La désindustrialisation (presque) silencieuse, compte rendu du rassemblement de la CGT devant la verrerie de Vayres (Video: le discours de Sophie Binet) par Franck Marsal

 

L’usine verrière de Vayres (Gironde) a été construite après les 30 glorieuses, pour répondre aux besoins locaux de la région vinicole la plus importante de France. En 2023, un investissement a permis la rénovation d’un four permettant au site de baisser de 20% sa consommation énergétique.

Près de 75 % de la production est livrée aux clients dans un rayon de 100 km aux alentours de l’usine, ce qui permet d’optimiser l’empreinte carbone en termes de transport et de se trouver au cœur des besoins. Continuer la lecture de La désindustrialisation (presque) silencieuse, compte rendu du rassemblement de la CGT devant la verrerie de Vayres (Video: le discours de Sophie Binet) par Franck Marsal

Débat: Et maintenant, comment changer de politique sociale ?

Avec son plan budgétaire, François Bayrou veut accroître encore une logique austéritaire que subissent les classes populaires. Il existe des alternatives qui favorisent la réponse aux besoins sociaux.

 

Construisons de larges rassemblements avec les usagers, syndicats, associations et élus pour exiger le déploiement des services publics.

Isabelle Mathurin, Co-présidente de la Convergence nationale des collectifs de défense et développement des services publics

Devant l’ampleur des attaques gouvernementales portant durement atteinte aux conquêtes sociales, la Convergence des collectifs de défense et développement des services publics soutient la mobilisation en cours, l’appel intersyndical pour l’abandon du projet de budget du premier ministre, la contestation de la loi Duplomb, l’appel citoyen à tout bloquer le 10 septembre, l’appel intersyndical à la mobilisation du 18 septembre. Elle nécessite la construction de larges rassemblements avec les usagers, syndicats, associations et élus pour faire échec à ce budget ultra-austéritaire. Continuer la lecture de Débat: Et maintenant, comment changer de politique sociale ?

Au-delà de la loi Duplomb : débattre du droit à l’alimentation

Par Nicolas Pauthe, Maître de conférences en droit public, Le Mans Université

C’est une décision qui a fait grand bruit au cœur de l’été. Celle du Conseil constitutionnel de censurer l’article de la loi Duplomb qui prévoyait des dérogations à l’interdiction de certains pesticides comme l’acétamipride. La controverse qu’une telle loi a suscitée montre qu’un débat sur l’inscription du droit à l’alimentation dans la Constitution est nécessaire.


La décision du Conseil constitutionnel rendue le 7 août 2025 sur la loi Duplomb renforce la nécessité d’un débat à avoir sur l’alimentation. C’est un des besoins les plus fondamentaux des êtres humains, pourtant elle ne trouve pas de traduction juridique directe dans la constitution française. Sans droit constitutionnel à l’alimentation, les interventions du Conseil restent en effet limitées pour faire face aux difficultés que rencontre le système de production alimentaire en place. Continuer la lecture de Au-delà de la loi Duplomb : débattre du droit à l’alimentation

Sécurité sociale, arrêts maladies… Ces décrets que le gouvernement veut faire passer avant sa chute annoncée le 8 septembre

Alors que le vote de confiance du 8 septembre approche, le gouvernement Bayrou poursuit, en toute discrétion, sa politique antisociale. Un coup de force dénoncé par les élus de gauche.

 

C’est un vieux truc d’illusionniste : profiter de ce que l’attention du public se concentre sur une main pour, de l’autre, réaliser son tour de passe-passe en douce. Alors que l’échéance du 8 septembre, journée durant laquelle le premier ministre engagera la responsabilité de son gouvernement à l’Assemblée nationale lors d’un vote de confiance, est dans toutes les têtes, l’exécutif poursuit discrètement sa politique antisociale. Comme l’Humanité le révèle, François Bayrou s’apprête à s’attaquer à l’assurance-maladie en imposant, entre autres, par décrets, le doublement des franchises pour les assurés.

Lire Aussi: Consultation du Premier Ministre : face au budget d’austérité, le PCF propose un pacte d’avenir pour la France !

