La vérité derrière les chiffres de Parcoursup : près d’un lycéen sur quatre éliminé

Tout en publiant le bilan définitif de la plateforme d’inscription dans l’enseignement supérieur, le gouvernement cherche à en masquer le résultat principal : 22,4 % des néobacheliers n’ont pas trouvé de place. Analyse des chiffres.

138 865 bacheliers, soit près du quart (22,4 %) des inscrits, n’ont pas eu de place dans le supérieur cette année. LILIAN CAZABET /  AFP

138 865 bacheliers, soit près du quart (22,4 %) des inscrits, n’ont pas eu de place dans le supérieur cette année. LILIAN CAZABET / AFP

C’est l’histoire d’un verre qui, au premier abord, semble aux trois quarts plein. Mais en approchant, on constate que pour créer l’illusion, de la peinture a été appliquée sur les parois : en réalité, le verre est aux trois quarts vide. Visiblement, le même illusionniste a œuvré sur les résultats de l’exercice 2022 de la plateforme Parcoursup, rendus publics jeudi 29 septembre.

« Rendus publics » est d’ailleurs un bien grand mot, tant ce qui figure dans le dossier, censé donner à la presse les informations nécessaires, s’avère à la fois caricaturalement parcellaire et grossièrement orienté, dans un seul but : projeter l’image du verre aux trois quarts plein – et d’une plateforme qui fonctionne.

Quand les artifices de la communication sont ainsi mis en œuvre pour dissimuler l’information, par ceux-là mêmes qui sont les seuls à pouvoir la mettre à disposition des citoyens, on mesure l’épaisseur du problème démocratique posé. Continuer la lecture de La vérité derrière les chiffres de Parcoursup : près d’un lycéen sur quatre éliminé

La mort de Michel Pinçon, regarder les riches pour comprendre le monde

Michel Pinçon est mort lundi 26 septembre 2022, à l’âge de 81 ans. Ancien directeur de recherche au CNRS, le sociologue, dont les travaux sur les riches se sont conjugués souvent avec ceux de son épouse Monique Pinçon-Charlot, nous avait accordé en 2010 un entretien que nous republions. Cet entretien prenait pour point de départ les retraites dorées des patrons du CAC40 pour s’élargir aux modes d’emploi de cet argent.

Michel Pinçon
Sociologue

Michel Pinçon Sociologue

Entre sa retraite de et ses revenus de PDG d’EDF, Henri Proglio touchera 2,6 millions d’euros par an. Il n’est pas le seul. Ces dernières années les « salaires » des patrons se sont envolés. Que font-ils de tels revenus ?

Michel Pinçon. Ces sommes sont démentielles mais ce ne sont que des revenus d’activité. Or ces patrons ont aussi des stock-options et du patrimoine de rapport. Bernard Arnault, par exemple, est PDG du groupe LVMH mais il en est aussi propriétaire et à ce titre il perçoit des dividendes. Il a aussi des revenus de placements qui peuvent être mobiliers (actions) et immobiliers. Au total c’est vraiment faramineux. Une partie de ces revenus est investie dans de nouveaux placements financiers ou immobiliers pour améliorer non pas le niveau de vie mais la taille du patrimoine. Une autre va à des pratiques extrêmement dispendieuses, à la limite du patrimoine de rapport et du patrimoine de jouissance. Continuer la lecture de La mort de Michel Pinçon, regarder les riches pour comprendre le monde

Royaume-Uni. La reine est morte… vivent les Républiques

Après le décès de sa mère, le prince de Galles a été proclamé roi. Le règne de Charles III permettra-t-il aux peuples du Commonwealth de se détacher de la royauté, cette tradition surannée ?

