ici 2027 disaient-ils. Reste que pour le moment, le pari semble raté. En novembre 2024, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail en catégories A, B, C en France (hors Mayotte) a augmenté de 0,43 % et s’établit à 5,487 millions selon les travaux de direction des statistiques du ministère du Travail (Dares), publiés jeudi 26 décembre. Continuer la lecture de Plus de 5 millions de chômeurs : le plein-emploi ne sera pas pour 2025

Denis Colombi : « Les nouvelles formes d’exploitation au travail sont invisibilisées » in Alter. Eco.

Denis Colombi Professeur de sciences économiques et sociales et sociologue

 

Les ouvriers d’aujourd’hui ne sont pas ceux dont Charlie Chaplin décrivait le quotidien répétitif dans Les temps modernes. Ce sont des livreurs, des chauffeurs Uber, mais aussi, pour les métiers féminins, des aides-soignantes et des aides à domicile dont le travail est trop souvent invisibilisé, analyse Denis Colombi, sociologue et enseignant en sciences économiques et sociales au lycée.

Après Pourquoi sommes-nous capitalistes (malgré nous) ? (Payot, 2022), il vient de publier, sur les nouvelles formes d’exploitation, Qui travaille vraiment. Essai sur l’invisibilisation du travail (Payot). Il y pointe le brouillage des frontières entre vie professionnelle et vie personnelle.

Vous signalez dans l’introduction de votre dernier livre que 36 % des salariés travaillent aujourd’hui en horaires atypiques. En quoi est-ce le signe d’une progression des formes d’exploitation ? Continuer la lecture de Denis Colombi : « Les nouvelles formes d’exploitation au travail sont invisibilisées » in Alter. Eco.

Elon Musk, Jeff Bezos, Nasa… L’espace, nouvelle frontière du capitalisme

La conquête de l’espace est entrée dans une nouvelle ère où les États et leurs agences spatiales nationales dépendent de plus en plus de sociétés privées sous-traitantes. L’une d’elles, Space X, est même en passe de dicter ses choix à la Nasa.

Stéphane Guérard

 

« Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité », avait pontifié Neil Armstrong alors qu’il posait le pied sur la Lune le 21 juillet 1969. Cinquante-cinq ans plus tard, le temps des pionniers semble bien loin tant la conquête spatiale est désormais l’affaire de businessmen. « Un petit pas pour la Nasa, un grand pas pour mon compte en banque », pourrait s’enorgueillir Elon Musk à chaque décollage de son lanceur Falcon 9 comme à chaque utilisation de son cargo automatique Dragon vers la Station spatiale internationale. Continuer la lecture de Elon Musk, Jeff Bezos, Nasa… L’espace, nouvelle frontière du capitalisme

« Salaire décent », semaine de quatre jours, dix semaines de vacances par an : ce boulanger pétrit le bonheur au travail pour ses employés

NDLR de MAC: Il est des histoires qui vont à rebours d’un monde financiarisé et ultralibéral qui mérite d’être souligné… Même si cela est parfois moins idyllique que la réalité, il est important d’informer les lecteurs que cela existe. Nous sommes loin du modèle capitaliste que l’on nous présente comme une panacée! Pour ma part je suis un client régulier et j’entretiens avec la vendeuse sur le marché un lien convivial et bienveillant…

Jean-Pierre Delboulbe, boulanger.© VALENTINE CHAPUIS / AFP

À Castelsagrat, dans le Tarn-et-Garonne, la boulangerie Louboulbil, dirigée par Jean-Pierre Delboulbe, révolutionne les conditions de travail en offrant un salaire décent, une semaine de quatre jours et jusqu’à dix semaines de vacances par an. Ce modèle innovant place le bien-être des employés au centre de l’entreprise, transformant ainsi l’expérience professionnelle en un environnement épanouissant.