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Changer les aides publiques, leurs critères et leur contrôle pour changer le rôle des entreprises (vidéo)

Ndlr de Mac: Un article pour une meilleure compréhension du système d’aides publiques aux entreprises ou comment l’argent public est détourné. Pour combattre aussi les détracteurs qui remettent en cause les 211 milliards versés. La dette n’est pas de la faute des citoyens-nes… A diffuser et mettre entre toutes les mains!

Alain Morin

À nouveau, à l’occasion de la commission d’enquête[1] du Sénat sur l‘utilisation des aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants, la question du contrôle et de l’efficacité de ces aides fait l’actualité.

Jour après jour, son rapporteur, Fabien Gay, sénateur communiste, a dénoncé les scandales des multinationales qui s’en repaissent tout en versant de généreux dividendes à leurs actionnaires, en rachetant leurs propres actions, voire même en supprimant des milliers d’emplois.

L’Humanité a rapporté quotidiennement des cas d’entreprise, relayé ces événements et en a fait ce qui devient une grande campagne politique… que nous pouvons mieux politiser.

Michelin : “En 2023 a cumulé 113 millions d’euros d’aides publiques… Malgré un versement de 1,4 milliard d’euros de dividendes, et un plan de rachat d’actions, Michelin veut licencier plus de 1 200 salariés en France”. L’Humanité du 20 mars 2025. ST Microélectronics “5 milliards d’argent public, 200 millions de dividendes et 3000 licenciements : que se passe-t-il chez ST Microélectronics ?” L’Humanité du 9 avril 2025. Carrefour : “En 2018, le groupe de la grande distribution touche 350 millions d’euros de diverses aides publiques – principalement des exonérations de cotisations sur la masse salariale – pour un effectif de 109 000 salariés. En 2024, il bénéficie d’un montant quasi similaire 330 millions d’euros. Sauf que dans l’intervalle, les effectifs eux sont tombés à… 85 000 salariés.”. L’Humanité du 11 avril 2025. Continuer la lecture de Changer les aides publiques, leurs critères et leur contrôle pour changer le rôle des entreprises (vidéo)

LE PÉRIL C’EST LA FINANCE, PAS LA DETTE. Paul Boccara

Pour tenter d’expliquer sa décision de demander un vote de confiance, François Bayrou dramatise à souhait la situation de la France, n’hésitant pas à la comparer comme son prédécesseur, à celle de la Grèce.
Le cœur du service après vente entérine cette situation comme incontestable et qui ne mérite pas qu’on en débatte tellement c’est « évident ».
Pourtant, Frédéric Boccara a bien argumenté il y à un an en expliquant que « le péril c’est la finance, pas la dette ! »
SON ANALYSE CI-DESSOUS CENSURÉE BIEN SÛR PAR LES MÉDIAS DE MASSE.
1. On répète en boucle qu’il faut absolument tailler dans nos dépenses publiques pour rembourser « la » dette publique.
Mais c’est la hausse des taux d’intérêt par la BCE qui vient de mettre à mal les finances publiques, pas la dette.
2. On prétend qu’il faut dépenser moins pour aller mieux. Que la priorité doit être donnée au remboursement de la dette. Continuer la lecture de LE PÉRIL C’EST LA FINANCE, PAS LA DETTE. Paul Boccara

Mais où sont donc passés les Duplomb la joie???

NDLR de MAC: au cœur de l’été, la polémique avait enflé quand Fabien Roussel avait depuis le camping de ses vacances « osé » parler du sucre  pour une recette de pain perdu… Une lecture plus pointue de cet épisode aurait été salutaire à bien des détracteurs!

Où sont donc passés les prétendus défenseurs des paysans, ceux qui occupent tout le côté droit de l’hémicycle nous faisant croire qu’il fallait d’urgence « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ».

Les agriculteurs sont en ce moment en train de subir au moins trois événements qui montrent que ce n’est pas le manque de pesticides qui les plombe, mais le trop de capitalisme. 

Parlons d’abord des betteraves. Le premier groupe sucrier, Téréos,  ferme trois sucreries. Une à Abbeville (Somme), une autre à Vic (Aisne) et la troisième à Marconnelle (Pas-de-Calais). Au bout, près de 240 salariés vont perdre leur emploi et des dizaines de paysans vont arrêter la production de betterave à sucre.