© Ben Gurr/Pool/AFP

© Ben Gurr/Pool/AFP

Respect total à la personne, à la dame, dont le nom était Elizabeth Windsor. Maintenant, un peu de distance critique face à l’organisation mondialement médiatique des lamentations et devant le show télé global. La reine est morte, vive le roi… du nom de Charles III. Est-ce de si bon augure pour lui, lorsqu’on interroge qui furent les deux Charles avant lui ? Continuer la lecture de Royaume-Uni. La reine est morte… vivent les Républiques

Isabelle Garo : «La statue de Marx en homme âgé et barbu a occulté une vie dense et animée»

Dans un essai biographique, la philosophe Isabelle Garo se penche sur les premières décennies de la vie de Karl Marx. Ce retour aux sources éclaire l’œuvre des premiers pas et montre combien la réalité vécue du penseur va nourrir et irriguer son travail théorique.

 Kris Dewitte

Kris Dewitte

Nombre de biographies ont abondamment présenté le parcours de l’auteur du « Capital », mais ce que l’on retient du petit livre proposé par la philosophe Isabelle Garo est son cheminement singulier « de la colère au communisme ». Karl Marx, jeune rhénan, épris de poésie et de littérature française, éduqué dans la fidélité aux Lumières et hostile à l’Ancien Régime prussien, amoureux secret de Jenny von Westphalen, vient, après des études de droit, à se passionner pour la philosophie et la politique. Devenu journaliste, le jeune hégélien de gauche découvre la misère du peuple, celle du prolétariat des villes et des campagnes, et donc les injustices liées au capitalisme naissant. De Trèves à Paris en passant par Berlin, ses choix personnels sont inséparables de l’histoire de l’Europe à la veille de la révolution de 1848 et le mèneront à bouleverser la théorie autant que la politique, afin de « devenir communiste ». Continuer la lecture de Isabelle Garo : «La statue de Marx en homme âgé et barbu a occulté une vie dense et animée»

Onfray : mais qui a engendré ce sinistre crétin et d’autres de la même espèce ? (entretiens croisés)

Il n’y aura pas ici de débats avec l’extrême-droite et les falsificateurs de l’histoire sous quelque forme que cette falsification se présente… La France est asphyxiée sous la domination de ces pseudos intellectuels, nouveaux philosophes et sélections universitaires infâmes, mémoire trafiquée par la Mitterrandie. Michel Onfray et ses pareils n’ont pas dupé éditeurs, médias, ça a été une ligne, la gauche au pouvoir devait être atlantiste, dénoncer sous un pseudo sociétal la Révolution, ils ont promu Olympe de Gouges, fait de Lorent Deutsh l’historien officiel de la mairie de Paris. Aujourd’hui ce sont les mêmes qui à coup de faux éhontés organisent la diffusion d’un pseudo-génocide en Chine ou, ce sont les mêmes, qui organisent la condamnation de l’URSS qui serait coupable de la famine ukrainienne et blanchissent les crimes dans le Donbass. Les mêmes qui nous distillent la haine du peuple et l’amour pour les puissants décadents. Le mélange explosif entre le sensationnel médiatique, l’incurie intellectuelle et le négationnisme est ici dénoncé mais ne va pas jusqu’à voir le ressort réel de cette “escroquerie” intellectuelle, l’anticommunisme et sa haine de classe et le fatras autorisé, promu, alors que d’autres sont censurés pour cette seule cause avec la substitution d’une pseudo dimension populaire, en fait tout simplement fasciste, les culpabilités sont nombreuses à commencer par ceux qui ont suivi Furet et sa haine de la Révolution avec l’opération de Mitterrand autour du bicentenaire et les dirigeants liquidateurs du PCF, l’Humanité ont et continuent à jouer à ce petit jeu de la révision de l’histoire… Alors ces spécialistes peuvent jouer les prudes du savoir, ils sont eux-mêmes coupés d’un peuple dont ils ont contribué et contribuent à l’ignorance, la critique savante est nécessaire mais elle n’est pas suffisante, la gangrène a pénétré profond dans l’âme de notre peuple. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Entretiens Politique Michel Onfray s’est longtemps fait passer pour un représentant des classes populaires. Alors que sa nouvelle revue Front populaire le place sans aucun doute possible à l’extrême droite du spectre politique, deux historiens, qui s’étaient déjà exprimés à son sujet en 2010, dialoguent dans les colonnes du Grand Continent pour défaire les mythes avec lesquels s’est construite cette personnalité médiatique. On y découvre un faussaire et un manipulateur de textes, dont la voix ne porte peut-être déjà plus autant qu’avant.

