Du réchauffement climatique à la spéculation sur l’alimentation

Nous avons évoqué hier les risques de voir chuter fortement la production agricole en France du fait de la sécheresse et des journées de canicule qui détruisent des cultures. Mais c’est aussi le cas un peu partout dans le monde et on annonce déjà une baisse des rendements céréaliers. De quoi faire repartir la spéculation au détriment de la souveraineté des peuples, y compris en France et dans les autres pays membres de l’Union européenne.

Les journées chaudes de la fin du printemps et du début de l’été ont fait prendre trois semaines d’avance aux moissons de cet été en France par rapport aux dates moyennes des années précédentes. Dans les pays membres de l’Union européenne, la récolte céréalière de 2022 est annoncée en baisse 4,4 % sur 2021 pour totaliser 227 millions de tonnes, selon des prévisions faites au début du mois de juillet par le COPA-COGECA. En France, on annonce des rendements hétérogènes selon les régions et la nature des sols, qu’il s’agisse du blé, de l’orge d’hiver ou du colza. Le rendement moyen est actuellement estimé à 69,5 quintaux l’hectare pour le blé tendre, soit une baisse de 2 % comparé à 2021 et de 3 % sur la moyenne des dix dernières années. Continuer la lecture de Du réchauffement climatique à la spéculation sur l’alimentation

Adaptons nos villes aux canicules in REPORTERRE

par Stéphane Troussel (tribune)

 

Face aux canicules plus intenses, il est urgent de lutter contre les passoires thermiques et de verdir les villes, soutient l’auteur de cette tribune. Avec des logements mal isolés, les familles plus populaires sont plus exposées.

Stéphane Troussel (Parti socialiste, PS) est président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis .


Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur se font de plus en plus précoces, intenses et longues. Nous en faisons une nouvelle fois l’expérience. Et non seulement elles affaiblissent notre agriculture et notre environnement naturel, mais elles éprouvent beaucoup les zones urbaines.

Certaines administrations publiques et entreprises prennent d’ailleurs des mesures d’urgence pour en atténuer les effets sanitaires. Lors de l’épisode de juin dernier, par exemple, dans les départements en alerte rouge, l’État avait proposé aux collégiens et écoliers de rester chez eux. Mais, outre qu’elle entame la nécessaire continuité du service public de l’éducation, cette mesure n’est pas suffisante au regard de l’augmentation des températures prévue par les experts. Continuer la lecture de Adaptons nos villes aux canicules in REPORTERRE

Le plaidoyer anti-impérialiste d’Ernesto Che Guevara

Le 11 décembre 1964, en pleine guerre froide, le commandant de la révolution cubaine dénonce à la tribune des Nations unies l’interventionnisme des puissances occidentales, frein à toute « coexistence pacifique des peuples ».

Dans son adresse à l’ONU, le « Che » se fait le porte-voix des pays non alignés. © Globe Photos/Zumapress/Bridgeman Images

Dans son adresse à l’ONU, le « Che » se fait le porte-voix des pays non alignés. © Globe Photos/Zumapress/Bridgeman Images

Vêtu de son treillis vert olive, Ernesto Guevara est à la tribune de l’Assemblée des Nations unies. Ce 11 décembre 1964, le palais de verre de New York tremble. Rarement un dirigeant s’est livré dans cette enceinte à un tel réquisitoire contre l’impérialisme des puissances occidentales, particulièrement des États-Unis qui ensanglante l’Amérique latine, le Congo de feu Patrice Lumumba, le Vietnam, etc.

Le commandant de la révolution cubaine en sait quelque chose. Depuis l’avènement de la révolution en 1959, Cuba, autrefois bordel de la mafia et des États-Unis, est la cible d’attaques de la Maison-Blanche, comme l’illustre l’invasion de la baie des Cochons, en 1961, par des mercenaires entraînés par la CIA. Depuis, le pays est soumis à un terrible blocus toujours en vigueur. En 1962 encore, la Grande Île a été le point névralgique de la guerre froide avec la crise des missiles. Continuer la lecture de Le plaidoyer anti-impérialiste d’Ernesto Che Guevara

Carnets rouges n° 25 – L’école et son « dehors » : quels savoirs pour quelle égalité ?

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L’ouverture de l’école semble relever du bon sens, et pourtant recouvre des finalités divergentes, que ce numéro de Carnets rouges interroge afin d’en identifier les enjeux.