Pourquoi ? Non pas pour les raisons que prétendait réparer la fameuse loi Duplomb mais en raison d’un règlement européen de 2005 que j’avais durement combattu au Parlement européen. Celui-ci oblige la France à réduire sa production de sucre d’au moins 6 millions de tonnes. La France n’ayant réduit sa production que de 2,1 millions de tonnes,  une réunion du Conseil des ministres de l’Union européenne en 2007 enjoint  à notre pays d’appliquer la directive afin de permettre à des pays tiers d’exporter leur production sucrière vers l’Union européenne sans aucun droit de douane. À ceci s’ajoute une délibération de l’Organisation mondiale du commerce au profit du Brésil, de la Thaïlande et de l’Australie demandant à l’Union européenne de ne plus soutenir sa production sucrière.

Cette splendeur du capitalisme et ses joies du « marché ouvert où la concurrence est libre » a conduit le même groupe Téréos qui licencie en France à s’implanter au Brésil où il fabrique du sucre de canne qu’il exporte en Europe. Mais où est passé le sieur Duplomb qui n’y trouve rien à redire…

Prenons un second exemple : Le groupe laitier Lactalis qui bénéficie de 18,6 millions d’euros d’aides publiques selon le rapport de la commission d’enquête sénatoriale rédigé par Fabien Gay, mais compresse les prix du lait à la production, éjecte des producteurs de nos régions de sa collecte. Après s’être implanté au Brésil au printemps, ce groupe a acquis au mois de juin, le groupe laitier américain Général Mills. Et, il vient d’acquérir la semaine dernière une entreprise laitière en Nouvelle-Zélande pour une valeur de deux milliards d’euros. Autrement dit, Lactalis, comme Téréos, veulent profiter à plein des traités de libre-échange pour grossir leurs profits tout en étouffant nos producteurs, avec le projet d’importer du lait et des produits laitiers, du sucre, des biocarburants fabriqués à partir des grandes fermes-usines dans les pays du Pacifique.

On cherche en vain, à ce propos, les protestations indignées de Monsieur Duplomb et ses amis qui veulent « lever les contraintes au métier d’agriculteur ».

La pire des « contraintes au métier d’agriculteurs » est bien l’insertion de l’agriculture dans l’économie capitaliste mondialisée.

Prenons un dernier exemple : Le prix du blé acheté à la ferme frôlait les 300 euros la tonne en 2022. Il n’est plus aujourd’hui qu’à 180 euros la tonne. Le coût de production moyen d’une tonne est estimé selon les exploitations aux alentours de 220 euros. Le producteur de blé perd donc de l’argent en travaillant.

Que disent, ici encore, Monsieur Duplomb et sa clique protégeant les parasites lovés au cœur du système. Rien. Silence.

Et par ailleurs, continuer à attiser  le  conflit avec le gouvernement algérien, comme le fait M. Retailleau, va faire de nombreuses victimes parmi nos producteurs de blé car l’Algérie achetait jusque-là, la moitié de notre production. Voilà qui coûte si cher aux paysans, sans que, Boualem Sansal ne voit s’entrouvrir la porte de sa geôle ?

Paysans, les gouvernants mentent. Votre ennemi ce ne sont pas les normes, mais la voracité des prédateurs capitalistes.


Image by Wolfgang Ehrecke from Pixabay.

 

Lettre de Fabien Roussel à François Bayrou sur la loi Duplomb

Monsieur le Premier Ministre,

Les débats autour de la loi Duplomb et sa censure partielle par le Conseil constitutionnel montrent l’urgence d’une politique ambitieuse de la France qui conjugue santé, environnement et souveraineté alimentaire.