Photo portrait le faussaire Onfray : fin de partie histoire doctrines philosophie France populisme style populiste mouvements sociaux Gilets jaunes société Europe eurosceptiques Élisabeth Roudinesco Guillaume Mazeau

AUTEUR Gilles Gressan

Il y a 10 ans, deux historiens français, Elisabeth Roudinesco et Guillaume Mazeau, consacraient deux études critiques aussi dures que documentées au travail de Michel Onfray à partir notamment de ses publications sur la révolution française et sur Sigmund Freud1En contraste avec l’image véhiculée par les médias d’un philosophe de gauche, travailleur acharné d’une histoire critique de la philosophie permettant une nouvelle émancipation populaire par la défense de la liberté, ils démontraient un usage superficiel et abondant d’auteurs, d’interprétations et d’imaginaires provenant directement de l’extrême droite, avec des penchants réactionnaires et parfois même antisémites. Dans cette séquence marquée par la parution de la revue Front Populaire et la recomposition politique qu’elle semble préparer, le Grand Continent a souhaité les inviter dans une longue conversation à proposer un aggiornamento de leurs lectures du cas Onfray.

Il y a 10 ans vous commenciez une querelle intellectuelle avec Onfray. Qu’aviez-vous vu chez lui qui vous appelait à intervenir publiquement ? Continuer la lecture de Onfray : mais qui a engendré ce sinistre crétin et d’autres de la même espèce ? (entretiens croisés)

31 juillet 1914, cet ultime appel à la paix que Jaurès voulait écrire dans « l’Humanité »

Dans un Paris déjà électrisé par le péril et l’angoisse de la guerre imminente, ce coup de feu fait l’effet d’un coup de tonnerre : « Ils ont tué Jaurès, ils ont tué Jaurès ! » Celui que beaucoup voyait comme le dernier rempart contre la guerre est assassiné au Café du Croissant devant ses amis et ses collègues de l’Humanité. Récit d’une journée où s’est noué le destin.

Portrait, vers 1910, de Jean Jaurès. Photo l’HumanitéPortrait, vers 1910, de Jean Jaurès. Photo l’Humanité

Par Michel Vovelle, historien.
Extrait de l’article publié le 24 avril 2004 dans l’Humanité hebdo.

31 juillet, fin d’une harassante journée. Jaurès a appris à la Chambre la mobilisation autrichienne, l’annonce de l’état d’urgence par l’Allemagne et tenté une ultime démarche auprès du sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Abel Ferry, pour inciter à de derniers efforts pacifiques. Il se rend alors à l’Humanité, dans l’intention d’y dicter un article qu’il veut « décisif » pour prendre position et appeler à l’action.

Auparavant, il va dîner au Café du Croissant avec ses amis et ses collaborateurs. Bref moment de détente. Puis c’est le drame que l’un de ceux-ci, Émile Poisson, nous relate : « Horreur ! le rideau, mon rideau derrière sa tête vient de se plier, de se soulever légèrement ; un revolver s’est glissé, tenu par une main ; et cette main, seule, apparaît à 20 centimètres derrière le cerveau. Pan ! pas d’éclair, pour ainsi dire, une étincelle rougeâtre. La fumée d’un cigare : je regarde, figé, abruti, un quart de seconde ; puis un deuxième coup, mais Jaurès déjà est tombé sur Renaudel. […] Je regarde la fenêtre, Landrieu vient de tirer, d’arracher le rideau ; j’aperçois une ombre, un chapeau, un verre de bière qui tombe sur une figure, je me dresse comme une bête en fureur. Dans le silence qui n’a pas encore été troublé, j’entends un déchirement, un cri indéfinissable, qui devait être perçu à plusieurs centaines de mètres, puis quatre mots hurlés, glapis, puissamment, férocement répétés deux fois : « Ils ont tué Jaurès, ils ont tué Jaurès ! » C’est ma femme qui, la première, a recouvré la parole. » Continuer la lecture de 31 juillet 1914, cet ultime appel à la paix que Jaurès voulait écrire dans « l’Humanité »