A la boulangerie Louboulbil de Castelsagrat (Tarn-et-Garonne) ont fait gonfler son « Bonheur intérieur brut« , au levain mais aussi en instaurant des conditions de travail généreuses. Continuer la lecture de « Salaire décent », semaine de quatre jours, dix semaines de vacances par an : ce boulanger pétrit le bonheur au travail pour ses employés

Revenus agricoles : pour les producteurs, le risque accru de la pauvreté + nos propositions

Selon l’Insee, l’année 2024 est une année noire pour les paysans français, dont les produits subissent une baisse à la fois des volumes et des prix. En moyenne plus pauvres que le reste de la population malgré de grandes disparités selon les exploitations, les producteurs devraient ainsi voir leurs faibles revenus se réduire encore.

Voilà un dossier pour le moins brûlant dont devra rapidement s’occuper le nouveau gouvernement. Alors que les agriculteurs manifestent leur colère depuis plus d’un mois, dans un contexte d’opposition à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur et à l’approche des élections aux chambres d’agriculture mi-janvier prochain, l’Insee confirme que les producteurs de l’Hexagone ont connu en 2024 une année noire.

Selon un bulletin de l’institut de statistique publié le 12 décembre, ceux-ci ont à la fois subi une baisse des volumes et ont dû encaisser une diminution des prix agricoles.

« Les conditions météorologiques défavorables ont particulièrement affecté la production de vin et celle de grandes cultures », détaille l’institut. La pluviométrie inédite dès la période des semis jusqu’à la moisson – engendrant mildiou et gênant la récolte – ou au contraire une sécheresse sans pareille dans le sud-est du pays, font de la collecte de 2024, la plus mauvaise depuis une quarantaine d’années. La récolte de raisins a ainsi reculé de 23 % par rapport à l’année passée, celle de blé de 25 %.

16 % des ménages agricoles sous le seuil de pauvreté

Face à la baisse inédite des volumes des productions, les agriculteurs n’ont pas pu compter sur les prix de vente pour compenser leurs pertes financières. Au contraire, ces derniers ont plongé pour nombre de cultures et productions en 2024. La faute à de bonnes récoltes dans le reste du monde, augmentant la quantité en circulation et baissant mécaniquement les prix.

La levée de blocages liés à la guerre en Ukraine a aussi participé à cette déflation. Selon les données de l’Insee, le prix du fourrage a ainsi fondu de 34,8 % : la baisse la plus importante tous produits agricoles confondus. Le prix des céréales a quant à lui reflué de 4,9 %, celui du vin de 1,5 % et celui du lait de 1 %.

Pour nombre de petits producteurs, la baisse des volumes et des prix en 2024 risque fortement de peser sur leur trésorerie. La situation menace d’être d’autant plus tendue que, selon une seconde note de l’Insee sur les revenus agricoles, également publiée le 12 décembre 2024, « le taux de pauvreté des personnes vivant dans un ménage agricole atteint 16,2 %, contre 14,4 % pour l’ensemble de la population ».

De larges différences de revenus selon le type d’exploitation

Bien que le revenu médian des ménages agricoles soit similaire à celui du reste de la population française, les disparités sont extrêmement fortes selon la taille et le type d’exploitation. Ainsi, en 2020, 10 % des ménages agricoles les plus pauvres vivaient avec environ 15 000 euros par an.

Les maraîchers et horticulteurs font figure de grands perdants, avec un taux de pauvreté atteignant 25 % de leurs effectifs. Au contraire, notamment, des grandes exploitations viticoles ou des grandes cultures.

« Les paysans qui vendent leurs produits en vente directe subissent moins l’impact de la fluctuation des prix que les producteurs soumis à de grandes coopératives telles que Lactalis. Ces dernières sont gérées par des administratifs qui vendent au plus offrant et font peu de cas des revenus des agriculteurs », note Frédéric Mazer, coprésident du Modef, syndicat agricole de défense des exploitations familiales, constatant également l’existence d’un large fossé de revenus selon les types d’exploitation.

François Bayrou déjà sollicité

Face à ce sombre tableau, les syndicats agricoles espèrent que le nouveau premier ministre sera à l’écoute des solutions prônées pour contrer cette crise agricole durable. À commencer par la garantie que les paysans soient en mesure de se rémunérer à un prix digne.

« Nous réclamons l’instauration d’un prix plancher, ainsi que d’un coefficient multiplicateur qui rendra impossible la spéculation sur les produits agricoles. Quand un agriculteur n’arrive pas à se nourrir à la fin du mois, il ne peut pas réfléchir à ses pratiques, à l’écologie, au partage de l’espace, à toutes ces questions qui méritent d’être posées », détaille Frédéric Mazer.