Nos concitoyens sont profondément inquiets et nos agriculteurs ne parviennent plus à vivre dignement de leur travail. C’est le résultat de la concurrence déloyale de pays ne respectant pas les mêmes règles que les nôtres et de décennies de démantèlement des filets de sécurité publics (prix garantis, quotas laitiers et sucriers, signature de traités de libre-échange…). Continuer la lecture de Lettre de Fabien Roussel à François Bayrou sur la loi Duplomb

COMMUNISME ET NUMÉRISATION DE LA SOCIÉTÉ : QUAND LES DONNÉES (DATA) DEVIENNENT UN OUTIL SUPRÊME POUR L’EXPLOITATION CAPITALISTE

Par Jean-Paul LEGRAND
Marx nous a appris que l’histoire de l’humanité est avant tout celle des rapports de production : qui possède les outils, qui les utilise, qui en tire profit.
Au XIXᵉ siècle, il observait déjà que la machine industrielle n’était pas neutre : entre les mains du capital, elle devient un instrument d’exploitation, concentrant en elle le temps de travail des ouvriers, divisant celui-ci en multiples tâches pour produire massivement des marchandises, permettant aux capitalistes de réaliser des profits croissants par l’accumulation du temps de travail qu’il ne paye pas.
Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les machines-outils qui façonnent la société, mais les machines numériques : serveurs, algorithmes, bases de données. Ces nouvelles « usines invisibles » produisent un or moderne : la data autrement dit la masse d’informations utiles à toute production, son contrôle, sa logistique, sa commercialisation, sa consommation .
Comme hier la vapeur et l’acier, la donnée devient le levier indispensable de l’accumulation capitaliste du XXIeme siècle . Les profits des GAFAM en donnent la mesure : Alphabet (Google) a engrangé près de 84 milliards de dollars de bénéfices en 2023, Meta (Facebook) plus de 40 milliards, Amazon plus de 30 milliards. Ces chiffres vertigineux révèlent une vérité simple : ce n’est plus seulement le travail d’extraction et d’utilisation du pétrole ou la fabrication de l’acier qui sont les bases de l’enrichissement capitaliste, mais nos clics, nos gestes, nos mots, notre vie même qui contribuent involontairement au renforcement de cette exploitation.
C’est ce que nous allons tenter de démontrer ici.
L’homme et ses outils : une vieille histoire
Le préhistorien André Leroi-Gourhan nous rappelle que l’outil n’est pas seulement un objet extérieur à l’homme. Depuis la première pierre taillée, il est un prolongement du corps, une extension de la main, de l’œil, du cerveau. Sans outil, pas d’humanité ; sans humanité, pas d’outil. C’est une co-évolution.
Mais là où Leroi-Gourhan voyait une dynamique de libération — l’homme augmentant ses capacités grâce à ses instruments — Marx nous met en garde, cette dynamique homme-outil existe socialement dans des rapports de production dans lesquels s’opposent classe dominante et classe dominé : tout dépend donc entre quelles mains se trouvent alors ces outils. Dans le capitalisme, ils sont confisqués, car tous les moyens de production sont appropriés par une minorité qui les utilise pour exploiter la majorité.
Aujourd’hui, ce qui était vrai pour la pierre taillée ou la machine à vapeur l’est aussi pour les algorithmes et les mégabases de données. Ce sont de nouveaux outils anthropologiques. Mais sous le contrôle du capital, ils deviennent des armes de renforcement de la domination de classe.
L’outil numérique : prothèse de l’homme ou piège du capital ?
On pourrait dire que le smartphone est notre nouveau silex : il nous prolonge, il nous connecte, il nous donne accès à une puissance inédite. Mais à la différence du silex qui était propriété de son fabriquant, le smartphone ne nous appartient pas vraiment : l’appareil peut-être mais pas ce qui est nécessaire à son fonctionnement. D’ailleurs chacun sait qu’il doit faire des mises à jour des logiciels qui le font fonctionner et que le propriétaire du smartphone n’est aucunement propriétaire des données qui permettent ces mises à jour. Ce n’est donc pas nous qui décidons de son usage ultime : ce sont les grandes firmes qui captent et monétisent nos gestes les plus intimes.
Ainsi, ce prolongement technique de l’humain devient aussi dans le capitalisme une forme d’aliénation de l’homme exploité qui se voit utiliser des machines qui paraissent lui faciliter la vie c’est la valeur d’usage mais que cette facilité n’a qu’un but et est organisé pour faire du profit c’est la valeur d’échange.