Sorcière, de la créature maléfique à l’icône féministe

De Salem à Édimbourg, le mouvement de réhabilitation de milliers de femmes persécutées et exécutées pour « sorcellerie », entre les XVe et XVIIIe siècles, marque des points. Quelle est la modernité de ce combat ? Analyse

 

Elle était la dernière des sorcières de Salem… non graciée. Son nom s’était perdu dans les limbes de l’Histoire. Ce sont des collégiens qui l’en ont sorti. Célibataire sans enfant, Elizabeth Johnson avait 22 ans lorsqu’elle fut dénoncée comme sorcière et condamnée à la pendaison. Sans être acquittée, elle a échappé à la potence après que le gouverneur royal de l’État du Massachusetts, un certain William Phips, a mis fin à l’hystérie presque générale qui saisissait, à la fin du XVIIe siècle, cette partie de la Nouvelle-­Angleterre.

Une « pécheresse » examinée lors de son procès, « créature » forcément insensible à la douleur puisque protégée par le diable. La puissante vague misogyne a culminé en Europe au XVIIe siècle.

En mai dernier, Elizabeth Johnson a finalement été réhabilitée par le Sénat de ce même État, trois cent vingt-neuf ans après sa condamnation. Au cours d’une recherche sur les fameuses « sorcières de Salem », des collégiens de North ­Andover ont découvert son nom, un an plus tôt. Ils n’ont dès lors cessé de plaider sa cause auprès des élus de l’État, qui ont pris l’affaire en mains, comme un point final au mouvement de vérité et de réhabilitation concernant cette tache – une de plus – dans l’histoire des États-Unis. En quelques mois, 20 personnes de Salem et des villages environnants avaient été tuées (19 par pendaison et une par lapidation) et des centaines accusées durant une grande crise puritaine. Continuer la lecture de Sorcière, de la créature maléfique à l’icône féministe

Scandale. Macron, le meilleur agent d’Uber

Depuis dix ans, le chef de l’État a patiemment déroulé le tapis rouge à la multinationale et son modèle antisocial, comme le révèle le Consortium international des journalistes.

Le 26 janvier 2016, à Paris, les chauffeurs de taxi manifestent contre la concurrence des plateformes. © T. Samson/AFP

Le 26 janvier 2016, à Paris, les chauffeurs de taxi manifestent contre la concurrence des plateformes. © T. Samson/AFP

En mars, à l’annonce du verdict les condamnant lourdement pour travail dissimulé, les représentants de Deliveroo sont restés bouche bée. Interloqués, les dirigeants de la plateforme de livraison ont alors lancé à la présidente du tribunal correctionnel de Paris qu’ils avaient pourtant l’oreille attentive du président et de sa ministre du Travail d’alors, Élisabeth Borne. Et à raison. C’est qu’avant d’embrasser la cause des plateformes du haut de l’Élysée, Emmanuel Macron défendait déjà Uber sous le quinquennat Hollande, avec la casquette de ministre de l’Économie. Les 124 000 documents remis au Consortium international des journalistes d’investigation sous le nom d’ « Uber Files », révélés dimanche soir, en apportent de nouveaux éléments.

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La mort d’Yves Coppens, passeur de préhistoire

Le célèbre paléoanthropologue est mort ce jour, à l’âge de 87 ans. Nous republions un entretien réalisé pour la sortie de ses Mémoires, en 2018.

Célèbre pour avoir découvert plusieurs fossiles d’hominidés dont l’australopithèque Lucy, le paléoanthropologue Yves Coppens a publié, à 83 ans, ses mémoires, dans lesquels il retrace son parcours et raconte la naissance de sa passion pour l’archéologie. L’occasion pour ce passionné de nous recevoir chez lui et de nous offrir, avec la générosité qui le caractérise, un précieux entretien sur les origines et l’évolution de l’homme.