Cette revendication est proche de celle de la Confédération paysanne, syndicat prônant une agriculture durable, qui appelle à l’interdiction d’achat de produits agricoles en dessous du prix de revient. Reçue par Michel Barnier, premier ministre d’Emmanuel Macron, début décembre alors qu’elle multipliait les appels à se mobiliser, l’organisation s’était vu imposer un ordre du jour autour de la simplification administrative, thématique poussée plus volontiers par la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA).

Ces deux syndicats se sont d’ailleurs rapidement adressés à François Bayrou dès sa nomination à Matignon, vendredi, sollicitant « un rendez-vous en urgence » et lui demandant « avec une certaine gravité (…) une inscription rapide à l’examen au Parlement de dispositions fiscales attendues avec impatience pour améliorer la compétitivité et la résilience des exploitations ».


Les propositions défendues par les communistes de la section PCF Castel/Moissac/Valence/Beaumont

Un modèle agricole à bout de souffle
L’agriculture française est prise dans l’étau d’un modèle intensif et productiviste. Ce modèle, soutenu par des décennies de politiques favorisant les grandes exploitations, les rachats massifs de terres et les traités de libre-échange internationaux, a conduit à une concentration des richesses et des moyens de production entre les mains de quelques grands exploitants. En Tarn-et-Garonne, le phénomène s’accélère, aggravant les inégalités sociales et fragilisant les territoires ruraux.

Les conséquences de ce modèle sont multiples :
• La disparition progressive des petits exploitants, incapables de rivaliser avec les grandes exploitations.
• Une dégradation alarmante de l’environnement, avec l’épuisement des sols, la destruction des haies, et une dépendance accrue aux pesticides et intrants chimiques.
• Un appauvrissement des relations sociales en milieu rural, où les exploitations familiales disparaissent au profit d’un système dominé par les grands groupes agro-industriels.

Défendre les petits exploitants, c’est défendre notre territoire
La chute des petits exploitants agricoles est une tragédie humaine et sociale. Ces femmes et ces hommes, qui incarnent une agriculture de proximité et de qualité, ne parviennent plus à vivre de leur travail. Leur disparition menace la souveraineté alimentaire de notre pays, la vitalité de nos territoires ruraux et la diversité de nos paysages.
Pour les communistes, défendre les petits exploitants est une priorité absolue. Il s’agit d’un enjeu historique, mais aussi d’un combat pour l’avenir, car ces agriculteurs portent en eux les solutions à la crise agricole actuelle : une agriculture locale, durable et rémunératrice.

Un engagement clair pour une alternative agricole

Le PCF se positionne avec force pour :
• Rompre avec le modèle productiviste et intensif, au profit d’une agriculture respectueuse des hommes, des femmes et de l’environnement.
• Soutenir les circuits courts, les initiatives locales, et les pratiques agroécologiques.
• Garantir une juste rémunération des agriculteurs, en régulant les marchés agricoles et en rétablissant des prix planchers pour les productions agricoles.
• Réorienter les aides publiques vers les petits exploitants et les projets durables, en réformant en profondeur la PAC (Politique Agricole Commune).
• Protéger les terres agricoles contre la spéculation et les acquisitions par des groupes étrangers ou des fonds d’investissement.

Notre combat pour une agriculture au service de l’humain
L’agriculture ne doit pas être un simple outil de profit pour les grandes entreprises et les marchés financiers. Elle doit être un levier pour répondre aux besoins fondamentaux de la population : se nourrir sainement, préserver l’environnement et maintenir des territoires vivants.

La section de Castelsarrasin renforce son engagement auprès des petits exploitants agricoles,  dénonce les politiques libérales destructrices et propose un modèle agricole fondé sur la justice sociale et écologique.

Ce combat est aussi celui de la souveraineté alimentaire, de la dignité des agriculteurs et de l’avenir de nos territoires ruraux. Ensemble, faisons du PCF la force politique qui porte haut et fort l’exigence d’une agriculture au service de l’humain et de la planète