Autrement dit la globalité des machines qui sont produites qui pourrait devenir une source d’épanouissement et de bien être social toujours plus grand est détournée au seul objet d’exploiter le travail humain pour en tirer profit capitaliste.
Nos comportements, nos relations, nos désirs sont analysés, découpés, transformés en profits. Les données, censées être le langage de notre époque, se changent en chaînes invisibles d’exploitation.
Le risque d’un Léviathan numérique
Certains répondront : qu’à cela ne tienne, confions ces données à l’État, mettons-les sous contrôle public. Mais là surgit un autre question. Car l’État tel qu’il existe aujourd’hui, dans les pays capitalistes, est l’instrument de la grande bourgeoisie. Centraliser les données dans ses mains reviendrait à confier notre intimité, nos comportements, notre vie sociale à un Léviathan numérique, capable de contrôler la population avec une efficacité sans précédent. D’ailleurs des bases de données sont déjà sous « protection » étatique mais qui nous garantit qu’elles ne seraient pas utilisées pour des fins autres pour lesquelles nous avons théoriquement donné notre accord ?
Le risque est réel : un capitalisme de collecte de données et de surveillance peut se doubler d’un étatisme de surveillance. Dans les deux cas, l’individu est pris dans un double filet serré de domination et d’aliénation. Cette crainte est fondée : n’avons-nous pas vu, dans l’histoire, des régimes utiliser les fichiers, les statistiques, les technologies de communication pour renforcer leur pouvoir sur les citoyens au lieu de les libérer ?
Transformer l’État pour transformer l’usage des données
Lénine, dans L’État et la Révolution, rappelait que l’État est toujours un instrument de domination de classe. Sous le capitalisme, il sert à maintenir l’ordre bourgeois et à protéger les profits. Mais la classe ouvrière, lorsqu’elle prend le pouvoir, doit aussi s’emparer de l’État et le transformer en un instrument de dictature démocratique contre la bourgeoisie.
Pourquoi dictature ? Parce qu’il faut briser la résistance acharnée des capitalistes qui ne renonceront jamais d’eux-mêmes à leurs privilèges. Pourquoi démocratique ? Parce que cette dictature légale, décidée par le peuple, s’exerce au profit de la majorité, en mettant les leviers du pouvoir entre les mains des travailleurs et du peuple.
Appliqué au monde numérique, cela signifie deux choses :
1. Confisquer aux capitalistes les données et les machines qui permettent de les exploiter, pour les socialiser.
2. Utiliser ces données pour accroître la démocratie réelle : non pas pour surveiller les individus, mais pour élever leur niveau de connaissance, améliorer les services collectifs, et les associer aux décisions.
Imaginez un État où les données de santé, de mobilité, d’éducation servent à améliorer la vie collective, mais aussi à rendre chaque citoyen plus savant, plus acteur, plus capable de participer aux décisions autrement dit de mener un combat politique pour transformer l’Etat afin qu’il soit l’affaire de tous et dirigé par le plus grand nombre jusqu’au fil du temps arriver à son dépérissement.
Dans cet esprit, la donnée devient un instrument de connaissance partagée : elle peut accroître la puissance intellectuelle des citoyens par une politique d’éducation de masse de haut niveau et transformer le rapport entre gouvernés et gouvernants. C’est là l’idée léniniste de la démocratie prolétarienne : un État qui prépare son propre dépérissement en se vidant peu à peu de ses fonctions coercitives, au profit de la gestion consciente par la collectivité.
Le dépérissement de l’État : horizon communiste
Lénine insistait : ce nouvel État des travailleurs n’est pas une fin en soi. Sa fonction est transitoire. Plus il réussira à organiser la vie sociale de manière démocratique, plus il verra sa nécessité diminuer. À mesure que les citoyens deviendront capables de gérer collectivement la société, l’État commencera à dépérir, perdant ses fonctions répressives pour laisser place à une auto-organisation des producteurs et des citoyens.
Dans cette perspective, la donnée devient un levier essentiel. Non pas une chaîne, mais une bibliothèque collective vivante, où chacun puise pour comprendre, décider, agir. Loin d’être un instrument de contrôle, elle devient un vecteur d’autonomie.
C’est ainsi que l’on évite à la fois la privatisation capitaliste et la centralisation autoritaire : en orientant la donnée vers l’émancipation, en transformant l’État bourgeois en État des travailleurs, puis en organisant progressivement sa disparition au profit d’une société communiste, où l’administration des choses remplacera le gouvernement des hommes.