Qu’en est-il de cette ouverture alors que ne sont pas consultés les premiers intéressés, parents, enseignants, jusqu’aux mouvements d’éducation populaire contraints à transformer leurs missions premières sous peine de voir leurs subventions drastiquement réduites ? Alors que sont valorisés des objectifs comportementaux, au nom de l’individualisation, en lieu et place d’une véritable ambition éducative.

Loin de revendiquer une quelconque nostalgie pour la sanctuarisation de l’école, les auteurs interrogent les modalités actuelles des relations entre le « dedans » et le dehors » et posent des questions trop souvent tues : l’ouverture, mais à quoi, à qui et dans quel projet politique ? Comment comprendre par exemple la mise en place des vacances apprenantes alors que les inégalités au sein du système éducatif ne cessent de se creuser ? Continuer la lecture de Carnets rouges n° 25 – L’école et son « dehors » : quels savoirs pour quelle égalité ?

L’État préempte EDF pour relancer Hercule

 Élisabeth Borne a annoncé la nationalisation d’EDF. Syndicalistes et économistes dénoncent un coup de com et voient dans cette stratégie l’acte I d’un vaste projet de démantèlement.

Rassemblement contre le projet Hercule, à Paris, le 10 février 2021. Thomas SAMSON/AFP

Rassemblement contre le projet Hercule, à Paris, le 10 février 2021. Thomas SAMSON/AFP

Bruno Le Maire l’avait laissé entendre, Élisabeth Borne vient de le confirmer : « L’État a l’intention de détenir 100 % du capital d’EDF. » Et pour justifier une décision qu’elle estime « radicale », la première ministre a usé de toutes les grandiloquences, évoquant la « pleine maîtrise » retrouvée de la production d’électricité, le gain de « souveraineté face aux conséquences de la guerre et aux défis colossaux à venir », et la réponse à « l’urgence climatique ». Mais, à dessein, le mot nationalisation, lui, n’a pas été prononcé. Car, derrière une annonce qui pourrait sonner positivement à l’oreille de ceux qui défendent une maîtrise publique de l’énergie, le flou sur les réalités techniques d’une telle opération cache un tout autre projet.

Une manipulation « grossière » Continuer la lecture de L’État préempte EDF pour relancer Hercule

Rhaine: La submersion de la digue républicaine

Par Pierre Ouzoulias, sénateur PCF des Hauts-de-Seine.

Le 10 juillet 1940, députés et sénateurs ont voté par 569 voix, 17 abstentions et 80 votes contre, les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Nous savons depuis ce jour, l’un des plus funestes de l’histoire politique de notre pays, qu’une démocratie est mortelle et que la République peut se suicider.

Petit-fils d’Albert Ouzoulias, le colonel André, commissaire national des Francs-tireurs et partisans et arrière-petit-fils de Maurice Romagon, fusillé par les Allemands le 7 mars 1942, je me souviens du regard de celles et ceux revenus des camps d’extermination nazis qui rendaient visite à mes grands-parents. Dans leurs yeux se voyaient graver les images terribles de la plus grande entreprise criminelle commise par des hommes contre notre commune humanité, mais aussi le solide espoir que les générations futures continueraient leur combat pour que jamais plus les idées qui aboutirent à la Shoah ne pussent prospérer. Et longtemps nous fûmes unis par une vigilance collective contre les soubresauts prodromiques du « ventre encore fécond, d’où a surgi la bête immonde ». Continuer la lecture de Rhaine: La submersion de la digue républicaine

Le PCF tire un premier bilan

Tirant les premiers enseignements de la campagne de Fabien Roussel et de la Nupes, le Conseil national du PCF a fixé, le 2 et le 3 juillet, le prochain Congrès de la formation aux 7, 8 et 9 avril 2023.

Face aux crises multiples, le PCF veut déjouer l’alternative de l’extrême droite à Emmanuel Macron. Le combat de front face au RN et à la majorité présidentielle sera au menu du 39 e Congrès de la formation, qui se déroulera les 7, 8 et 9 avril 2023. « Il permettra de mettre à jour notre stratégie, nos statuts, nos objectifs dans la nouvelle situation politique et les moyens pour les atteindre », précise Fabien Roussel dans son rapport introductif, lors du Conseil national du PCF, qui s’est tenu les 2 et 3 juillet.