23 mars 2018, Paris, Yves Coppens, mémoires "Origines de l'Homme, origines d'un Homme"

23 mars 2018, Paris, Yves Coppens, mémoires « Origines de l’Homme, origines d’un Homme »

Vos mémoires (1) paraissent l’année où nous fêtons les 150 ans de la découverte de l’homme de Cro-Magnon en France… Comment cet anniversaire résonne-t-il pour vous ?

Yves Coppens Il est intéressant de mettre en perspective l’histoire de la découverte de Cro-Magnon avec celle de Neandertal : avant la mise au jour du premier fossile de Cro-Magnon en 1868 dans un petit abri sous roche en Dordogne, des restes de Neandertal avaient été retrouvés en 1829 en Belgique, en 1848 à Gibraltar et en 1856 en Allemagne. Or, pétri de toute la tradition chrétienne en Europe, le grand public et les scientifiques étaient décontenancés par cet ancêtre qu’ils ne trouvaient pas « beau », au sens esthétique du XIXe siècle. Alors quand le préhistorien français Louis Lartet a découvert Cro-Magnon qui offrait, lui, l’« élégance » des caractères anatomiques que tout un chacun espérait d’un ancêtre (grand front, beau menton, plus de 1 600 cm3 de capacité endocrânienne), cela a été un soulagement et un bonheur ! Continuer la lecture de La mort d’Yves Coppens, passeur de préhistoire

POURQUOI le silence sur ORADOUR SUR GLANES, le poète n’a plus raison en FRANCE, pourquoi ?

Alors qu’aujourd’hui nous aurions dû voir de multiples reportages sur le massacre d’Oradour, rien… Rien sur ce quI s’est passé ce jour-là, rien sur la division Das Reich qui s’est livrée au massacre d’enfants et de leurs parents, faut-il s’en étonner vu qu’au même moment les héros que la FRANCE se donne sont les régiments néo nazis qui revendiquent leurs liens avec cette sinistre division qui depuis huit ans massacre les populations civiles dans le Donbas sans que cela n’émeuve plus que cela “nos âmes nobles” et les blondes hyènes ukrainiennes qui sévissent sur nos chaînes médias en continu et dont certaines en d’autres temps exhibaient fièrement les drapeaux d’Hitler.

Rien sur les néonazis à l’œuvre en Ukraine qui ont repris à leur compte l’idéologie et l’insigne de cette sinistre division SS.

« Martyrs d’Oradour, nous ne vous oublierons jamais » dit Aragon et nous avec lui. Triste mois de Juin 2022….

Malheureusement le poète n’a plus toujours raison et la FRANCE ne chantera pas avec ARAGON cette chanson:

 

CHANSON DE LA CARAVANE D’ORADOUR

 

Nous n’irons plus à Compostelle

Des coquilles à nos bâtons

A saints nouveaux nouveaux autels

Et comme nos chansons nouvelles

Les enseignes que nous portons

 

Que nos caravanes s’avancent

Vers ces lieux marqués par le sang

Une plaie au cœur de la France

Y rappelle à l’indifférence

Le massacre des Innocents

 

Vous qui survivez à vos fils

En vain vous priez jour et nuit

Que le châtiment s’accomplisse

Et la terre en vain crie justice

Le ciel lui refuse la pluie

 

Ô mamans restées sans amour

Sur les tombes de vos héros

La même lumière du jour

Baigne les ruines d’Oradour

Et les yeux vivants des bourreaux

 

Aux berceaux d’Oradour demain

Pour qu’on ne revoie plus la guerre

Semer la mort comme naguère

Dans le monde entier se liguèrent

Près d’un milliard de cœurs humains

 

Que la paix ouvre enfin ses vannes

Et le peuple dicte ses lois

Nous les faiseurs de caravanes

T’apportons Oradour-sur-Glane

La colombe en guise de croix

 

ARAGON, Juin 1949