D’aucuns diront que voilà une belle utopie. Mais songeons aux utopies des philosophes des Lumières qui se sont réalisées avec la révolution française. Certaines utopies liées à l’analyse de l’évolution des forces productives s’avèrent devenir des réalités, construites dans la lutte des classes.
Pour un socialisme cybernétique
Reprenant Marx, nous savons donc que le problème n’est pas la technique elle-même, mais le rapport social qui la commande. Reprenant Leroi-Gourhan, nous savons que la technique est inséparable de l’humain. Alors, pour que cette co-évolution devienne libératrice, il faut socialiser la donnée : la confier à une pratique légiférée et démocratique, transparente dans sa gestion, contrôlée et encadrée par les travailleurs et les citoyens de telle sorte qu’elle ne soit pas privatisée et utilisée par le capital mais pour le bien commun.
C’est ce que nous appelons un socialisme cybernétique : faire en sorte que les données et les algorithmes servent l’émancipation collective (soins de santé, transports écologiques, éducation, culture), au lieu de nourrir l’accumulation de profits privés ou d’être instrumentalisés par un État-bourgeois autoritaire.
L’horizon chinois : une voie socialiste de l’IA ?
Les réflexions des marxistes chinois apportent ici un éclairage précieux. Ils considèrent l’intelligence artificielle et la donnée comme des enjeux stratégiques de souveraineté. Inspirés par la méthode d’Ai Siqi, qui adaptait le marxisme aux transformations de son temps, ils cherchent à intégrer l’IA dans le développement socialiste.
Leur démarche est triple :
• Faire de l’IA un levier de puissance nationale, pour ne pas rester dépendants du capitalisme américain.
• Soumettre l’IA à une régulation éthique socialiste, afin qu’elle serve les masses et non une minorité.
• Utiliser la donnée et l’IA pour renforcer la démocratie socialiste et non pour consolider un capitalisme de surveillance.
Cette perspective ne résout pas encore toutes les contradictions, mais elle montre une voie : celle d’un usage socialiste de la technique, où l’accumulation de données ne serait plus une arme du capital ni un outil de coercition étatique, mais un bien commun au service de l’humanité:
Orienter le combat en faveur du socialisme pour vaincre l’exploitation et l’aliénation du capitalisme.
• Marx nous enseigne que l’outil peut devenir instrument d’exploitation dans la lutte des classes.
• Leroi-Gourhan nous rappelle que l’outil est constitutif de l’humanité.
• Lénine nous montre que l’État, transformé, peut devenir l’instrument de la libération avant de dépérir.
• Les marxistes chinois expérimentent déjà, dans la pratique, des formes de socialisme technologique.
Alors, pour rester pleinement humains et développer la civilisation à l’ère numérique, il nous faut arracher les données des mains du capital, refuser qu’elles deviennent un Léviathan d’État, et les réorienter vers une civilisation où la technique, socialisée démocratiquement, sera l’alliée des travailleurs et non un outil d’exploitation décuplée.
Rendez-vous à la fête de l’huma à l’espace « Sciences et Numérique »
 

Rapport Albanese : un millier d’entreprises au service du génocide des Palestiniens à Gaza

Un récent rapport de Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens, décrit le rôle des entreprises dans la politique criminelle d’Israël. Au moins « un millier » d’entre elles, en prêtant main-forte à son entreprise colonialiste et génocidaire, se rendent complices de ses crimes.

Microsoft est cité dans le rapport Albanese dérivant la participation de l’entreprise américaine dans la politique criminelle d’Israël à Gaza.
© Frank Hoermann/Sven Simon/ZUMA-REA

 

« De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide ». Le titre du rapport remis à l’ONU, le 30 juin dernier, par la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la Palestine et les territoires occupés est explicite. Sur une quarantaine de pages, Francesca Albanese pointe la complicité des entreprises – de tous secteurs, de tous pays, qu’elles soient publiques ou privées – dans la perpétuation du régime « d’occupation, d’apartheid et à présent de génocide » imposé, par Israël, au peuple palestinien. Continuer la lecture de Rapport Albanese : un millier d’entreprises au service du génocide des Palestiniens à Gaza