En mai 2021, la conférence nationale avait décidé d’une candidature à l’élection présidentielle couplée à la construction d’un pacte d’engagement commun aux législatives. « Pour l’essentiel, ces objectifs sont remplis », assure le secrétaire national. À l’issue de cette double séquence électorale, la candidature communiste à la présidentielle a, selon Fabien Roussel, « permis de renouer des liens avec de nombreux électeurs de gauche et avec des secteurs du monde du travail et du mouvement social ». Le groupe GDR et ses 22 députés « mariant communisme, syndicalisme et décolonialisme », s’est lui renforcé. Le député du Nord annonce 3 068 nouvelles adhésions au PCF, « une force importante qu’il va falloir entretenir », prévient-il. Continuer la lecture de Le PCF tire un premier bilan

Ovidie et Diglee : « Désirable mais pas trop active », ces doubles injonctions faites aux filles

Dans « Tu n’es pas obligée », guide pédago et féministe, l’auteure et réalisatrice Ovidie retrouve l’illustratrice Diglee pour livrer quelques bons conseils aux adolescentes à l’aube de leur vie sexuelle.

Après « Libres », « Baiser après #MeToo », Ovidie et Diglee s’attaquent aux injonctions faites au corps et à la sexualité dans « Tu n’es pas obligée », en s’adressant plus particulièrement aux adolescentes. Face au retour de bâton antiféministe, les autrices misent tout sur la génération qui vient. Dialogue.

« Tu n'es pas obligé », 
d'Ovidie et Diglee, 
éditions la Ville brûle, 
76 pages, 12 euros

« Tu n’es pas obligé »,
d’Ovidie et Diglee,
éditions la Ville brûle,
76 pages, 12 euros

Votre nouveau livre décortique les injonctions liées au corps, aux normes, aux relations sexuelles. Comment définiriez-vous une injonction ?

Ovidie C’est lorsqu’on se sent obligé de faire quelque chose dont on n’a pas réellement envie, alors que personne ne nous y contraint réellement. C’est plus pernicieux qu’une obligation, dans la mesure où l’injonction nous laisse croire que la décision vient de nous. Il y a cette illusion que ce serait notre choix. C’est plus agressif qu’une simple suggestion parce que, si on ne s’y plie pas, on risque d’en payer le prix en retour. Exemple typique : « si je me maquille, c’est pour moi ». Non, ce n’est pas vrai. Nous le faisons pour le regard social, pour les autres. Personne ne nous y oblige, mais, si nous n’y répondons pas, nous nous retrouvons en marge de la norme, donc exclues.

Comment se traduit l’injonction à la sexualité dans la société ? Continuer la lecture de Ovidie et Diglee : « Désirable mais pas trop active », ces doubles injonctions faites aux filles

Les liaisons dangereuses de LaREM avec le RN

Le président de la République devait s’exprimer mercredi soir. Il avait jusqu’ici laissé ses troupes multiplier les appels du pied au RN, quitte à le normaliser toujours plus.

AFP

Voilà un cas sur lequel la médecine devrait se pencher avec la plus grande attention. Celui, assez terrifiant, de la subite amnésie collective qui frappe la Macronie. Il y a dix semaines, pendant l’entre-deux-tours de la présidentielle, ses électeurs et ceux de la gauche avaient des « valeurs communes », dixit l’ancien président LaREM de l’Assemblée nationale Richard Ferrand. Si bien que les ténors de la majorité présidentielle comptaient sur les sympathisants FI, EELV, PCF et PS pour faire barrage à l’extrême droite de Marine Le Pen. Ce que beaucoup ont fait en glissant, à contrecœur, un bulletin Macron dans l’urne. Continuer la lecture de Les liaisons dangereuses de LaREM avec le RN

Consentement : à quand une France à l’heure espagnole ?

Violences sexuelles Résolument avant-gardiste, le projet de loi espagnol « Solo si es si » (seul un oui est un oui) place la parole de la femme au cœur du système juridique. Malgré des déclarations de façade, la France rechigne à lui emboîter le pas.

REUTERS

« Seul un oui est un oui. » Un cri plus qu’une phrase. Un cri devenu slogan en Espagne et bientôt loi. Contre les violences sexuelles et machistes, le texte législatif surnommé « Solo si es si » est révolutionnaire. Il veut imposer un changement de paradigme et édicter une nouvelle définition du consentement. Après deux ans de consultations et d’auditions d’expertes, de batailles contre l’opposition, ce projet de loi organique pour « la garantie intégrale de la liberté sexuelle » a été voté en première lecture à l’Assemblée le 26 mai et se trouve actuellement en débat au Sénat. Continuer la lecture de Consentement : à quand une France à l’heure espagnole ?